Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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     Grèce
 

Le marché grec n’est pas un mythe

Par M. Franck Sécula, Chef de la Mission économique française à Athènes

 

La Grèce est certainement, pour les entreprises françaises, une des réussites les moins connues de l’Union Européenne. Voilà un pays qui est entré dans l’Union européenne dès 1981 et qui, grâce à la conjonction de ses atouts propres et des ressources communautaires, a pu assurer un développement économique rapide, surtout depuis son entrée dans la zone euro en janvier 2001.

L’économie grecque est traditionnellement très ouverte sur l’extérieur avec un commerce extérieur supérieur à 30% du PIB. C’est d’abord une économie de services puisque le secteur tertiaire représente 70% du PIB avec deux points forts : la marine marchande, dont la Grèce est leader mondial, et le tourisme. Comme le pays est en plein rattrapage vers la moyenne communautaire, il importe beaucoup de biens d’équipement et de consommation, creusant ainsi un déficit commercial structurel partiellement compensé par un excédent important du secteur des services et des transferts communautaires élevés.

Depuis quelques années, la Grèce connaît une croissance particulièrement élevée et constamment supérieure de 2 points à la moyenne communautaire. Elle a d’abord été assurée par l’investissement public (BTP, infrastructures, Jeux olympiques) financé en partie par les fonds européens qui représentent quand même en moyenne 2,5% du PIB par an. A ce titre il convient de souligner que la Grèce est le pays de l’UE qui a le mieux négocié les perspectives financières 2007-2013 puisqu’elle se retrouve le premier bénéficiaire net de l’UE à 15 et le quatrième de l’UE à 25. Les grands travaux qui sont encore nécessaires pour mettre toutes les infrastructures à niveau seront donc financés sans problème si les finances publiques ne subissent pas trop de contraintes.

Mais elle est également et surtout assurée par la consommation des ménages qui est restée très soutenue avec une explosion du crédit aux particuliers, permise par la chute des taux d’intérêts après l’entrée dans la zone euro. C’est cette soif de consommation pour des produits de qualité qui devrait surtout attirer nos entreprises.

Elles sont déjà très présentes puisque la Grèce est notre troisième excédent commercial mondial avec un solde de 3 milliards d’euros en 2004 et de 2,6 milliards d’euros en 2005. La France est le quatrième fournisseur et le huitième client de la Grèce. Nos exportations sont bien réparties entre les différents secteurs mais nos meilleures ventes sont les préparations pharmaceutiques, les viandes de boucherie et les véhicules automobiles. Nos importations de Grèce sont encore très limitées et sont principalement constituées de métaux et produits métalliques, ainsi que de produits textiles (habillement). En effet, la Grèce est quasiment le seul pays européen à maintenir encore une filière textile complète de la culture du coton à la fabrication de vêtements.

Nos grands groupes participent également de façon très active au développement des infrastructures grecques en remportant plusieurs grands contrats. Le groupe Alstom a construit une centrale électrique et participé au métro d’Athènes, Vinci est également présent dans la réalisation du métro mais est surtout connu pour la construction du pont à haubans le plus long du monde (Rion-Antirion) au dessus de l’isthme de Corinthe, Thales a vendu les radars du nouvel aéroport et Airbus a vendu plusieurs avions tant à Olympic Airways qu’à Aegean Airlines.

La présence française en Grèce, au-delà des échanges et des grands contrats, se traduit par une centaine d’implantations qui emploient plus de 30 000 personnes et réalisent un chiffre d’affaires cumulé d’environ 4,5 milliards d’euros. La France détient le quatrième rang pour les investissements directs étrangers en termes de stock et le deuxième en termes de flux. Depuis 2004, notons la prise de contrôle de la Geniki Bank par la Société Générale, l’ouverture de la FNAC, de La Redoute, d’Hermès et de la filiale grecque d’EDF Energies Nouvelles (parc d’éoliennes). Le groupe Leroy Merlin est en cours d’installation. Mais n’oublions ni les grands anciens qui continuent à se développer tels Carrefour, le Crédit Agricole, Lafarge, Sanofi, L’Oréal, Bic, Pernod-Ricard, Michelin et j’en passe, ni les derniers arrivés comme Danone, La Poste (via Geopost) et Orange.

Cet intérêt pour le marché grec est motivé par plusieurs raisons. Une croissance élevée, nous l’avons vu, confortée par une politique économique prudente du gouvernement qui cherche à faciliter le développement des affaires. L’environnement juridique et monétaire est stable grâce à l’appartenance à l’UE et à la zone Euro. Par ailleurs, les Grecs sont des entrepreneurs dynamiques qui maîtrisent les langues étrangères. Enfin, si la Grèce ne compte que 11 millions d’habitants, elle est entourée de pays voisins qui se développent très rapidement (+4 à 6% par an) dans lesquels elle a déjà construit des réseaux puissants (Albanie, ARYM, Bulgarie, Turquie). Elle est donc attractive à la fois pour ses qualités propres mais aussi pour celles de ses voisins.

Comme on peut le voir, certaines entreprises françaises ont déjà compris tout l’intérêt du marché grec. Mais cette présence est encore insuffisante comparée au potentiel qui existe aujourd’hui et qui diminuera à mesure du rattrapage effectué vers la moyenne européenne.
  Notre offre correspond exactement à la demande grecque encore pour les cinq années à venir. Après les bonnes places seront prises et l’accès au marché sera plus difficile.
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