Par S.E.M. Lazar Comanescu, Ambassadeur de la Roumanie auprès de l’Union européenne
Dès 1990, et plus particulièrement après avoir soumis sa demande d’adhésion à l’Union européenne (UE) en 1995, la Roumanie s’est engagée, parfois non sans difficultés, dans un vaste processus impliquant des réformes et des transformations profondes, visant à la restauration des valeurs démocratiques, à la création d’une économie compétitive et, finalement, à la modernisation de la société roumaine dans son ensemble. Ce processus, fortement stimulé par la perspective de l’adhésion, s’est traduit, avant tout, par des changements concrets « sur le terrain », qu’il s’agisse de l’adoption et de l’application d’une nouvelle législation conforme à l’acquis communautaire, de la restructuration de l’économie ou de la réforme administrative.
Tout au long de cette période, la Mission de la Roumanie auprès de l’UE s’est efforcée d’apporter, en tant que lien permanent entre Bucarest et les institutions communautaires, une contribution directe et spécifique au processus interne de préparation aussi bien qu’à la négociation de l’adhésion. Durant les quelques mois qui restent encore pour y parvenir, la Mission continuera à jouer son rôle en accordant, bien entendu, une attention particulière au suivi de la mise en œuvre adéquate et en temps utile, des engagements pris par la Roumanie, mais aussi par l’UE. Il va de soi que la priorité est donnée aux secteurs pour lesquels des progrès supplémentaires sont encore nécessaires. D’ailleurs, le statut actuel de pays adhérent, d’observateur actif des travaux des institutions de l’UE, et la transformation graduelle de la Mission en « Représentation permanente » font que l’attention et l’énergie requises par son travail quotidien sont équivalentes à celles que consacre la représentation d’un Etat membre.
L’objectif primordial, tant à Bucarest qu’à Bruxelles, est à présent de renforcer la capacité de la Roumanie à remplir les obligations qui découlent du statut d’Etat membre dans une Union à 27 et de bénéficier pleinement de cette appartenance à partir du 1er janvier 2007. Il en va de même pour ce qui est de la préparation de la Roumanie à pouvoir apporter, dès cette date, toute sa contribution au renforcement de l’Union et de son rôle d’acteur global de premier rang. Il faut en effet consolider la construction européenne sur les fondements de ce qui a déjà été réalisé, en particulier durant ces dix dernières années, au cours desquelles ont été accomplies des évolutions remarquables, comme l’introduction de la monnaie unique, l’élargissement historique à l’Europe centrale et orientale, ou le développement constant du rôle international de l’Union.
Face aux problèmes actuels auxquels se confrontent le citoyen et, par conséquent, l’UE, on oublie parfois que le cinquième élargissement – qui s’achèvera le 1er janvier 2007 avec l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie – représente le plus important accomplissement stratégique de l’UE depuis la chute du rideau de fer. En dépit de ceux qui continuent à avoir un avis contraire, les bénéfices qu’engendre cet élargissement apparaissent toujours plus évidents, que ce soit en termes de dynamisme économique, de stabilité ou de sécurité pour l’ensemble du continent. On ne peut toutefois pas se dérober devant le fait qu’un certain déficit de communication persiste sur la valeur ajoutée que représente l’Union élargie. Il conviendrait de mieux expliquer aux citoyens qu’une Union comprenant un marché unique de plus de 480 millions de consommateurs constitue une partie de la solution aux problèmes et aux interrogations actuelles et, en aucun cas, une de leurs causes. Je suis persuadé qu’une Union forte, assise sur les valeurs de la cohésion et de la solidarité, et qui poursuit collectivement la recherche de solutions à des problèmes communs, est la meilleure réponse aux défis internes et externes auxquels l’Europe doit faire face. |