Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
  Éditorial
Entretien exclusif
Coopération
Diplomatie & Défense
Innovation
Culture
 
La lettre diplometque
La lettre diplomatique Haut
     Stratégie internationale export
 
 

Fondation Europe+, l’optimisme de la volonté dans un think tank européen   sur l’attractivité et la compétitivité !

 

Par M. Pierre Guénant, Président du Comité de Pilotage de « LA BAULE WIC », Co-président de la Fondation Europe+

 

Six mois après la troisième édition de la Conférence mondiale sur les investissements internationaux, qui aurait imaginé que notre progression s’avère aussi rapide ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un taux de croissance de plus de 40% par an, une internationalisation de la participation à plus de 60%, une représentation européenne qui se rapproche des 80% des Etats membres, enfin une répartition équilibrée entre les trois grandes typologies de populations cibles, entreprises – leaders politiques régionaux, nationaux et communautaires – et agences régionales et nationales de développement économique et de promotion des investissements. Sur un plan plus qualitatif, chaque année on constate une fidélisation des personnalités de haut niveau associées depuis l’origine et l’adhésion de nouvelles grandes figures. 2005 a été marquée notamment par la présence de Chief Executive Officer (CEO) d’une grande qualité, au premier rang desquels : Jeffrey Immelt, CEO de GE, Klaus Kleinfeld, CEO de Siemens, Michel Mayer, CEO de Freescale, Mr Fukuhara, Président de Shiseido, et beaucoup d’autres.

Nous démontrons ainsi progressivement depuis trois ans, avec les grands capitaines de l’industrie mondiale, que l’Europe n’est ni un vieux continent fatigué de ses succès passés, ni une belle économie endormie face à une Asie à l’économie exubérante. Elle est une dyna-mique en mouvement, qui se construit chaque jour, à un rythme de réformes insuffisant mais constant. Nous rappelons, par ailleurs inlassablement, avec les entrepreneurs européens que l’Europe reste un marché d’investissements pour les technologies du futur mais également pour les industries traditionnelles soucieuses de valeur ajoutée. Notre démarche consiste à cet égard à les impliquer dans un processus vertueux pour jouer gagnant – gagnant, avec les partenaires publics et les représentants de la société civile. Alors faut-il se montrer optimiste pour autant ? Oui, mais d’un optimisme conditionnel.

Tout d’abord, d’un optimisme prudent et modeste : la mobilisation générale des forces vives de l’attractivité et de la compétitivité européenne est récente et le tropisme des égocentrismes nationaux, puissants. Les nouveaux enjeux fixés par l’agenda de Lisbonne, devrait accélérer le rythme de nos progrès. Mais restons lucides, nous ne sommes pas des marchands de chimères, même si le partage du rêve européen est notre bien commun.

 En second lieu, d’un optimisme serein. L’agenda de Lisbonne, revisité lors du Conseil européen du printemps dernier et devenu le « Nouvel Agenda de Lisbonne », fait référence à des initiatives dans des champs d’application très précis qui n’ont rien d’inaccessibles. Je crois sincèrement que si chacun a sa part de responsabilité dans le retard de mise en œuvre de réformes inhérentes aux politiques leviers : éducation, recherche, attractivité des territoires et compétitivité des entreprises, il existe aujourd’hui une prise de conscience partagée du besoin de changement. C’est une étape cruciale de franchie, l’acceptation d’une révolution culturelle n’était pas l’épreuve la plus naturelle. Mais le chemin à parcourir reste important, si nous ne voulons pas nous faire manger tout cru. Cela suppose ténacité et courage. L’exemple de l’Allemagne ou de la France est riche d’enseignements. Les réformes en matière de fiscalité, de coût du travail, des retraites ou d’équilibre des comptes sociaux n’ont pas généré une très grande popularité pour leurs auteurs. CQFD !

Troisièmement, d’un optimisme ambitieux. Notre voix est crédible. Plusieurs de nos recommandations sont inscrites désormais au tableau des réformes du Nouvel Agenda de Lisbonne. Il y a deux ans, le mot attractivité ne figurait pas au contenu des termes de référence qui définissaient la politique décidée en 2000, lors du sommet de Féira. Aujourd’hui, le renforcement de l’attractivité de l’Europe et de ses territoires, pour les investissements internationaux et le capital humain et financier, est devenu le leitmotiv de la Commission Barroso. Il est au premier rang des trois priorités du volet économique du programme de l’Union européenne. Je crois que nous avons, avec modestie, contribué à cette évolution positive. J’ajoute, tout en n’oubliant jamais que c’est l’ensemble des initiatives convergentes qui portent les messages, que le rapport de 40 mesures pour la croissance et l’emploi en Europe, remis fin 2004 aux exécutifs de l’UE et des Etats membres, émettait l’idée de mettre un terme à l’interdiction des aides sectorielles, en particulier en faveur des PME innovantes. Une décision dans ce sens pourrait être annoncée prochainement lors de la présentation des politiques industrielles européennes par la Commission. Le besoin d’un schéma européen des pôles de compétitivité, qui intègre les investissements privés, fait également son chemin. Mais beaucoup de travail reste encore à parcourir, en particulier sur quatre points : la protection de la propriété intellectuelle et des brevets, l’enseignement supérieur, les marchés financiers européens et la gouvernance des politiques leviers de l’agenda de Lisbonne dans les Etats membres et dans leurs régions. Sur tous ces points, nous porterons à la connaissance des autorités nationales et communautaires des propositions que nous avons remis officiellement à José Manuel Barroso, le 8 novembre dernier. La création de la Fondation « Europe + », par Ernst & Young et PGA, a officiellement été annoncée à cette occasion. Elle permettra d’annualiser notre travail, de le structurer et de le rendre plus efficace pour servir notre cause : l’Europe plus attractive et plus compétitive.

Quatrièmement, d’un optimiste serein. Nous sommes dans un monde de l’éphémère. L’effet médiatique chasse la réflexion de moyen terme et empêche l’action de long terme. La construction européenne, comme tout processus, est un parcours itératif complexe qui impose sérénité, patience et méthode. Les avancées doivent être actées, les acteurs, aussi divers soient-ils, réunis et entendus, enfin la réflexion enregistrée, conceptualisée, diffusée enfin transformée en mesures concrètes et opérationnelles. Cela suppose, pour les opérateurs non gouvernementaux concernés, les acteurs du développement économique territorial, les entreprises, les professionnels et les universitaires, publics qui composent depuis l’origine l’auditoire de la Conférence, de trouver une structure ouverte au sein de laquelle échanger, débattre et définir des propositions pour les responsables politiques des Etats membres, du Parlement européen et de la Commission. C’est le rôle assigné à la Fondation.

Cinquièmement, d’un optimisme réaliste et sélectif face à une myriade de lobbyistes à Bruxelles qui couvrent d’ores et déjà un vaste champ de réflexion. Notre objectif est d’exercer une influence efficace et neutre sur l’orientation des politiques de croissance, d’emploi et d’innovation par des recommandations dépourvues de tout esprit partisan, d’intérêt catégoriel ou d’arrière-pensées corporatistes ou politiques. Notre logique est celle du projet, du cas pratique, de l’expérience, réussite ou échec, nous apprenons autant de l’un que de l’autre. Nous ne sommes ni des lobbyistes, ni des théoriciens. Notre seule volonté est celle de l’utilité publique. Dans un univers où les sphères de décisions ont tendance à s’éloigner des citoyens, il est crucial de constituer des plateformes d’intégration des acteurs, des enjeux et des contenus. C’est notre valeur ajoutée communautaire, c’est ainsi que nous sommes perçus, je crois, par les agents de la Commission et les cabinets des commissaires.

En conclusion enfin, d’un optimisme universaliste. Notre positionnement est celui d’un intégrateur en quelque sorte pour les questions européennes. En témoignent les thèmes des panels sur lesquels la Fondation planchera et les problématiques des partenaires que nous accueillerons. Des champs de réformes inhérents à l’agenda de Lisbonne, de la consolidation de l’élargissement à l’Est à la coopération euroméditerranéenne ou au rôle de l’Europe septentrionale dans le processus relationnel avec la Russie, la Fondation et sa plate-forme annuelle de synthèse, la WIC, auront pour ambition d’apporter des idées, suivies de recommandations concrètes et de « délivrer », au sens anglo-saxon du terme, sur chacun de ces sujets. La construction d’une Europe économiquement et socialement plus forte suppose des passerelles sans frontières entre les contenus et les hommes pour concevoir les stratégies, les mettre en œuvre et les évaluer.         

Retour en haut de page
 
 

 
La lettre diplomatique Bas
  Présentation - Derniers Numéros - Archives - Nos Liens - Contacts - Mentions Légales