La Direction générale du Trésor au service de la diplomatie économique française
Par Mme Odile RENAUD-BASSO, Directrice générale du Trésor
Les relations internationales s’organisent depuis toujours autour de trois piliers : un pilier diplomatique, un pilier économique et un pilier sécuritaire et de défense. La conduite des relations bilatérales s’organise autour de choix politiques qui tiennent largement compte de ces considérations. C’est dans ce cadre que la Direction générale du Trésor, sous l’autorité conjointe des ministres, élabore la politique économique française, européenne et internationale. Présente au sein des institutions financières internationales, la Direction générale du Trésor participe aux négociations financières et commerciales bilatérales et multilatérales, et supervise l’aide au développement. Acteur important en matière de commerce extérieur, elle assure le soutien à l’export et à l’investissement à l’étranger des entreprises. À ce titre, elle s’appuie sur son état-major parisien situé à Bercy, d’une implantation en région au plus près des entreprises, et d’un réseau international de 730 agents à l’étranger travaillant au sein de 132 services économiques répartis dans 109 pays, dans nos ambassades, consulats et représentations permanentes. Même si les résultats du commerce extérieur et l’attractivité du pays sont d’abord des conséquences des politiques économiques qui sont menées, la Direction générale du Trésor intervient comme acteur essentiel de la diplomatie économique. Elle contribue à cette orientation qui se définit comme la mobilisation des ambassadeurs et des consuls en soutien des entreprises françaises. Le soutien à l’export et à l’internationalisation des entreprises commence sur le territoire national et s’appuie sur plusieurs leviers : – Le renforcement de la compétitivité et de la productivité des entreprises : de meilleures performances à l’export ne seront possibles que sur la base d’une économie plus compétitive et productive, ce qui renvoie à la politique économique globale qui sera arrêtée par le gouvernement et mise en œuvre par le(s) Ministre(s) chargé(s) de l’Économie et des Finances. – Une volonté de développement de l’ouverture commerciale réaffirmée mais proportionnée à l’attitude des acteurs et soumise à deux conditions : réciprocité et respect des règles afin de garantir les conditions d’une concurrence équitable : face à la dynamique du discours protectionniste et au risque de mesures de fermeture des États-Unis, il convient de faire prévaloir au sein de l’UE une attitude visant à préserver et développer l’ouverture commerciale tout en se donnant de meilleurs moyens de réagir face à des attitudes agressives ou déloyales (Chine, États-Unis). – Une politique de soutien aux exportations assises sur une offre industrielle mieux structurée et des instruments publics adaptés. – Une politique d’attractivité des investissements étrangers en France fondée sur la volonté d’insérer le plus possible l’économie française dans les flux d’échanges internationaux. Depuis plusieurs années la Direction générale du Trésor a considérablement étoffé le dispositif et les instruments financiers de soutien public à l’export avec deux objectifs majeurs : renforcer le soutien accordé aux PME qui veulent s’internationaliser et répondre à la vive concurrence exercée par les dispositifs de financement étrangers. Sur le plan de l’appui aux PME, à titre d’exemple, le nombre de bénéficiaires de l’assurance-prospection, la garantie spécifiquement orientée vers les PME, est passé de 7 500 à 12 500 entre 2011 et 2016. Sur la seule année 2016, alors que le volume global de prises en garantie tend à décroitre, les montants de promesses de garantie en assurance-crédit ont augmenté de 49% par rapport à 2015 pour les PME. De même, le transfert des garanties publiques à l’export de Coface à Bpifrance Assurance Export est effectif depuis le 1er janvier 2017. Il consacre la banque publique Bpifrance comme point d’entrée unique des entreprises proposant un continuum de solutions couvrant toutes les phases du développement d’une entreprise. Le transfert devrait améliorer la diffusion de nos outils de soutien financier à l’export auprès des PME, grâce au maillage territorial de Bpifrance. Pour répondre à la concurrence internationale, plusieurs outils ont été récemment créés. Le prêt du Trésor non concessionnel permet d’apporter un prêt direct de l’État français, à des conditions avantageuses, pour des projets prometteurs soumis à forte concurrence étrangère. C’est ainsi qu’a pu être financé le projet de TER devant relier Dakar au nouvel aéroport international. Le prêt, consenti à hauteur de 95 millions d’euros et qui vient compléter d’autres sources de financement publiques françaises (assurance-crédit, AFD), contribuera à financer la réalisation, par des entreprises françaises, de ce projet majeur pour le développement du Sénégal. La banque publique SFIL intervient également à présent à l’export en refinançant le secteur bancaire, ce qui permet un meilleur financement des grands projets de nos exportateurs, par exemple en matière nucléaire ou dans le secteur naval. L’action du SFIL a ainsi grandement contribué au financement de l’achat, en 2016, de deux paquebots aux chantiers de l’Atlantique par l’armateur Royal Carribean. Pour résumer, nous avons donc revu, modernisé, complété tout notre éventail de financements à l’export ces dernières années, avec toujours à l’esprit le souci d’en faciliter l’usage par les exportateurs, notamment les plus petits d’entre eux. Il est aujourd’hui reconnu par les entreprises comme l’un des plus complets au monde et les fédérations professionnelles ont manifesté leur satisfaction sur les dernières réformes annoncées. Enfin, la Direction générale du Trésor s’engage pour une croissance et un développement durables, notamment via les outils aide-projet : prêts du Trésor et FASEP dans le domaine de l’eau, des énergies renouvelables, des transports en commun et de la gestion des déchetsDe manière générale, la Direction générale du Trésor soutient le développement de l’action de Business France et de BPIfrance dans leurs missions de soutien aux PME et ETI susceptibles d’exporter. Elle contribue à la politique des filières de la Nouvelle France industrielle. Développée par le Ministre de l’Économie, la politique des filières de la Nouvelle France industrielle prend largement en compte la dimension export. La Direction générale du Trésor alimente les travaux des groupes de travail constitués d’entreprises par ses analyses afin de pouvoir accompagner les entreprises dans leur projection à l’export, dans le domaine des énergies renouvelables, la santé, l’agriculture, l’énergie… L’objectif est la fédération de l’offre française à l’export basée sur un travail de structuration de la filière industrielle en amont, en France. La French Tech constitue aussi un important enjeu à l’international : Pour soutenir les start-ups françaises, l’Initiative French Tech a été créée fin 2013, au Ministère de l’Économie et des Finances, en s’appuyant d’abord sur les acteurs de l’écosystème de start-ups français, pour structurer et valoriser ce qui existait déjà et amplifier une tendance en plein essor. Cette politique publique, innovante dans la méthodologie employée, nourrit depuis une dynamique collective avec le dessein de placer la France parmi les grandes start-ups nations dans le monde. Il s’agit d’une ambition partagée, initiée par l’État, mais portée et construite avec tous les acteurs en vue de soutenir l’innovation, en vue de créer de la valeur économique et des emplois pour la France. L’Initiative French Tech a trois objectifs principaux : fédérer, accélérer et rayonner à l’international. Le volet national, qui inclut la structuration des Métropoles French Tech (13), l’octroi de bourses et des prises de participations publiques dans des accélérateurs, représente un investissement public de plus de 200 millions de dollars (fonds PIA). Le volet international (projection et attractivité) se développe autour des French Tech Hubs (22), des French Tech Tickets (bourses à des start-uppers étrangers – déjà 2 éditions qui ont touché plus de 250 talents) et une présence forte sur les principaux salons du numérique (la délégation française au CES Las Vegas de janvier 2017 était la 2ème après celle des États-Unis). Ce volet international mobilise une enveloppe publique de 15 millions d’euros et est opéré par Business France et la mission French Tech. La Direction générale du Trésor fait partie des partenaires fondateurs de la French Tech et participe étroitement au pilotage de cette initiative dont la réussite suscite de plus en plus l’intérêt de pays étrangers. Les résultats du commerce extérieur sont décevants mais ils n’affectent que modérément l’équilibre global de la balance courante. La France enregistre en 2016 une dégradation de son solde des biens (-48,1 milliards d’euros), qui reste néanmoins meilleur que son niveau de 2014. Bien qu’en nette baisse, la balance des échanges de services est équilibrée en 2016 tandis que l’excédent du négoce international progresse pour la 7ème année consécutive. Au total, la balance courante reste proche de l’équilibre. La dégradation du déficit des biens et services en 2016 tient beaucoup à une conjonction de facteurs négatifs conjoncturels : – dans l’aéronautique, les exportations ont souffert de retards des fournisseurs malgré le rattrapage exceptionnel des livraisons en décembre 2016 ; – dans l’agroalimentaire, les ventes de céréales ont été fortement affectées par de très mauvaises conditions climatiques et par la dégradation des cours mondiaux ; – dans le secteur énergétique, l’arrêt prolongé des raffineries lors du mouvement social au printemps 2016 puis la mise à l’arrêt de plusieurs centrales nucléaires à la fin 2016 ont aussi réduit nos exportations ; – dans le domaine des services enfin, la détérioration importante du solde s’explique surtout par le repli de l’excédent des voyages (diminution de la fréquentation touristique étrangère à la suite des attentats). En 2017, la situation du commerce extérieur français va s’améliorer (notamment les exportations aéronautiques et les exportations agroalimentaires). Dans la pharmacie, les importations élevées de principes actifs vont se traduire, in fine, par des exportations de médicaments. Dans l’énergie les prix du pétrole brut ont baissé récemment et les exportations d’électricité et de produits raffinés vont augmenter après les difficultés ponctuelles de 2016. Enfin, dans les services on constate un retour progressif des touristes étrangers depuis fin 2016. Le redressement des marges des entreprises se poursuit. Les marges ont atteint 31,9% de la valeur ajoutée en 2016 en moyenne, contre 29,8%, point bas atteint au 4ème trimestre 2013. Cette tendance favorable est appelée à se poursuivre en 2017 et aura des conséquences positives sur l’investissement et donc la productivité et la compétitivité de nos entreprises. Une volonté de développement de l’ouverture commerciale en faveur des entreprises réaffirmée mais proportionnée à l’attitude des acteurs et soumise à deux conditions : réciprocité et respect des règles afin de garantir les conditions d’une concurrence équitable. La Direction générale du Trésor promeut dans les enceintes multilatérales les grands principes d’une mondialisation régulée, durable et responsable selon 5 axes clés : – La réciprocité et l’équité en matière commerciale : équilibre entre l’ouverture commerciale, l’exigence de réciprocité (en particulier dans l’accès aux marchés) et le respect effectif des normes de l’OMC. La Direction générale Trésor œuvre également à renforcer l’équité des conditions de concurrence, par exemple dans le domaine des financements exports. – Le caractère inclusif de la mondialisation. L’intégration économique et la mondialisation des chaînes de valeur ne doivent pas se faire au détriment des normes environnementales et de protection sociale. – Les pratiques responsables et durables des entreprises. – La prévention et la gestion des crises : plus juste, inclusive et responsable, la mondialisation doit également permettre de renforcer la résilience du système financier international. En consolidant l’édifice international de régulation du système financier indispensable au service du financement de l’économie, tout en renforçant la protection du consommateur. La Direction générale du Trésor s’implique ainsi fortement dans le renforcement de l’architecture financière internationale que ce soit dans l’enceinte du G20, du FMI ou du Club de Paris. – La transparence, l’intégrité financière et la lutte contre le financement du terrorisme international. La Direction générale du Trésor est à ce titre particulièrement active au G7, au G20 et au GAFI. Afin de mettre en œuvre cette vision de la mondialisation régulée, la Direction générale du Trésor cherche à défendre la capacité d’influence de la France dans les instances multilatérales, tout en contribuant à l’émergence de positions européennes fortes. Enfin, dans le contexte de défiance vis-à-vis des institutions, elle s’emploie à dialoguer étroitement avec la société civile et l’associer à l’élaboration des décisions et des normes. La Direction générale du Trésor contribue à proposer les réformes économiques nécessaires à l’amélioration de la compétitivité des entreprises et l’attractivité du « site » France. Les investisseurs étrangers plébiscitent notre territoire et jugent notre économie attractive et inventive. Plus d’un tiers des décideurs étrangers (38%) estime que l’attractivité de la France s’est améliorée au cours des dernières années et les trois quarts (74%, + 9 points) jugent désormais la France comme une destination attractive. L’attractivité de notre pays se renforce. En 2016, notre pays a attiré 1 117 nouvelles décisions d’investissements étrangers créateurs d’emploi, soit une progression de 16%, qui ont permis la création ou le maintien de 30 108 emplois. Parmi ces investissements, les décisions portant sur la création de nouveaux sites (par rapport au rachat ou à l’extension d’entreprises existantes) sont en hausse de 20% et représentent plus de la moitié des décisions d’investissement (570). C’est particulièrement positif et révélateur de la confiance qu’ont les investisseurs étrangers dans les atouts de la France et ses perspectives économiques. L’origine de ces investissements est très diversifiée puisque l’on compte 51 nationalités différentes d’investisseurs. Les pays de l’Union européenne, et c’est normal, restent cependant la principale source de ces investissements avec 62% de l’ensemble des décisions, avant l’Amérique du Nord (20%) et l’Asie (12%). Plus précisément, les principaux investisseurs sont les entreprises allemandes (17%), les entreprises américaines (16%), italiennes (13%), britanniques (8%), et japonaises (6%). Les décisions d’investissement des entreprises italiennes et allemandes ont respectivement progressé de 68% et 35%. Un autre signal positif est que la France continue d’attirer des investissements dans toutes les fonctions, notamment les activités de production (25% de l’ensemble des décisions d’investissement), les fonctions de R&D, d’ingénierie et de design (10% des décisions d’investissement, en hausse de 32% par rapport à 2015) et les quartiers généraux monde et Europe (3% des décisions, en hausse de 33%). Forte de cette reconnaissance, la France continue d’attirer des investissements dans des fonctions dites stratégiques et demeure depuis plus de 10 ans le 1er pays d’accueil des investissements étrangers dans l’industrie manufacturière. |