Arménie–France : 25 ans de relations diplomatiques
Entretien avec S.E.M. Viguen TCHITETCHIAN, Ambassadeur d’Arménie en France
Seul pays du Caucase membre à part entière de la Francophonie, l’Arménie accueillera en 2018 le XVIIème sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Un événement inédit pour ce pays europhile, membre de l’Union économique eurasiatique et pouvant jouer un rôle de pont culturel et économique avec l’Iran. Vingt-cinq ans après l’établissement des relations diplomatiques entre Erevan et Paris, S.E.M. Viguen Tchitetchian, Ambassadeur d’Arménie en France, nous livre ses réflexions sur les spécificités des liens d’amitié et de coopération entre les deux pays, ainsi que sur les nouvelles dynamiques politique et économique qui caractérisent l’Arménie.
La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, après avoir commémoré en 2016 le 25ème anniversaire de son indépendance, l’Arménie célèbre en 2017 les 25 ans de l’établissement de ses relations diplomatiques avec la France. Quel sentiment vous inspire le chemin parcouru par votre pays ? Comment décririez-vous les accomplissements les plus emblématiques des liens d’amitié franco-arméniens ?
S.E.M. Viguen TCHITETCHIAN : Après avoir retrouvé son indépendance, tant rêvée par plusieurs générations, la République d’Arménie a regagné sa place sur la scène internationale par le biais du processus d’établissement des relations diplomatiques. Tout le peuple arménien, en Arménie et partout dans le monde, a vécu durant cette période des émotions fortes : une joie incommensurable, un sentiment de fierté et aussi d’inquiétude, car nous savions que l’effondrement d’un empire ne s’est jamais fait sans douleurs. Mais nous étions plus que jamais déterminés à rester maîtres de notre destin. L’Arménie traversait à cette époque, sans exagération, la situation la plus compliquée comparée aux autres Républiques de l’ex-URSS : à l’expression pacifique du peuple du Haut-Karabagh d’exercer son droit à l’autodétermination, l’Azerbaïdjan a répondu par des massacres barbares de la population arménienne dans les villes azerbaidjanaises de Sumgaït, Kirovabad et de Bakou, ainsi que par des purifications ethniques dans d’autres localités. Déjà ravagée par le terrible tremblement de terre du 7 décembre 1988, qui avait provoqué plus de 25 000 victimes et 500 000 sans abris, l’Arménie a dû alors accueillir près de 400 000 rescapés des pogroms azéris. En outre, l’Azerbaïdjan a déclenché en 1992 une guerre de grande ampleur contre la population du Haut-Karabagh. Celle-ci a constitué une menace sérieuse pour l’existence physique de cette population face à laquelle l’Arménie ne pouvait pas rester indifférente. De plus, le pays se trouvait confronté à une profonde crise énergétique résultant de différents facteurs et à un blocus total imposé par la Turquie et l’Azerbaïdjan. Nous avons réussi à surmonter ces difficultés grâce à la détermination et l’héroïsme de notre peuple, au soutien de nos frères et sœurs de la diaspora et aux pays amis, dont la France. La France a été l’un des premiers pays à reconnaître l’indépendance de l’Arménie, à établir des relations diplomatiques avec notre pays par le Protocole signé le 24 février 1992 et à ouvrir une Ambassade à Erevan. L’Ambassade de l’Arménie à Paris est, quant à elle, en service depuis 1992. Par la suite, des consulats généraux ont été ouverts à Marseille et à Lyon, respectivement en 2011 et 2013. Nous étions heureux de renouer les liens avec la France pour plusieurs raisons : une longue histoire d’amitié entre nos peuples remontant à la période des Croisades, une communauté de valeurs et la présence de centaine de milliers de Français d’origine arménienne qui servait de pont naturel entre l’Arménie et la France. Pour ce qui est des accomplissements emblématiques, je citerai la reconnaissance légale par la France en 2001 du Génocide des Arméniens ; l’Année de l’Arménie en France organisée en 2006-2007 sous le slogan emblématique d’« Arménie mon Amie » ; la visite d’État du Président arménien en 2001, qui fut la première du genre de notre histoire ; les visites d’État en Arménie des présidents français Jacques Chirac en 2006, marquée par le lancement de l’Année de l’Arménie en France, Nicolas Sarkozy en 2011 et François Hollande en 2014 ; et, bien évidemment, la participation de ce dernier aux cérémonies de la commémoration du centenaire du Génocide des Arméniens à Erevan en 2015. Plus largement, je dirais que lorsqu’un chef d’État français participe aux rassemblements des franco-arméniens à l’occasion du 24 avril, près de la statue de Komitas, en plein cœur de Paris, cela représente un moment fort ; quand, chaque 24 avril, le maire de Paris organise un rassemblement à l’Hôtel de Ville pour rendre hommage à la mémoire des victimes du Génocide des Arméniens, c’est un moment fort ; quand la Tour Eiffel, la tour la plus connue du monde, s’assombrit pour que l’on n’oublie pas le million et demi de victimes innocentes de ce génocide, c’est un moment fort ; enfin quand se tiennent les commémorations dans des dizaines de localités avec la participation des élus locaux et nationaux, ce sont aussi des moments forts qui montrent la profondeur des liens d’amitié entre les peuples arménien et français.
L.L.D. : Lors de la visite officielle accomplie en France du 7 au 9 mars 2017 par le Président arménien Serge Sargsyan, l’Arménie et la France ont signé trois accords dans le domaine universitaire et en matière de tourisme. Quelle en est leur portée ? Comment qualifieriez-vous les apports de la coopération décentralisée dont les 3ème Assises se sont tenues les 1er et 2 décembre 2016 à Erevan ? Plus largement, quelles doivent être, selon vous, les prochaines étapes de l’approfondissement du dialogue bilatéral ?
S.E.M.V.T. : Tout, d’abord, je souhaiterais souligner que l’Arménie et la France partagent des relations privilégiées. Leur socle juridique me semble pour le moins solide. Tous les textes servant de base au développement de nos relations sont en place. Un Traité d’entente et de coopération a ainsi été signé le 12 mars 1993, soit un an après l’établissement de nos relations diplomatiques. C’est assez révélateur. D’autres accords sont en vigueur. Parmi les plus importants citons celui sur la coopération culturelle, scientifique et technique, celui sur l’encouragement et la protection réciproque des investissements, ou encore l’accord visant à éviter les doubles impositions, etc. Les accords signés lors de la visite officielle du Président Sargsyan en mars 2017, viennent compléter et renforcer cette base. L’un d’entre eux porte sur la promotion des échanges dans les domaines de l’enseignement et de la recherche, et, plus spécifiquement, sur le développement des potentiels d’enseignement et de recherche communs dans les domaines des sciences des données et du calcul, l’autre porte sur la précision des engagements mutuels vis-à-vis de l’Université française en Arménie. L’accord relatif au tourisme vise à renforcer la coopération bilatérale dans ce domaine par l’établissement, entre autres, d’un plan d’action, l’échange de savoir-faire et d’expériences, l’amélioration des conditions d’accueil et de la sécurité des touristes, la promotion mutuelle de leurs destinations à travers les médias, auprès des agences de voyage et au moyen de présentations itinérantes, etc. La coopération décentralisée représente un volet très important dans le spectre des relations franco-arméniennes. Elle est exemplaire. Institutionnalisée depuis la tenue des premières Assises qui ont eu lieu à Paris en 2006 à l’initiative de l’Ambassadeur d’Arménie de l’époque, S.E.M. Edward Nalbandian, cette coopération se renforce et s’élargit constamment. Aujourd’hui, nous comptons ainsi près de 70 accords de partenariats et de jumelages entre nos villes, départements et régions, plusieurs projets communs sont mis en œuvre dans les domaines du tourisme, de l’agriculture, de l’enseignement parmi d’autres. Cette coopération à laquelle l’Arménie accorde toute son importance, contribue au développement équilibré de nos régions et communes. Il faut souligner l’importance de ces Assises dans le contexte également de la coopération décentralisée au sein de l’espace francophone. Ce format représente de bonnes perspectives et nous avons l’intention d’encourager son élargissement à l’avenir. En ce qui concerne les prochaines étapes, je dirais que tous les domaines de coopération avec la France sont importants. Nous devons maintenir le haut niveau de notre dialogue politique actuel, y compris dans le cadre du processus de règlement du conflit du Haut-Karabagh. Nous devons, en outre, poursuivre la coopération interparlementaire et décentralisée, approfondir les échanges dans les autres domaines d’intérêt mutuel, comme le tourisme par exemple, les hautes technologies, mais le capital de confiance mutuelle, la base juridique, l’expérience cumulée, la politique de réformes économiques de l’Arménie et bien d’autres facteurs montrent que tous les «ingrédients» sont réunis pour donner une nouvelle impulsion à nos relations économiques et commerciales. L’Université française en Arménie, créée il y a 15 ans, assure des formations en matière de droit, de gestion, de marketing et de finance. Elle contribue ainsi à former une élite arménienne francophone et francophile qui a un rôle important à y jouer. Je suis convaincu que le Président Emmanuel Macron et son gouvernement maintiendront les relations privilégiées entre nos pays et s’efforceront avec le gouvernement arménien de les approfondir et de les développer davantage.
L.L.D. : 2017 marque une année charnière pour l’Arménie avec la tenue, le 2 avril, des premières élections législatives organisées dans le cadre de la nouvelle Constitution adoptée en décembre 2015. Comment analysez-vous leur déroulement et les facteurs de la victoire du parti Républicain dirigé par l’actuel chef de l’État arménien ? Au-delà, quels sont les effets escomptés de la transformation du régime politique arménien en République parlementaire ?
S.E.M.V.T. : L’Arménie avance progressivement, de manière constante et déterminée, vers la consolidation d’un État démocratique solide. La Constitution arménienne de 1995 prévoyait un fort pouvoir présidentiel. La réforme de 2005 a diminué les pouvoirs du Président de la République et celle de 2015 a assuré le passage du régime semi-présidentiel au régime parlementaire. Ces efforts permanents visent au perfectionnement de l’édifice de l’État, à la démocratisation et à la modernisation graduelle de ses institutions et de son modèle de gouvernement afin de mieux répondre aux attentes de notre peuple. À la lumière de cette réforme, les élections législatives de 2017 ont donc revêtu une importance particulière pour faire émerger l’institution clé du nouveau système, s’accompagnant d’un renforcement considérable de l’opposition au sein du Parlement. Ce scrutin s’est déroulé dans le cadre du nouveau Code électoral adopté par un large consensus entre les forces politiques parlementaires et la société civile. Il a été marqué par l’accomplissement d’importants progrès. Il importe de souligner au moins trois constatations : premièrement, le progrès en matière de droits de l’homme et de libertés fondamentales dans notre pays constitue un processus irréversible, tandis que la diversité de la vie politique et civile, qui se manifeste dans les activités des partis politiques et de la société civile, est devenue une réalité ; deuxièmement, le consensus politique atteint bien avant les élections législatives entre les grandes forces politiques concernant les mécanismes de surveillance de la légalité du processus électoral ; troisièmement, le niveau exclusivement élevé de la coopération internationale. Les élections ont été suivies par de multiples organismes observateurs : le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les Assemblées parlementaires de l’OSCE, le Conseil de l’Europe, la Communauté des États indépendants (CEI), le Parlement européen, ou encore les ambassades des pays étrangers. Plusieurs parlementaires français étaient présents dans les délégations internationales. L’Arménie avait autorisé l’OSCE/BIDDH à déployer un nombre illimité d’observateurs. Selon les observateurs internationaux, les élections ont été bien préparées, les libertés fondamentales ont été protégées et les résultats ont reflété la volonté de la population. De toute évidence, cette ouverture de l’Arménie dérange notre voisin. Après avoir fermé le Bureau de l’OSCE à Bakou, l’Azerbaïdjan a mis son veto à l’extension du mandat du Bureau de l’OSCE à Erevan, en bloquant le fonctionnement du dernier Bureau de cette organisation dans notre région, déclarant s’opposer au programme de déminage humanitaire de l’OSCE en Arménie. En dépit du fait que le gouvernement arménien ait accepté d’exclure ce programme, en dépit des efforts déployés par les présidences successives allemande et autrichienne de l’OSCE, en dépit des appels de l’Union européenne (UE) et des États membres de l’OSCE, l’Azerbaïdjan n’a pas levé son véto. Nous condamnons fermement cette prise de position intransigeante, estimant qu’il s’agit là d’un abus du principe de consensus de l’OSCE, l’organisation médiatrice pour le règlement du conflit du Haut-Karabagh.
L.L.D. : À l’occasion de son intervention au MEDEF, le 8 mars 2017, le Président Serge Sargsyan a appelé les entreprises françaises à investir en Arménie. Alors que la croissance de l’économie arménienne est restée solide en 2016, comment décririez-vous son potentiel de développement futur ? En dehors de l’industrie minière ou de l’agriculture, quels en sont les autres secteurs d’activité les plus prometteurs ? À travers quelles réformes l’attractivité et la compétitivité du marché arménien pourraient être, de votre point de vue, améliorées ?
S.E.M.V.T. : Comme l’a dit le Président Sargsyan au siège du MEDEF, l’Arménie poursuit une dynamique de développement stable et capable de faire face aux bouleversements souvent imprévisibles de l’économie mondiale. Grâce aux réformes mises en œuvre par le gouvernement, la notation de notre pays s’élève régulièrement dans les prestigieux indicateurs économiques mondiaux : dans le classement Doing Business de la Banque Mondiale, l’Arménie occupe le 38ème rang mondial pour la facilité de faire des affaires, tandis qu’elle est située à la 33ème place selon l’indice de la Heritage Foundation sur la liberté économique de notre pays, soit un progrès de 24 points par rapport à 2016. Au-delà de ces classements, il convient de mettre en exergue certains avantages comparatifs de l’Arménie, comme sa participation à l’Union économique eurasiatique (UEE), le perfectionnement constant de ses cadres règlementaires, la création des zones économiques franches offrant la possibilité de faire des affaires dans des conditions avantageuses et ayant pour but d’attirer des investissements, des ressources humaines de qualité caractérisées par un haut niveau d’enseignement supérieur, une main d’œuvre hautement qualifiée, l’existence de régimes préférentiels de commerce avec plusieurs pays, la participation au Système généralisé de préférences (GSP) avec les États-Unis, le Canada, la Suisse, le Japon et la Norvège, ainsi qu’au système GSP+ avec l’UE. Outre les secteurs que vous citez, le gouvernement arménien encourage le développement d’autres secteurs d’activité, comme ceux des nouvelles technologies, du tourisme, des énergies renouvelables, de l’agriculture biologique, de l’industrie légère, de l’industrie pharmaceutique, de la construction, de la joaillerie, etc. L’Arménie est devenue un pays qui propose des solutions dans les domaines de l’innovation et des hautes technologies. Au cours de ces dernières années, ce secteur d’activité a enregistré une croissance de 25%, représentant désormais 4% de notre PIB. La présence des sociétés transnationales de premier plan comme Microsoft, Synopsys, IBM, Oracle, National Instruments, D-Link et d’autres, est révélatrice. Pour favoriser la création des sociétés dans le domaine des technologies d’information, des avantages fiscaux (une imposition nulle sur les bénéfices et de 10% sur les revenus) ont été mis en place pour les start-up, aboutissant à la création de 189 nouvelles sociétés. L’industrie pharmaceutique constitue une autre branche en développement constant. Les médicaments arméniens se vendent aujourd’hui avec succès dans les pays de la CEI, qui représente un grand marché. Enfin, le tourisme représente lui aussi une filière très prometteuse.
L.L.D. : Occupant le 2ème rang des pays investisseurs dans votre pays, la France n’a encore qu’une part de marché modeste par rapport à celle de la Russie. Quelles opportunités pouvez-vous identifier en faveur de l’accroissement des échanges économiques bilatéraux? Comment pourrait y contribuer la tenue d’une prochaine réunion du Forum économique franco-arménien, dont la première réunion s’est déroulée en mai 2014 ?
S.E.M.V.T. : Les relations économiques et commerciales franco-arméniennes disposent, en effet, d’un grand potentiel d’intensification. C’est pourquoi nos deux pays œuvrent, actuellement, davantage dans cette direction. Dans le cadre des réformes en cours, il est prévu de fixer un régime juridique national d’investissement plus avantageux, de préciser les garanties offertes aux investisseurs étrangers, de permettre aux chefs d’entreprise de bénéficier des avantages existants et futurs en Arménie, et de proposer aux investisseurs des mécanismes plus performants de règlements des litiges. Le gouvernement arménien a entrepris des mesures politiques fortes dans le domaine des exportations. Selon la nouvelle stratégie adoptée, une attention particulière est accordée à l’accroissement des exportations, ce qui pourrait constituer le moteur d’une croissance économique future stable. Des mesures ayant pour objectif d’élargir notre marché national, par nature limité, sont également mises en place. Depuis deux ans, l’Arménie est ainsi membre de l’UEE. Le projet d’intégration eurasiatique a eu pour effet d’étendre les frontières économiques des États membres jusqu’à l’équivalent de 1/7ème du territoire mondial. Il a créé un marché d’une capacité de 170 millions de consommateurs, sans droits douaniers. La mise en place du marché uni des médicaments dans le cadre de l’UEE peut, par exemple, devenir un stimulus pour les entreprises pharmaceutiques françaises, ce qui permet de vendre les médicaments produits en Arménie sur le marché de l’UEE sans la nécessité d’aucune autorisation supplémentaire. D’autres directions peuvent être explorées, comme le tourisme, l’agro-alimentaire, les énergies renouvelables, les technologies d’information. L’expérience réussie des sociétés françaises Pernod Ricard, Veolia, Crédit Agricole, Alcatel, Cogema, Air France, Carrefour, Framatome peut être enthousiasmante et convaincante pour que d’autres sociétés voient l’Arménie comme une nouvelle destination pour leurs investissements. Je voudrais ajouter que notre pays se distingue par d’excellentes opportunités d’investissement en raison de sa culture d’entreprise libérale et de son environnement d’affaires favorable. En outre, il garantit l’égalité de traitement, l’accès à la propriété sans restriction pour les étrangers et le libre rapatriement des bénéfices.
L.L.D. : Situé au cœur du Caucase, l’Arménie aspire à s’affirmer comme une porte d’entrée vers les marchés de l’Union économique eurasiatique (UEE) et l’Iran. Quelles facilités votre pays peut-il offrir aux entreprises étrangères dans cette perspective ? Comment le projet de zone franche à Meghri évolue-t-il en ce sens? Dans quelle mesure la levée de l’embargo américain sur l’Iran, devenue effective en janvier 2016, a-t-elle ouvert de nouvelles perspectives commerciales pour votre pays et que vous inspirent les nouvelles orientations de l’administration du Président Donald Trump à cet égard ?
S.E.M.V.T. : Comme je viens de le mentionner, l’intégration eurasiatique a ouvert un marché de 170 millions de personnes exempt de frontières douanières pour les marchandises produites en Arménie. Traditionnellement, l’Arménie entretient de bonnes relations avec l’Iran. Des visites de haut niveau sont organisées régulièrement, le Président iranien s’est ainsi rendu en visite officielle en Arménie en décembre 2016. Nous apprécions hautement que les autorités et le peuple iraniens manifestent fortement leur respect à l’égard de l’héritage culturel et historique arménien présent sur le territoire iranien. En Iran, nos églises, nos monuments sont, en effet, restaurés et très bien entretenus, certains étant même inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. L’Iran a une position équilibrée et constructive au sujet du conflit du Haut-Karabagh, ce qui est hautement apprécié par l’Arménie. Par ailleurs, l’Iran est un pays de 80 millions d’habitants avec lequel l’Arménie développe des relations économiques dynamiques. L’Arménie a supprimé l’obligation de visa pour les ressortissants iraniens, ce qui représente un facteur de plus pour le développement des liens commerciaux. C’est à travers l’Arménie que passe la route la plus courte et la plus sûre pour relier le Golfe persique aux ports de la mer Noire. De ce point de vue, l’autoroute Nord-Sud en cours de construction constitue un tronçon majeur de l’autoroute appelée à relier les ports iranien de Bandar Abbas et géorgien de Poti. S’agissant de la zone économique franche de Meghri, située près de la frontière iranienne, les travaux engagés en vue de sa construction se poursuivent. Actuellement, en Arménie, il existe deux zones franches : d’une part, la zone Alliance, qui a une direction de production de haute technologie novatrice pour les secteurs de l’électronique, de l’ingénierie de précision, de l’industrie pharmaceutique, de la biotechnologie, des énergies renouvelables ; et, d’autre part, la zone Meridian centrée sur les secteurs de la joaillerie, du diamant et de l’horlogerie. La zone franche de Meghri accueillera, pour sa part, les entreprises dans le domaine de l’industrie alimentaire, de la transformation et de l’emballage agro-alimentaire, de la construction mécanique, de l’électronique, de l’industrie textile, de l’industrie chimique et de l’industrie pharmaceutique. Ces trois zones économiques libres devraient intéresser les sociétés étrangères, y compris françaises, en raison des conditions avantageuses qu’elle offre et des très grands marchés à proximité auxquels elle donne accès. Il faut également noter que des négociations sont en cours entre l’UEE et l’Iran, l’Inde, l’Egypte, Israël et d’autres pays, en vue de conclure des accords de libre-échange. Ce type d’accord a déjà été signé avec le Vietnam. Les États-Unis font figure de partenaire important pour l’Arménie. Ils sont l’un des trois pays coprésidents du groupe Minsk de l’OSCE. Nous apprécions hautement que plusieurs États américains aient reconnu le Génocide des Arméniens et le droit à l’autodétermination de l’Artsakh (Haut-Karabagh). Nous saluons aussi le soutien des États-Unis au développement des capacités arméniennes de maintien de la paix, la coopération dans le cadre d’initiatives clés dans le domaine de la sécurité nucléaire, de la non-prolifération des armes de destruction massive, de la lutte contre le terrorisme, des programmes conjoints mis en œuvre dans les domaines de la science, de l’éducation, de la culture et bien d’autres. Le soutien constant des États-Unis en faveur de l’amélioration des institutions démocratiques en Arménie, des processus électoraux, de la société civile, est particulièrement important. Il importe également de souligner les visites réciproques de haut niveau entre nos deux pays, les activités du groupe du Congrès américain sur les questions arméniennes qui a continuellement soutenu le renforcement de la coopération entre les deux pays et a soulevé les questions essentielles pour l’Arménie et le peuple arménien au sein du parlement américain. Je vous rappelle à cet égard que les États-Unis sont un pays où vivent près de 2 millions personnes d’origine arménienne contribuant fortement aux relations amicales entre l’Arménie et les États-Unis et que l’administration Trump maintiendra certainement.
L.L.D. : Impulsant un nouvel élan à leurs relations, l’Arménie et l’Union européenne (UE) ont paraphé, le 22 mars 2017, un accord de partenariat complet et renforcé. Quelles sont les différences entre celui-ci et l’accord d’association auquel votre pays avait renoncé en 2013 ? En quoi permettra-t-il d’intensifier davantage les liens de coopération avec l’UE et dans quels domaines ? Au-delà, quel rôle pourrait jouer la diplomatie arménienne en vue d’étoffer les relations entre l’UE et l’UEE ?
S.E.M.V.T. : Depuis son indépendance, l’Arménie a établi de solides relations avec l’UE, sur la base d’une coopération efficace et d’un respect mutuel. Avec l’aide de l’UE, nous avons mis en œuvre des réformes dans un certain nombre de domaines, notamment ceux de l’administration publique, de la justice, du système électoral et bien d’autres, qui visent à renforcer les libertés fondamentales et le bien-être de notre société. Nos programmes de réformes dans les domaines de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit, mis en œuvre avec le Conseil de l’Europe, ont très largement été financés par l’UE et ses États membres. En 1999, l’accord de partenariat et de coopération Arménie-UE est entré en vigueur. Nous sommes, aujourd’hui, membres du programme de la Politique de voisinage européen et du Partenariat oriental. Notre pays a signé en mai 2016 un accord d’association au programme européen Horizon 2020 dans les domaines de la recherche et de l’innovation. Nous sommes également membres du programme européen pour la compétitivité des entreprises et des PME (COSME). L’Arménie a levé de façon unilatérale l’obligation de visa pour les ressortissants des pays de l’UE. Un accord relatif à l’espace aérien commun est en cours de négociation. D’ailleurs, l’UE, grâce à la Banque européenne d’investissement (BEI), contribue à la construction du corridor Nord-Sud dont j’ai parlé. La modernisation récente des points de passage des frontières entre l’Arménie et la Géorgie est également mise en œuvre avec le soutien de l’UE. Il est à noter que l’année 2017 a commencé par un agenda européen assez intense. Le Président arménien et le Président du Conseil européen ont annoncé, en février à Bruxelles, la fin du processus de négociation sur l’accord de partenariat global et renforcé entre l’Arménie et l’UE. Dès mars, il a été paraphé à Erevan. C’est un document qui reflète l’essence et la profondeur de notre coopération avec l’UE. Ce nouveau document faisant état, entre autres, d’éléments économiques, ouvrira aux entrepreneurs européens et arméniens de nouvelles perspectives. De plus, l’accord prévoit la possibilité d’une interaction éventuelle des potentiels économiques et commerciaux entre l’UE et l’UEE. Les priorités de partenariat pour 2017-2020, qui définiront de nouvelles lignes directrices pour notre coopération, ont été discutées lors du Conseil de coopération Arménie-UE, le 23 mai 2017. Le nouvel accord de partenariat global et renforcé paraphé constitue, en premier lieu, un document politique, qui témoigne de la possibilité de concordance de différents intérêts. Cet accord marquera une étape importante pour élargir la portée des relations bilatérales entre l’Arménie et l’UE. Il est important de dire que la coopération avec l’UE est fondée sur des valeurs communes. Même aux moments les plus sombres de notre histoire, notre peuple n’a pas renoncé aux valeurs qu’il a adoptées. Nous sommes des Européens, notre mode de vie est européen, notre héritage culturel est pour une large part européen.
L.L.D. : Membre de l’UEE depuis le 2 janvier 2015, l’Arménie a accru son rapprochement avec la Russie. Comment évaluez-vous les bénéfices de l’adhésion de votre pays à l’UEE ? À la lumière de la visite officielle effectuée, le 15 mars 2017 à Moscou, par le Président Sargsyan, quelles sont les priorités du partenariat stratégique russo-arménien?
S.E.M.V.T. : L’Arménie et la Russie entretiennent des relations de pays alliés. Elles sont particulières par le dialogue actif de haut niveau, la coordination large de la politique étrangère. L’agenda du partenariat stratégique est très intense. Des visites de haut niveau ont lieu régulièrement. Des liens actifs existent entre les gouvernements, les parlements et les différents ministères des deux pays. La Russie est le plus grand partenaire commercial et investisseur étranger de l’Arménie. Plus de 1 400 entreprises russes travaillent en Arménie. La base juridique bilatérale compte plus de 200 Traités et Accords. Les relations interétatiques se développent dans les domaines de la sécurité, militaire, militaire-technique, économique, de l’énergie, des transports, de l’innovation, de l’exploitation minière, des transports, de la coopération décentralisée, culturel, scientifique et autres. La Russie est un pays co-président du Groupe de Minsk pour le règlement du conflit du Haut-Karabagh. L’Arménie et la Russie coopèrent efficacement dans le cadre des institutions internationales et régionales, comme l’ONU, l’OSCE, l’Organisation de l’Accord de sécurité collective, la CEI et l’UEE. Près de 2 millions d’arméniens vivent en Russie. En temps de paix et lors des épreuves difficiles, nous étions toujours ensemble avec le peuple russe. Aujourd’hui encore, les relations arméno-russe sont un modèle exemplaire de la coopération bilatérale, sans doute la plus réussie et efficace dans l’espace postsoviétique.
L.L.D. : Depuis le cessez-le-feu de 1994, le conflit gelé du Haut-Karabagh demeure un facteur de tension majeur dans le Caucase comme l’illustrent les récents incidents et surtout la crise meurtrière d’avril 2016. Peut-on craindre, selon vous, une exacerbation de ce conflit ? Quelle analyse faites-vous de la médiation du Groupe de Minsk dont la France assume la coprésidence avec la Russie et les États-Unis ? Quelles conditions pourraient, selon vous, permettre de trouver un compromis mutuellement acceptable et réaliste sur le long terme ?
S.E.M.V.T. : Le règlement du conflit du Haut-Karabagh reste l’une des questions centrales de la politique étrangère de l’Arménie. Avec le temps qui passe et les efforts toujours plus intenses de l’Azerbaïdjan visant à falsifier l’histoire, l’essence du conflit et ses racines, la communauté internationale tombe parfois dans le piège azerbaïdjanais. Pour remédier à ces tentatives de falsifications, le Ministre des Affaires étrangères de l’Arménie, S.E.M. Edward Nalbandian, a publié un article intitulé « Haut-Karabagh : un règlement en vue ? », dans le numéro 146 de la revue Politique internationale, disponible sur le site internet du Ministère, dans lequel il évoque d’une manière très précise et factuelle les racines de ce conflit et sa base juridique. Il explique également le processus de paix, les principes de base du règlement et ses différentes étapes, la position de l’Azerbaïdjan et la menace que sa politique présente pour la sécurité régionale et les perspectives d’un règlement. L’Azerbaïdjan fait tout pour discréditer les médiateurs, les co-présidents du Groupe de Minsk, en les accusant d’appliquer des doubles standards, d’islamophobie, etc. Si, aujourd’hui, le processus de règlement de ce conflit n’avance pas, c’est parce que l’Azerbaïdjan fait tout pour le saper. Il ne manifeste aucune approche constructive, refuse toutes les propositions des médiateurs. Ceci était le cas en 2001 à Key West pour les principes de Paris, mais aussi 10 ans après, en 2011, pour les propositions avancées à Kazan, et aujourd’hui pour les accords de Vienne et de Saint-Pétersbourg au sujet des Mesures de confiance et de sécurité. Celles-ci consistent à consolider le régime du cessez-le-feu trilatéral, à retirer les tireurs embusqués sur la ligne de contact et créer un mécanisme d’enquête sur les violations du cessez-le-feu. L’Azerbaïdjan refuse tout. En rejetant la création d’un mécanisme d’enquête, il veut éviter la responsabilité de sa violation périodique du cessez-le-feu, mais la Déclaration non-standard des trois co-Présidents du 18 mai 2017 indique clairement la partie coupable. Au cours de la guerre des quatre jours d’avril 2016, l’Azerbaïdjan a recouru aux mêmes actions barbares contre la population d’Artsakh, qu’il avait mené pendant les premières années du conflit. Cette guerre a encore une fois prouvé qu’Artsakh ne pourra jamais faire partie de l’Azerbaïdjan sous aucun statut et que la mise en œuvre du droit du peuple d’Artsakh à l’autodétermination est irréversible. En tant que garant de la sécurité d’Artsakh, l’Arménie assurera la sécurité des habitants du Haut-Karabakh. Avec les co-présidents du Groupe Minsk de l’OSCE, nous poursuivrons les efforts visant à régler le conflit du Haut-Karabakh, exclusivement, par des moyens pacifiques. Le non-recours à la force ou la menace du recours à la force constitue l’un des principes fondamentaux du droit international et fait partie des trois principes proposés par les co-présidents en tant que base du règlement. Il ne faut jamais oublier que c’est le recours à la force contre la population civile et pacifique du Haut-Karabagh qui a engendré ce conflit. Les menaces constantes de guerre affaiblissent gravement le processus de paix et obligent à ne pas changer le statut-quo. Pour changer ce dernier et régler le problème, il faut en premier lieu exclure la possibilité de recourir à la force. Il faut que l’Azerbaïdjan comprenne ce simple axiome, mais il n’en a pas l’air pour l’instant.
L.L.D. : L’ancien Président français François Hollande a figuré parmi les rares chefs d’État européens à participer, le 24 avril 2015, à la commémoration du centenaire du Génocide des Arméniens. Que représente pour la diplomatie arménienne l’attachement de la France à l’histoire mémorielle de votre pays ? Plus globalement, comment expliquez-vous les difficultés du processus de reconnaissance internationale du Génocide des Arméniens ?
S.E.M.V.T. : Comme l’ont démontré les événements tragiques au Proche-Orient, et dans d’autres parties du monde, l’ère des génocides n’appartient pas au passé et la prévention est, aujourd’hui, une question urgente et de première importance. L’année du centenaire du Génocide a été une occasion d’adresser au monde entier un message de reconnaissance à l’égard des pays et des individus, qui ont accueilli les rescapés du Génocide, qui ont été solidaires avec le peuple arménien, et qui ont soutenu son combat pour la reconnaissance et la condamnation de cette tragédie. C’était également une occasion d’exprimer le fort attachement qu’accorde l’Arménie aux efforts de la communauté internationale pour la prévention des génocides et des crimes contre l’humanité et qu’elle sera parmi les pays les plus actifs dans cette perspective. Notre pays a organisé en 2015 et 2016 les Forums globaux contre les génocides avec la participation d’hommes politiques, de parlementaires, de scientifiques, de chercheurs, de représentants de la société civile et d’autres horizons, pour créer une plateforme ouverte de discussions sur les questions liées aux crimes contre l’humanité et chercher des réponses collectives. Cette initiative s’inscrit dans la ligne directe de la politique de prévention de notre pays. Une autre initiative dans ce sens est la résolution intitulée Journée internationale de commémoration et de dignité des victimes du crime de génocide et de la Prévention de ce crime qui a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale le 11 septembre 2015. La distinction globale, le Prix Aurora pour l’éveil de l’humanité, fondée par trois personnalités de la Diaspora, descendants de rescapés du Génocide constitue une autre initiative importante visant à récompenser des personnes ayant mis leur vie en danger pour permettre à d’autres de survivre. L’Arménie est très sensible à l’attitude de la France et lui est reconnaissante pour sa prise de position concernant le Génocide des Arméniens. La participation de l’ancien Président français, François Hollande aux cérémonies du Centenaire, a été très hautement appréciée par les autorités arméniennes et par le peuple arménien dont, en premier lieu, les citoyens franco-arméniens. Nous avons constaté avec gratitude que le Président Emmanuel Macron a l’intention de poursuivre la tradition républicaine en venant exprimer sa solidarité avec le peuple arménien le 24 avril 2017 près de la statue de Komitas. En 2017 encore, des dizaines de manifestations de commémoration ont eu lieu en Arménie, en France et partout dans le monde, de nouveaux lieux de recueillement et de monuments ont été inaugurés. Nous espérons que, malgré toutes les difficultés que nous connaissons, elle ira au-delà de la reconnaissance du Génocide des Arméniens, à la pénalisation du négationnisme. C’est important non seulement pour les Arméniens du monde entier, mais aussi pour le combat international en faveur de la prévention des génocides et des crimes contre l’humanité. Par ailleurs, le processus de reconnaissance se poursuit. Il n’est pas en difficulté. En 2015, des résolutions sur le Génocide des Arméniens ont été adoptées par les parlements autrichien et luxembourgeois, en 2016 par le parlement allemand, en 2017 par le parlement de la République Tchèque.
L.L.D. : Seul pays membre à part entière de la Francophonie du Caucase, l’Arménie accueillera en 2018 le 17ème sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Fort de sa tradition francophone, pourriez-vous nous expliquer les motivations de la candidature arménienne à l’accueil de ce sommet ? Compte tenu de son ampleur et de son caractère inédit pour votre pays, quelles sont vos attentes en termes de retombées diplomatiques ?
S.E.M.V.T. : En effet, les chefs d’État et de gouvernement de l’OIF ont pris la décision d’organiser en 2018 le XVIIème Sommet de la Francophonie à Erevan. L’Ambassadeur Christian Ter Stepanian, Représentant personnel du Président de l’Arménie auprès du Conseil permanent de l’OIF, expliquera certainement mieux la participation de l’Arménie aux travaux de l’OIF, mais je dirais seulement que cette décision constitue un aboutissement logique du parcours de l’Arménie en tant que pays francophile et francophone. Dans les temps anciens, au Royaume arménien de Cilicie, les langues française et arménienne se côtoyaient en tant que langue de communication. Montesquieu, Voltaire, Rousseau et bien d’autres penseurs et écrivains évoquaient le peuple arménien. À l’École des langues orientales, une chaire d’arménien a été créée sur l’initiative de Napoléon 1er. La France a, par ailleurs, été le terreau de nombreux talents arméniens, peintres, sculpteurs, compositeurs et poètes. Aujourd’hui, les noms de Charles Aznavour, Henri Verneuil, Carzou, Jansem et bien d’autres sont devenus des fiertés nationales pour la France et pour l’Arménie. J’ajouterais que l’Arménie est un membre très actif de l’OIF. Elle a accueilli avec grand succès la Conférence ministérielle de la Francophonie 2015 et elle fera tout pour que le 17ème Sommet soit également couronné de succès. L’événement est sans précédent pour notre pays, avec l’arrivée de délégations de 84 pays, dont la grande majorité, nous l’espérons, seront conduites par les chefs d’Etats et de gouvernements. Nous en sommes fiers et c’est avec un grand plaisir que nous accueillerons ce Sommet de la Francophonie. |