L’OIV, la référence scientifique et technique du monde de la vigne et du vin
Par M. Jean-Marie AURAND, Directeur général de l’Organisation internationale de la vigne et du vin
Alors que la production et le commerce des vins et spiritueux gagnent en envergure avec l’ouverture de nouveaux marchés, notamment dans les pays émergents, les exigences augmentent en matière de qualité du produit et de protection de la santé et de l’environnement. C’est dans ce contexte que l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), dont le rôle consiste entre autres à définir les normes et à émettre des recommandations, voit le nombre de ses membres croître chaque année. Son Directeur général, M. Jean-Marie Aurand, nous présente ici le rôle de cet organisme et sa capacité d’adaptation à l’évolution constante du secteur vitivinicole. Il nous détaille aussi la stratégie de l’OIV pour les quatre prochaines années, notamment en faveur d’une viticulture durable.
Dans un contexte d’internationalisation croissante du secteur vitivinicole où se développe la concurrence entre les pays producteurs et alors que les consommateurs et les citoyens ont de plus en plus d’attentes en matière de qualité des produits, de protection de la santé et d’environnement, il est essentiel de définir les caractéristiques des produits vitivinicoles et leurs spécifications pour maintenir leur intégrité, leur authenticité et leur pérennité. Il est également primordial de promouvoir les bonnes pratiques règlementaires afin d’assurer la loyauté des échanges. L’Organisation internationale de la Vigne et du Vin (OIV) est au carrefour de ces préoccupations et contribue au travers de son expertise à relever les nouveaux défis auxquels est confronté un secteur en constante évolution. Il y a 91 ans, le 29 novembre 1924, l’Espagne, la Tunisie, la France, le Portugal, la Hongrie, le Luxembourg, la Grèce et l’Italie signaient l’Arrangement portant création de l’Office international du Vin. Il y a 11 ans, le 17 mars 2004 exactement, se tenait l’Assemblée générale constituante de la nouvelle Organisation internationale de la Vigne et du Vin. Après l’adhésion de l’Inde en 2012, de l’Azerbaïdjan en 2013, l’Arménie a rejoint l’OIV en 2014 portant ainsi le nombre des États membres à 46. Dix organisations non gouvernementales participent également aux travaux comme observatrices.
Une organisation intergouvernementale dans un monde du vin en évolution Créée par six États producteurs en réaction à la crise viticole mondiale, l’OIV s’est développée et adaptée pour devenir, depuis 2001, l’organisation technique et scientifique de référence de l’ensemble de la filière vitivinicole. Ses 46 États membres représentent plus de 85% de la production mondiale de vin et près de 80% de la consommation mondiale. Les échanges internationaux des raisins, du vin et des boissons spiritueuses ne cessent de croître. La part des volumes exportés de vin s’est développée de manière significative au cours de la dernière décennie : plus de 100 millions d’hectolitres, soit 43% de la consommation mondiale, contre 25% il y a 10 ans. Deux bouteilles consommées sur cinq dans le monde sont importées. Alors que la globalisation des échanges et la concurrence entre les pays s’intensifient, l’OIV s’attache à définir les caractéristiques des produits vitivinicoles et leurs spécifications. Il contribue également à la promotion des bonnes pratiques réglementaires afin d’assurer non seulement la loyauté des échanges, mais aussi l’intégrité et la pérennité des différents produits viticoles sur le marché mondial.
Une élaboration des normes par consensus et une expertise scientifique largement diffusée L’OIV contribue à l’harmonisation et à la définition de normes internationales nouvelles afin d’améliorer les conditions d’élaboration et de commercialisation des produits vitivinicoles. Toutes les recommandations de l’OIV sont adoptées par consensus de tous les États membres. Elles sont fréquemment reprises dans des réglementations nationales et régionales (Union européenne, Mercosur…) ainsi que le Codex Alimentarius. En 2014, l’organisation s’est employée à renforcer sa collaboration avec ces différentes entités. Dans le cadre des accords commerciaux mondiaux, les recommandations élaborées par l’OIV se fondent sur des bases scientifiques avérées grâce au travail d’un millier d’experts désignés par les États membres qui se réunissent régulièrement au sein de ses structures scientifiques spécialisées en viticulture, œnologie, méthodes d’analyses, économie, droit, sécurité, santé et raisins. Sur son site internet, l’OIV diffuse gratuitement ses publications, ses normes, les actes de ses congrès et la synthèse de l’expertise collective. Si elle est l’Organisation de référence en matière normative, elle l’est aussi en termes de système d’échange de données et d’analyse statistique. En 2014, les bases de données statistiques ont été enrichies dans leur contenu comme dans leur présentation avec notamment des analyses pluriannuelles et l’introduction d’une étude sectorielle annuelle (les vins effervescents en 2014). Celles relatives aux variétés de vignes, aux indicateurs géographiques et aux formations ont, quant à elles, été complétées. Dans ses fonctions relatives à la promotion de la connaissance et de la culture des produits vitivinicoles, l’OIV a patronné 31 concours internationaux de vins et plus de 18 symposiums techniques et scientifiques dans le monde en 2014. C’est avec le même objectif que le master en management de la filière vitivinicole a été délivré à une vingtaine d’étudiants. D’une façon générale, nous nous attachons à développer et à moderniser sa stratégie de communication et de diffusion de ses publications dans les différents domaines.
La stratégie vitivinicole mondiale 2015-2019 L’année de 2014 a également donné lieu, au sein de l’organisation, à une vaste réflexion collective pour l’élaboration du plan stratégique quinquennal pour 2015-2019. Véritable feuille de route pour les cinq années à venir, ce plan prend en compte les nombreux enjeux de la filière dans une vision stratégique. Faisant l’objet d’un programme de travail annuel, il s’articule autour de cinq axes. Promouvoir une vitiviniculture durable. Dans le cadre du développement du vignoble et des évolutions de la viticulture conventionnelle, l’OIV entend promouvoir une viticulture durable. À cette fin, l’OIV prend en compte les défis du changement climatique ; caractérise et évalue les principes et les méthodes de production des raisins, vins et autres produits, et analyse leur efficacité économique tout en considérant les pratiques des entreprises en matière de responsabilité sociale. L’OIV veille à protéger et optimiser l’utilisation des ressources naturelles et la durabilité des terroirs viticoles. Établir les règles d’authenticité des produits vitivinicoles et promouvoir les bonnes pratiques réglementaires. Dans l’objectif de catégoriser les produits vitivinicoles, l’organisation promeut les principes de bonnes pratiques réglementaires et élabore des recommandations en matière de pratiques œnologiques et de méthodes d’analyse. En outre, nous définissons les formations professionnelles du secteur. Appréhender les évolutions du marché et la dynamique de la filière. Dans le contexte de la croissance des échanges internationaux dans le secteur vitivinicole et afin de comprendre la dynamique de la filière, l’OIV développe des systèmes d’échange de données et d’analyses statistiques et facilite l’identification des tendances des marchés à travers la chaîne de valeur. Participer à la sécurité du consommateur et prendre en compte ses attentes. Sur la base d’évaluations et d’avis scientifiques, l’OIV participe à la sécurité sanitaire des produits vitivinicoles. Elle évalue les technologies innovantes et les aspects physiologiques et nutritionnels liés à la consommation des produits vitivinicoles ainsi que les facteurs socio-comportementaux. Enfin, elle tend à assurer la cohérence au niveau de la traçabilité et de l’étiquetage. Renforcer la coopération internationale et la gouvernance de l’OIV. En sa qualité d’organisation intergouvernementale, l’OIV favorise la coopération internationale et la participation à ses travaux des États et des observateurs. Nous facilitons la production scientifique, en la valorisant par une communication adaptée. Ainsi, 91 ans après sa création et 11 ans après sa rénovation, l’OIV s’est imposée comme organisation technique et scientifique de référence dans le monde de la vigne et du vin. |