Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
  Éditorial
Entretien exclusif
Coopération
Diplomatie & Défense
Innovation
Culture
 
La lettre diplometque
La lettre diplomatique Haut
     Zambie
 
  S.E.M. Edgar Chagwa LUNGU / H.E. Edgar Chagwa LUNGU

Les promesses d’un nouveau hub africain

Entretien avec S.E.M. Edgar Chagwa LUNGU,
Président de la République de Zambie

Au lendemain du 50ème anniversaire de son indépendance, la Zambie affiche l’un des taux de croissance économique les plus dynamiques du continent (6,5% en 2014), mais demeure confrontée à des défis majeurs, tels que la pauvreté. L’intégration économique et les ambitieux projets d’infrastructures constituent deux priorités du gouvernement, qui souhaite voir le pays devenir un carrefour des échanges en Afrique australe et l’un des moteurs du développement régional. Sept mois après son élection à la Présidence zambienne et à quelques mois du prochain scrutin présidentiel, S.E.M. Edgar Lungu a accepté de nous accorder un entretien pour évoquer la situation de son pays. Il aborde aussi les grands axes de sa politique régionale en vue de se positionner comme acteur diplomatique important en faveur de la stabilité régionale. À la tête d’un État membre du Commonwealth, le Président zambien décrit enfin les conditions d’une relation plus étroite entre son pays et la France.

La Lettre Diplomatique : Monsieur le Président, la Zambie vient de célébrer le 50ème anniversaire de son indépendance. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru par votre pays et pourriez-vous décrire pour nos lecteurs vos ambitions pour l’avenir de la Zambie ?

S.E.M. Edgar Chagwa Lungu : Nous avons célébré notre jubilé d’or l’an dernier, le 24 octobre. Il est clair qu’au cours des cinquante dernières années, la Zambie a fait de grands pas en avant. Nous avons connu une période ininterrompue de stabilité politique et de coexistence pacifique grâce à la mise en pratique de notre devise : « Une Zambie, une Nation ». Nous avons fait progresser la cause de la liberté et de l’auto-détermination en Zambie et à l’étranger en combattant pour la libération de nos voisins. Nous avons également permis à une génération de Zambiens de contribuer à la croissance de notre Nation, tant sur le territoire national qu’au sein de la diaspora.  
La stabilité politique et l’harmonie sociale constituent la plate-forme d’ancrage de notre forte croissance économique et de notre stabilité macroéconomique. En dépit de ces jalons marquants, beaucoup reste à faire pour que notre indépendance prenne plus de sens dans l’existence de nos citoyens. Nous avons mis en place la Vision 2030 destinée à faire de la Zambie un état prospère a revenus intermédiaires d’ici à 2030. Il faut encore collectivement beaucoup d’efforts et de travail dans tout le pays pour parvenir à notre objectif.

L.L.D. : Investi président de la République de Zambie le 25 janvier 2015 à l’issue d’un scrutin anticipé, vous avez été élu pour un mandat intérimaire qui devrait s’achever lors de la nouvelle élection présidentielle qui devrait avoir lieu en 2016. Comment qualifieriez-vous cette transition avec votre prédécesseur M. Michel Sata ? Considérant le projet de réforme constitutionnelle, dans quelle mesure allez-vous poursuivre les efforts opérés en matière de bonne gouvernance et de transparence ? Pourriez-vous préciser votre calendrier d’action et la manière dont vous appréhendez la prochaine échéance électorale ?

S.E.M.E.C.L.: Comme vous l’avez vu au cours des élections pré et post-présidentielles, la transition s’est faite sans à-coups. Bien entendu, il y a eu quelques dissensions au sein des structures du parti au pouvoir. Il s’agissait en fait d’effets secondaires inhérents à tout parti démocratique, mais néanmoins nous avons résolu ces questions internes. Je me suis présenté sous l’étiquette de mon parti, le Front patriotique, à l’élection présidentielle qui s’est tenue le 20 janvier 2015, suite au décès de notre cinquième Président, S.E.M. Michael Chilufya Sata. J’ai remporté cette élection et j’ai prêté serment comme sixième Président de la République de Zambie. À partir d’aujourd’hui, je me concentre sur la mise en œuvre des programmes laissés par mon prédécesseur et leader, S.E.M. Michael Chilufya Sata. Paix à son âme.
Mon plan d’action vise à maintenir l’unité de mon pays et combattre la pauvreté en Zambie par la promotion des investissements locaux et étrangers. Je vais également faire en sorte que les secteurs sociaux – la santé et l’éducation – reçoivent la même priorité que d’autres secteurs économiques. Nous souhaitons que notre politique socio-économique accélère l’accès de la Zambie au statut de pays à revenus intermédiaires de façon durable d’ici à 2030.
Comme je l’ai dit au cours de mon discours inaugural, mon engagement vise à donner au peuple zambien une constitution qui résistera à l’épreuve du temps. Le gouvernement travaille activement à l’élaboration de réformes constitutionnelles. Nous avons déjà présenté au Parlement les propositions du gouvernement sur l’avancement des réformes au sein desquelles nous avons identifié des questions litigieuses et d’autres non-litigieuses qui peuvent être traitées par le Parlement sans soumettre la constitution dans sa globalité à un référendum.

L.L.D. : Alors que 60% de la population zambienne vit encore sous le seuil de pauvreté en 2014, vous avez fait de la réduction des inégalités sociales la priorité de votre mandat. Quelles initiatives privilégiez-vous à cet égard, notamment en vue de favoriser l’éducation et l’emploi ? Au regard du taux élevé de mortalité maternelle et de prévalence du VIH/SIDA, que préconisez-vous pour renforcer la prévention et les infrastructures sanitaires ? Plus largement, comment inscrivez-vous votre action dans ces domaines dans le cadre de l’agenda post-OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) et de la mise en œuvre de l’agenda 2063 de l’Union africaine (UA) ?

S.E.M.E.C.L.: La pauvreté est de toute évidence un énorme défi que mon gouvernement entend relever. Mon gouvernement a mis en place divers programmes pour venir à bout des niveaux de pauvreté en Zambie et créer des emplois. Actuellement, le gouvernement met en œuvre d’immenses projets d’infrastructures routières qui non seulement créent des opportunités d’emplois, mais ouvrent également l’accès aux investissements dans les zones rurales fortement affectées par la pauvreté. Nous créons aussi un climat d’affaires porteur et favorable à la croissance du secteur privé. De plus, la création du Groupe de Développement industriel (IDC) ensemble avec la mise en œuvre de la Stratégie d’industrialisation et de création d’emplois aura un énorme impact sur la réduction des niveaux de pauvreté par la création d’emplois. Il existe diverses autres réformes entreprises dans le cadre du projet « Industrialisation pour le développement du secteur privé et pour la création d’emplois » (PSDIJC).
Il est également important de noter que ce gouvernement a lancé la construction de 650 dispensaires dans le pays pour améliorer la santé de nos concitoyens principalement dans les zones rurales. Nous améliorons le niveau des hôpitaux de districts qui deviennent hôpitaux généraux et des hôpitaux de provinces qui deviennent hôpitaux centraux et universitaires. Notre principal engagement, en tant que gouvernement, est d’assurer à chaque Zambien l’accès à des services médicaux appropriés et adéquats. Nos efforts dans l’amélioration du secteur de la santé font déjà apparaître une diminution du taux de prévalence du VIH/SIDA en Zambie, bien qu’il reste encore beaucoup à faire.
De plus, mon gouvernement poursuit ses efforts pour offrir à la jeunesse un accès équitable à une éducation de qualité et à la responsabilisation par le biais de formations à l’acquisition des compétences. La construction de centres de formations, particulièrement dans le secondaire et le tertiaire, demeure un objectif essentiel en vue d’améliorer l’accès à l’apprentissage et augmenter les taux d’acquisition de compétences.
Les actions que je viens de mentionner s’insèrent parfaitement dans l’Agenda de développement de l’après 2015 de l’ONU, portant sur les objectifs de développement durable.

L.L.D. : Deuxième producteur de cuivre africain, la Zambie conserve l’une des dynamiques économiques les plus significatives du continent avec une croissance du PIB de 6,5% en 2014. Dans quelle mesure la nouvelle imposition des activités minières en janvier 2015 peut-elle être révisée ? Plus grand pourvoyeur d’emplois du pays, de quelle manière le secteur agricole pourrait-il devenir plus compétitif ? À l’instar du tourisme, quelles autres filières porteuses pourraient, selon vous, favoriser la diversification de l’économie zambienne en vue de conforter cette dynamique de croissance ?

S.E.M.E.C.L.: Selon moi, il est important que nos politiques régissant le secteur minier soient stables, prévisibles, cohérentes et transparentes. Mon gouvernement doit élaborer une politique fiscale équitable tant pour la Zambie que pour les entreprises minières. Après ma prise de fonction en janvier 2015, l’une de mes premières préoccupations a été d’établir un dialogue avec les entreprises minières afin de parvenir à une position harmonisée sur la fiscalité. Comme vous le savez, notre gouvernement est à l’écoute, et donc nous avons ramené le principe des redevances minières à un niveau équitable pour les deux parties : la Zambie et les entreprises minières. Mon gouvernement considère que le secteur minier reste fondamental, car il emploie plus de 90 000 Zambiens et contribue à plus de 80% de nos exportations totales. Ceci explique l’urgence avec laquelle nous devons traiter des questions liées à ce secteur.
De plus, mon gouvernement développe la vente aux enchères des pierres précieuses pour tirer le maximum de bénéfices de ces ressources et promouvoir la transparence et la responsabilité de ce sous-secteur. Ceci se fait dans le cadre du soutien à la diversification et à la croissance du secteur minier.
En effet, la Zambie se diversifie pour sortir de la mono-économie et mon gouvernement a donné la priorité à l’agriculture, au tourisme, à l’industrie manufacturière pour faire avancer le développement du pays et stimuler la croissance économique.

L.L.D. : Dès votre discours d’investiture, vous avez souhaité rassurer les investisseurs étrangers. Quelles mesures appelez-vous à mettre en place en vue d’accroître le flux des investissements et dans quels domaines d’activité spécifiques ? Quelles opportunités peuvent ouvrir les Multifacility economic zones (MFEZs) dans cette perspective ?

S.E.M.E.C.L.: Mon gouvernement va poursuivre son rôle de facilitateur et de créateur d’un environnement propice à la croissance du secteur privé. Les investisseurs locaux et étrangers sont invités à investir en Zambie. Comme je l’ai indiqué dans mon discours inaugural, les investissements restent sûrs et, de ce fait, il n’y a aucun risque d’expropriation.
Le gouvernement va également continuer à investir fortement dans les infrastructures économiques et sociales pour faciliter les activités commerciales. Il faut mentionner les énormes projets routiers entrepris en Zambie pour relier dix régions de ce pays. Un autre projet concerne le développement de la Zone économique multiservices (Multi-Facility Economic Zone – MFEZ) de Lusaka Sud dans notre capitale, Lusaka, qui continue à recevoir le soutien de mon gouvernement. Bien entendu, les MFEZs sont conçues pour devenir des centres d’excellence qui devront attirer les flux d’investissements. L’autre MFEZ est actuellement développée par un investisseur chinois – le Chambishi MFEZ – dans la province Copperbelt (ceinture cuprifère) attirant déjà plus de 25 entreprises qui ont investi 1,2 milliard de dollars depuis 5 ans. Il est important de noter que cette MFEZ n’est pas réservée aux entreprises chinoises, mais reste ouverte à d’autres investisseurs locaux et internationaux. J’invite les entrepreneurs français à envisager des investissements dans les MFEZ qui se développent en Zambie.

L.L.D. : Alors que la China Non Ferrous Metal Mining Company gère la zone de Chambishi, comment qualifieriez-vous les liens privilégiés de la Zambie avec la Chine, principal acheteur de cuivre zambien ?

S.E.M.E.C.L.: Les relations sino-zambiennes remontent à cinquante ans. La Zambie a engagé des relations diplomatiques avec la Chine quatre jours après son accès à l’indépendance en 1964. De ce fait, les liens entre la Zambie et la Chine restent cordiaux et chaleureux. Il est intéressant de noter qu’en 1975, la Chine a construit un ouvrage historique qui symbolise l’amitié entre la Zambie et la Chine, le chemin de fer TAZARA, une voie ferrée de 1 860 km entre Dar-Es-Salaam en Tanzanie et la ville de Kapiri Mposhi dans la province centrale de Zambie. Nos échanges avec la Chine s’élèvent à 4 milliards de dollars et les entreprises chinoises ont investi plus de 2 milliards de dollars dans l’économie zambienne. De plus, je vous rappelle qu’en avril 2015, je me suis rendu en Chine où j’ai rencontré mon homologue S.E.M. XI Jinping et nous avons discuté de plusieurs domaines de coopération. De ce fait, j’attends une poursuite de la croissance des liens bilatéraux entre nos deux pays pour nos bénéfices mutuels.

L.L.D. : Pays enclavé, la Zambie aspire à devenir un carrefour des échanges de l’Afrique australe. Fort d’un investissement de 5 milliards de dollars dédié aux programmes routiers Link 8 000 et Pave Zambia, pourriez-vous nous présenter les autres projets d’envergure destinés à interconnecter la Zambie et les pays voisins ? Comment envisagez-vous de les financer ?

S.E.M.E.C.L.: La Zambie occupe une position stratégique au carrefour de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA). Veuillez noter que la Zambie est enclavée entre ses huit pays voisins.
Le développement des infrastructures est un pilier indispensable de nos actions pour augmenter la productivité de nos activités, diversifier notre économie et promouvoir une croissance inclusive. De ce point de vue, en 2012 le gouvernement a lancé le projet Link Zambia 8000 visant à l’amélioration et au développement d’un réseau routier de 8 000 km dans tout le pays. En 2013, le gouvernement a initié le projet Pave Zambia 2000 dont l’objectif est de goudronner 2 000 km de routes dans les municipalités. D’autres projets lancés la même année comprennent le projet L400 destiné à réhabiliter 400 km de routes dans Lusaka.
Ces projets sont en cours et financés par le budget national et des fonds externes.

L.L.D. : Une grande panne d’électricité a affecté votre pays le 27 avril 2015. Quelle stratégie préconisez-vous pour sécuriser l’approvisionnement énergétique ?

S.E.M.E.C.L.: Mon gouvernement a mis la priorité sur le développement des secteurs de l’énergie. Actuellement, nous générons plus de 2 000 mégawatts par rapport à notre capacité de production hydro-électrique de 6 000 mégawatts. Cet écart ouvre des opportunités massives d’investissements. Par ailleurs, notre croissance économique implique que nous devons produire plus pour répondre à la demande. De grands projets dans le secteur de l’énergie ont été élaborés pour augmenter l’offre, par exemple la centrale hydro-électrique d’Itezhi-Tezhi d’une capacité de 120 mégawatts à la centrale thermique de Sinazongwe, construite par une entreprise privée, d’une capacité de 300 mégawatts. Ces deux centrales vont s’ajouter à la capacité de production existante. De plus, le gouvernement va poursuivre les travaux d’extension et de réhabilitation des réseaux de transmission et de distribution dans le cadre du Projet de réhabilitation énergétique. Dans le cadre du Groupe de développement industriel (IDC), le gouvernement veut résoudre les coupures de courant dans le pays par la promotion et l’utilisation accrue de technologies d’énergies renouvelables. Nous sommes déterminés à relever le défi énergétique, ce qui se traduit par la signature d’un protocole d’accord entre la Société financière internationale de la Banque Mondiale (International Finance Corporation – IFC) et le Groupe de développement industriel zambien pour étudier le développement de deux projets d’électricité solaire indépendants de 50 mégawatts en Zambie dans le cadre du programme Scaling Solar.

L.L.D. : La stratégie de l’industrialisation et la feuille de route adoptées par la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC) le 29 avril 2015, se fondent sur une vision continentale. Quels bénéfices la Zambie peut-elle en retirer ? En quoi peut-elle participer à un renforcement de ses liens avec son principal partenaire commercial, l’Afrique du Sud ?

S.E.M.E.C.L.: La stratégie d’industrialisation et la feuille de route adoptées par les leaders du SADC est une étape dans la bonne direction en termes d’efforts divers mis en place pour utiliser les ressources naturelles diverses et abondantes de la région au service d’un développement économique et social durable. Vous convenez que le développement industriel joue un rôle critique dans la création de richesses et d’emplois pour nos concitoyens. Il est temps pour nous, en tant que région, de mettre un terme aux exportations d’emplois sous la forme d’exportation de matières premières et d’ajouter de la valeur à nos exportations.
Comme vous le savez sans doute, la stratégie régionale repose sur trois piliers, à savoir l’industrialisation, la compétitivité et l’intégration régionale. Ceci est en accord avec la stratégie d’industrialisation et de création d’emplois adoptée par mon gouvernement en 2014 au niveau national. L’objectif est de soutenir des secteurs économiques ciblés pour améliorer la création d’emplois. En conséquence, la stratégie SADC régionale va beaucoup apporter à nos politiques et programmes nationaux d’industrialisation afin de renforcer le commerce régional.

L.L.D : Le gouvernement zambien a signé le 5 mai 2015 un accord de subvention de 2,6 millions d’euros avec l’Union européenne (UE) et le COMESA pour le Projet de renforcement des capacités d’intégration régionale. Pourriez-vous détailler, pour nos lecteurs, les implications de ce programme ? À l’image de la réduction des délais administratifs aux frontières, quels autres mécanismes pourraient être mis en place pour faciliter les échanges ? Quel rôle votre pays a-t-il vocation à assumer en vue d’approfondir l’intégration économique régionale ?

S.E.M.E.C.L.: La Zambie reste engagée dans l’intégration régionale. Comme vous le savez, nous avons mis en place le premier poste frontière à guichet unique au sein du COMESA pour réduire les démarches administratives aux frontières et faciliter les échanges commerciaux.
Le fonds de 2,6 millions d’euros dans le cadre du Projet d’Intégration régionale et de renforcement des capacités, va donc permettre de largement faciliter le commerce et l’investissement en Zambie. Ce fonds est destiné aux PME-PMI dans le secteur du cuir, du textile ainsi que de l’habillement, et de contribuer à l’élimination des barrières non-tarifaires et au soutien au commerce. Les PME-PMI de Zambie sont des acteurs critiques de la création d’emplois.
Le Projet d’intégration régionale et de renforcement des capacités apportera également son soutien aux décisions de la COMESA dans la région et aux efforts de la Zambie pour mieux s’intégrer dans le marché régional. Spécifiquement, les fonds vont aider la Zambie à développer une politique nationale d’investissement, à encore libéraliser le commerce régional dans les services et à mettre en œuvre d’importantes réformes commerciales afin d’améliorer la gestion aux frontières en accord avec les normes internationales.  

L.L.D : Placé sous le thème de la « Stratégie de Livingstone pour accélérer les reformes de l’ONU », le Sommet du Comité des 10 chefs d’État de l’Union africaine (C‑10) s’est tenu en Zambie du 7 au 9 mai 2015. En vue de la prochaine Assemblée générale de l’ONU à l’automne 2015, quelles sont les principales orientations de cette feuille de route ? Comment analysez-vous les obstacles à l’élargissement du Conseil de Sécurité de l’ONU à l’Afrique ? Plus largement, comment l’Afrique pourrait-elle renforcer son rôle sur la scène diplomatique internationale ?

S.E.M.E.C.L.: Le Comité de l’Union africaine du sommet des dix chefs d’États qui s’est tenu à Livingstone du 7 au 9 mai 2015 a réaffirmé la position commune africaine pour un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations unies. Le sommet a déclaré que la demande de l’Afrique pour une réforme des Nations unies est une question viable qui demande des efforts concertés et du soutien pour aboutir.
Le but de ce sommet était de définir nos stratégies pour élargir et intensifier l’avancée de la position africaine commune telle que stipulée dans le consensus d’Ezulwini. Ce consensus souligne l’objectif d’une représentation totale de l’Afrique dans toutes les instances décisionnaires des Nations unies et particulièrement le Conseil de Sécurité.
Je pense que l’Afrique a beaucoup discuté au cours des dix dernières années et maintenant, elle se doit d’agir et de donner vie au consensus d’Ezulwini. L’agenda de l’Afrique est un concept vivant qui doit être entériné par la communauté internationale, mais il est regrettable que l’Afrique ait si peu avancé au cours des dix dernières années pour obtenir une représentation au Conseil de Sécurité. Toutefois, je ne vois aucune raison pour que l’Afrique n’occupe pas une place qui lui revient de droit au sein du Conseil de Sécurité des Nations unies.

L.L.D : La Zambie et la France entretiennent d’excellentes relations. Considérant les échanges économiques encore modestes entre la France et la Zambie, quelles initiatives pourraient être envisagées pour les dynamiser ? Quelles synergies franco-zambiennes communes pourraient selon vous contribuer à l’accomplissement de vos objectifs de développement pour la Zambie et plus globalement à l’ensemble de la région ?

S.E.M.E.C.L.: Vous n’ignorez pas que la Zambie et la France entretiennent des relations bilatérales chaleureuses et cordiales. Il est vrai que suite à l’arrêt des importations de produits cuprifères par les entreprises françaises au cours des sept dernières années, les relations commerciales entre nos deux pays ont chuté mais en revanche les échanges de produits d’exportation non traditionnels ont augmenté. Nos produits d’exportation non-traditionnels sont des exportations que le gouvernement actuel promeut dans le cadre de notre programme de diversification.
Cependant, avec le renouveau de la politique française d’équilibre des relations entre pays francophones et anglophones d’Afrique, on s’attend à une augmentation du commerce et des investissements entre la France et les pays anglophones tels que la Zambie. Déjà plus de 20 entreprises françaises ont investi en Zambie et, en juin 2015, au State House de Lusaka, j’ai reçu 25 entreprises françaises venues étudier les opportunités commerciales. Cette délégation, conduite par le Mouvement des entreprises de France (MEDEF International), a signé un protocole d’accord sur la coopération économique avec l’Alliance zambienne du secteur privé (Zambia Private Sector Alliance).
En conséquence, j’espère et je suis, en fait, convaincu qu’avec de tels intérêts et ces missions commerciales, nous verrons une augmentation des relations commerciales et des investissements entre nos deux pays. J’en appelle aux investisseurs français pour qu’ils viennent en Zambie étudier et découvrir les immenses possibilités d’investissement offertes par notre pays.    

Retour en haut de page
 
 

 
La lettre diplomatique Bas
  Présentation - Derniers Numéros - Archives - Nos Liens - Contacts - Mentions Légales