Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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Aider les États à renforcer leurs capacités de défense et de sécurité

Entretien avec le Vice-amiral d’escadre Marin Gillier,
Directeur de la Coopération de Sécurité et de Défense au Ministère des Affaires étrangères et du Développement international

ATCS, ASECMAR, PARSIB… sous ces acronymes obscurs se cachent de vastes programmes mis en œuvre par la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) pour aider les États à favoriser la stabilité, la paix et le développement de régions en proie à un contexte de déficit sécuritaire. Composée de militaires, de policiers ou encore d’experts de la protection civile, cette direction du Ministère français des Affaires étrangères et du Développement international s’inscrit dans la droite ligne de la diplomatie d’influence et économique de la France. À cet égard, une Section liaison entreprises (SLE) a été créée en novembre 2014 pour soutenir les entreprises françaises de défense à l’étranger. Le leitmotiv du directeur de la DCSD, le Vice-amiral d’escadre Marin Gillier : assurer un continuum sécurité-développement sous le sceau d’un partenariat à égalité avec les États et une implication de la communauté internationale. Dans cet entretien exclusif, il présente les grands axes de travail de sa Direction et revient sur les principaux programmes menés notamment dans la région du Liptako-Gourma et du Golfe de Guinée.

La Lettre Diplomatique : Amiral, la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense (DCSD) est une composante du Ministère français des Affaires étrangères et du Développement international. Pourriez-vous préciser quels sont ses missions et ses moyens ?

Vice-Amiral d’escadre Marin Gillier : En accord avec son ministère de tutelle, celui des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI), la DCSD a pour mission de proposer aux autorités françaises une politique de coopération, puis de la mettre en œuvre. À ce titre, elle est en charge de la coopération structurelle dans le domaine de la défense et de la sécurité intérieure. Dans le cadre d’un partenariat à égalité avec des États et des organisations régionales ou internationales, elle œuvre, à la mise en place d’institutions régaliennes pérennes. Cela peut consister, par exemple, en la création d’une police scientifique et technique ou en la mise en place d’une gestion moderne des ressources humaines dans les forces armées. Notre action couvre les domaines de la défense (forces armées) et de la sécurité intérieure (police, gendarmerie, assistance aux populations).
En marge, la DCSD peut être amenée à  participer ponctuellement aux coopérations opérationnelles engagées par la France, en mettant ses capacités et ses connaissances à la disposition des autres ministères, par l’intermédiaire de nos coopérants présents sur zone. Par exemple, nos coopérants en poste à Bangui (République centrafricaine) ont accueilli les forces françaises de l’opération Sangaris ainsi que les forces européennes, et leur ont dressé une cartographie des enjeux et des acteurs locaux.
Pour ce faire, nous nous appuyons sur 280 coopérants militaires, une cinquantaine de coopérants civils (experts techniques internationaux) et près de 65 personnes à Paris, issues du MAEDI et des ministères de la Défense et de l’Intérieur. Nos ressources financières s’élèvent bon an mal an à 90 millions d’euros par an, dont les deux tiers sont destinés aux rémunérations, notre action étant principalement fondée sur l’action des hommes. Ces deux ressources connaissent une attrition importante depuis quelques années, puisque nous avons perdu environ 50% de nos ETP (équivalents temps plein) en 20 ans et quelque 50% de nos ressources budgétaires en 10 ans.

L.L.D. : Concrètement, quels sont vos modes d’action ? Quels sont vos principaux partenaires en France ?

M.G. :  Nous opérons traditionnellement selon trois grands modes d’actions :
– Le conseil, auprès de chefs d’État, de ministres, de directeurs centraux de la police ou de chefs d’État-major.
– La formation, proposée en France en accueillant des stagiaires étrangers et dans des ENVR (Ecole nationale à vocation régionale) dans des pays du Sud. Ce sont des établissements qui appartiennent au pays d’accueil et que nous soutenons de façon à ce qu’ils accueillent des élèves pour un tiers du pays et pour deux tiers des pays de la région ou du continent. Les enseignements qui y sont délivrés nous permettent de transmettre des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être. De cette façon, les personnels déployés au sein de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) ou de la MINUSCA (République centrafricaine), par exemple, ont reçu la même formation et peuvent dès lors coopérer plus rapidement. C’est un moyen de favoriser la coopération Sud-Sud.
– La fourniture d’équipement : n’ayant plus les moyens d’équiper les forces armées d’un pays, la France fournit des équipements exclusivement dans des centres de formation, de préférence dans les ENVR.  
Pour mener à bien notre mission, nous nous appuyons aussi sur des missions d’expertise de courte durée ainsi que sur des agences para-étatiques, comme CIVIPOL, Expertise France et Défense Conseil International. Nous pouvons par ailleurs participer à des consortiums en vue de répondre à des appels d’offres européens.

L.L.D. : S’inscrivant dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Liptako-Gourma en Afrique, le premier temps fort de l’Appui à la coopération transfrontalière au Sahel (ACTS) a eu lieu le 13 février 2015 à Paris. Pourriez-vous préciser les objectifs de cette mission ? Quels sont les enseignements du premier volet de ce projet ?

M.G. : Tenu à Paris en décembre 2013, le Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique a rassemblé une cinquantaine de chefs d’État africains autour du Président français, M. François Hollande. Parmi les priorités qu’ils nous ont fixés, trois entrent dans le domaine de compétences de la DCSD : agir pour la sécurité des espaces frontaliers au Sahel ; œuvrer pour augmenter la sécurité maritime dans le golfe de Guinée ; favoriser l’émergence d’une architecture africaine de paix et de sécurité.
Pour répondre à la première priorité, la DCSD a proposé le projet ACTS (appui à la coopération transfrontalière au Sahel). Il s’articule autour de quatre dimensions novatrices :
Créer un continuum sécurité-développement : car il n’y a pas de sécurité sans un vrai développement durable et inversement, nous avons voulu dès le départ allier ces deux aspects dans un unique projet.
Fonder notre action sur un « mapping » des situations et des ressentis de terrain, et non pas sur des perceptions élaborées à partir des capitales occidentales, souvent biaisées. La première étape consiste donc à échanger avec les personnes, les communautés ethno-religieuses et les institutions présentes dans les zones frontalières du Sahel, pour identifier les menaces et les risques, les besoins et les ressentis. Puis, nous aidons les États à élaborer des réponses.
Elaborer une méthodologie commune. Pour l’heure, ce projet pilote est mené au Liptako-Gourma, une région qui recouvre une partie du Mali, du Niger et du Burkina Faso (soit 370 000 km2). La méthodologie d’approche et de réponse aux menaces en chacun de ces pays va être étudiée pour, s’il y a suffisamment de similitudes, construire une méthodologie globale, qui pourra ensuite être dupliquée dans d’autres zones de la région sahélienne en l’adaptant aux réalités locales.
Entreprendre un projet collaboratif qui associe non seulement les trois États partenaires, mais aussi tous les pays et organisations internationales (OI) qui souhaitent participer à la stabilisation de cette zone. Ce projet qui permet de travailler avec la même unité de lieu (Liptako-Gourma) et de temps (2 à 3 ans), a déjà remporté l’adhésion des Nations unies et de plusieurs de ses agences (PNUD, ONUDC), de la Banque mondiale, de l’Organisation internationale des migrations, de l’Organisation internationale de la Santé animale, mais également de l’Union européenne (UE), d’États (États-Unis, Canada, Japon…) et d’ONG comme le Danish demining group (DDG). L’objectif est de mettre en commun les ressources et les spécialités de chacun.
Le projet ACTS implique trois niveaux de travail : local, transfrontalier et régional. Il s’agit tout d’abord de favoriser l’action interministérielle. Lors d’une inondation majeure, police, gendarmerie, protection civile, forces armées ou encore le Ministère de la Santé doivent se mobiliser et travailler ensemble. Ensuite, les actions coordonnées de part et d’autres de la frontière, pour lutter contre les trafics par exemple, doivent être développées. Allons plus loin : des patrouilles mixtes binationales autorisées à franchir la frontière commune pourraient être créées. Enfin, au niveau régional et même international, une synergie doit être trouvée pour étendre le projet ATCS dans toute la région du Sahel, avec la Mauritanie et le Tchad, mais aussi avec les organisations régionales comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union du Maghreb arabe (UMA), l’Union africaine (UA), ainsi qu’avec les OI, les autres pays et les ONG, prêts à s’investir ou déjà très investis sur le continent africain. Il a fallu faire beaucoup de pédagogie auprès de l’ensemble de ces acteurs et le séminaire qui les a rassemblés à Paris le 13 février 2015 nous a permis de présenter ce projet, ses enjeux, ses différentes dimensions. L’enjeu est de changer le paradigme de la coopération dans les zones d’insécurité. Cela fait 60 ans que nous coopérons dans un pays comme le Mali, on a vu le résultat en 2011-2012. Il faut inventer autre chose !

L.L.D. : Plus largement, quelles sont, selon vous, les étapes et les actions nécessaires à la stabilisation de cette zone et au retour à une paix durable ?

M.G. :  La stabilisation de cette zone et le retour à une paix durable passent par trois étapes. La première consiste à répondre aux besoins des populations et d’inciter les communautés ethno-religieuses à vivre ensemble. Des micro-initiatives pourraient être mises sur pied de façon à ce qu’elles constatent que la DCSD et ses partenaires travaillent pour elles. Par exemple, un projet de lutte contre les trafics transfrontaliers doit être accompagné de moyens pour cette population en faveur de l’emploi et de l’accès à des ressources économiques alternatives au trafic.
La deuxième étape repose sur la coopération institutionnelle transfrontalière. Par exemple, un dispensaire ou une école installé dans un espace frontalier pourrait accueillir la population vivant des deux côtés de la frontière. Des projets de coopération structurants au niveau régional permettraient de créer ces interdépendances positives.
La troisième étape s’appuie sur des projets internationaux structurants pour les sociétés et les fonctions régaliennes des États. Prenons un exemple : les projets pastoraux. La Banque Mondiale a mis en évidence que le meilleur rendement économique à l’hectare pour les éleveurs dans les zones arides et semi-arides est le pastoralisme. L’encourager permet de créer des emplois, d’avoir un impact écologique positif à travers la restauration de parcours pastoraux et de développer des filières économiques globales, allant de la formation des éleveurs à la commercialisation du bétail et de la viande, en passant par la gestion des troupeaux, l’essor des services liés à la santé animale et le développement des industries de traitement des peaux et produits manufacturés. Par ailleurs, l’activité pastorale permet d’occuper les espaces désertiques, se révélant être un très bon moyen de lutter contre l’occupation de ces mêmes espaces par les trafiquants et les apprentis terroristes. Cette approche se veut donc vertueuse en vue de reconstituer des sociétés avec un maillage économique, sociologique et sécuritaire.
Dans cette perspective, notre projet couvre trois domaines connexes : la sécurité, le développement et la bonne gouvernance. Pour améliorer la sécurité de la région, notre ambition est de travailler sur un trépied : aider les États à identifier les flux transfrontaliers (trafics licites ou illicites, terroristes, mouvements de population) ; renforcer les capacités d’intervention policière, douanière, etc. ; développer une capacité de traitement judiciaire des actes dans le cadre d’un État de droit.
Pour contribuer au développement durable, nous travaillons également autour de trois axes : le développement de ressources alternatives aux trafics illicites au profit des populations, comme le pastoralisme ; la sécurité humaine dans tous ses aspects : alimentaire, hydrique, éducation, santé publique, services de proximité… ; la densification des réseaux de transports, énergétique et de communication pour que ces espaces de transit de richesse deviennent des espaces de création de richesse.
Enfin, notre volonté n’est pas de faire à la place des États, mais bien de les aider tant que leur démarche est vertueuse et permet d’instaurer la démocratie et une bonne gouvernance, afin que, demain, ils tiennent debout tout seuls.

L.L.D. : Autre fléau qui affecte durement l’Afrique, la piraterie maritime se manifeste notamment au large des côtes de la Somalie et dans le Golfe de Guinée. Quelles sont les actions mises en place par la DCSD pour lutter contre cette menace ? Comment s’organise la coopération entre l’ensemble des forces nationales et multinationales en présence ?

M.G. : Pour répondre aux problématiques d’insécurité maritime, deux grandes approches peuvent être adoptées. La première, préconisée par les États-Unis, consiste à créer des garde-côtes avec les moyens physiques, juridiques et judiciaires nécessaires. La seconde, privilégiée par la France et baptisée AEM (Action de l’État en mer), vise non pas à créer une nouvelle structure mais à mettre en synergie, sous l’autorité d’une personne, toutes les institutions étatiques qui travaillent en mer : la Marine, les affaires maritimes, la gendarmerie maritime, la marine marchande, l’aviation civile, mais aussi la santé publique en cas d’accident maritime. Pour arriver à ce résultat, il faut créer un état d’esprit de mise en synergie des efforts interministériels. Pour ne rien vous cacher, il a fallu 15 ans en France pour que ce système fonctionne bien et permette de bien gérer des pollutions majeures, des échouages de navires transportant des immigrants illégaux, des prises d’otages, etc. C’est cette expérience que nous proposons en partage aux 18 États que baignent le Golfe de Guinée ainsi qu’à la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Commission du Golfe de Guinée.
Comment le faisons-nous ? Tout d’abord, la DSCD propose à chacun de ces États un programme bilatéral de travail en trois étapes, qui comprend un audit afin de définir les richesses à préserver, les menaces à contrer et les capacités déjà existantes ; une montée en puissance de leur capacité de réponse juridique (transposition de la Convention de Montego Bay des Nations unies en droit national, création de guides de procédures), de coopération interministérielle et de gestion de crise (priorisation des urgences, identification des interlocuteurs, relations avec les médias…) ; et le développement de leurs moyens navals et hauturiers d’intervention.
Car les délimitations et frontières en mer ne sont pas visibles, les contrevenants les franchissant allègrement, il est aussi essentiel d’agir à l’échelle multilatérale. Une coopération régionale, et même internationale, doit être mise en place d’autant plus que l’équipage, l’affréteur et le bâtiment peuvent être de nationalités différentes.
Dans ce contexte, la DCSD a lancé en 2011 le programme ASECMAR (Appui à la Securité Maritime) dans le Golfe de Guinée. Il s’agit de programmes de formation multilatéraux aujourd’hui destinés au Bénin, au Togo, au Ghana, à la Guinée-Conakry, à la Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Cameroun, à la République démocratique du Congo, au Gabon, au Congo-Brazzaville, à la Guinée Équatoriale, à Sao-Tomé et Principe, au Libéria, à la Sierra Léone et à l’Angola. Les mêmes enseignements sont délivrés à l’ensemble des acteurs de la région, de façon à ce que lorsqu’un problème émerge, les pays concernés puissent travailler ensemble.

L.L.D. : École de maintien de la paix à Bamako au Mali, Centre de déminage au Bénin… la DSCD a été le fer de lance de plusieurs projets durables. Quelles sont les plus grandes réussites de votre Direction ? Essentiellement présente sur le continent africain, dans quelle mesure la DCSD pourrait-elle nouer des partenariats au Moyen-Orient ou en Asie ?

M.G. : La DCSD gère actuellement 16 ENVR : 15 sont implantées en Afrique et une à Oudong, au Cambodge. Parmi elles, l’Institut supérieur d’études de protection civile (ISEPC) a été inauguré à Ouagadougou au Burkina Faso en octobre 2012. Il est chargé de former les militaires, les pompiers ou encore les ambulanciers à la protection civile, essentielle pour soulager les populations lors d’un drame d’origine humaine, industrielle ou naturelle. Lorsque l’État n’est pas en mesure d’apporter une réponse en cas de crise, la population est en droit de se demander à quoi sert l’État. Quand nous aidons à promouvoir les moyens de protection civile, nous travaillons en faveur des populations et renforçons simultanément les États.
Outre ces ENVR, d’autres outils sont mis en œuvre, comme le Centre de documentation de la sécurité publique (CDSP) à Cotonou au Bénin. Conformément aux besoins exprimés par les autorités béninoises, ce centre de données informatiques opérationnelles partagées a pour objectif d’assurer la coopération entre les douanes, la gendarmerie et la police, en particulier pour lutter contre les trafics. Après trois ans d’accompagnement, ce centre continue de fonctionner de façon autonome.

L.L.D. : Comptez-vous des échecs ?

M.G. : Oui, et nous devons en tirer les enseignements. Une ENVR avait été montée dans un pays africain. Ce dernier devait fournir les locaux, du personnel, des moyens tandis que la France finançait les postes des instructeurs et du directeur des études ainsi que la scolarité de tous les étudiants étrangers. Ouverte depuis une quinzaine d’années, l’État n’apportait pas le soutien convenu. La DCSD a décidé de se retirer de ce projet.

L.L.D. : L’une des missions de la DSCD est d’assurer l’apprentissage du français au sein des troupes que vous formez. Pourriez-vous décrire son enjeu ? Quelles sont, dans ce cadre, vos relations avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ? Plus largement, quels sont vos principaux partenaires régionaux ou internationaux ?

M.G. : L’enseignement de la langue française est important pour deux raisons. En raison de notre histoire commune, nombreux sont les pays de culture française et qui partagent une même vision de l’État. Il me semble fondamental d’offrir cette culture en partage, en particulier en cette époque de mondialisation où, d’une part, l’absence ou l’affaiblissement des États génère l’instabilité et, d’autre part, les équilibres se font en fonction de critères de nature économique ou commerciale qui affaiblissent les États. On en voit la conséquence dans la zone sahélienne. La seconde raison tient au fait que 55% des opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations unies sont déployées dans des espaces francophones, tandis que seulement 23 à 30% des forces déployées sont francophones. Or, l’usage d’une langue comprise par la population locale est indispensable pour comprendre ses besoins et créer un climat de confiance.
Ce sont les raisons pour lesquelles la France développe des programmes d’enseignement du français en milieu militaire et sécuritaire afin de former des officiers des contingents des OMP et des officiers supérieurs pour leur permettre de prolonger leur cursus universitaire dans des écoles en France (école de police ou de gendarmerie, école de guerre).
Ces enseignements sont assurés en collaboration avec l’Alliance française et l’Institut français, en s’appuyant sur des capacités locales. Nous déployons également des étudiants en FLE (Français langue étrangère) et faisons appel à l’association AGIR. En outre, la DSCD travaille avec l’OIF, avec laquelle nous avons créé une méthode d’enseignement du français baptisée « En avant » destinée aux officiers des OMP. Ensemble, nous promouvons le français au service de la paix et de la sécurité dans le monde.

L.L.D. : En novembre 2014, la DCSD a fondé la Section liaison entreprises (SLE) comme dispositif de soutien à l’industrie française de défense. De quelle manière fonctionne cette entité et quel est son objectif ? Comment percevez-vous le rôle de promotion de votre direction au service des entreprises françaises ?

M.G. : Dans le cadre de la diplomatie globale mise en œuvre par le MAEDI, une Section liaison entreprises a en effet été créée au sein de la DCSD, qui prend une part active au soutien des entreprises françaises à l’étranger. L’intérêt est d’abord économique, mais il s’agit également d’un moyen d’influence. En effet, la vente d’armement lourd, dont la durée de vie peut atteindre 40 ans, permet de conserver une influence dans le pays partenaire.
Par ailleurs, seuls deux pays sont aujourd’hui capables de mener des interventions sécuritaires partout, en tout temps et dans tous les domaines de compétences : les États-Unis et la France. Or, l’interopérabilité avec des forces armées qui possèdent des matériels similaires permet de faciliter la coopération avec les États environnants lors d’opérations communes.
À ce titre, la DCSD aide les entreprises françaises de défense ou de sécurité à mieux se positionner sur les marchés internationaux, et notamment européens faisant l’objet d’appels d’offre, mais favorise également les liens entre ces mêmes entreprises et les décideurs des pays partenaires. L’autre mission de la SLE consiste à encourager la contribution des entreprises à l’effort de coopération à la fois sur le terrain, mais aussi au niveau central par la mise en place de conventions de partenariat public-privé, appelés « pacte de coopération », liant la DCSD aux entreprises françaises autour d’objectifs et d’intérêts communs (création de centre de formation, financement de postes de formateurs, …).
Cette démarche nécessite de disposer de ressources humaines au sein de la DCSD afin de créer des connexions intelligentes entre États et entreprises françaises, mais aussi entre les entreprises elles-mêmes, pour apporter une réponse globale.   

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