Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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Dans la droite ligne de la diplomatie économique, initiée depuis 2012 par M. Laurent Fabius à la tête du Quai d’Orsay, deux agences ont vu le jour début 2015 : Expertise France et Business France. L’objectif ? Répondre à l’exercice de simplification imposé par l’Elysée, mais surtout dynamiser la promotion du savoir-faire français à l’étranger et l’attractivité de l’Hexagone pour redresser à terme l’économie nationale, en particulier la balance commerciale. Une politique qui pourrait porter ses fruits d’ici 2017. Pour inaugurer cette nouvelle série d’articles et d’entretiens consacrés à la diplomatie économique française, M. Sébastien Mosneron Dupin, Directeur général d’Expertise France, a accepté de répondre à nos questions.

Après avoir avalé le Commerce extérieur et le Tourisme à la faveur du remaniement du gouvernement du 2 avril 2014, le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI) conduit par M. Laurent Fabius poursuit cette mutation pour faire de la diplomatie économique la priorité de son action. En somme un super-ministère, un grand pôle international censé accroître l’efficacité de l’action internationale de l’Hexagone et, par conséquent, obtenir de meilleurs résultats pour le commerce extérieur, l’économie et l’emploi en France.
C’est bien la stratégie défendue par M. Laurent Fabius, celle du « triangle du redressement », qui associe compétitivité des entreprises, attractivité du site France et sobriété des dépenses publiques.

Un déficit commercial qui peine à se tasser
Si l’allégement de la facture énergétique de 3,3 milliards d’euros a permis de réduire un peu le déficit de la balance commerciale, celui- ci s’élève tout de même à 55 milliards d’euros en 2014. La contre- performance est à chercher du côté de la vente de produits agricoles, agro-alimentaires et pharmaceutiques, habituellement plus dynamiques. Pire, la France se fait dépasser par l’Allemagne et le Royaume-Uni dans le classement des investissements directs étrangers (IDE) en Europe, alors même que 1 014 décisions d’implantation sur le territoire français ont été prises en 2014, soit 8% de plus qu’en 2013.
Avec ses étendards nationaux comme L’Oréal, LVMH, Axa, Total, Michelin et Danone, la France dispose pourtant d’atouts majeurs : le luxe, l’automobile et le ferroviaire, les machines industrielles et agricoles, l’industrie pharmaceutique et chimique, l’agroalimentaire, l’énergie ou encore l’aéronautique qui, grâce aux ventes d’Airbus Group, rapporte plus de 20 milliards d’euros chaque année depuis 5 ans. Et la vente de 24 Rafale du Groupe Dassault à l’Égypte en février 2015, ainsi que l’intention d’achat de 36 exemplaires de l’avion de combat par l’Inde, devrait considérablement alléger dans la balance de l’année.
S’appuyant sur un savant dosage entre partenariats stratégiques, alliances économiques, coopération et aide au développement, le mot d’ordre de toutes les administrations du Quai d’Orsay est de contribuer au positionnement des entreprises françaises sur les marchés étrangers, notamment émergents et en développement, et de favoriser les investissements dans l’Hexagone.

De nouveaux acteurs
Le 1er mars 2013, M. Laurent Fabius avait créé la Direction des entreprises et de l’économie internationale comme point d’entrée des entreprises dans le MAEDI. Aux commandes, M. Jacques Maire à qui il revient de fédérer l’action des ambassades françaises, en lien notamment avec le Ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique.
En renfort du réseau diplomatique traditionnel – rappelons-le, le 3ème plus important du monde –, le Ministre s’est entouré d’une équipe de représentants spéciaux, dont la mission est de renforcer les échanges et les partenariats avec des pays spécifiques. Les dernières nominations en date : M. Jean-Paul Herteman pour les relations avec le Canada ; M. Robert Hue, pour les relations avec l’Afrique du Sud ; et, pour l’Australie, le nouveau Directeur général de Safran, M. Ross McInnes. Trois autres personnalités ont été nommées en 2014 pour renforcer la force de frappe de la France dans trois filières à fort potentiel : le sport, la transition énergétique et le tourisme. Pour la filière sport, les missions de M. Jean Lévy sont de mobiliser le réseau diplomatique pour soutenir l’attractivité de l’Hexagone en vue de l’organisation de grands événements sportifs majeurs – le projet de candidature de Paris à l’organisation des Jeux Olympiques 2014 tombe à pic –, promouvoir les entreprises tricolores sur tous les marchés liés au sport et, pour finir, renforcer la présence française dans les postes de décisions au sein des instances sportives internationales.
Une kyrielle d’autres acteurs se sont vus signifier leur part à prendre aux efforts de la diplomatie économique : l’Agence française de développement (AFD) et sa filiale Proparco, ou encore Atout France, et d’autres, connexes, comme la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD).
M. Laurent Fabius accomplit une nouvelle étape dans la transformation de son Ministère. Début 2015, il inaugurait Business France et Expertise France. Deux agences diligentées pour promouvoir le savoir-faire des entreprises françaises à l’international et l’attractivité de la France. En un mot, la compétitivité du Made in France et du Made with France. Dans la logique de simplification et de rationalisation défendue par le Président François Hollande, ces nouvelles entités sont le résultat de la fusion de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) et de UbiFrance pour la première, et de la fusion de sept organismes français de coopération internationale pour la seconde.
À l’image d’Expertise France qui est placée sous la cotutelle du MAEDI et du Ministère de l’Économie, la dynamique se veut interministérielle. En attestent les propos du M. Michel Sapin, Ministre des Finances et des Comptes publics, qui appelaient le 12 janvier 2015, le personnel de la Direction générale du Trésor à « redresser l’image de notre pays et faire gagner nos entreprises » en travaillant « intelligemment avec le Quai d’Orsay »…    CF

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