Une attractivité qui se renforce
Entretien avec Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris
Nombre de personnalités politiques en visite à Paris font désormais escale à l’hôtel de Ville, comme le Secrétaire d’État américain John Kerry, le Premier Ministre grec Alexis Tsipras, ou encore le Maire de New York Bill de Blasio. Un indice qui tend à confirmer le rayonnement grandissant de la capitale française à la veille de la COP21 qu’elle accueille en décembre 2015. À la tête de l’exécutif municipal, Mme Anne Hidalgo, multiplie quant à elle les déplacements à l’étranger pour promouvoir l’expérience parisienne et développer les actions de coopération : Bruxelles en janvier, Santiago-de-Chile en février, Tunis en mars… Ce même mois, elle a organisé un mini-sommet sur le climat avec 28 grandes villes européennes. À la veille de la création du Grand Paris, la Ville Lumière veut se positionner au premier plan mondial du développement durable et de l’innovation. Les vastes projets urbains se multiplient tout comme les ouvertures d’incubateurs de start-ups. Une image de ville dynamique et innovante qui n’est pas sans profiter aux entreprises françaises qui exportent leur savoir-faire à l’étranger, avec le Vélib’ et Autolib’ comme figures de proue. Un an après son élection à la Mairie de Paris, Anne Hidalgo fait le bilan de son action pour valoriser l’attractivité économique, touristique et culturelle de la capitale française à l’étranger.
La Lettre Diplomatique : Madame la Maire, vous avez affirmé dans votre programme que « Paris doit jouer un rôle primordial sur la scène mondiale ». Dans la lignée de vos prédécesseurs, comment envisagez-vous le rôle de Paris en tant qu’acteur international ? Mme Anne Hidalgo : L’attractivité internationale de Paris dépasse largement son territoire et sa population. Dans le monde, Paris est le symbole de la capitale des droits de l’Homme, de la défense des libertés et de la démocratie. Ce que l’on peut résumer par la phrase de Victor Hugo : « le genre humain a des droits sur Paris ». A l’instar de quelques métropoles mondiales, tout ce qui se passe à Paris a une forte résonnance internationale. Réciproquement, Paris a toujours manifesté un fort intérêt pour l’évolution du monde, en accueillant des hommes et des femmes venus de tous les horizons ainsi que des idées nouvelles. Dans les échanges internationaux, Paris a beaucoup d’initiatives à faire valoir et qui suscitent souvent un vif intérêt, tels que Vélib, Autolib’, Nuit Blanche, les berges de Seine, le tramway, le Plan Climat… Tout cela confère à Paris une responsabilité particulière qui va au-delà des compétences dévolues aux collectivités territoriales. J’ai donc souhaité que Paris s’implique davantage encore dans le monde, au sein des réseaux de villes, notamment pour faire valoir la pertinence de l’échelon local dans les décisions internationales, et pour continuer de nourrir les échanges entre villes partenaires. Paris doit enfin mieux soutenir les entreprises innovantes dans leur développement international, afin de renforcer toujours plus l’attractivité de notre capitale. L.L.D. : Au lendemain des attentats terroristes qui ont fait 17 morts à Paris en janvier 2015, de nombreux maires de grandes villes sont venus apporter leur soutien. Comment avez-vous accueilli ces témoignages de solidarité ? A.H. : Avec beaucoup d’émotion et de gratitude. L’impressionnante mobilisation des Parisiens et des Français pour défendre les valeurs humanistes que nous portons a eu un écho international très fort. Avec des messages empreints d’amitié sincère, de solidarité dans l’épreuve et d’union dans les valeurs. Ce soutien a été immédiat, dès le 7 janvier après-midi, avec notamment un appel de Bill de Blasio, le Maire de New York, et toute la charge symbolique que vous pouvez imaginer, suivi de témoignages d’autres maires du monde entier. Et beaucoup sont venus à Paris le 11 janvier ou les semaines qui ont suivi pour rendre hommage aux victimes et marquer leur solidarité et même leur amour envers Paris.
L.L.D. : La France se porte candidate à l’organisation des Jeux Olympiques (JO) 2024 et à l’Exposition Universelle 2025. Pourriez-vous décrire les enjeux de ces événements de portée mondiale, notamment en termes d’aménagement urbain et de retombées économiques ?
A.H. : Les grands événements internationaux permettent aux villes de montrer ce qu’elles ont de meilleur. Ce sont des moments forts de rassemblement et d’échanges entre les cultures, qui donnent à voir la création artistique et industrielle la plus contemporaine. Ce sont des moments fédérateurs pendant lesquels toute une population est fière d’accueillir le monde entier. Ce sont aussi des moments d’histoire dont on se souvient et qui marquent une époque. L’Exposition Universelle 2025 sera une occasion unique de rappeler au monde le cosmopolitisme et l’esprit de Paris, de mettre en valeur toutes les innovations que l’intelligence humaine est capable de produire. Et c’est bien entendu dans le cadre de la métropole parisienne que cet événement doit prendre place et que les enjeux économiques et d’aménagement doivent être pris en compte. Difficile d’en évaluer aujourd’hui tous les aspects alors que la métropole du Grand Paris verra le jour au 1er janvier 2016. Mais quelle perspective stimulante pour la jeune métropole ! Les Jeux Olympiques représentent un autre défi : celui d’une visibilité maximale pour l’événement mondial le plus médiatisé, qui doit promouvoir les valeurs du sport. Il n’était pas question pour moi d’envisager de porter pour Paris une candidature de circonstance ou de témoignage, ni de faire supporter aux Parisiennes et aux Parisiens des efforts budgétaires conséquents, en cette période de difficultés économiques. Pas question non plus de créer ex nihilo des équipements somptuaires et ensuite difficilement réutilisables, ni de prévoir des budgets mirobolants, comme cela a pu être le cas dans des JO précédents. Le projet qui m’a été présenté par le COSF est au contraire séduisant, raisonnable et raisonné en matière budgétaire, innovant sur les infrastructures sportives et le Village olympique, ambitieux en matière de constructions éco-responsables, rassembleur pour l’ensemble des acteurs politiques, sportifs, économiques. Il répond surtout à mon souci premier qui est la défense acharnée de l’intérêt des Parisiennes et des Parisiens. L.L.D. : Paris sera la capitale mondiale du climat avec l’accueil de la COP 21 en décembre 2015. De quelle façon la Ville de Paris va-t-elle prendre part à cet événement diplomatique ? Sélectionnée par WWF international pour le concours Earth Hour Coty Challenge 2015, quels sont les atouts de Paris pour prétendre être une ville exemplaire en matière de lutte contre le changement climatique ? En qualité d’envoyée spéciale auprès du C40 pour le climat, quel rôle aspirez-vous à jouer en la matière à l’échelle nationale et internationale ? A.H. : La 21ème Conférence des Nations unies sur le Climat (COP 21) se réunira à la fin de l’année à Paris-Le Bourget. Elle aura la lourde responsabilité de parvenir à un accord des Etats pour limiter la pollution et contenir le dérèglement climatique. La Ville de Paris y prendra part de plusieurs manières : en valorisant les initiatives innovantes conduites par les entreprises, les associations et les citoyens de Paris et d’Ile-de-France en matière environnementale. Ces initiatives seront présentées au public en divers lieux dédiés, notamment au Petit Palais. Nous présenterons aussi les actions emblématiques menées par la Ville de Paris en matière de lutte contre la pollution et le dérèglement climatique. Le WWF a bien voulu retenir Paris dans le classement final de son initiative « Earth Hour City Challenge » qui valorise les politiques globales des villes du monde s’engageant en faveur des énergies renouvelables et luttant contre le dérèglement climatique. C’est une reconnaissance importante. Paris mène depuis plusieurs années une politique très résolue en matière de lutte contre la pollution, qu’il s’agisse du Plan Climat, dont les objectifs larges et ambitieux vont au-delà des objectifs de l’Union européenne (UE), ou du Plan de lutte contre la pollution. Les citoyens sont au cœur de cette démarche en faveur d’un développement plus vertueux. Mais au-delà du cas parisien, ce sont toutes les collectivités locales et régionales qui doivent agir. Nous le devons à nos concitoyens, qui sont les premiers concernés par les conséquences négatives de la pollution et des dérèglements climatiques. Dans le cadre des coopérations et, plus généralement, au sein des institutions internationales telles que l’ONU, la voix des villes commence à être entendue. Les villes se mobilisent en effet depuis plusieurs années déjà, au sein de leurs réseaux de taille européenne ou mondiale ainsi que dans leurs réseaux spécialisés dans la lutte contre le réchauffement climatique. En tant qu’Envoyée spéciale du C40 pour la COP 21 et co-Présidente de CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis), j’ai souhaité, au moment des discussions de Paris en décembre prochain, rassembler tous les réseaux de villes pour porter le message de l’audace et des initiatives concrètes. C’est pourquoi le 26 mars 2015, j’ai réuni les maires des capitales et de métropoles européennes pour construire une position commune de principe, mais également des commandes publiques écoresponsables groupées, notamment dans le domaine des transports.
L.L.D. : Relancé en janvier 2008, le projet de Grand-Paris vise à transformer l’agglomération parisienne en une grande métropole d’envergure mondiale et européenne. Comment décririez-vous les enjeux de sa création ? Traversée chaque jour par six millions de personnes, quelles solutions privilégiez-vous pour décongestionner la capitale ainsi que ses abords et accroître l’interconnectivité entre les pôles d’activité de la métropole ? A.H. : Comme de nombreuses autres villes en Europe, Paris souhaite construire une métropole dynamique, attractive, durable et solidaire. Cette métropole aura en effet une envergure mondiale, indispensable dans le contexte de compétition internationale. En renforçant la synergie entre l’ensemble des acteurs du Grand Paris, les innovations et les services aujourd’hui présents au sein des territoires centraux concerneront bientôt l’ensemble de la Métropole. La métropole du Grand Paris va ainsi permettre à Paris et ses communes limitrophes de renforcer leur collaboration. Concrètement, à partir de 2016, différentes compétences comme l’aménagement et l’urbanisme métropolitain, le logement et l’hébergement, la politique de la ville, l’environnement et le cadre de vie seront progressivement transférées à la métropole. Afin de fluidifier la circulation et mieux relier les pôles de compétitivité, Paris et nos partenaires investiront massivement pour renforcer les transports collectifs en assurant par exemple le bouclage du tramway T3, en prolongeant les lignes 11 et 14 du métro ou en créant une ligne à haut niveau de service pour relier les différentes gares parisiennes. Dans le cadre de la ville intelligente, nous travaillons également à la mise en place de différents dispositifs permettant de mieux réguler et fluidifier le trafic sur les grands axes parisiens et métropolitains. Je soutiens aussi le projet de Grand Paris Express, qui permettra des liaisons beaucoup plus rapides aussi bien dans Paris que de banlieue à banlieue. L.L.D. : Paris fait figure de hub logistique en Europe de l’Ouest. Alors que l’aéroport Paris-Charles de Gaulle (CDG) a inauguré son nouveau hub de fret express le 5 janvier 2015, de quelle façon Paris entend-t-elle conserver cette position ? Quels autres modes de transports souhaiteriez-vous voir se renforcer pour relier Paris aux grandes villes européennes ? Comment conjuguer croissance du trafic multimodal et lutte contre la pollution ? A.H. : Nous devons en effet conserver cette place privilégiée qui nous permet d’attirer à Paris les leaders mondiaux de la logistique. Cela suscite une activité économique importante. Notre action métropolitaine va également nous permettre de stimuler l’attractivité des environs de l’aéroport Roissy-CDG. Je souhaite enfin renforcer nos liens avec Aéroport de Paris, l’Etat, le STIF et la RATP pour renforcer l’interconnexion entre nos aéroports et les grands centres d’activités stratégiques de la Métropole. Des modes de transports plus respectueux de l’environnement doivent se développer pour relier Paris et nos villes partenaires en Europe : Paris appuiera les initiatives de la France et de l’UE pour développer le transport ferroviaire des personnes et des marchandises.
L.L.D. : À la lumière des 256 millions d’euros prévus dans le budget 2015 pour de grands projets d’urbanisme comme à Clichy-Batignolles, vous appelez à développer un « écosystème entrepreneurial unique au monde ». Pourriez-vous nous expliquer ce concept et la façon dont vous le mettez en œuvre ? Considérant la redynamisation de ses zones de friche industrielle, de quelle manière la capitale française compte-t-elle renforcer son attractivité économique auprès des groupes étrangers ? Comment la Ville de Paris peut-elle encourager les politiques sociales des entreprises à l’échelle locale, notamment en matière de logement ? A.H. : Pour entretenir la vitalité du tissu entrepreneurial, nous avons déjà investi 1 milliard d’euros dans l’innovation depuis 2008. Cette action se poursuit. Nous sommes en effet en train de créer un écosystème autour d’incubateurs majeurs permettant de donner une visibilité mondiale à l’innovation parisienne, d’attirer de nombreuses start-ups étrangères et de leur permettre une installation à Paris clé en main. Par exemple, 15 000 m² seront dédiés aux entreprises innovantes sur le site des anciens Entrepôts Mac Donald, au cœur du nouveau projet de renouvellement urbain Paris Nord Est. Le réaménagement de friches industrielles constitue un excellent moyen pour attirer les investisseurs internationaux : à l’instar de Paris Nord-Est, nous mêlons étroitement le développement économique et la cohésion sociale. L’aménagement de la ZAC Claude Bernard a d’ores et déjà permis la réalisation de 41 000 m² de bureaux et 1 300 m² de commerces. C’est précisément cette dynamique qui permet d’attirer des groupes internationaux tout en favorisant les politiques de cohésion sociale venant du secteur privé puisque de solides bases ont été créées par la municipalité.
L.L.D. : Désignée leader européen pour le dynamisme de son marché de l’innovation en novembre 2014, Paris serait la « prochaine Silicon Valley » selon le cabinet d’études américain CB Insights. Considérant le vaste projet de la Halle Freyssinet, comment caractériseriez-vous le secteur de l’innovation à Paris ? Eu égard à la volonté d’attirer davantage de start-ups étrangères dans les incubateurs parisiens, quelle est la plus-value de la capitale pour les convaincre ? Outre le partenariat signé avec le Canada en novembre 2014, quels sont les autres pays susceptibles de s’intéresser à l’offre parisienne ? A.H. : La politique de Paris en matière d’innovation est particulièrement dynamique ; j’en ai fait une des priorités de mon action municipale. 1 000 startups se côtoieront sur la Halle Freyssinet qui ouvrira en 2016. En 2020, un « Arc de l’innovation » autour de Paris viendra ajouter environ 100 000 m2 d’incubateurs d’entreprises et de centres de télétravail aux 100 000 déjà construits. Au-delà des exemples que vous citez, nous sommes en discussion sur le sujet avec San Francisco, New York, Mexico… Des start-ups parisiennes sont déjà intégrées dans l’incubateur de Hong Kong, un des plus novateurs d’Asie. Nous construisons la ville intelligente en y consacrant plus de 800 millions d’euros d’ici à 2020, en développant les services numériques innovants, en investissant 30 millions d’euros dans les nouveaux réseaux intelligents, et en faisant croître l’Open data.
L.L.D. : Le Ville Lumière demeure la première destination mondiale du tourisme d’affaires et d’agrément. Fortement concurrencée par ses voisines Londres et Berlin, quelle stratégie comptez-vous mettre en œuvre pour renforcer l’attractivité touristique de Paris, notamment en matière de vie nocturne ? Alors que l’insécurité des touristes a pu être pointée du doigt, quelle réponse apportez-vous à ce défi ? Plus largement, de nouveaux projets sont-ils envisagés en vue de faciliter l’accueil des touristes étrangers ? A.H. : Le tourisme constitue une source d’enrichissement économique et humain décisif pour Paris. Pour renforcer l’attractivité de notre ville et faire face à la concurrence de villes comme Londres, 12 000 nouvelles chambres d’hôtel seront créées, notamment à destination des jeunes. Je souhaite développer de nouveaux services pour mieux accueillir les touristes de loisirs et d’affaires. De nombreux lieux comme le Cent Quatre ou la Gaîté Lyrique qui ont récemment ouvert participent au rayonnement de Paris ; la création de l’incubateur Welcome City Lab, premier incubateur touristique au monde, est un formidable accélérateur pour former des professionnels du tourisme. De plus, un travail étroit sera mené avec les centres internationaux de congrès et de conférences pour optimiser l’accueil des touristes d’affaires étrangers tout au long de leur séjour à Paris. La sécurité et la tranquillité publique sont des éléments fondamentaux pour la cohésion de notre ville et le bon accueil des touristes : un travail étroit est mené avec la Préfecture de police notamment pour lutter contre la petite délinquance et les vols. Des campagnes de sensibilisation à destination des touristes sont également proposées. Concernant la vie nocturne, nous construisons un espace public animé pour ceux qui souhaitent profiter des nuits parisiennes tout en respectant les riverains. C’est le cas depuis 2013 sur la nouvelle Place de la République ou au cœur de la promenade des Berges de Seine qui proposent de nombreuses animations de soirée. L.L.D. : Les nuits blanches, la FIAC, le Mois de la Photographie… Paris fait figure de précurseur de nombreux événements à caractère culturel, déclinés dans le monde entier. Comment expliquez-vous cet avant-gardisme parisien ? Alors que Dubaï tend à occuper une place de plus en plus importante sur le marché de l’art, que recommandez-vous pour nourrir le creuset de la création artistique à Paris ? A.H. : L’offre culturelle parisienne est en effet incomparable. Elle tient à l’histoire d’une ville qui, comme je l’ai déjà indiqué, a su au cours des siècles, produire de l’intelligence et qui s’est enrichie de l’expérience de tous ceux qui sont venus des quatre coins du monde, attirés par la liberté, l’art de vivre et la création. Cet avant-gardisme est possible grâce à la passion de tous les acteurs qui font rayonner la culture à Paris et dans le monde. La municipalité soutient cette offre à travers l’ouverture de nouveaux lieux, la rénovation de lieux existants et le soutien financier aux jeunes artistes. Nous souhaitons également développer l’offre culturelle dans l’ensemble de nos quartiers. Nous menons aussi une forte coopération culturelle avec nos partenaires internationaux notamment grâce à nos tandems culturels avec les grandes villes du monde (Londres, Rome, Berlin, Dakar, Buenos Aires…). Qu’elle s’implante à Paris ou chez nos partenaires à l’étranger, l’aide à la création et à la diffusion culturelle, garante d’une culture cosmopolite et pluraliste, est une chance très précieuse pour Paris.
L.L.D. : Paris compte des accords de coopération culturelle avec plus de cinquante capitales et grandes villes à travers le monde. Quelles sont les grandes lignes de la politique de jumelage de la Ville de Paris ? A l’aune de son 50ème anniversaire, comment décririez-vous le partenariat qui lie Paris à Rome ? En tant que Présidente de l’Association internationale des Maires francophones (AIMF), quelles actions comptez-vous promouvoir en faveur du développement de la Francophonie et des liens entre les villes francophones ? A.H. : Paris compte effectivement une soixantaine d’accords de coopération avec autant de métropoles mondiales, mais pas uniquement dans le secteur de la culture. Nous coopérons dans tous les domaines de compétences de l’action municipale : aménagement urbain, l’environnement, les transports, la santé, le social, l’innovation, la gouvernance et la gestion administrative… Le maître-mot de cette politique est l’échange. Nous réfléchissons, avec nos villes partenaires, ou celles avec lesquelles nous souhaitons coopérer à des projets concrets et réalisables, et sur lesquels nous pouvons échanger nos expertises. La mise en commun de quelques projets sur divers thèmes nous permet ensuite d’envisager un accord d’amitié et de coopération à plus long terme. Dans ce cadre, le lien avec les villes francophones, et en particulier celles de l’AIMF, que j’ai l’honneur de présider, est très utile. Cette francophonie est celle de la défense de l’usage du français, de la promotion de la culture mais aussi et surtout des valeurs humanistes de notre démocratie. L’AIMF nous permet non seulement d’échanger nos expertises, mais aussi de réaliser des projets concrets de solidarité internationale. L’AIMF concourt ainsi à la construction d’équipements sociaux, sportifs ou de santé, mais aussi à la mise en place d’outils de planification, de gestion et de gouvernance au sein des administrations locales. Son expertise est désormais reconnue par l’UE avec laquelle nous venons de signer un contrat d’objectifs pluriannuels. Montrer aux populations que leurs responsables locaux font face aux enjeux quotidiens permet de faire progresser concrètement la démocratie locale. Au moment où l’Afrique est en proie à des conflits inter-religieux et inter-ethniques, où le radicalisme tente de déstabiliser de nombreux Etats, et où le continent est confronté à des pandémies et crises sanitaires majeures, cette solidarité internationale est cruciale. |