Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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« Le bilinguisme : une clé pour le développement de l’Afrique » 

Entretien avec M. Amidou Maïga,
Coordonnateur de l’Initiative « Ecoles et langues nationales » en Afrique (ELAN-Afrique) à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)

Lancée en 2012 à Bamako, au Mali, l’Initiative « Ecoles et langues nationales » en Afrique (ELAN-Afrique) est devenue l’un des programmes phares de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le domaine de l’éducation. Ancien Directeur de Cabinet du Ministre de la Culture du Mali entre 2000 et 2002, M. Amidou Maïga a été chargé de sa mise en œuvre. Fort de son expérience en tant que chercheur linguiste et ancien Professeur à la Faculté des Langues, des Arts et des Sciences humaines du Mali, il nous explique les enjeux de cette initiative qui aspire à promouvoir l’enseignement des langues nationales en articulation avec le français, dans les systèmes éducatifs formels.

La Lettre Diplomatique : Au regard de votre expérience dans les domaines de l’éducation et de la linguistique, quelles motivations vous ont conduit à œuvrer pour la mise en œuvre de l’Initiative ELAN-Afrique ?

M. Amidou Maïga : Je pense que mon arrivée à l’OIF est le fruit d’une relation de cause à effet. Au départ, je me suis formé à l’enseignement pour le cycle secondaire. Mes idéaux m’ont ensuite porté à me tourner vers la linguistique et, plus spécifiquement, vers la linguistique appliquée aux langues nationales africaines dont je suis devenu un militant dès le commencement de ma carrière.
A mon sens, on n’entre pas au sein de la Francophonie comme dans d’autres institutions internationales de ce genre. Plus qu’une porte ouverte sur l’international, elle représente un espace d’humanisme et de solidarité entre les peuples. Au-delà des compétences techniques qu’il faut, bien sûr, posséder, il faut aussi être convaincu d’un certain idéal : celui de la Francophonie senghorienne qui se voit comme un  carrefour du donner et du recevoir, qui prône la diversité culturelle et la participation de l’Afrique à la civilisation universelle. Ce sont des idées que je partageais et auxquelles je voulais apporter ma contribution.
Lorsque je suis arrivé à l’OIF, j’ai eu la chance de me voir confier le programme « Français et langues partenaires ». Cela correspondait tout à fait à ma vision des choses. La diversité culturelle, ainsi que la promotion des langues africaines et créoles ont toujours été au centre des préoccupations de l’OIF depuis sa création. J’ai donc eu l’opportunité de développer un contenu pour la promotion des langues africaines et du français. J’estime que ces deux espaces linguistiques et leur avenir sont intimement liés. Le français a, certes, été au départ une langue imposée à l’Afrique. Mais elle a finalement été choisie après les indépendances pour pouvoir contribuer au développement du continent. Aussi, je pense que le combat qui consiste à faire en sorte que soit mis en place un partenariat fonctionnel et convivial entre le français et les langues africaines constitue pour moi un combat essentiel, et pour l’Afrique et pour la langue française.

L.L.D. : Pouvez-vous dresser un tableau des structures et des personnes mobilisées dans le cadre de l’Initiative ELAN-Afrique ?

A.M. : L’Initiative ELAN-Afrique a été lancée à Bamako, au Mali, en janvier 2012 dans huit pays : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Mali, le Niger, la République démocratique du Congo (RDC) et le Sénégal. Vous me donnez l’occasion de rappeler qu’à travers l’Initiative ELAN, quatre acteurs francophones se sont, pour la première fois, donnés la main en faveur de l’enseignement bilingue en Afrique. Ces institutions sont : l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l’OIF, le Ministère des Affaires étrangères français et l’Agence française de Développement (AFD).
Ensemble, nous estimons que l’avenir de la langue française se trouve en Afrique et celui des langues nationales  est intimement lié au développement de la langue française. Selon les données actuelles, nous comptons, en effet, près de 270 millions de locuteurs francophones. En 2050, nous serons 700 millions dans le monde, dont 85%, soit près de 600 millions de francophones, en Afrique, en raison de la dynamique démographique du continent.
Un cinquième partenaire nous a également rejoint dans cette entreprise : le Partenariat mondial pour l’Education (PME) qui contribue spécifiquement au volet que nous appelons « pilote » du programme, consacré à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
En terme de soutien financier, la participation de ces organismes se répartit ainsi : 4,5 millions d’euros pour l’AFD, environ 1 million d’euros pour le PME et 1,8 million d’euros pour l’OIF. Les autres partenaires de l’Initiative nous ont apporté leur concours technique et scientifique.
Trois ans après son lancement, nous pouvons en dresser un bilan clair d’ELAN-Afrique. Nous comptons actuellement dans les pays concernés, 582 écoles bilingues, dont 75 écoles pilotes, et 2 277 classes bilingues, dont 75 pilotes. 2 219 enseignants participent à cette initiative dont 75 expérimentent le projet pilote, auprès de quelque 49 000 élèves, dont 4 000 bénéficient du projet pilote. Nous avons aussi près de 32 formateurs dédiés au projet pilote. Les cours sont dispensés en 39 langues, dont 8 pilotes.
Au-delà des chiffres, la dernière mission d’évaluation a démontré que les élèves qui ont commencé en 2013 leur scolarisation avec l’approche ELAN, lisent nettement mieux que leurs camarades qui ont commencé dans le cycle classique avec le tout français. Plus encore, leurs camarades de 3ème année monolingue lisent moins bien qu’eux. Il n’y a pas l’ombre d’un doute sur ce constat.
Nous continuons toutefois à faire le suivi pédagogique de l’Initiative, comme avec les missions qui ont eu lieu en novembre 2014. Le programme fera d’ailleurs, sur ce volet, l’objet d’une évaluation à mi-parcours en juin 2015. En 2013, nous avons en effet établi un niveau de référence (baseline) des connaissances et des acquis des enfants à leur entrée à l’école. A la fin de l’année scolaire 2014-2015, nous allons donc évaluer les progrès accomplis au cours de ces deux années. Nous avons confié cette mission d’évaluation au Centre de Recherches en Education de Nantes (CREN) dont l’équipe est composée de Mme Isabelle Nocus, Maître de conférences en psychologie du développement, M. Philippe Guimard, Professeur de psychologie de l’enfant et de l’éducation et Mme Agnès Florin, Professeure émérite de psychologie de l’enfant et de l’éducation. Nous saurons alors quel a été l’impact du programme sur les acquis des enfants, car il ne faut pas oublier que notre cible ce sont d’abord les élèves. Notre objectif est d’améliorer la qualité de l’enseignement pour permettre aux enfants de réussir leur scolarisation dans le primaire.  

L.L.D. : En faisant de la langue nationale la voie d’entrée vers une scolarisation en français, l’Initiative ELAN-Afrique propose une approche bilingue de l’enseignement. Quels en sont les atouts par rapport à l’enseignement conventionnel ?

A.M. : L’Initiative ELAN-Afrique est justement partie du constat que le taux de déperdition scolaire dans les cycles préscolaire et primaire en Afrique est extrêmement élevé, en grande partie en raison des problèmes linguistiques que rencontre l’enfant à l’école. En commençant à l’âge de six ans l’apprentissage dans une langue étrangère, il subit le plus souvent un traumatisme psychologique grave conduisant à l’échec scolaire.
Or, les pédagogues et les linguistes s’accordent à penser que si l’on « installe » l’enfant dans sa langue maternelle, en d’autres termes, si l’on tient compte de ses acquis cognitifs et qu’on les utilise pour qu’il maîtrise d’abord les rudiments de sa langue, il devient alors plus facile pour lui d’apprendre par la suite une langue étrangère.
Sur la base de ce postulat scientifique, nous allons donc chercher à aider l’enfant à apprendre dans un premier temps dans sa langue maternelle. Lorsque je parle de langue maternelle, il s’agit davantage de la langue de socialisation de l’enfant, la première langue de communication avec son environnement, qui n’est d’ailleurs pas forcément la langue de la famille.  
Une fois qu’il aura pris conscience de ses connaissances, on pourra le conduire progressivement vers la langue française. Avec ce dispositif, nous sommes certains qu’il aura plus de chances de réussir sa scolarité, tout au moins dès le primaire. C’est sur ce postulat qu’a été bâtie l’Initiative ELAN-Afrique, en mettant l’accent en particulier sur la maîtrise de la lecture et de l’écriture.

L.L.D. : Les langues nationales ne sont pas forcément toutes codifiées. Comment se déroule la coopération entre l’OIF et les Etats concernés dans ce domaine ?

A.M. : Je tiens tout d’abord à rappeler que nous ne choisissons pas les pays participants au programme ELAN-Afrique et que nous ne cherchons pas à imposer des « recettes ». Ce sont les pays qui décident, en toute souveraineté, de se tourner vers un enseignement bilingue pour les raisons que je viens d’évoquer. Il est fondamental de comprendre que l’OIF vient, de ce point de vue, en accompagnement de la démarche des Etats, et en total respect des programmes d’enseignement et du contexte plurilingue existant.
Cet accompagnement se manifeste à plusieurs niveaux. Tout d’abord, celui de l’aménagement de la politique linguistique. Il s’agit pour les pays de choisir une ou deux langues nationales en vue de permettre l’introduction d’un enseignement bilingue. Or, ce choix de langue n’est pas facile, car au sein d’un même pays, il est parfois possible d’identifier quelque 200 langues différentes et plusieurs variétés dialectales d’une même langue. Il ne serait pas réaliste de produire des manuels scolaires adaptés pour 200 langues. Notre rôle est d’aider les Etats à procéder à ce choix de langues et de variétés dialectales par le biais desquelles sera dispensé l’enseignement bilingue.

L.L.D. : Quels sont les critères de choix des langues africaines ? Comment sont-elles ensuite transcrites de manière à pouvoir être enseignées ?

A.M. : Ce choix résulte de recherches linguistiques dialectologiques rigoureuses visant à établir une cartographie dénombrant les langues parlées et identifiant celles qui le sont le plus ainsi que les variétés les plus comprises. Outre ces critères scientifiques, d’autres à caractère davantage politique peuvent également entrer en ligne de compte. C’est le cas au Mali par exemple, où les enquêtes ont mis en évidence quatre grandes langues parlées : le songhay, le malinké et le peul (fulfuldé), auxquelles s’ajoute le tamasheq qui a été inclus dans ce choix pour des raisons socio-politiques.
La deuxième étape de notre accompagnement auprès des Etats consiste, justement, à faire une étude systématique de description morphosyntaxique en vue d’outiller la langue dans laquelle on veut scolariser les enfants. Le but est notamment d’en déterminer la structure syntaxique et de définir des phonèmes. Au terme de cette étude, les spécialistes de la langue établissent un alphabet, puis des règles de transcription. Vous comprenez bien qu’il s’agit là d’un travail de longue haleine.
Nous proposons alors une approche, et non une méthode, pour améliorer les pratiques des maîtres dans la classe, en vue d’enseigner l’alphabet en un temps record et pour que l’enfant puisse décoder et reconnaître, dans sa langue, les phonèmes. L’objectif est qu’il puisse lire tout ce qu’il voit dans sa langue, au mieux dès la fin de la première année ou à tout le moins au deuxième trimestre de la deuxième année de scolarité.
Cette étape permet à l’enfant de maîtriser les graphies latines en apprenant à lire couramment dans sa langue. Le passage ensuite à l’apprentissage de la langue française n’en est que plus aisé.
Ceci étant, une autre problématique se pose dans l’enseignement de la langue, celle de la métalangue, c’est-à-dire de tout le vocabulaire que l’enseignant doit utiliser pour pouvoir transmettre le contenu de son enseignement, telles que les notions de verbe, d’adjectif, etc… Dans cette perspective, nous avons développé un Réseau d’Expression Langagier (REL), ayant la mission d’organiser une recherche en terminologie et en néologie pour accompagner notre approche pédagogique.
Dans certaines langues, ce travail est déjà très avancé comme pour le bambara. Je sais qu’il existe déjà au Mali des termes pour dire « syllabe », « son », « mot », « groupe de mots », etc., que les enseignants utilisent couramment en classe.
Dans l’approche préconisée par l’Initiative ELAN-Afrique, le domaine le plus important pour nous est donc la didactique, la façon dont l’enseignant procède. En effet, toute la difficulté du programme est d’amener des enseignants qui ont reçu une formation « classique » monolingue, à se former à une nouvelle façon d’enseigner dans un contexte bilingue.
Ce travail scientifique est, parallèlement, prolongé par un accompagnement au plan législatif ou réglementaire pour consolider ces travaux afin d’encadrer cet effort. C’est seulement après que l’on peut se permettre d’écrire en utilisant une même graphie, avec des règles d’orthographe ou de transcription codifiées, acceptées ne serait-ce que du point de vue de la politique linguistique en vigueur dans le pays. On peut alors procéder à l’élaboration de documents pour les enfants. C’est une première façon d’aider les pays en vue d’élaborer une politique et un aménagement linguistiques.

L.L.D. : A quel moment du cursus scolaire d’un enfant le bilinguisme est-il introduit ?

A.M. : Le bilinguisme est introduit dans l’enseignement à différents moments selon les pays. Cette étape relève également des politiques éducatives nationales, qui changent d’un pays à l’autre. Certains privilégient la langue maternelle de l’enfant dès la première année de scolarisation. Dans ces pays, la langue étrangère, en l’occurrence le français, est introduit à l’oral seulement, et à partir du deuxième trimestre de la deuxième année de scolarité. Ensuite, vient l’apprentissage de l’écrit.
D’autres pays optent pour l’enseignement dans les deux langues, maternelle et française, dès la première année.  
Enfin, la langue maternelle peut être enseignée seule, durant les trois premières années, jusqu’à l’acquisition complète des bases.
Ces trois schémas d’enseignement proposent en fait deux méthodes différentes. L’une part du principe qu’il faut utiliser la langue nationale comme « béquille pédagogique » pour permettre à l’enfant de passer d’une langue à l’autre. C’est ce que l’on appelle le bilinguisme soustractif : plus l’enfant progresse dans son apprentissage, plus la langue nationale s’efface au profit du français. Pour la méthode du bilinguisme additif, c’est le contraire, plus l’enfant avance dans sa scolarité, plus la langue nationale prend de l’importance. Dans cette optique, la langue africaine est promue pour sa propre valeur. Ce sont deux visions : d’une part, celle consistant à utiliser la langue africaine pour des motivations pédagogiques et, d’autre part, pour en faire une langue à part entière.
D’une manière générale, nous aspirons à accompagner les Etats en vue d’améliorer la qualité de l’éducation dans des contextes de plurilinguisme. En ce sens, le programme ELAN-Afrique s’inscrit dans un agenda éducatif international plus large, comme celui promu, par exemple, par l’UNESCO avec le programme « l’Education pour tous ». Nous pensons à l’OIF que pour atteindre cet Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD), il faut donner aux enfants le plus de chances possibles pour réussir avec succès leur éducation primaire. Cela passe notamment par le bilinguisme en Afrique.

L.L.D. : Vous avez coordonné à l’OIF l’élaboration du premier dictionnaire trilingue en langues africaines (français, lingala et sango), le « Dico Plus » qui a été présenté en février 2014. Dans quelle mesure ce projet contribue-t-il à la valorisation des langues africaines et, plus largement, à l’approche pédagogique du programme ELAN-Afrique ?  

A.M. : Il faut savoir que les langues nationales drainent parfois des préjugés. Certains parents d’élèves, ainsi que des collègues enseignants, pensent que les introduire à l’école est synonyme d’un enseignement au rabais. L’idée qu’elles ne sont pas capables d’exprimer la science, la philosophie, etc., persiste alors que dans les faits, toutes les langues se valent, toutes sont faites pour communiquer. Certaines seront plus ou moins utilisées tout simplement en fonction de leur degré d’outillage. Plus une langue est outillée, plus elle est capable d’exprimer.
Dès lors, si l’on veut que les langues africaines s’affirment, il faut absolument les outiller, élaborer des dictionnaires, faire des recherches métalinguistiques, en créant des lexiques spécialisés. Prenez l’exemple de la langue française : à l’origine, elle n’était pas outillée. En écrivant en français son essai « Défense et illustration de la langue française », Rabelais a fait figure d’avant-gardiste, parce qu’à cette époque, tout était écrit en latin et en grec. Mais à force d’être travaillée et enrichie, la langue française a pu se doter de tous les instruments qui la constituent aujourd’hui. Le même processus est valable pour les langues africaines.
En concevant le « Dico Plus », nous avons voulu montrer qu’il est tout a fait possible de créer des outils scientifiques en langues africaines. C’est une avancée extrêmement importante. Ce dictionnaire trilingue lingala-sango-français, élaboré sous la direction du Professeur Musanji Ngalasso-Mwatha, de l’Université Bordeaux 3, est destiné à la population de l’Afrique centrale où ces trois langues coexistent.
D’ailleurs, ce projet a été un véritable succès. Le Secrétaire général de l’OIF, M. Abdou Diouf, lors de sa dernière visite de courtoisie à Kinshasa, a en offerts en personne à tous les membres du gouvernement de la République démocratique du Congo.
Un autre dictionnaire trilingue est actuellement en cours de préparation, en peul-bambara-français. Et un troisième est également prévu en français-hausa-swahili.

L.L.D. : Comment le programme ELAN-Afrique est-il appelé à se poursuivre et, éventuellement, à être élargi ? Quels sont vos vœux dans cette perspective ?


A.M. : Si l’évaluation qui sera menée en juin 2015 se révèle concluante et valide la phase expérimentale du projet pilote ELAN-Afrique, ce que j’espère vivement, nous serons donc fondés à mettre en œuvre, toujours en étroite coopération avec les Etats, la 2ème phase du projet qui consiste en sa extension progressive.
Parallèlement, nous sommes en train de préparer le bilan de l’exécution des plans d’action par pays. Il est important pour nous de connaître leur degré d’avancement, les activités qui ont été exécutées et celles qui ne l’ont pas été et pour quelles raisons. En fonction de ce bilan, nous pourrons demander aux pays de préparer un plan prévisionnel pour la deuxième phase du programme. Cette seconde phase va être extrêmement importante. Nous ne voulons pas en tracer les contours dans nos bureaux. Nous voudrions que chaque pays propose la dimension de cette mise à l’échelle en fonction de son avancement dans la phase 1. La phase 2 devra être, en outre, axée sur la formation initiale, les réformes des programmes d’enseignement, parce que ces derniers doivent être conformes à l’approche ELAN. A cette fin, il faut que, dans les écoles normales d’enseignement des maîtres, soient intégrés des modules de formation au bilinguisme.
J’attire votre attention sur le fait que d’autres pays, comme la Côte d’Ivoire, le Togo, la Guinée-Conakry et Madagascar, ont exprimé leur volonté d’intégrer l’Initiave ELAN-Afrique.

L.L.D. : Le sommet de Dakar s’est conclu par l’élection de Mme Michaëlle Jean au poste de Secrétaire générale de la Francophonie. Quelle est votre vision du développement futur de l’OIF ?

A.M. : Tout d’abord, je voudrais profiter de cette occasion, pour saluer le bilan de l’action du Président Abdou Diouf. Il a été un grand artisan des initiatives prises par l’OIF dans ses différents domaines de compétence. Sous sa gouvernance, les langues nationales ont connu un grand essor, ce qui nous a permis d’agir sur le terrain. Nous avons bénéficié de son appui et de son accompagnement pour réussir beaucoup de projets, sans entraver un effort extraordinaire de restructuration, avec l’appui de l’Administrateur de l’Organisation, M. Clément Duhaime.
L’accent a été également mis sur l’accompagnement de la société civile et tout particulièrement sur la jeunesse, avec, par exemple, le programme « Les volontaires francophones ». Et ce, sans compter tous les efforts dans l’accompagnement des pays en crise, le règlement des conflits, la recherche de la paix en Afrique par le dialogue. Un très bon travail a été réalisé.
Nous espérons que le sommet de Dakar et la nouvelle direction de l’OIF permettront d’amplifier le travail accompli. Ce, en particulier dans le domaine de l’éducation car cette problématique est extrêmement importante, notamment en Afrique. A mon sens, l’éducation passe avant toutes les autres priorités. Si le développement était un train, l’éducation serait la locomotive. L’Afrique ne peut pas contourner cette réalité. La Francophonie se doit de toujours être au rendez-vous de la promotion de l’éducation en Afrique, en partenariat avec les autres organisations internationales.    

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