Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
  Éditorial
Entretien exclusif
Coopération
Diplomatie & Défense
Innovation
Culture
 
La lettre diplometque
La lettre diplomatique Haut
     Panama
 
  S.E.M. / H.E. Henry J. Faarup

L’économie montante de l’Amérique latine

Cent ans après son inauguration en 1914, le Canal de Panama s’apprête à vivre une seconde vie. Les travaux d’élargissement de la voie d’eau interocéanique devraient permettre au Panama de demeurer l’un des nœuds du transport maritime international les plus importants. Revenant sur les enjeux de ce projet colossal, S.E.M. Henry J. Faarup, Ambassadeur du Panama en France, nous explique les autres initiatives d’envergure mises en œuvre pour faire de l’économie panaméenne une nouvelle plateforme des échanges commerciaux des Amériques, adossée à un réseau modernisé d’infrastructures logistiques et à un centre financier de renommée internationale.

La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, 2014 marquera le 100ème anniversaire de l’inauguration du Canal de Panama. Que représente pour vous cette commémoration ?

S.E.M. Henry J. Faarup : Pour le Panama, la commémoration du centenaire du Canal est l’occasion de rappeler son impact. Premièrement, un impact pour l’humanité : sa construction, puis son fonctionnement ont toujours contribué à stimuler l’innovation (nouveaux équipements, premier usage industriel de l’électricité, portes coulissantes des nouvelles écluses, etc.). Deuxièmement, un impact sur le commerce mondial : le Canal a permis la réduction des coûts et du temps de transport. Troisièmement, l’impact sur mon pays : le Canal a mis en évidence l’atout économique que représente la position géographique du Panama, un atout que nous avons renforcé au fil des années avec un coup d’accélérateur sous l’administration de notre actuel Président Ricardo Martinelli, qui est déterminé à faire du Panama le centre de logistique multimodal des Amériques.
Célébrer le centenaire du Canal de Panama, c’est aussi célébrer la diversité culturelle, inédite au regard de la taille de notre pays, grâce à l’arrivée de plus de 60 000 hommes et femmes venus du monde entier pour participer à la construction de cette 7ème merveille du monde moderne. Le Panama fut alors une terre d’accueil et d’avenir, et le demeure encore et davantage aujourd’hui au regard du contexte économique mondial. Nous avons bien compris ce que le pays pouvait gagner à être ouvert sur le monde. Cette ouverture est notre devise nationale : « Pro Mundi Beneficio » (Panama « au bénéfice du monde »).

L.L.D. : Près de quinze ans après la rétrocession de l’administration du canal à l’Etat panaméen, quel regard portez-vous sur le rôle que joue aujourd’hui le Canal de Panama dans le commerce international ?

S.E.M.H.J.F. : Il joue sans aucun doute un rôle incontournable. Depuis l’ouverture du Canal en 1914, il a permis le transit de plus d’un million de navires. Aujourd’hui, il assure le transit de 20% du commerce mondial des marchandises hors pétrole (14 000 navires y transitent chaque année, soit une quarantaine par jour). Le Panama est, en outre, l’unique port au monde disposant de terminaux sur les deux océans, à seulement 80 km de distance l’un de l’autre. Il permet à près de 160 pays d’utiliser le Canal, point de passage de 144 routes maritimes reliant 1 700 ports dans le monde.
Les principaux navires transitant par le Canal sont, en tonnage, les porte-conteneurs (35%), les céréaliers et vraquiers secs (33%), les tankers (32%), les cargos polyvalents (12%) et les navires frigorifiques (6%). Les principaux clients du Canal sont les Etats-Unis (33%), la Chine (15%), les pays européens (7%), le Chili (7%) et le Japon (5%).
Depuis que le Panama assure la gestion du Canal, en 2000, il a investi (hors projet d’agrandissement) 2 milliards de dollars en travaux d’entretien et de modernisation des infrastructures afin de maintenir sa compétitivité. C’est dans ce souci de faire prospérer sa compétitivité et dans le cadre du Plan directeur du Canal « 2005-2025 » qu’il a été décidé, en 2006, d’élargir le Canal, l’objectif premier étant de capter les navires Post-Panamax qui ne peuvent transiter par le Canal en raison de leurs dimensions.

L.L.D. : L’extension du Canal de Panama, avec la construction d’un 3ème jeu d’écluses, devrait être achevée fin 2014. Dans quelle mesure ces infrastructures permettront-elles d’accroître le trafic maritime capté par votre pays ?

S.E.M.H.J.F. : Une nouvelle ère de l’industrie maritime s’ouvre avec l’élargissement du Canal de Panama (l’état d’avancement des travaux est à l’heure actuelle de 65%). Le 3ème jeu d’écluses qui représente un investissement de 5,250 milliards de dollars, devrait être opérationnel au cours de l’année 2015. Il permettra de dupliquer la capacité de la voie maritime et de satisfaire la demande croissante du transport de vrac solide et de porte-conteneurs à bord de navires Post-Panamax. S’agissant des porte-conteneurs Post-Panamax, ceux-ci pourront transporter entre 13 000 et 14 000 EVP (équivalent vingt pied), réduisant ainsi les coûts opérationnels et les émissions de gaz à effet de serre.
L’élargissement du Canal permettra également au Panama d’accéder à de nouveaux marchés comme celui du transport de charbon et de gaz naturel liquéfié (GNL), celui-ci étant, aujourd’hui, complètement inexistant dans les échanges effectués grâce au Canal.
Le Canal peut, par ailleurs, potentiellement devenir la route maritime la plus compétitive pour le transport de GNL, en particulier, concernant le trajet en provenance de la côte Est des Etats-Unis vers l’Asie (principal demandeur de GNL).
Enfin, les échanges entre l’Asie et l’Amérique latine devraient croître dans les prochaines années, et le Panama, avec son Canal et sa position géographique, jouit d’un avantage compétitif évident. Notre pays s’y prépare et deviendra certainement un acteur incontournable de ces échanges. Ses partenaires lui emboitent d’ailleurs le pas : que ce soient les compagnies maritimes ou les principaux ports présents sur les routes passant par le Canal, en investissant pour adapter leurs infrastructures maritimes et terrestres.
Mais le Panama regarde déjà au-delà et réfléchit à de nouvelles orientations qui pourraient apporter une valeur ajoutée aux services traditionnels de transit d’un océan vers l’autre. Des études sont menées dans cette perspective pour réfléchir à des activités novatrices comme le développement d’un port-plateforme dans le Pacifique. Des infrastructures et des axes de transit permettraient à cet égard au Panama de devenir le plus grand hub de logistique et de transbordement de containers d’Amérique latine et des Caraïbes.

L.L.D. : Tenant compte de la construction d’un nouveau terminal aéroportuaire à Panama, quelles nouvelles offres d’infrastructures logistiques multimodales votre pays envisage-t-il de mettre en place ?

S.E.M.H.J.F. : L’objectif étant l’efficacité et la performance, le Panama investit sur son réseau routier, en particulier, avec la construction d’un pont côté Océan Atlantique (dont le coût est évalué à un montant de 365 millions de dollars) qui s’insère dans le cadre du projet d’élargissement du Canal. Celui-ci aura pour fonction de rationnaliser le transport terrestre des marchandises. Il s’agit du 3ème pont sur le Canal de Panama dont le chantier a été confié au groupe français Vinci. Ce pont serait adjacent à une future autoroute sur la côte Atlantique.
La construction d’un 4ème pont est actuellement à l’étude. Il serait situé sur le côté Pacifique du Canal, entre le Pont des Amériques et le Pont du Centenaire, et il serait destiné à désengorger ces deux derniers qui sont saturés tant par le transport de personnes que de marchandises sur la mythique voie panaméricaine. La croissance de l’activité portuaire à venir avec l’élargissement du Canal, les nouveaux services que l’on souhaiterait offrir avec la construction d’un port sur le secteur de Corozal (entrée Pacifique du Canal) et l’expansion de la Ville de Panama conduisent notre gouvernement à réfléchir à la construction d’un pont innovant qui devrait accueillir, en plus des véhicules terrestres, la ligne 3 du métro de Panama qui relierait le secteur ouest de la Province de Panama à la capitale. Nous avons bien à l’esprit que le secteur logistique est aussi un facteur déterminant pour la croissance de la productivité de notre pays.

L.L.D. : Avec une croissance moyenne de 9% depuis 2005, le Panama fait figure de locomotive économique en Amérique centrale. Considérant les investissements prévus dans le cadre du plan quinquennal 2009-2014, quels nouveaux secteurs d’activités votre gouvernement cherche-t-il à faire émerger en vue de diversifier l’économie panaméenne ?

S.E.M.H.J.F. : De par sa situation géographique, le Panama s’est spécialisé dans les services qui représentent, aujourd’hui, 80% du PIB. Son économie repose sur trois piliers : la Zone franche de Colon (première zone franche de l’hémisphère Nord et la deuxième au monde après Hong-Kong) directement connectée avec les services maritimes (Canal, infrastructures portuaires et de logistique) et disposant d’un centre bancaire d’envergure internationale (100 banques dont 25 dans la ZFC avec un total d’actifs de 82 milliards de dollars).
Nous avons fixé le cap de l’avenir économique du Panama à moyen et long terme sur la base de ce cercle vertueux : faire du Panama un centre régional de logistique et de développement des affaires. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement du Président Ricardo Martinelli a élaboré un plan quinquennal d’investissements publics couvrant la période 2009-2014 portant sur les infrastructures au service non seulement des piliers de l’économie panaméenne que je viens de décrire, mais aussi de nouveaux secteurs économiques.
Ainsi, l’agrandissement et la modernisation de l’aéroport international de Tocumen, la construction de l’aéroport international de Colon, la construction du dernier tronçon de l’autoroute Panama-Colon ont permis à la Zone franche de Colon (ZFC) de confirmer sa position de plateforme régionale de biens de consommation entre l’Asie, l’Amérique du Nord, l’Europe et les pays d’Amérique latine et des Caraïbes (la ZFC représente 12% du PIB et son volume de transactions a progressé de 34,7% entre 2010 et 2011, atteignant la somme de 29,1 milliards de dollars). Ces investissements  favorisent également le secteur du tourisme, lequel a bénéficié d’un véritable soutien indirect de l’Etat qui a massivement investi dans les réseaux routiers tels que la modernisation, entre autres, de la route panaméricaine et des routes adjacentes (signalisation, agrandissement des voies, éclairage) rendant accessibles, en quelques heures, les zones à haut potentiel touristique (telles que les longues plages du Pacifique, dont la première se situe à une heure de route de la capitale). L’Etat a également donné une impulsion au développement du réseau aérien et rendu possible que le Panama soit aujourd’hui relié au vieux continent grâce aux vols quotidiens de KLM au départ d’Amsterdam, d’Iberia au départ de Madrid, et, à partir du 25 novembre 2013, d’Air France au départ de Paris. Avec ce dernier vol Paris-Panama, le groupe Air France-KLM offrira 10 vols par semaine à destination de Panama. Le groupe Air France-KLM compte sur le hub aérien de la compagnie panaméenne Copa Airlines, leader sur le marché des Amériques avec 70% des parts de marché au départ de Panama.
Parallèlement au Plan quinquennal d’investissement public, le Panama a adopté des mesures incitatives pour diversifier son économie et favoriser l’essor de secteurs tels que le tourisme (2,867 millions de visiteurs en 2012) : développement et renouvellement du parc hôtelier. Aujourd’hui, les chaînes hôtelières de luxe tels que Le Méridien, Le Ritz Carlton, Hilton Worldwide ouvrent des établissements et des grandes chaînes comme Best Western Plus Hotel, Hotel Casa Lyons, Evolution Tower ou Unicorn Hotel & Resort complètent cette offre (d’ici 2016, 1 007 chambres supplémentaires viendront s’ajouter au 284 208 existantes).   
Le secteur minier participe également à la diversification de l’économie panaméenne. Riche en cuivre et en or, le Panama a un avenir prometteur dont le Président Martinelli a pris toute la mesure en annonçant, début octobre 2013, la création du Ministère de l’Energie et des Mines. Les chiffres justifient une telle décision. S’agissant du cuivre, le Panama dispose d’un site de taille mondiale situé sur le district de Donoso dans la Province de Colon. Une fois finalisé la construction, en 2016, le site sera exploité par Minera Panama, filiale de l’entreprise canadienne Inmet Mining Corporation, qui prévoit d’extraire 250 000 tonnes de cuivre par an pendant une période de 30 ans, faisant du Panama le 6ème exportateur de cuivre au monde. S’agissant de l’or, Petaquilla Minerals produit 100 millions de dollars d’or par an : une petite mine au standard mondial qui est devenu, en 2012, le premier producteur à l’exportation du Panama. Petaquilla Minerals prévoit d’augmenter sa production à un total entre 120 et 140 millions dollars sur les quatre prochaines années.

L.L.D. : A l’instar du futur métro de Panama, le Président Ricardo Martinelli a lancé un vaste programme d’infrastructures. En dehors des réseaux de transports, quelles en sont les priorités ?

S.E.M.H.J.F. : Ce programme d’infrastructures est étroitement lié à la vision du Président Martinelli : faire du Panama le « Hub des Amériques » d’ici à 2020 avec un centre régional de logistique multimodal et de développement des affaires. Il vise donc à développer et moderniser les réseaux de transports et à adopter des mesures clés pour favoriser le développement des affaires. Parmi ces mesures, le Panama a modernisé l’administration des douanes en rendant effectif, en 2012, un Système intégré de Gestion douanière (SIGA) qui a pour objectif d’accélérer et de rendre transparente la gestion de la documentation douanière pour les importations et les exportations. Cette mesure a permis au Panama d’accroître son potentiel en termes de productivité.
Une autre mesure phare réside dans la création, dès 2010, d’une agence pour la promotion de l’investissement étranger direct (IDE) : Proinvex. Celle-ci gère un Système intégré d’information « One to Shop » qui permet aux investisseurs d’identifier les instruments dont dispose le gouvernement pour attirer les investissements directs étrangers. Ces outils garantissent une véritable liberté d’investir, qu’il s’agisse des régimes fiscaux et migratoires propres aux Zones économiques spéciales (Panama Pacifico, Cité du Savoir, ZFC) ou des mesures visant à encourager l’essor de secteurs tels que le tourisme, la construction, l’agriculture, l’industrie minière et l’industrie du cinéma. En 2012, les investissements directs étrangers, en progression de 10%, ont ainsi dépassé la somme de 3 milliards de dollars.

L.L.D. : Au regard de ce programme et de son rôle de plateforme commerciale régionale, quels atouts offre votre pays aux investisseurs étrangers et en particulier français ?

S.E.M.H.J.F. : Il n’y pas de mesures particulières pour les investisseurs français. Tous les investisseurs étrangers peuvent bénéficier des mesures migratoires, fiscales et sociales qu’offrent les zones économiques spéciales telles que la Zone franche de Colon (créée en 1948 pour toute entreprise se livrant aux activités d’exportation, réexportation, importation, manufacture, vente, commercialisation et distribution). La Zone Panama Pacifico (loi 41 de 2004) offre un guichet unique pour les démarches administratives dans les domaines fiscal, social, migratoire et douanier aux entreprises justifiant d’une « activité spéciale d’affaires » (multinationales, services logistiques et multimodales, activités audiovisuelles, importation et réexportation, etc.).
En outre, les zones franches (créées par la loi 32 de 2011) offrent aux personnes physiques ou morales, de nationalité étrangère, la possibilité d’exercer une activité exonérée d’impôts directs et indirects figurant dans une liste prédéfinie (entreprise manufacturière, d’assemblage, traitement de produits finis ou semi-finis, haute technologie, services, etc.). Les investisseurs étrangers peuvent aussi bénéficier des exonérations d’impôts prévues par la loi 80 de 2012 sur le tourisme pour, notamment, un investissement supérieur à 100 000 dollars concernant un projet de restauration d’une structure ou à partir de 250 000 dollars pour la construction d’une nouvelle structure.

L.L.D. : Dans le dernier rapport réalisé en avril 2013 par l’OCDE à l’attention des ministres des Finances du G20, votre pays est considéré comme ne disposant pas encore des « éléments essentiels » permettant un échange effectif d’informations bancaires. Quelles dispositions sont prévues en vue de renforcer la coopération internationale du Panama en matière de transparence financière ?

S.E.M.H.J.F. : Changer l’image du Panama dans le monde fait partie de la stratégie nationale du gouvernement du Président Ricardo Martinelli. Un plan d’actions a dès lors été mis en œuvre par le Ministère de l’Economie et des Finances du Panama dont la ligne directrice est d’harmoniser notre système fiscal et financier avec les normes internationales, en particulier, en termes de transparence et d’échanges d’informations fiscales. Les actions sont multiples et menées de manière conjointe,  avec la participation active du Ministre de l’Economie, M. Frank de Lima, qui est entouré d’une équipe de fonctionnaires et d’experts avertis. Parmi les mesures les plus importantes, on peut citer :
– la signature de traités bilatéraux pour éviter la double imposition fiscale comprenant un protocole d’échanges d’informations fiscales (ce qui a permis au Panama de sortir de la liste des paradis fiscaux de l’OCDE dès le 6 juillet 2011 et de la liste française en janvier 2012) ;
– l’implication du Panama dans les réunions de l’OCDE (notamment, dans le Forum global sur la transparence) et dans ses départements (depuis juillet 2013, le Panama est ainsi membre du Centre de développement) ;
– et l’adoption de lois qui traduisent les engagements internationaux du Panama en faveur d’une  plus grande transparence fiscale. Avec l’adoption de ces lois, le Panama s’éloigne de plus en plus du système financier opaque dénoncé par le G20 au plus fort de la crise économique mondiale. La dernière loi récemment adoptée illustre la détermination de mon pays sur ce plan : la loi 47 du 6 août 2013 qui fixe le régime juridique d’immobilisation des titres au porteur. Avec cette loi, il répond, en effet, à une forte exigence de l’OCDE qui devrait, en conséquence, remettre à jour le rapport d’avril 2013 que vous mentionnez.

L.L.D. : Avec la signature d’accords de libre-échange avec les Etats-Unis, le Canada, le Pérou et, plus récemment, l’Union européenne et la Colombie, votre pays a fait de l’ouverture de son marché l’un des moteurs de sa politique étrangère. Quelles retombées sont attendues de ces initiatives ? Quels défis soulèvent-elles en termes de compétitivité pour le marché panaméen ?

S.E.M.H.J.F. : Avec ces accords de libre-échange, notre objectif est de maintenir notre dynamique de croissance en poursuivant notre intégration dans le commerce mondial et en encourageant les investissements directs étrangers. Ainsi, en 2012, les échanges du marché domestique ont augmenté de 10,7% et le commerce de la ZFC a continué sa progression, avec des échanges d’un total de 30,8 milliards de dollars (+4,4% d’importations et +6,8% de réexportations). Au plan des investissements directs étrangers, le Panama s’est positionné en 2012 comme le premier capteur en Amérique centrale (34% du total) et le 8ème de l’Amérique latine en atteignant la somme de 3 milliards de dollars. Ces investissements directs étrangers participent pleinement à l’essor de notre économie.
Pour ce qui est des défis qu’il nous reste à relever, le premier demeure l’amélioration de la qualité de l’éducation. L’actuel Ministre de l’Education, Mme Lucy Molinar, s’y applique depuis sa nomination en 2009. En matière d’enseignement général, elle a adopté des mesures concernant tant l’organisation des établissements primaires et secondaires (responsabilisation et valorisation de la fonction de directeur d’établissement) que le contenu du programme scolaire (révision des enseignements fondamentaux et introduction de l’informatique et de l’anglais comme matière fondamentale). Concernant l’enseignement technique, notre Ministre de l’Education a créé neuf Instituts Supérieurs Techniques qui s’inspirent des instituts universitaires techniques (IUT) français. Ces instituts, situés à proximité des grands chantiers d’infrastructures, ouvriront leurs portes lors de la prochaine rentrée scolaire, en mars 2014. Le but est double : valoriser la formation technique au Panama et permettre l’arrivée sur le marché du travail d’une main d’œuvre qualifiée pour la construction et le fonctionnement des ouvrages d’infrastructures. Les groupes étrangers comme Vinci, Schneider ou Alstom seront, par ailleurs, acteurs des cursus de formation de ces instituts techniques supérieurs.
J’ajouterais pour, répondre à votre question que le Panama est sur la bonne voie : il est ainsi passé de la 112ème à la 75ème place selon l’Indice de compétitivité 2013-2014 du World Economic Forum. Nous faisons cependant face à d’autres défis comme de renforcer le fonctionnement de nos institutions et de lutter contre la corruption et le crime organisé (tant au niveau national que régional notamment dans le cadre du SICA).

L.L.D. : Plus largement, comment percevez-vous les perspectives d’une adhésion pleine et entière de votre pays à l’Alliance du Pacifique et quelles en seront les bénéfices ?

S.E.M.H.J.F. : Le Panama est actuellement un Etat observateur candidat à l’adhésion à l’Alliance du Pacifique. Nous souhaitons initier la procédure d’adhésion dès que nous signerons l’accord de libre-échange avec le Mexique (comme nous l’avons fait avec le Chili, la Colombie et le Pérou). Cette signature devrait intervenir dans les mois à venir et permettre ainsi au Panama de jouer pleinement son rôle complémentaire au sein de l’Alliance du Pacifique : en effet, le Canal capte 30% du trafic maritime des échanges extérieurs du Chili et du Pérou, 20% de ceux de la Colombie et 6,5% de ceux du Mexique. Une adhésion pleine et entière de notre pays à l’Alliance du Pacifique lui permettra de renforcer sa connectivité portuaire et de favoriser l’essor de sa plateforme aérienne. Le bénéfice immédiat pour le Panama sera son accès au marché le plus grand de la région avec ses 209 millions d’habitants.

L.L.D. : Après la visite officielle qu’il a effectuée en France le 31 mai 2013, le Président Ricardo Martinelli doit inaugurer le 25 novembre 2013 la ligne directe Paris-Panama assurée par la compagnie Air France-KLM. Quels ont été les facteurs déterminants ayant favorisé l’ouverture de cette liaison aérienne ? Quelles nouvelles marges de progression pensez-vous qu’elle puisse générer en faveur du resserrement des liens entre les deux pays, non seulement en termes commerciaux mais aussi touristiques ?

S.E.M.H.J.F. : La principale motivation de cette initiative est l’augmentation, ces dernières années, du nombre d’entreprises françaises au Panama. Il s’agit, en particulier, de groupes qui investissent comme GDF-Suez, présent au Panama depuis 2007 (aujourd’hui 2ème producteur d’électricité du pays), ou bien qui installent leurs structures commerciales régionales comme Total, Schneider Electric, TV5 Monde (aujourd’hui, nous comptons une trentaine d’entreprises). Il y a, enfin, les groupes qui ont remporté des contrats tels qu’Alstom (ligne 1 du métro), Thalès (centre de contrôle aérien) ou Vinci (3ème pont sur le Canal). Significativement, le Lycée français Paul Gauguin, inauguré en octobre 2010, accompagne les entreprises françaises dans leur implantation au Panama.
En termes commerciaux, des perspectives pour les groupes français existent. Je pense au métro de la ville de Panama qui suit un Plan directeur de construction d’un total de 4 lignes sur une période de 20 à 25 ans. Il y a également l’étude en cours pour le projet de construction d’un 4ème pont sur le Canal. Et plus généralement, le vol Air France facilitera la prise de décision des chefs d’entreprise français qui envisagent de s’implanter au Panama pour évaluer les opportunités d’affaires.
En termes touristiques, le Panama est le pays qui connaît le plus fort taux d’augmentation de touristes en Amérique centrale au premier trimestre 2013. Le nombre de touristes français arrivant à l’Aéroport international de Tocumen a augmenté de 10,9% sur cette même période (selon les données de l’Autorité du Tourisme du Panama – ATP). Avec le vol Air France, les tours operators français pourront promouvoir davantage la destination Panama et devraient participer à l’attrait que suscite aujourd’hui notre pays.     

Retour en haut de page
 
 

 
La lettre diplomatique Bas
  Présentation - Derniers Numéros - Archives - Nos Liens - Contacts - Mentions Légales