Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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« Garantir la paix sur la base du droit international »

Au-delà des processus électoraux qui auront émaillé l’année 2012 dans nombre de pays, l’action principale des équipes gouvernantes en place ou qui s’installeront devra, outre les problèmes de politique intérieure, tenir compte d’une situation internationale qui demeure préoccupante et à laquelle devra se consacrer pleinement l’ensemble des acteurs de la diplomatie internationale.
Des défis et des enjeux qui solliciteront bien des qualités professionnelles et humaines auxquelles fait référence le célèbre diplomate et écrivain Nicolas Machiavel lorsqu’il déclare : « les ambassades sont dans une république, une des fonctions qui font le plus d’honneurs aux citoyens ; et l’on ne peut regarder comme capable de participer au gouvernement celui qui ne l’est pas de remplir un tel emploi ».*
Quels que soient les résultats de l’élection présidentielle en France, les priorités de sa politique étrangère devraient, pour l’essentiel, rester marquées par les initiatives mises en œuvre sous l’impulsion du président Nicolas Sarkozy d’un engagement plus prononcé encore sur la scène européenne et internationale. A commencer par la mobilisation de tous ses efforts en vue de trouver une issue viable à la crise économique et financière qui touche de plein fouet l’Europe malgré les mesures déjà prises et qui devront  dépasser le seul cas de la Grèce. Au-delà de la gouvernance économique européenne, notre pays devra continuer à faire entendre sa voix sur la réforme de l’architecture financière internationale dans la perspective du sommet du G20 qui se tiendra au Mexique les 18 et 19 juin 2012.
Il est à souhaiter que ses priorités puissent se focaliser également en faveur d’une diplomatie encore plus solidaire, avec comme principes immuables, la promotion et la protection des droits de l’homme et des processus de démocratisation. La France devrait aussi conserver son rôle d’acteur attentif des travaux du Conseil de l’Europe qui lancera fin 2012 un Forum mondial de la démocratie, parallèlement à la poursuite de la réforme de la Cour européenne des droits de l’homme.
Un engagement indissociable de sa volonté d’approfondir la concertation multilatérale, tant au sein des Nations unies que de l’Union européenne ou de l’Alliance atlantique (OTAN), dont le sommet de Chicago, les 20 et 21 mai de cette année, marquera un nouveau temps fort de l’agenda international. Ce, en vue de garantir la paix sur la base du droit international.
La coopération internationale restera fondamentale en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dont les dispositifs ont été considérablement renforcés l’an passé. Ces mesures devraient permettre de rendre plus opérantes les conventions établies par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) contre la fraude et la corruption ; deux thèmes qui pourraient être évoqués à l’occasion du Forum de l’OCDE organisé les 22 et 23 mai à Paris.
A l’UNESCO, qui célèbre cette année le 40ème anniversaire de la Convention sur le Patrimoine mondial et où la France a obtenu qu’en 2005 soit adoptée la Convention sur la diversité culturelle et linguistique, il s’agira peut-être d’éviter que par un retour à une trop grande politisation de l’organisation, on ne vienne paralyser sa capacité d’action et ses programmes dans les domaines clés de l’éducation et de la culture.
Parce que la prospérité est l’une des conditions de la stabilité, la France aura à cœur de maintenir son appui en faveur de  l’émergence économique là où les besoins se font le plus sentir. Alors que notre pays demeure l’un des plus généreux donateurs parmi les grandes nations industrialisées, en consacrant en dépit de la crise 0,5% de son PIB à l’aide au développement, gageons qu’il puisse encore avoir pour ambition de porter cet effort à 0,7% du PIB à l’horizon 2015. Or les défis ne manquent pas non plus dans ce domaine, à l’heure où la flambée des prix alimentaires fait de l’agriculture un secteur stratégique de la lutte contre la pauvreté, avec pour impératif de préserver des ressources rares ou chères tout en développant les capacités de nourrir les 9 milliards d’habitants que devraient compter la planète à l’horizon 2050.
Il est significatif à cet égard que Montpellier, dans le sud de la France, ait été sélectionnée pour abriter le siège du Groupe consultatif de la Recherche agricole internationale (GIAR). Sa mission, en tant qu’organisation ayant récemment obtenu le statut international, fait écho à la problématique plus globale du développement durable et de la recherche d’un nouveau modèle de gouvernance mondiale de l’environnement à laquelle œuvre résolument la diplomatie française et qui sera au centre des débats de la Conférence des Nations unies Rio+20 à Rio de Janeiro du 20 au 22 juin. Comme en témoigne les débats du 6ème Forum mondial de l’Eau organisés à Marseille en mars dernier, climat, énergie, alimentation et croissance verte sont aujourd’hui intrinsèquement liés.
Certes, les partenariats bilatéraux continueront de servir le développement de nos relations économiques internationales, mais il serait judicieux qu’un effort tout particulier puisse être réservé aux nouveaux ensembles émergents où l’on assiste à un mouvement d’intégration volontariste. D’autant que ces processus régionaux s’accompagnent d’un potentiel de croissance plutôt enviable de 5,5% pour l’Afrique, 7,3% pour l’Asie (8,2% pour la Chine), et de 3,6% pour l’Amérique latine et les Caraïbes, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI).
Pour ce faire, la politique étrangère de la France pourra s’appuyer sur les outils précieux qui participent du déploiement d’une diplomatie économique et culturelle active.
Parlée par plus de 220 millions de personnes dans le monde, la langue française demeure un extraordinaire vecteur de promotion et d’échanges soutenu par l’Organisation internationale de la Francophonie. Pour être complet, il lui faudrait affirmer plus encore sa dimension économique. En se rapprochant du monde de l’entreprise, l’OIF pourrait se révéler un formidable outil de diplomatie commerciale au bénéfice mutuel de tous ses États membres. Le 14ème sommet de la Francophonie se tiendra du 12 au 14 octobre 2012 à Kinshasa en République Démocratique du Congo, sur le thème : «Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale».

                                                    
Didier VIDAL  
Directeur de la Publication

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