Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Émirats Arabes Unis
 
  S.E.M. / H.E. Mohamed Meer Abdalla Yousif Alraeesi

À l’avant-garde de l’économie mondiale

Quarante ans après leur indépendance, les Émirats Arabes Unis affichent un modèle de développement unique. Adossés sur les troisièmes réserves mondiales de pétrole, ils ont massivement investi pour diversifier leur économie. Hautes technologies, transports, finance, énergies renouvelables, tourisme sont leurs nouveaux atouts. Ambassadeur des Émirats Arabes Unis en France, S.E.M. Mohamed Meer Abdalla Yousif Alraeesi analyse pour nous les facteurs de ce succès, mettant en relief le rôle d’une diplomatie volontariste dans un espace géopolitique clé pour la stabilité internationale et qui fait le pari du dialogue des cultures.

La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, les Émirats Arabes Unis ont célébré le 40ème anniversaire de leur indépendance le 2 décembre 2011. Alors que votre pays est devenu un acteur de poids sur la scène régionale et internationale, quels facteurs expliquent, selon vous, la solidité de la fédération émirienne et la réussite de son modèle de développement ?

S.E.M. Mohamed Meer Abdalla Yousif Alraeesi : Le fondateur de l’État émirien, S.A. feu le Cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan, avait déployé en son temps ses efforts pour consolider les fondements de la Fédération et poursuivre la construction d’un État moderne aspirant à tisser des rapports de bon voisinage à l’échelle tant régionale qu’internationale ; ce, en conformité avec les principes de paix et de coopération entre les peuples. Sa vision est devenue un exemple à suivre pour son successeur, S.A. Cheikh Khalifa bin Zayed Al Nahyan, le Président de la Fédération, ainsi que pour leurs Altesses les membres du Conseil supérieur fédéral. Son Altesse le Général de Brigade Cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, Prince héritier de l’émirat d’Abou Dhabi et Vice-Commandant suprême des Forces armées émiriennes n’a pas dévié de cette voie.
En effet, au cours des quatre dernières décennies, les Émirats Arabes Unis ont accompli de nombreuses réalisations dans divers domaines. Sur le plan économique, notre pays est ainsi devenu l’une des économies les plus fortes dans la région, faisant la preuve non seulement de sa capacité à s’épanouir mais également à élaborer des stratégies de développement cohérentes, ainsi que de son aptitude à contenir les effets des crises. Ces performances lui ont permis de mettre en place un modèle de développement durable.
Au plan international et régional, la politique étrangère des Émirats Arabes Unis a enregistré plusieurs succès, assurant une présence active dans les domaines politique, économique et culturel. Ceux-ci témoignent de la modération et de la sagesse résultant de la politique équilibrée conduite par notre gouvernement. Ces réalisations ont fait de notre pays un modèle de construction fédérale. De plus, l’expérience unique qu’il a acquise en terme de développement pourrait également représenter un exemple à suivre pour d’autres pays arabes. Indépendamment de sa richesse pétrolière, notre État a en effet réussi, à travers son investissement en capital humain, à occuper un rang avancé parmi les pays les plus développés dans ce domaine. Il convient de souligner à cet égard qu’au sein du Rapport 2011 sur le développement humain des Nations unies, les Émirats Arabes Unis se sont classés au 30ème rang mondial et au premier rang des pays arabes. Si l’on considère la progression de l’indice de développement humain au cours des vingt dernières années, cela représente un bond de 25 places. En outre, nous avons su tirer profit efficacement de nos richesses pour diversifier nos ressources, en investissant dans les secteurs de la technologie et des énergies renouvelables.
J’ajouterais que, du fait de la présence sur notre territoire de personnes originaires de deux cents nationalités, de croyances et de cultures différentes, notre pays contribue à garantir une coexistence harmonieuse entre les peuples.

L.L.D. : Des élections pour le renouvellement de 20 sièges du Conseil National de la Fédération (FNC) se sont tenues pour la deuxième fois le 24 septembre 2011. Quelles considérations ont-elles motivé l’élargissement du collège électoral à cette occasion ? Au regard des revendications exprimées par une partie de la société émirienne ainsi que dans certains pays arabes en faveur d’une plus grande ouverture démocratique, quelles autres réformes de nature politique ou sociales pourraient, selon vous, être introduites dans votre pays ?

S.E.M.M.M.A.Y.A. : La tenue d’élections du Conseil national fédéral des Émirats Arabes Unis pour la deuxième fois, le 24 septembre 2011, a marqué une étape très importante du processus d’encouragement à la participation populaire prônée par S.A Cheikh Khalifa bin Zayed Al Nahyan. Il a anticipé cette nouvelle phase de notre vie politique en multipliant par plus de vingt le corps électoral par rapport aux précédentes élections, et en appelant à participer au scrutin les jeunes et les femmes, dont la représentation au sein des organes électifs a été accrue en proportion. Ces initiatives témoignent de la persévérance dont ont fait preuve nos dirigeants avisés en vue de stimuler le rôle des citoyens dans le débat public.
De plus, la représentation des femmes au sein de l’actuel Conseil fédéral, qui s’élève à 22,3%, illustre clairement la volonté de nos dirigeants d’accorder toute l’attention nécessaire au rôle des femmes, en les encourageant à participer et à occuper les postes les plus élevés dans la société. Tout cela est donc lié à la politique conduite au plus haut sommet de l’Etat et à la volonté de consolider le processus d’émancipation politique de manière graduelle et équilibrée. Nos dirigeants sont convaincus que la participation active à la vie publique contribue à façonner un esprit de véritable citoyenneté et à impliquer les citoyens dans les processus de décision au sein de l’État.

L.L.D. : Troisième producteur mondial de pétrole, les Émirats Arabes Unis ont fait le choix de diversifier leurs sources de croissance y compris dans le secteur énergétique et notamment dans celui du nucléaire civil. Pourriez-vous nous expliquer les lignes directrices de cette stratégie visant à préparer «l’après-pétrole » ? Quels sont les dispositifs prévus à cet égard pour accompagner la formation de la main d’œuvre émirienne dans les domaines à fort contenu technologique ? Quel rôle les investisseurs étrangers, et en particulier français, sont-ils amenés à jouer dans cette perspective ?

S.E.M.M.M.A.Y.A. : Les Emirats Arabes Unis ont annoncé en avril 2008 une politique de mise en œuvre d’un programme pacifique de l’énergie nucléaire. Cette politique est fondée sur des critères stricts en matière de transparence, de sûreté et de sécurité, qui fait de notre pays un modèle pour le développement de l’énergie nucléaire pacifique dans le monde.
Dans ce contexte, elle met l’accent sur six grands principes : la transparence complète des capacités opérationnelles, l’application des critères les plus rigoureux de non prolifération nucléaire, le respect des normes de sécurité, l’établissement d’une base du travail et de collaboration étroite avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le partenariat avec les nations et les institutions responsables ayant une expérience pertinente, et son développement durable.
Pour répondre à votre première question, j’attire votre attention sur le fait que la demande d’énergie aux Émirats Arabes Unis progresse à un taux annuel de 9%, ce qui équivaut à trois fois la moyenne mondiale. Or, la fourniture d’une source fiable d’énergie électrique est extrêmement importante pour la croissance future du pays. Nous tablons sur la capacité de l’énergie nucléaire à répondre à un quart des besoins en électricité d’ici 2020.
En ce qui concerne la main d’œuvre émirienne travaillant dans ce secteur, la Fondation émirienne pour l’Énergie nucléaire pourrait fournir une variété d’opportunités d’emploi dans les domaines de l’ingénierie, de l’exploitation et de la gestion financière, ainsi que des ressources humaines, de la formation et de l’audit. Les effectifs atteindront 2 000 salariés d’ici 2020, dont 60% devraient être des citoyens émiriens. Cette fondation emploie actuellement 400 personnes, et la proportion d’émiratisation est de 57%.
Enfin, pour ce qui est de notre coopération future avec la France dans ce domaine, nos deux pays sont en train de discuter d’un cadre général pour le traitement des déchets nucléaires par des sociétés françaises, ainsi que pour la formation, par la France, de techniciens émiriens.

L.L.D. : A l’image du projet de cité « verte » mis en œuvre par le groupe émirien Masdar, votre pays s’est profondément impliqué dans le développement des énergies renouvelables. Alors qu’Abou Dhabi accueille depuis 2009 le siège de l’IRENA, comment votre pays compte-t-il participer à la promotion d’un modèle de croissance durable de l’économie mondiale, que ce soit dans le cadre des Nations unies ou du G20 ?

S.E.M.M.M.A.Y.A. : La deuxième réunion du Comité préparatoire de l’Agence internationale pour l’Énergie renouvelable (IRENA) qui s’est tenue à Charm el-Cheikh, en Égypte, le 29 juin 2009, a approuvé le choix d’Abou Dhabi pour accueillir son siège permanent. Celle-ci est ainsi devenue la première capitale d’un pays en voie de développement à abriter le siège permanent d’une aussi importante organisation internationale dont la mission couvre de grands enjeux pour l’humanité. Ce choix représente une reconnaissance internationale du rôle de poids que jouent les Émirats Arabes Unis sur la scène mondiale. Il est le fruit de la politique menée par nos dirigeants. Il reflète également la confiance internationale manifestée à l’égard des orientations privilégiées par les Émirats Arabes Unis en matière d’énergies renouvelables et de leur capacité à sensibiliser l’opinion à travers le monde dans ce secteur vital pour le développement durable.
J’ai la conviction profonde que plusieurs facteurs ont joué en faveur du choix des Émirats Arabes Unis d’accueillir le siège de l’Agence internationale pour l’Énergie renouvelable:
– la clairvoyance de nos dirigeants politiques,
– l’action dynamique et inlassable de notre diplomatie,
– l’environnement du travail et les infrastructures très développées de notre pays,
– la crédibilité internationale des Émirats Arabes Unis au sein d’organisations telles que l’ONU,
– la construction de la ville « Masdar » qui constitue la première ville au monde sans carbone et qui fonctionne grâce à des sources d’énergie renouvelables,
– la force économique des Émirats et ses capacités d’adaptation au changement.
C’est dans ce contexte que s’est inscrite l’ouverture de la cinquième session du Sommet mondial sur l’énergie du Futur (WFES) le 14 janvier 2012, à Abou Dhabi, par S.A Cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, Prince héritier d’Abou Dhabi et Commandant suprême adjoint des Forces armées. Ce sommet est considéré comme étant l’un des plus importants forums mondiaux sur le développement des énergies propres et renouvelables, l’efficacité énergétique, ainsi que la protection  de l’environnement.

L.L.D. : Membre fondateur du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les Émirats Arabes Unis demeurent déterminés à soutenir la mise en place d’un marché commun. Quels seront les atouts de l’approfondissement de l’intégration régionale pour votre pays et quels projets entend-il promouvoir dans ce cadre, notamment en matière d’infrastructures ? Tenant compte des mécanismes de concertation et de sécurité prévus par le CCG, quelle analyse faites-vous des initiatives de votre pays en vue de stabiliser les crises politiques traversées par Bahreïn, mais aussi par le Yémen en 2011 ?


S.E.M.M.M.A.Y.A. : Nous traversons une période historique qui laissera ses empreintes sur l’économie globale, au vu de la performance des plus importantes économies du monde telles que les États-Unis, la Chine et l’Union européenne. Si l’on observe l’aspect positif de cette évolution, nous constatons que le CCG a bénéficié d’une occasion idéale pour s’affirmer comme une puissance économique influente, contribuant à la stabilité de l’économie mondiale.
En effet, à l’issue du sommet qui s’est tenu au Koweït le 15 décembre 2009, les dirigeants du CCG ont pris une série de décisions favorables à la création d’un marché commun. Ils ont également approuvé la mise en œuvre de projets complémentaires tels que l’interconnexion électrique entre les pays membres et dans le secteur ferroviaire.
Il faut également mettre en exergue l’importance du soutien apporté par le CCG au marché commun. Celui-ci est considéré comme le moteur des activités économiques dans les pays du CCG, en ce sens qu’il favorise l’élargissement du potentiel commercial de la région, la réduction du dédoublement des projets de développement et une efficacité accrue de l’utilisation des ressources humaines, le renforcement de leur position dans les négociations avec nos partenaires économiques mondiaux ainsi que le réinvestissement des ressources économiques dans des secteurs productifs non pétroliers, accompagnant ainsi la diversification de l’économie régionale.
Cette politique économique a jeté les bases d’un marché dynamique tout en consolidant la compétitivité des produits du Golfe dans les marchés régionaux et mondiaux. Il va de soi que le marché du CCG permettra d’accroître le volume des échanges commerciaux entre les pays membres, en soutenant le secteur privé par l’apport de meilleures conditions pour l’investissement tant au plan domestique qu’extérieur. Il concrétisera ainsi la création d’un grand et solide marché unifié.
S’agissant de Bahreïn, les Émirats Arabes Unis, ainsi que l’ensemble des pays du CCG, se sont engagés à assurer sa sécurité et son unité nationale afin de protéger ses citoyens. Nous estimons que la mise en cause de la sécurité des pays du Conseil ou toute action menant à la discorde entre les citoyens, constituent une grave violation portant atteinte à la stabilité et à la sécurité collective, conformément au traité signé par les membres de CCG.


L.L.D. : Forts de leur engagement aux côtés de l’Alliance atlantique au Kosovo, en Afghanistan et plus récemment en Libye, les Émirats Arabes Unis sont devenus en mai 2011 le premier pays arabe à ouvrir une représentation auprès de cette organisation. Compte tenu de leur adhésion à l’Initiative de coopération d’Istanbul (ICI), comment ces liens institutionnels sont-ils appelés à se consolider ? En quoi ce rapprochement participe-t-il à la consolidation du partenariat mis en œuvre entre votre pays et les États-Unis ?

S.E.M.M.M.A.Y.A. : Soucieux d’apporter leur aide au peuple kosovar, les Émirats Arabes Unis se sont, en effet, engagés, en accord avec l’OTAN, dans le cadre de la KFOR (Kosovo Force) aux côtés des forces de maintien de la paix. Dans la même optique, nous nous sommes engagés en Afghanistan et, plus récemment, en Libye.
Il convient également de signaler que lorsque l’OTAN a exprimé son souhait de conclure un partenariat stratégique avec les pays qui partagent les valeurs de la paix et de la coopération internationale, les Émirats Arabes Unis n’ont pas hésité à adhérer à l’Initiative de coopération d’Istanbul en juin 2004, car nous considérons que cette initiative pourrait contribuer au maintien de la sécurité de la région et, plus largement, dans le monde.
Depuis leur adhésion à l’Initiative de coopération d’Istanbul, les Émirats ont pu démontrer qu’ils pouvaient jouer un rôle spécifique auprès des partenaires de l’OTAN, à travers leur participation à l’ISAF (Force internationale d’assistance et de sécurité) en Afghanistan, ou dans le cadre de l’opération mise en œuvre pour protéger la population civile libyenne, et qui a permis d’ouvrir une nouvelle page dans l’histoire de ce pays.
La décision de notre État relative à l’ouverture de la première représentation permanente arabe auprès de l’OTAN et à la nomination d’un représentant, constitue une expression claire de la volonté commune de consolider des relations de coopération. Elle témoigne de notre détermination à faire progresser le niveau de ce partenariat qui correspond, sans aucun doute, à nos intérêts communs et contribue à favoriser la paix et la sécurité internationales.


L.L.D. : Interrompus depuis septembre 2010, les pourparlers de paix sur le conflit israélo-palestinien sont revenus à l’ordre du jour de la diplomatie au Moyen-Orient, à la faveur de la réunion du Quartette qui s’est tenue à Amman en janvier 2012. Comment les pays membres de l’Initiative de paix arabe, dont font partie les Émirats Arabes Unis, peuvent-ils favoriser une reprise directe des négociations ?

S.E.M.M.M.A.Y.A. : La question palestinienne représente la principale cause des mondes arabe et musulman. Elle se situe au cœur de la politique étrangère des Émirats Arabes Unis qui ont toujours apporté un soutien et une aide matérielle et politique au peuple palestinien, et ont défendu ses droits au sein des instances internationales. Notre pays n’a pas ainsi cessé d’exiger la fin de l’occupation israélienne comme un prélude à la stabilité dans l’ensemble de la région.
Lors du discours qu’il a prononcé devant l’Assemblée générale des Nations unies, le Ministre émirien des Affaires étrangères, S.A. Cheikh Abdullah Bin Zayed Al Nahyan, a insisté sur la nécessité primordiale de mettre fin à l’occupation en vue d’atteindre le stade de la paix au Moyen-Orient et de clore le conflit israélo-arabe. La recherche de cette paix constitue, en effet, la condition sine qua non de la stabilité dans l’ensemble des pays de cette région.
Aussi, les Émirats Arabes Unis ont-ils exigé non seulement la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens et des territoires arabes, mais aussi le retrait définitif jusqu’aux lignes du 4 juin 1967 (avant la guerre), y compris de Jérusalem-Est, des hauteurs du Golan et des territoires libanais qui sont encore occupés dans le sud du Liban ; ce, afin de parvenir à une paix juste, globale et durable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et en vertu du principe « la terre contre la paix » qui est inscrit au sein de l’Initiative de paix arabe.
Pour ce faire, les Émirats Arabes Unis ont lancé un appel à un retour à la table des négociations pour trouver une solution pacifique et définitive à ce conflit, qui permettra aux Palestiniens d’instaurer un Etat indépendant et viable.

L.L.D. : Illustrant leur activisme diplomatique, les Émirats Arabes Unis multiplient leur participation au sein d’organisations intergouvernementales comme l’Union Africaine dont ils sont membres observateurs depuis 2011. Quelle contribution votre pays envisage-t-il d’apporter à la construction africaine ? Fort de sa position au carrefour des mondes arabe, africain et asiatique, comment les relations avec l’Union européenne pourraient-elles être intensifiées ? Plus globalement, quelle vision du multilatéralisme et du dialogue des civilisations anime cette initiative ainsi que son entrée, en tant qu’Etat observateur, au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (0IF) en 2010 ?

S.E.M.M.M.A.Y.A. : L’adhésion des Émirats Arabes Unis en tant qu’observateur au sein de l’Union africaine montre l’importance qu’accorde notre pays à la promotion et à la consolidation des relations arabo-africaines. Elle participe d’une politique d’ouverture et de coopération internationale conduite par les dirigeants de notre pays. Elle nous permettra de travailler ensemble pour défendre nos intérêts communs, de coordonner nos visions au sein des instances internationales et de développer une coopération en matière d’investissements et d’échanges commerciaux.
Quant à nos relations avec l’Union européenne, je dirais qu’elles sont solides et prometteuses, tant à l’échelle de nos relations bilatérales avec chacun des pays européens, qu’à l’échelle de la coopération avec l’Union, grâce à la coordination de nos positions communes dans les enceintes internationales.
En outre, notre adhésion à l’OIF, en tant que membre observateur, illustre notre attachement aux principes de la diversité culturelle qui suppose une ouverture aux cultures, en insistant sur l’importance du dialogue entre elles.

L.L.D. : Partageant des liens culturels et politiques étroits, les Émirats Arabes Unis et la France célèbrent en 2012 le 15ème anniversaire de leur partenariat stratégique. Dans quels domaines souhaiteriez-vous le voir s’approfondir ? Dans quelle mesure peut-on considérer la dimension développée en matière de renseignement et d’échanges militaires de haut niveau comme une composante majeure de ce partenariat ? Quels autres aspects peuvent-ils encore, selon vous, être intensifiés au regard des défis de la sécurité régionale ?

S.E.M.M.M.A.Y.A. : Les relations bilatérales entre les Émirats Arabes Unis et la France, auxquelles nos deux pays accordent une grande valeur, sont le fruit d’une volonté politique qui a toujours veillé à la mise en place d’un partenariat stratégique exemplaire dans divers domaines.
Bien évidemment, elles ne se limitent pas à la coopération politique, mais elles couvrent également d’importants volets comme l’économie, le tourisme, l’éducation, la culture ainsi qu’une coopération militaire et stratégique. D’autres secteurs ne sont pas non plus oubliés dans le cadre de notre coopération bilatérale, en l’occurrence l’agriculture, le secteur énergétique, l’industrie, la médecine, les télécommunications, l’aéronautique, l’électricité, ainsi que l’eau et l’environnement. En outre, elles englobent bien entendu les échanges commerciaux et d’expériences, la formation et l’éducation, ainsi qu’un travail commun au sein des organisations internationales.


L.L.D. : Feu S.A. Cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan, fondateur et premier Président des Émirats Arabes Unis, a développé une vision de la politique étrangère émirienne faisant du rapprochement des cultures l’un de ses principaux piliers. Avez-vous le sentiment que cette vision ait été accomplie par l’implantation dans votre pays d’universités françaises ou d’établissements culturels comme le Louvre ? Comment décririez-vous les apports mutuels de ces initiatives pour les sociétés civiles émirienne et française ?

S.E.M.M.M.A.Y.A. : Comme je l’ai déjà souligné, la politique étrangère des Émirats Arabes Unis se caractérise par la modération et la sagesse qui découlent du respect des principes édictés par feu S.A. Cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan, le fondateur du pays. Elle s’appuie sur un ensemble de principes visant à servir les intérêts supérieurs du pays et le développement des relations d’amitié avec tous les pays étrangers, ainsi que le soutien aux causes du droit et de la justice dans le monde.
Dans le cadre du dialogue entre les cultures que nous soutenons, vient s’inscrire l’accord signé le 6 mars 2007 entre les gouvernements de la France et des Émirats Arabes Unis, portant sur l’ouverture du Musée du Louvre à Abou Dhabi en 2013. Un autre accord a été signé entre nos deux pays concernant l’établissement d’une filière de la prestigieuse université de la Sorbonne sur le territoire émirien et qui accueille déjà de nombreux étudiants émiriens et étrangers depuis quelques années. Cette politique de coopération culturelle illustre la volonté commune que partagent les dirigeants émiriens et français d’approfondir les cadres de notre coopération dans divers domaines.
J’ajouterais enfin que nous espérons que cette politique d’ouverture et de dialogue se traduira également de manière positive au sein de nos deux peuples amis, en vue de contribuer ainsi à la promotion des principes de paix et de fraternité entre les peuples.    

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