Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Arabie Saoudite
 
  S.E. / H.E. Dr Muhammad Bin Ismaël Al-Ashekh

Clef de voûte du Moyen-Orient

Interlocuteur incontournable au Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite joue également un rôle de premier plan dans la stabilité de l’économie mondiale. S.E.Dr Muhammad Bin Ismaël Al-Ashekh, Ambassadeur d’Arabie Saoudite en France, analyse ici les positions du Royaume sur les équilibres régionaux, les enjeux du G20 et de la lutte contre le terrorisme, mais également sur ses aspirations à favoriser une meilleure connaissance de sa société et des mutations profondes qu’elle accomplit avec la mise en œuvre d’une politique de diversification économique. 

La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, le Musée du Louvre consacre depuis le 14 juillet 2010 une exposition inédite à l’Arabie Saoudite, « Routes d’Arabie, archéologie et histoire du royaume d’Arabie Saoudite ». Tenant compte de l’ouverture d’un musée sur l’art français en mars 2010, comment considérez-vous l’apport de ces interactions culturelles au renforcement du partenariat entre l’Arabie Saoudite et la France ? Quelles initiatives souhaiteriez-vous promouvoir en vue d’approfondir la connaissance mutuelle entre les peuples saoudien et français ?

S.E.Dr Muhammad Bin Ismaël Al-Ashekh :
  En effet, l’exposition « Routes d’Arabie : archéologie et histoire du royaume d’Arabie Saoudite », qui se tient au Musée du Louvre du 13 juillet au 27 septembre 2010, témoigne de l’ampleur des relations culturelles qu’entretiennent la France et l’Arabie Saoudite.
Cette exposition reflète, à mon sens, le niveau élevé de ces relations et l’héritage historique et culturel des différentes civilisations qui se sont succédées sur les terres de l’Arabie. Les pièces exposées à cette occasion constituent un véritable trésor du patrimoine culturel saoudien laissant découvrir un visage rarement dévoilé du Royaume.
C’est cette facette-là du Royaume, trop souvent dans l’ombre mais pourtant bien réelle, que nous essayons de montrer au public ; une facette bien différente de celle surannée, parfois même infondée et injuste, communément enracinée dans l’esprit des Français et des Occidentaux en général. Notre intention est donc de faire découvrir au public français et bien au-delà, la contribution de l’Arabie, de par son patrimoine, à l’histoire et aux richesses de l’Humanité.
Nous avons en effet décidé de développer plus largement les liens culturels entre mon pays et la France. Ces liens sont longtemps restés limités aux échanges d’expertises et de formation. Nous voulons désormais aller au-delà, en approfondissant notre partenariat stratégique avec la France pour favoriser une plus large ouverture sur la société française et le grand public. Je peux vous dire à cet égard que nous sommes plus que jamais déterminés à emprunter cette voie et à aller le plus loin possible en ce sens.

L.L.D. : Troisième fournisseur de pétrole de la France, l’Arabie Saoudite représente un marché prioritaire pour les entreprises françaises. Quels secteurs d’activité vous semblent les plus prometteurs pour l’intensification de la coopération économique franco-saoudienne ? A l’instar du projet de TGV entre Djeddah, Médine et La Mecque, quelles sont les opportunités pour les investisseurs français eu égard au vaste plan d’investissements dans les infrastructures lancé par votre pays ?

S.E.Dr M.B.I.A.A. :
L’Arabie Saoudite vit actuellement et depuis sa création un développement constant dans tous les domaines et dans tous les secteurs stratégiques. Avec la France, de nombreux projets de coopération culturelle ont été mis en place en matière de formation, d’enseignement et d’échanges. Un pays en plein développement comme l’Arabie Saoudite cherche à nouer des liens de partenariat avec des pays comme la France qui possède une grande expérience dans différents domaines. C’est pourquoi nous ressentons le besoin d’initier un vaste programme d’échanges.
Nous considérons le partenariat établi avec la France et nos amis français comme stratégique. La France constitue pour l’Arabie Saoudite un partenaire privilégié. Elle est, en effet, un acteur majeur dans nos relations politiques et dans les affaires internationales qui nous préoccupent. Notre politique vise à diversifier nos ressources et à nous doter des technologies les plus performantes afin d’accompagner les mutations sans précédent qui caractérisent notre pays, dans un contexte où l’économie saoudienne a été épargnée par la crise économique mondiale grâce au système financier islamique.
Cela étant, l’Arabie Saoudite cherche également à diversifier ses échanges avec ses partenaires. Ces échanges étaient auparavant centrés sur le pétrole. A l’heure actuelle, beaucoup de grandes entreprises françaises s’intéressent, par exemple, au développement de l’exploitation du gaz saoudien. Il existe également de nombreuses opportunités de coopération dans le secteur du nucléaire civil, comme dans le secteur des infrastructures et celui des transports, notamment ferroviaire.

L.L.D. : A l’image de la King Abdullah Economic City, la construction de villes nouvelles et l’essor de secteurs industriels dynamiques, tels que la métallurgie ou l’agro-alimentaire, témoignent d’une diversification accélérée de l’économie saoudienne. Considérant la raréfaction à moyen terme des ressources pétrolières, comment décririez-vous la stratégie du Royaume en vue de favoriser sa montée en gamme économique et sa compétitivité ? Dans quelle mesure contribue-t-elle à la politique de « saoudisation » des emplois ?

S.E.Dr M.B.I.A.A. :
Le lancement des grands pôles économiques au Royaume d'Arabie Saoudite est considéré comme l’une des initiatives concrètes les plus importantes en vue de réaliser les objectifs des plans et des stratégies en matière d’investissement, de réduire l’exode rural vers les grandes villes, d’accélérer la croissance dans les régions les moins développées et de créer des emplois pour les jeunes dans différents secteurs d’activité.
Ces projets illustrent le formidable essor économique que connaît notre pays. Nous nous attachons à tirer partie de cette dynamique afin d’élaborer une stratégie de développement en nous concentrant sur les ressources humaines, car notre prochain défi porte principalement sur l’homme.
L’économie nationale, et les citoyens saoudiens en particulier, pourront en effet bénéficier de la construction des grands pôles économiques à l’intérieur du pays, lancée sous l’impulsion du gouvernement du Serviteur des Deux Saintes Mosquées. Ces villes permettront de diversifier les sources de revenus et contribueront à la création d’emplois, entraînant ainsi une réduction du chômage, en particulier chez les jeunes.
Ces pôles économiques ne sont pas le fruit du hasard mais répondent à une stratégie claire et bien réfléchie, elle vise à valoriser les différents atouts dont dispose le Royaume : liquidités disponibles dans le secteur privé, classement au premier rang mondial des pays exportateurs d’énergie et positionnement géostratégique entre l’Orient et l’Occident.
Ces pôles économiques seront structurés autour de la mise en place d’industries et de services compétitifs. L’ensemble de ces facteurs permettront de réduire la dépendance du Royaume à l’égard des revenus du pétrole et à hisser le pays au niveau des leaders dans ce domaine à l’échelle internationale.
Pour être plus précis, je citerais en exemple le projet de la Cité économique du Roi Abdallah (KAEC) qui est le plus grand projet ayant reçu une licence de la SAGIA, (l’Agence gouvernementale pour la promotion des investissements). Il s’agit du plus gigantesque projet d’aménagement urbain jamais réalisé dans la région du Golfe Arabique et l’un des plus importants au monde. Il représente, en effet, un investissement global de 26,6 milliards de dollars et permettra la création d’un million d’emplois.
Le projet est situé à 150 km au nord de Djedda, à l’ouest du Royaume. La KAEC s’étendra sur les rives de la Mer Rouge et couvrira 55 000 km2 sur 35 km de côtes. La Cité doit s’articuler autour de six zones distinctes : un « port du millénaire » (qui devrait se classer parmi les dix premiers ports mondiaux), un centre financier, un pôle d’enseignement (regroupant universités et centres de recherches), une plateforme touristique et de loisirs, ainsi qu’un vaste complexe résidentiel destiné à accueillir à terme 600 000 habitants. Il est également prévu d’attribuer à ce port le statut de zone franche.
La KAEC constitue ainsi un véritable symbole de la politique d’ouverture du Royaume aux investisseurs étrangers. Il s’inscrit dans le sillage de son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui en a fait un partenaire essentiel de l’économie mondiale.

L.L.D. : Pilier du Conseil de coopération du Golfe (CCG), l’Arabie Saoudite a décidé avec les autres signataires du traité d’union douanière régionale de marquer une pause dans le processus de création d’une monnaie unique en vue de tirer les leçons de la crise que traverse l’UE. Quelles orientations sont privilégiées à cet égard pour améliorer ce projet ?

S.E.Dr M.B.I.A.A. :
Nous savons que le débat actuel en matière de politique économique se focalise sur les critères financiers requis pour les Etats qui souhaitent adhérer à la monnaie unique. Ces critères portent sur les limites du déficit, la restriction des emprunts d’Etat, l’inflation, les taux d’intérêt etc… Or le débat n’a pas encore abordé les dispositions à prendre au cas où un Etat membre de la zone monétaire subirait une crise semblable à celle de la Grèce.
En dépit de ces quelques difficultés, il ne faut pas que les mesures adoptées pour le lancement de la monnaie unique soient interrompues. Il convient en effet de discuter dès à présent de la mise en place des dispositions financières en cas de crise. Celles-ci peuvent revêtir différentes formes :
– un accord commun sur l’emprunt entre les Etats membres ;
– la création d’un fonds commun auquel on peut recourir en cas de besoin ;
– ou un dépôt financier auprès de la banque centrale commune à cet effet.
Plus largement, la monnaie unique est appelée à jouer un rôle régional et peut-être international dans les échanges et les emprunts. Une banque internationale pourrait à cet égard émettre des actions, des obligations ou d’autres produits financiers libellés avec la monnaie unique des pays du Golfe.

L.L.D. : Avec la multiplication des projets de désalinisation, la préservation des ressources hydriques est devenue une priorité pour les pays de la région. Quelles initiatives ont été adoptées pour approfondir la coopération au sein du CCG ?

S.E.Dr M.B.I.A.A. :
En ce qui concerne la préservation des ressources en eau, les usines de dessalement représentent l’un des principaux facteurs de pollution de l’environnement marin et côtier. Ces usines, qui utilisent du pétrole au lieu du gaz naturel, polluent l’air par l’émission de différentes sortes d’oxyde ainsi que l’environnement marin par les eaux chaudes et usées, qui sont rejetées en mer. Les effets néfastes de ces usines vont d’ailleurs en s’accentuant puisque la population des pays du Golfe Arabique continue elle aussi de croître. En vue de réduire ce phénomène, plusieurs initiatives ont été lancées dont l’« Initiative verte des pays du Golfe » qui appelle à l’adoption d’une charte pour l’action environnementale aux pays du CCG.

L.L.D. : A l’initiative de S.M. le Roi Abdallah Bin Abdulaziz Al Saoud adoptée à Riyad en février 2005, votre pays soutient la création d’un Centre international de lutte anti-terroriste sous l’égide des Nations unies. Quelles avancées ont été accomplies dans cette optique ? Quel bilan faites-vous de la stratégie de lutte antiterroriste saoudienne ? Plus largement, comment la coopération entre votre pays et la communauté internationale est-elle coordonnée en vue de démanteler les réseaux terroristes et entraver leurs sources de financement ?
 
S.E.Dr M.B.I.A.A. :
Les efforts de l’Arabie Saoudite en matière de lutte contre le terrorisme suscitent l’intérêt de tous les pays confrontés à ce phénomène. Certains d’entre eux ont ainsi bénéficié de l’expérience saoudienne pour relever le défi du terrorisme, assécher ses sources d’approvisionnement et mettre en place des dispositifs de prévention.
La communauté internationale a été impressionnée par l’adoption en Arabie Saoudite d’une stratégie globale reposant sur la confrontation intellectuelle, le conseil, une dimension sécuritaire, ainsi que des procédures judiciaires spécifiques pour juger les individus accusés d’avoir commis des crimes terroristes. A l’échelle internationale et, plus particulièrement des pays arabes, les efforts du Royaume se sont multipliés en vue de renforcer la coopération dans ce domaine entre les Etats et les peuples, et d’entraver les sources d’approvisionnement, de financement et de soutien aux groupes terroristes ainsi que la mise en œuvre de mécanismes internationaux.
L'Arabie Saoudite a signé plusieurs accords portant sur la lutte contre le terrorisme et s’est engagée à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle a également ratifié un certain nombre de conventions et de traités dont le traité arabe de lutte contre le terrorisme de 1988, le traité de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) de lutte contre le terrorisme de 2000, le traité des pays du CCG et d’autres traités sécuritaires avec des pays arabes, islamiques et amis.
La Conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme organisée par l’Arabie Saoudite en février 2005 illustre les efforts qu’elle a mis en œuvre pour combattre ce fléau dans un cadre international. Cette lutte est fondée sur la conviction, confirmée par les évènements, que le terrorisme ne concerne pas qu’une religion ou un peuple en particulier, et que pour le vaincre, une coopération est nécessaire entre tous les pays.
La Déclaration, connue sous le nom de Déclaration de Riyad, rendue publique à l’issue de la conférence de 2005, a affirmé que le terrorisme constitue une menace contre la paix et la sécurité dans le monde. Elle a aussi confirmé que le Royaume rejette toute idéologie qui appelle à la haine, incite à la violence et légitime les actes terroristes.
Sur une proposition du Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Abdallah Bin Abdulaziz, l’Arabie Saoudite a présenté le 16 septembre 2005, par la voix du Prince héritier S.A.R le Prince Sultan bin Abdul Aziz, un projet de résolution à l’Assemblée générale de l’ONU appelant à constituer un groupe de travail afin d’étudier les recommandations de la conférence et la Déclaration de Riyad y compris celle portant sur la création d’un Centre international pour la lutte contre le terrorisme. La création de ce centre international est destinée à favoriser l’échange d’informations et d’expériences entre les pays, et à mettre en place une base de données et d’informations à caractère sécuritaire et de renseignement au profit des pays qui sont confrontés à ce fléau.
A l’échelon local, l’Arabie Saoudite a adopté une stratégie globale dans sa lutte contre le terrorisme et a tenu à y associer toutes les catégories de la société. Pour leur part, les oulémas saoudiens ont su démontrer l’incompatibilité de l’islam avec le terrorisme, et le sens profond des agressions terroristes contre les musulmans ou les non-musulmans. Ils ont également su réfuter les allégations avancées par les groupes déviants pour justifier leurs crimes.
Notre pays a ainsi réussi à éradiquer le terrorisme. Les forces de sécurité saoudiennes ont obtenu plusieurs succès contre ces groupes déviants, dont elles ont déjoué plus de 95% des complots et identifié les cellules dormantes qui ont été démantelées grâce à leur action.

L.L.D. : Vecteur de médiation incontournable au Moyen-Orient, la diplomatie saoudienne aspire à une plus grande unité du monde arabe. Au lendemain de la crise concernant le blocus de Gaza, comment percevez-vous la volonté du Président Obama de relancer les pourparlers de paix au Proche-Orient ? Dans quelle mesure le plan de paix saoudien, repris par la Ligue arabe depuis 2007, apparaît-il encore envisageable ?

S.E.Dr M.B.I.A.A. :
Lors du 19ème sommet de Riyad en 2007, les dirigeants arabes ont adopté à l’unanimité une résolution sur la « réactivation » de l’offre de paix élaborée lors du sommet de Beyrouth en 2002. Le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, alors Prince héritier, était à l’origine de cette initiative qui stipule une normalisation des relations de tous les pays arabes avec l’Etat d’Israël en échange d’un retrait des territoires arabes occupés depuis 1967, de la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est (Al Qods Est) pour capitale et d’un règlement « équitable et agréé » de la question des réfugiés palestiniens.
Certains pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies – comme la Chine – accordent une attention particulière à la résolution des conflits dans le cadre de la légitimité internationale, ainsi qu’à la cause palestinienne. Cette position est conforme à celle des pays arabes aspirant à rétablir les droits légitimes des Palestiniens, d’où la position de fermeté et les décisions adoptées par tous les dirigeants arabes. En revanche, le contournement des principes de la légitimité internationale et le mépris constant des lois et des principes internationaux par Israël ont toujours constitué un obstacle majeur au règlement juste et durable du conflit au Moyen-Orient.
Par conséquent, le Royaume considère que l’accomplissement de la paix et le maintien de la sécurité internationale devraient reposer sur le respect des fondements de la légitimité internationale. L’application de ces principes doit commencer par l’Etat d'Israël, principal responsable du plus long conflit de l’histoire moderne en raison de son mépris des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que toutes les résolutions afférentes, de son rejet des obligations internationales, de sa persistance à coloniser toujours davantage la terre palestinienne et à construire illégalement de nouvelles colonies toute en élargissant celles déjà existantes, sans tenir compte de la communauté internationale et de sa volonté de résoudre définitivement ce problème.
L’Etat d’Israël poursuit, malgré tout la construction des colonies dans Jérusalem-Est (Al Qods-Est). Cette attitude constitue une source de préoccupation et de condamnation pour nous et pour l’ensemble de la communauté internationale. Une telle politique contrecarre la relance du processus de paix ainsi que la création d’un Etat palestinien indépendant et viable dans le cadre de la solution de deux Etats.
La communauté internationale et les Etats-Unis en particulier, sont invités à prendre une position ferme pour mettre fin à la politique de colonisation dans les territoires palestiniens occupés particulièrement à Al Qods-Est, en insistant sur le fait qu’un règlement juste, global et durable du conflit doit être fondé sur un retrait israélien total de tous les territoires arabes occupés en 1967 y compris les territoires syriens et libanais.

L.L.D. : A contrario des sanctions préconisées par les Etats-Unis et la France, l’Arabie Saoudite continue de plaider pour une solution diplomatique à la question du programme nucléaire iranien. Comment votre pays entend-il promouvoir un processus de dénucléarisation du Moyen-Orient ?

S.E.Dr M.B.I.A.A. :
S’agissant du nucléaire iranien, nous soutenons les efforts du groupe 5+1 qui visent à résoudre la crise par le dialogue et par des moyens pacifiques tout en garantissant à l’Iran et aux pays de la région le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire selon les critères et les procédures de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA).
Aussi, nous exprimons notre espoir que ces efforts soient poursuivis et que l’Iran y participe, ce qui permettrait de désamorcer la crise et de lever les doutes et les préoccupations régionales et internationales sur son programme nucléaire. Nous croyons à l’importance de concentrer les efforts sur la non-prolifération des armes de destruction massive et des armes nucléaires dans la région du Golfe Arabique et au Moyen-Orient, ainsi qu’à l’importance d’appliquer ces normes à tous les pays de la région y compris Israël.

L.L.D. : Considérant la participation saoudienne à la reconstruction de l’Irak, quelle est votre vision du processus de stabilisation et de sa réinsertion pleine et entière dans la scène régionale et internationale ?

S.E.Dr M.B.I.A.A. :
Nous espérons que les élections qui se sont tenues en mars 2010 contribueront à traduire les aspirations du peuple irakien à la sécurité et à la stabilité du pays, à préserver son intégrité territoriale et son unité nationale, à guider son développement et à atteindre la prospérité ainsi que la coexistence pacifique entre les différentes catégories de la population, indépendamment des considérations ethniques, religieuses et politiques. Enfin, nous formulons le souhait que ce scrutin participe à la préservation de son indépendance et de sa souveraineté de toute sorte d’ingérence étrangère.

L.L.D. : En prélude au discours qu’il a prononcé au Caire le 4 juin 2009 en faveur d’un renouveau des relations entre les Etats-Unis et le monde musulman, la visite à Riyad du Président Barack Obama a permis de réaffirmer l’importance du dialogue stratégique saoudo-américain. Comment qualifieriez-vous l’évolution des relations entre les deux pays ?

S.E.Dr M.B.I.A.A. :
Je considère la visite effectuée par le Président Barack Obama à Riyad du point de vue stratégique et de la politique des Etats-Unis dans la région. Le Président américain et le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Abdallah Bin Abdelaziz, ont exprimé à cette occasion un profond respect mutuel et ont évoqué le processus de paix israélo-palestinien ainsi que la question de la sécurité dans la région, et d’autres sujets d’intérêt commun.
Le discours prononcé par le Président américain au Caire dans la cadre de sa tournée au Moyen-Orient est, à mon sens, porteur d’un message de paix et de réconciliation avec le monde arabe. Il s’agit d’un grand pas que les Etats-Unis ont accompli dans leur quête de paix avec le monde musulman ; une initiative qui a d’ailleurs été saluée par l’ensemble du monde arabe et musulman.
Une deuxième étape marquante a eu lieu avec la tenue d’entretiens élargis entre les deux chefs d’Etat. Ces entretiens se sont révélés fructueux permettant au Serviteur des Deux Saintes Mosquées de déterminer la position du Royaume et du monde arabe vis-à-vis des dossiers évoqués sur la scène internationale. Il convient de souligner que ce qui a été perçu à cette occasion, ce fut la franchise avec laquelle les médias américains ont transmis les informations et l’honnêteté des positions du Royaume. En effet, les relations étroites entre Washington et Riyad ne masquent pas ses positions relatives à la prolifération nucléaire, au dossier iranien, à l’attitude d’Israël, au processus de paix, au Soudan et à d’autres dossiers de la région.

L.L.D. : Seul pays de l’OPEP membre du G20, l’Arabie Saoudite est appelée à jouer un rôle de premier plan dans la refonte de l’architecture financière internationale. Compte tenu du rôle de votre pays dans le maintien de la stabilité du marché de l’énergie, quelle voix compte-t-il faire entendre dans le cadre de la réforme de la gouvernance mondiale et plus particulièrement de celle du Conseil de sécurité des Nations unies ?

S.E.Dr M.B.I.A.A. :
L’importance du G20 dont fait partie l’Arabie Saoudite a pris une dimension plus large qu’auparavant. Ses travaux portent sur l’élaboration de stratégies en vue de mettre en œuvre des réformes dans le domaine économique à l’échelle internationale pour faire face aux défis que pose la crise financière. Il cherche également à favoriser la coopération entre les pays à économies développées et les pays à économies émergentes. De grandes avancées ont ainsi été réalisées en matière de gestion de la politique économique et financière à l’échelle mondiale.
Il est vrai que l’Arabie Saoudite est membre du G20 depuis 1999. Toutefois, le G20 a suscité une attention accrue depuis l'émergence de la crise financière internationale à la fin 2008, de par l’importance des réunions organisées dans ce cadre et la portée de ses décisions économiques et financières. L’attention s’est également portée sur le rôle que joue le Serviteur des Deux Saintes Mosquées en raison de l’importance qu’il représente sur le plan politique et de la crédibilité qui lui est accordé au sein du monde arabe et du monde islamique. Le sommet de Londres avait d’ailleurs été la toile de fond de la fameuse rencontre entre S.M. le Roi Abdallah Bin Abdelaziz et le Président Barack Obama.

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