Un partenariat stratégique avec la France tourné vers l’UE
En déposant sa candidature officielle d’adhésion à l’UE, la Serbie a résolument accéléré son intégration européenne, faisant de la France son principal partenaire dans ce processus. Revenant sur les perspectives d’approfondissement des relations franco-serbes, S.E.M. Dusan Batakovic, Ambassadeur de Serbie en France, analyse également la volonté de Belgrade de s’affirmer comme un moteur de la stabilisation et de l’essor économique des Balkans occidentaux.
La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, lors de la visite officielle qu’il a accomplie à Paris les 28 et 29 mai 2009, le Président Boris Tadic a lancé avec le Président
Nicolas Sarkozy des négociations en vue de la conclusion d’un accord de partenariat stratégique entre la Serbie et la France. Pourriez-vous en décliner les grands axes ? Autour de quels projets phares pourrait-il s’articuler ?
S.E.M. Dusan Batakovic : Le document relatif au partenariat stratégique entre la Serbie et la France, à l’heure actuelle presque finalisé, est fondé sur l’amitié traditionnelle nouée entre nos deux peuples depuis la Grande guerre. Le projet couvre les relations politiques (notamment le soutien français pour notre adhésion à l’Union européenne), économiques et culturelles, incluant des chapitres sur la coopération dans d’autres domaines (énergie, écologie, défense, coopération scientifique et universitaire, santé,
sécurité et affaires intérieures).
Nos deux Etats ont convenu de promouvoir leurs relations bilatérales dans le cadre de l’Union européenne (UE). Comme l’a souligné le Président Nicolas Sarkozy lors de la visite à Paris du Président Boris Tadic en mai 2009, la France jouerait dans ce cadre le rôle de parrain de la Serbie pour son processus d’adhésion à l’UE. Le soutien français à Bruxelles s’est d’ailleurs d’ores et déjà révélé crucial pour la signature de l’Accord de stabilisation et d’association (ASA), l’entrée en vigueur de l’accord intérimaire de libre-échange et la libéralisation des visas – qui représentent autant d’étapes clé sur la voie européenne de notre pays.
Cet axe a été inscrit au cœur de la percée de la politique étrangère de la Serbie dans la zone européenne, compte tenu de notre engagement à poursuivre l’approfondissement de nos relations avec l’UE dans la perspective des prochaines étapes de notre intégration et dans le respect du poids de la France au sein de la famille européenne.
Un tel cadre politique, concrétisé au travers de programmes couvrant différents domaines, offrira une opportunité pour renforcer tous les aspects de la coopération avec la France, tout en préservant notre ligne stratégique centrale visant à faire de la Serbie un futur membre de l’UE. Les deux présidents en ont convenu lors de leurs dernières rencontres, en mai 2009 et en octobre 2008. Il a été prévu que ce document serait signé à l’occasion de la visite du Président Nicolas Sarkozy à Belgrade au cours de l’année 2010, comme l’a annoncé le Ministre des Affaires étrangères et européennes Bernard Kouchner, lors de sa visite en Serbie le 1er mars 2010.
L.L.D. : Prolongeant le cadre historique des relations franco-serbes, votre pays est devenu membre-observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en 2006. Comment cette appartenance se traduit-elle dans l’enseignement du français et la promotion de la culture francophone en Serbie ? Dans quelle mesure une adhésion pleine et entière de la Serbie à l’OIF serait-elle envisageable ?
S.E.M.D.B. : La culture française en Serbie relève d’une grande tradition. En 1914, les Français considéraient la Serbie comme « le pays le plus francophile du monde ». Cette tradition, sur décision de Tito, a été mise en sommeil durant la période communiste. Elle est, aujourd’hui, en train d’être renouvelée, comme en témoigne la création d’un lycée franco-serbe, récemment annoncée à Belgrade.
La participation de la Serbie aux travaux de la Francophonie est caractérisée par son attachement à ses valeurs fondamentales, tels la diversité culturelle et linguistique, le respect du droit international et la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme à travers le monde. Notre participation à l’OIF constitue un cadre excellent pour l’amélioration de nos relations, tant avec la France qu’avec un grand nombre de pays membres avec lesquels la Serbie aspire à établir un dialogue politique plus régulier.
De surcroît, nous sommes très intéressés par la promotion de l’apprentissage de la langue française au sein de nos écoles et de l’administration nationale, dans l’optique, entre autres, de consolider l’amitié traditionnelle que nous partageons avec la France et le haut niveau de nos échanges historiques sur le plan culturel.
Nos attentes sont de voir se concrétiser avec nos partenaires les initiatives et le potentiel existant dans la période à venir. La Serbie n’étant pas un membre de longue date de l’OIF, nous procédons encore à l’examen des moyens qui permettraient de valoriser les modalités de notre participation. Pour l’heure, une éventuelle modification de notre statut d’observateur n’est pas à l’ordre du jour. Dans tous les cas, la Serbie demeure très intéressée par le renforcement de la participation des pays observateurs aux institutions de la Francophonie et nous soutenons l’initiative qui a été lancée dans le cadre de l’Organisation, en faveur de leur développement.
L.L.D. : Illustrant la nouvelle dynamique insufflée à la coopération bilatérale, une Chambre de commerce franco-serbe a été inaugurée à Belgrade le 8 octobre 2009. Dans quels secteurs les échanges économiques entre les deux pays pourraient-ils être accrus ? Considérant le programme de développement des infrastructures lancé par le gouvernement serbe, comment décririez-vous les opportunités d’investissements des entreprises françaises en Serbie ?
S.E.M.D.B. : La Serbie accueille déjà d’importants investissements d’entreprises françaises, dont ceux de Lafarge, Michelin, Intermarché, Vinci Construction, JC Decaux, Le Bélier, Monsieur Bricolage ou Lohr. De nouveaux investissements ont également été annoncés entre autre par le groupe Atic services et Sagem. Les banques françaises sont en outre très bien positionnées, comme la Société Générale et le Crédit Agricole, tandis que BNP Paribas, par le biais de la banque Findomestic, est également présente dans notre pays.
En tout, ce sont environ 50 sociétés françaises qui sont enregistrées en Serbie. La France occupe, selon les données de la Banque nationale de Serbie, le 8ème rang des investisseurs étrangers, avec un stock d’investissements directs de 503,6 millions de dollars.
Il existe donc beaucoup d’espace pour
approfondir la coopération économique. Les domaines les plus prometteurs à cet égard sont ceux ayant trait aux investissements conjoints, aux transferts de technologie, à la coopération de production sur le long terme (en matière de mécanisation dans les secteurs de la construction et de l’agriculture), à la production d’électricité (50% de l’équipement installé en électricité de Serbie est d’origine française), à l’industrie d’armement, ainsi qu’aux opportunités de percée commune sur des marchés tiers.
S’agissant des transferts de technologie, EADS en représenterait la meilleure illustration. Par ailleurs, des négociations sont en cours avec Alstom Transport sur le futur métro de Belgrade. Veolia, qui est déjà présente dans la capitale serbe, et Saur ainsi que bien d’autres entreprises sont, quant à elles, dans une phase de recherche d’investissements dans les secteurs du traitement des eaux, de l’aménagement de décharges, de la rénovation de centrales hydroélectriques, etc.
Les opportunités sur le marché serbe sont aujourd’hui considérables, comme en témoignent les réalisations des investisseurs américains, allemands, italiens, autrichiens ou grecs. Les grands projets d’infrastructures comme les autoroutes, les secteurs de la construction, de la mécanisation ou du traitement des métaux attendent ainsi des propositions financières de partenaires potentiels français.
Pour notre part, nous exportons vers la France du fer, de l’acier, des produits métalliques et des métaux colorés, des fruits et légumes (les framboises serbes, notamment, qui sont considérées comme les meilleures au monde). Nous importons de France des véhicules automobiles, des machines industrielles, des produits médicaux et pharmaceutiques. En 2009, le total des échanges commerciaux entre la Serbie et la France s’est élevé à 775,7 millions de dollars, en recul par rapport à 2008 (-28,7%), en raison de l’impact de la crise économique globale, qui a néanmoins été atténué par l’exportation de produits agricoles serbes vers la France.
L.L.D. : Près de deux ans après la réélection du Président Boris Tadic, votre pays a déposé sa candidature officielle d’adhésion à l’Union européenne le 22 décembre 2009. Au regard des inquiétudes soulevées au sein des opinions publiques par un nouvel élargissement de l’UE, comment appréhendez-vous le lancement de négociations d’adhésion ? Quels atouts l’intégration de la Serbie à l’UE pourrait-elle apporter à la construction européenne, notamment en matière de lutte contre la criminalité ?
S.E.M.D.B. : La perspective européenne a été clairement définie comme la priorité stratégique du gouvernement serbe et du Président Boris Tadic. Elle a été réaffirmée par les décisions et les déclarations adoptées à l’occasion de plusieurs forums européens mais également d’entretiens bilatéraux ayant lieu régulièrement. Et c’est précisément grâce à ce cadre que les citoyens serbes lui ont apporté un soutien décisif lors des élections législatives de 2008.
Malgré quelques désaccords avec certains pays membres de l’UE, notamment en ce qui concerne le statut de la province serbe du Kosovo, placée sous tutelle de l’ONU, la perspective européenne constitue la force motrice principale du processus de réformes en Serbie, surtout après les grands défis ayant marqué les années 1990.
D’un autre côté, les progrès constants et durables de notre pays sont garantis par l’orientation démocratique et le programme résolument pro-européen du gouvernement serbe et du Président Boris Tadic, par nos capacités administratives ainsi que par le soutien de l’opinion publique (70% des Serbes sont en faveur de l’adhésion à l’Union).
Toujours est-il que la Serbie constate avec compréhension que l’UE entre, elle-même, dans une phase de stabilisation de ses institutions et d’adaptation au nouveau texte fondamental – le traité de Lisbonne –, qui devrait s’accompagner d’un effort de coordination entre les dépositaires des plus hautes fonctions européennes.
C’est d’ailleurs l’adoption du traité de Lisbonne qui a ouvert la voie à une stabilisation du système, nécessaire au renforcement de l’Union et de son efficacité politique, y compris dans la perspective des prochaines étapes de son élargissement. Avec une « infrastructure » administrative adaptée, la volonté politique du peuple et du gouvernement actuel, et après avoir réuni l’ensemble des conditions claires et connues, nous nous attendons à ce que la Serbie intègre la communauté européenne à laquelle elle appartient depuis toujours du point de vue géographique, historique et culturel. A cet effet, tout le potentiel de la Serbie sera mis au service de l’adaptation aux critères de Copenhague, contribuant ainsi à la réconciliation régionale et, fort de sa position au cœur des Balkans occidentaux, à une stabilité durable de la région.
L.L.D : Faisant suite à l’abolition du régime des visas pour les citoyens serbes, l’accord intérimaire de libre-échange entre la Serbie et l’UE est entré en vigueur le 8 décembre 2009. Comment évaluez-vous les effets de ces avancées sur le sentiment d’appartenance européenne de la population serbe ? Quelles opportunités l’accord intérimaire ouvre-t-il sur le plan des échanges économiques ?
S.E.M.D.B. : En apportant à l’Etat serbe la possibilité d’une interaction commerciale et de recourir à des facilités dans ce domaine (en tant que pays candidat potentiel), l’accord intérimaire de libre-échange a permis, après son entrée en vigueur, d’établir des liens économiques plus dynamiques entre Belgrade et Bruxelles.
Dès lors, l’ouverture du marché de l’UE d’une part (bien qu’il était déjà accessible, en grande partie, pour les produits serbes depuis l’an 2000) et, d’autre part, celle du marché serbe par étapes successives, requièrent une adaptation structurelle adéquate de notre économie aux conditions rigoureuses d’un marché concurrentiel. Il convient en outre de préciser que le gouvernement serbe a décidé en janvier 2009 de mettre en œuvre l’accord intérimaire de libre-échange (avant même la décision de l’UE, qui avait alors été repoussée) afin de montrer sa vocation à intégrer la communauté économique de l’UE dans les conditions actuelles ; ce, en dépit de la réduction conséquente de nos revenus budgétaires impliquée par cette initiative.
Outre les effets concrets de cet accord sur le plan économique, son intérêt symbolique est important pour l’opinion publique serbe, puisque la population peut ainsi percevoir les effets positifs de l’ouverture et de l’intégration à l’Europe. Cette décision ayant été prise peu après la libéralisation des visas, l’opinion publique serbe a pu ainsi avoir des preuves palpables de l’utilité de se rattacher à l’Europe. Elle est également essentielle pour le maintien de l’euro-enthousiasme, puisqu’il n’est pas toujours évident pour les gouvernements en transition de le préserver.
Sur le plan opérationnel, il faut souligner que la première réunion du Comité pour la mise en œuvre de l’accord intérimaire de libre-échange avec l’UE a récemment eu lieu. Il a été constaté de part et d’autre à cette occasion que la Serbie met en œuvre ledit accord avec succès depuis quatorze mois déjà (depuis janvier 2009) et que de bons résultats ont été obtenus notamment sur le plan des échanges de produits agricoles.
L.L.D. : La ratification de l’accord de stabilisation et d’association conclu par la Serbie en septembre 2008 reste suspendu à l’arrestation de Ratko Mladic et Goran Hadzic, inculpés de crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Compte tenu des progrès de la coopération entre votre pays et le TPIY, quelles nouvelles garanties votre pays serait-il susceptible d’apporter en vue d’accélérer son adhésion à l’UE ?
S.E.M.D.B. : La coopération pleine et entière avec le TPIY fait partie intégrante du programme du gouvernement serbe et il y reste pleinement attaché. Il l’a d’ailleurs démontré immédiatement après la mise en place du nouveau gouvernement serbe, en arrêtant et en transférant à La Haye l’un des principaux inculpés.
Dans la période qui a suivi, les décideurs politiques et les autorités compétentes serbes ont fait preuve de la même implication et rigueur dans le respect de leurs obligations, en déployant une volonté politique incontestable qui a été reconnue par leurs interlocuteurs et partenaires internationaux. C’est en ce sens que le procureur du TPIY, M. Serge Brammertz a souligné dans son dernier rapport que la Serbie se montrait coopérative, ce qui représente pour nombre de pays de l’UE l’évaluation la plus solide de notre engagement.
Tenant compte des efforts et du dévouement des autorités compétentes, les autorités serbes tenteront de démontrer aux partenaires européens l’importance de maintenir un rythme adéquat au processus d’intégration européenne, qui ne soit pas lié à la procédure d’instruction dont la durée est incertaine. Pour leur part, les services de sécurité serbes, comme ils l’ont déjà prouvé à de nombreuses reprises, continueront à travailler assidûment en concertation permanente avec les instances internationales, sur toutes les obligations à remplir.
L.L.D. : Ne reconnaissant pas l’indépendance du Kosovo, déclarée unilatéralement le 17 février 2008, votre pays a obtenu la saisine de la Cour internationale de Justice par l’ONU. Quelles sont vos attentes à l’égard de l’avis qu’elle devrait rendre prochainement ? Au regard de son caractère consultatif, quelle issue la diplomatie serbe préconise-t-elle au règlement de la question sur le statut définitif du Kosovo ?
S.E.M.D.B. : L’avis consultatif de la Cour internationale de Justice, qui est attendu au cours de l’année 2010, peut offrir un socle solide à la poursuite des pourparlers sur le statut de la province serbe du Kosovo (officiellement dénommée Kosovo et Metohija).
Les négociations sur son futur statut ont été unilatéralement interrompues en février 2008 avec la prétendue « indépendance surveillée du Kosovo », proclamée sans légitimité par les institutions provisoires sous domination albanaise. Cette indépendance autoproclamée et illégitime était contestée par les Serbes et d’autres groupes ethniques du Kosovo, tandis que le Parlement de Serbie a immédiatement annulé cet acte. Un tel discrédit du processus de négociations et l’infraction à la résolution 1244 en vigueur du Conseil de sécurité de l’ONU, ne peuvent servir de modèle au règlement des différends au sein de la Serbie et avec ses citoyens albanais du Kosovo.
L’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Etat relèvent des valeurs essentielles du droit international inscrites dans les documents fondamentaux de tous les organismes internationaux. La Serbie demeure déterminée à les défendre en ayant recours à tous les moyens juridiques, politiques et diplomatiques disponibles.
Tenant compte de l’argumentation produite devant la Cour internationale de Justice (CIJ), tout comme du solide fondement juridique sur lequel nous prenons appui, nous nous attendons à ce que cette dernière valide la nécessité de préserver les principes fondamentaux du droit international, et à ce qu’elle signale clairement l’illégalité de « l’indépendance » albanaise autoproclamée, qui constitue en l’occurrence une sécession d’une partie du territoire d’un Etat souverain et démocratique.
Un tel avis pourrait être confirmé par l’Assemblée générale de l’ONU, qui a saisi la CIJ, permettant d’ouvrir une nouvelle approche aux négociations, unique voie possible à une solution de compromis. La Serbie est déterminée à atteindre cet objectif et elle fera tout son possible pour aboutir, par des négociations directes, à une solution viable ainsi qu’à un compromis durable et mutuellement acceptable, favorisant le respect des droits de toutes les communautés ethniques du Kosovo.
Ce processus est d’autant plus important qu’à l’heure actuelle, la situation générale au Kosovo s’avère très difficile dans plusieurs domaines, au regard des problèmes de discrimination, de la violation drastique et systématique des droits de l’homme élémentaires des Serbes et d’autres communautés non-albanaises, mais aussi d’une situation économique tragique (45% des Albanais et 95% des Serbes étant au chômage), d’un niveau dévastateur de corruption, du trafic de stupéfiants et de la traite des êtres humains.
Par ailleurs, environ 60% de Serbes, 70% de Roms et 70% de Goranis (les Slaves islamisés), soit au total 250 000 personnes expulsées par les extrémistes albanais après juin 1999, sont toujours considérés comme des personnes déplacées en Serbie centrale. De plus, 150 églises serbes orthodoxes ont été détruites pendant la dernière décennie par les extrémistes albanais, tandis que les plus grands monastères serbes, y compris le Patriarcat de Pec, le siège historique de l’Eglise serbe, sont placés sous la garde des forces de la KFOR. Ces faits figurent au sein des rapports produits par la majeure partie des organisations internationales présentes sur place. L’intérêt partagé est aujourd’hui d’aboutir à un accord commun sur cette province serbe du sud et de retrouver la voie du progrès vers l’UE dans la période à venir.
L.L.D. : Mise en place depuis le 9 décembre 2008, la Mission européenne de police et de justice au Kosovo (EULEX) a conclu avec votre pays un accord de coopération policière le 11 septembre 2009. Comment cette coopération se déroule-t-elle ? Quelle est votre appréciation des réactions qu’elle suscite au sein de la population kosovare ? Plus largement, comment Belgrade conçoit-elle ses relations avec les autorités du Kosovo ?
S.E.M.D.B. : Notre pays a accepté la mission EULEX afin d’améliorer la vie de tous les habitants dans notre province méridionale y compris celle des Albanais qui viennent souvent à Belgrade pour se soigner dans les hôpitaux ou vaquer à des activités commerciales. Les domaines de la justice et de la police sont très importants, compte tenu des crimes commis par les extrémistes albanais contre les Serbes et les minorités non-albanaises durant la dernière décennie et qui n’ont pas été sanctionnés. En revanche, EULEX doit rester neutre quant au statut du Kosovo, et Belgrade insiste sur les termes de l’accord mutuel concernant cette question.
L.L.D : 2010 marquera le dixième anniversaire de la chute du régime de Slobodan Milosevic. Comment analysez-vous les fragilités persistant dans les Balkans et les risques d’une résurgence des nationalismes ayant bouleversé la région ? Comment percevez-vous la contribution du Conseil de coopération régionale, institué en février 2008, au resserrement des liens entre les pays des Balkans ?
S.E.M.D.B. : A l’issue de cette dernière décennie, et abstraction faite de quelques exceptions, la région des Balkans occidentaux, qui était en guerre jusqu’à une période récente, est parvenue à une stabilisation générale évidente. Elle s’accompagne également d’une amélioration des relations en son sein et d’une orientation globale des peuples vers la communauté européenne.
L’exception la plus marquée réside aujourd’hui dans l’instabilité durable du Kosovo, avec de graves crimes impunis liés notamment aux événements de mars 2004 mais qui s’étaient déjà produits depuis 1999. Cette situation s’est trouvée aggravée par l’acte illégal de février 2008. Le processus de négociations a été interrompu et contrairement à la résolution en vigueur de l’ONU, « l’indépendance du Kosovo » a été autoproclamée. Un tel acte unilatéral et illégal ne peut certes contribuer à l’apaisement, bien au contraire.
La Serbie a cependant réagi de la manière la plus adéquate (c’est-à-dire pacifique, politique et diplomatique), sans avoir recours à la force et aux menaces qu’elle considère comme ne figurant plus parmi les moyens valables pour régler les différends dans les Balkans, tout comme en Europe. A cet égard, la mise en œuvre constante des principaux axes de notre politique étrangère engendre certains effets sur le plan de la coopération avec les pays de la région qui ont eu, par le passé, des comportements menaçant directement la préservation de notre intégrité territoriale sur laquelle nous continuons à mettre l’accent. Parallèlement au règlement de cette question essentielle, la Serbie essaie cependant de développer à l’échelle internationale, y compris par le biais des organes de l’ONU, les meilleures relations possibles avec tous les pays de la région.
Cette vocation est illustrée notamment par les résultats acquis en matière de coopération économique et son amélioration dans le cadre de l’accord CEFTA et du Conseil de coopération régionale. En outre, la position géographique centrale de la Serbie dans la région et ses atouts dans certains secteurs d’activité lui confèrent un rôle moteur dans le développement et le renforcement de ses liens économiques, culturels et même politiques.
A titre d’exemple, les consultations trilatérales entre la Serbie, la Turquie et la Bosnie-Herzégovine au niveau ministériel, abordent de manière responsable et raisonnable des questions régionales. Il s’agit notamment des relations délicates en Bosnie-Herzégovine, à propos desquelles sont mises en exergue des solutions conjointes et coordonnées aux questions ouvertes sur le fonctionnement du pays, dont les spécificités de l’histoire récente et de la structure administrative actuelle doivent être respectées.
L.L.D. : Le Président Boris Tadic a invité son homologue Ivo Josipovic, élu Président de la Croatie le 11 janvier 2010, à œuvrer de concert en vue de « transformer les Balkans occidentaux en une zone de stabilité ». Au-delà du contentieux juridique serbo-croate, comment envisagez-vous l’instauration d’une véritable réconciliation entre les deux pays ? Quelle est votre vision de l’impasse des négociations organisées sous l’égide de l’UE sur une réforme de la Constitution de Bosnie-Herzégovine ?
S.E.M.D.B. : Le Président serbe Boris Tadic a fait preuve à plusieurs reprises de bonne volonté et de disponibilité en vue d’améliorer, tant au niveau symbolique que politique, les relations avec tous les pays limitrophes, notamment la Croatie, constatant que les deux pays déterminent de manière décisive les orientations politiques centrales dans la région.
Malgré un héritage historique complexe, la première décennie du XXIème siècle a permis d’accomplir un grand pas en avant dans ces relations ; ce, même si un certain nombre de questions demeurent non résolues. Il s’agit du retour des réfugiés (sur 97 000 réfugiés en Serbie, 75% proviennent de Croatie), la restitution des avoirs (plus de 42 000 cas), la définition de la frontière (notamment celle du Danube) et surtout les plaintes portées devant la CIJ de La Haye.
Or, bien que la partie serbe ait manifesté sa disponibilité à tourner la page sur le passé, et que les deux pays partagent des besoins communs et une même aspiration européenne, la proposition de retirer ses plaintes n’a pas été entendue par la Croatie jusqu’à présent. Pourtant, avec le changement de l’exécutif croate et certains signaux encourageants, la Serbie attend que des discussions ouvertes soient amorcées sur ce sujet et d’autres, en vue de convenir par le dialogue de la nécessité de retirer les plaintes, de redéfinir nos relations dans une perspective européenne et de concrétiser les projets communs d’intérêt régional.
En ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, la Serbie soutient fermement sa souveraineté, tout en insistant sur le respect des droits de la République Srpska, garantis par le traité de Dayton. Figurant parmi les parties garantes de ce traité, nous accepterons toutes modifications auxquelles consent la République Srpska dans le cadre de pourparlers directs sur les relations constitutionnelles avec ses partenaires au sein de la Bosnie-Herzégovine. Cet accord ne doit pas, en revanche, modifier la nature constitutionnelle de la République Srpska ni son statut en tant qu’entité coexistant sur un pied d’égalité avec les autres composantes de la Bosnie-Herzégovine.
L.L.D.: Dix ans après l’intervention de l’OTAN dans les Balkans, le Vice-Président américain Joe Biden, en visite officielle à Belgrade le 21 mai 2009, a proposé d’établir une « nouvelle relation » entre votre pays et les Etats-Unis. Comment le désaccord sur l’indépendance du Kosovo pourrait-il être surmonté ? Dans quels domaines la coopération entre Belgrade et Washington est-elle susceptible d’être renforcée ?
S.E.M.D.B. :
La visite récente du Vice-Président des Etats-Unis a marqué une nouvelle étape dans les relations que nous entretenons avec cette grande puissance, qui est aussi un partenaire, dont la présence et l’importance pour la Serbie, la région et l’Europe conservent un très haut degré.
La promotion des relations à tous les niveaux avec les Etats-Unis relève de l’intérêt essentiel de la Serbie, parallèlement à son rapprochement avec l’UE, ainsi qu’au renforcement des liens étroits noués avec la Russie et la Chine.
En dehors de la question du Kosovo sur laquelle il existe un désaccord essentiel avec Washington, les domaines propices à la promotion de nos relations couvrent la coopération militaire, les investissements des sociétés américaines dans l’économie serbe, les échanges culturels et universitaires. Nous estimons, par exemple, à près de 1,5 milliard de dollars les investissements réalisés par des groupes américains en Serbie au cours de la période postérieure aux changements démocratiques, favorisant l’emploi de 8 000 personnes.
Il faut également rappeler que notre pays est en train d’intégrer certains programmes du Partenariat pour la Paix et, qu’en outre, la neutralité militaire reste pour elle un choix durable. La Serbie fait également preuve de maturité dans l’approche des différends régionaux, à commencer par le contentieux qui l’intéresse au premier chef, lié à la question du Kosovo. La vision pacifique et démocratique du règlement qu’elle préconise offre un nouvel exemple dans les Balkans et dans les pays voisins, notamment en Bosnie-Herzégovine (avec la République Srpska comme entité créée par le traité de Dayton) où la Serbie a, par ailleurs, agi et continuera d’agir en voisin constructif et actif.
Une telle approche de principe, tout comme le changement radical dans les modalités de règlement des désaccords dans les Balkans – le passage du langage des armes à l’emploi raisonnable des moyens juridiques au sein des principales organisations internationales – a permis à la Serbie de poursuivre l’établissement sans entraves de relations avec de grands et puissants pays, qui sont nos alliés historiques.
Il ne faut jamais oublier à cet égard que le Royaume de Serbie et les Serbes de Yougoslavie furent des alliés héroïques des Etats-Unis et de la France durant les deux guerres mondiales – payant un énorme prix en terme de victimes humaines, pour la défense des mêmes idéaux et pour lutter contre les mêmes ennemis. Lorsque nous parlons des rapports avec les Etats-Unis, il faut tenir compte du fait qu’il est difficile pour l’administration américaine de se libérer d’un paradigme politique selon lequel les relations des Etats-Unis avec la Serbie demeurent marquées par dix années de rapports avec le régime dictatorial de Slobodan
Milosevic dans les années 1990 ; période dont le point culminant a été atteint avec les frappes aériennes de l’OTAN sur la Serbie en 1999.
Depuis le 5 octobre 2000 et le renversement pacifique du régime de Milosevic par les citoyens serbes eux-mêmes, la donne a radicalement changé – ce que nous tentons précisément d’expliquer et de démontrer à nos partenaires américains mais aussi européens. Le Vice-Président Biden a très bien compris notre tentative.
Mais l’établissement « de nouvelles relations » constitue également un processus à double sens – a two-way street, comme aiment à le dire les Américains –, qui requiert un effort sincère des deux côtés. La Serbie a jusqu’ici établi des relations de sécurité et de défense très sérieuses avec les Etats-Unis. Depuis 2006, une coopération a été mise en place avec la Garde nationale de l’Ohio. Le Sénateur américain d’origine serbe de l’Ohio, George V. Voinovich, a d’ailleurs joué un rôle de poids dans l’établissement de ces liens, qui comprennent des exercices communs, des actions de formation, des échanges d’expérience et même une coopération entre les citoyens etc.
Vous avez peut-être également entendu parler des succès dans la coopération entre la BIA serbe (Agence de sécurité et de renseignements) et le DEA américain (Drug Enforcement Agency). Avec l’opération« Guerrier des Balkans » mise en œuvre sur plusieurs années, elles sont ainsi parvenues à interrompre l’une des plus importantes chaînes de trafic de stupéfiants et à saisir 2 100 kilos de cocaïne. De telles opérations ainsi que la coopération en matière de lutte contre le terrorisme international se poursuivent quotidiennement. Par leurs résultats concrets et quantifiables, elles contribuent à rétablir la confiance qui a été perdue des deux côtés à la fin du siècle dernier.
L.L.D. : Membre du Partenariat pour la Paix (PPP) de l’OTAN depuis 2006, votre pays a présenté son premier programme de partenariat individuel (IPP) début 2009. Quelles sont les perspectives d’un approfondissement de ces liens ? Quelles sont les implications de l’élargissement de l’Alliance atlantique à la Croatie et à l’Albanie pour le positionnement géopolitique de la Serbie et, plus globalement, des Balkans ?
S.E.M.D.B. : Les relations de la Serbie avec l’OTAN sont entachées par les événements tragiques de 1999. Mais comme tous les Etats qui ont participé au Partenariat pour la Paix (PPP), la Serbie s’est rendue compte que l’OTAN, à travers ce programme, offre des mécanismes spécifiquement développés et des « outils » pour la réforme du secteur de la défense.
En tentant de mettre en place des institutions démocratiques, un contrôle civil démocratique des forces armées, mais aussi un système de défense adéquat et capable de répondre aux défis actuels de la sécurité et de la stabilité dans les Balkans occidentaux, la Serbie a fait le choix d’une coopération pragmatique avec l’OTAN.
Cette coopération a débuté en 2004 avec le premier programme TCP (Tailored Cooperation Program), prorogé par le deuxième cycle TCP durant la période 2005-2006, jusqu’à l’invitation à intégrer le PPP, lors du sommet de l’OTAN de Riga en 2006. La coopération à travers le TCP était plus profonde et plus diversifiée que la coopération dont jouissaient certains membres du PPP, et sa réalisation a contribué à la réforme de notre système de défense, avant même l’adhésion de la Serbie au PPP.
Comme vous pouvez le remarquer, la Serbie a non seulement présenté son premier programme de partenariat individuel (IPP) fin 2008, mais elle a également présenté en novembre 2009 le deuxième IPP pour la période 2010-2011. Ce deuxième cycle IPP est beaucoup plus adapté aux besoins concrets de la Serbie. S’il est de moindre teneur par rapport au premier, les domaines thématiques sont beaucoup plus approfondis. Le 31 octobre 2008, la Serbie a signé avec l’OTAN l’accord relatif à la sécurité, qui sous-entend l’adoption de nouvelles lois, de changements institutionnels considérables, la mise en place de nouveaux corps dans les secteurs de la sécurité et de la défense – comme le Conseil de sécurité nationale et l’organisme national de sécurité qui établit les certifications des personnes susceptibles de recevoir et d’utiliser les renseignements confidentiels de l’OTAN. Nous envisageons désormais, en novembre ou en décembre 2010, la présentation de notre premier plan d’action de partenariat individuel (IPAP).
Cependant, la Serbie considère que les activités de l’OTAN, à travers la KFOR, concernant la formation des KSF (forces de sécurité du Kosovo) et le développement des institutions de sécurité sur cette partie du territoire de la République de Serbie qui s’est autoproclamée indépendante, représentent un grand péril pour l’aboutissement avec succès du processus de stabilisation de la sécurité dans la région.
En vertu de la Résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, l’OTAN n’est, en effet, pas mandatée pour former des forces de sécurité. Selon cette même résolution, seule la présence des forces armées internationales mandatées par l’ONU est autorisée sur le territoire de la province sud de la République de Serbie, le Kosovo. De plus, la mise en place de la KSF constitue l’octroi par l’OTAN (par le biais de la KFOR) d’un élément supplémentaire à la qualité d’Etat à laquelle prétendent les autorités provisoires du pouvoir albanais au Kosovo et Metohija, qui se sont autoproclamées indépendantes. Or, l’OTAN a, elle-même, défini un principe de neutralité quant à la question du statut du Kosovo, au regard de la proclamation unilatérale de son indépendance. La mise en place et le développement de la KSF – des forces armées de fait – pour lesquelles il s’avère de plus en plus qu’elles sont mono-ethniques, dans l’espace multi-ethnique des Balkans occidentaux, émet un message extrêmement négatif aux communautés minoritaires, compte tenu des expériences tragiques vécues par les Serbes, mais également les Albanais dans un passé récent.
L’établissement de la confiance et l’approfondissement des rapports tant avec l’Alliance atlantique, qu’au sein de la région, n’a pas d’alternative. Mais pour parvenir à instaurer la confiance, il est nécessaire que chaque partie apporte son soutien à ce processus dans un bon état esprit et dans le respect mutuel, tout comme dans le respect des normes internationalement reconnues.
L.L.D. : Qualifiée d’« historique », la visite officielle du Président Dimitri Medvedev en Serbie le 20 octobre 2009 s’est traduite par une consolidation des liens économiques serbo-russes. Quels sont les enjeux de la coopération énergétique lancée entre les deux pays et, plus particulièrement, de la participation de la Serbie au projet de gazoduc Southstream ? Au-delà, quel rôle la Serbie peut-elle jouer en faveur du dialogue entre l’Europe et la Russie ?
S.E.M.D.B. : Les relations entre la Serbie et la Russie sont traditionnellement excellentes. Elles ont acquis dans la période la plus récente de nouvelles dimensions de qualité sur les sujets politiques et économiques actuels d’intérêt mutuel. Tout d’abord, la Russie s’est illustrée comme une protectrice résolue des principes du droit international à l’ONU, insistant sur le respect des résolutions et, par ailleurs, de l’ensemble des principes fondamentaux de cette organisation internationale.
Cette approche responsable revêt un très grand intérêt pour la Serbie en ce qui concerne la défense de l’intégrité du territoire national, principe garantissant la paix, la stabilité et le respect de l’ordre juridique dans le cadre des relations internationales actuelles.
En outre, les contrats passés et prévus entre les deux pays dans le domaine de l’énergie jettent une base solide pour une coopération économique à long terme, d’importance majeure pour le modeste partenaire que nous sommes. L’accord sur le gazoduc Southstream revêt ainsi une portée stratégique pour notre pays, en ce sens qu’il permet d’assurer à long terme l’intérêt vital de notre approvisionnement en gaz. Les sociétés françaises également intéressées par ce gazoduc ont bien compris l’intérêt de prendre part aux projets énergétiques de ce genre.
Par ailleurs, la coopération également annoncée entre les deux pays dans le domaine de l’industrie militaire s’inscrit dans le sillage de notre vision d’intégrer ce grand partenaire dans le cadre de projets globaux et d’intensifier les liens de coopération dans le monde de l’après-Guerre froide, où une approche commune améliorée des défis de sécurité globale devient irremplaçable.
L.L.D. : Vingt ans après la fin de la guerre froide, votre pays aspire à accueillir le sommet du Mouvement des Non-Alignés en 2011. Comment définirez-vous le concept de non-alignement à l’heure où les grands pays émergents (BRIC) semblent vouloir affirmer une autre vision de la mondialisation ? A la lumière du partenariat stratégique envisagé avec la Chine, à travers quelles autres initiatives la Serbie entend-elle s’inscrire dans ce processus de redéfinition des équilibres de la gouvernance mondiale ?
S.E.M.D.B. : Le Mouvement des Non-Alignés qui a connu son apogée durant la Guerre froide, constitue aujourd’hui encore une organisation internationale de poids. Elle permet de maintenir une dynamique favorisant les relations entre pays qui tentent d’occuper une place plus importante sur la scène internationale.
La promotion de la paix et du non-alignement au sein d’organisations de défense, l’emploi d’une approche pacifique du règlement des différends sur la scène internationale représentent des principes majeurs des pères-fondateurs du Mouvement. Ceux-ci ont conservé leur force d’attraction, même si le contexte a complètement été modifié.
Il faut ajouter qu’un nombre important de pays-membres du Mouvement des Non-Alignés soutiennent le principe, relevant du droit international, de la sauvegarde de l’intégrité territoriale de la Serbie. Notre pays exprime à cet égard toute sa reconnaissance et son estime.
Prenant en considération ces différents éléments et le fait que la Conférence fondatrice du Mouvement s’était tenue précisément à Belgrade en 1961, la Serbie propose de marquer symboliquement un demi-siècle d’histoire depuis sa création.
Le Mouvement des Non-Alignés pourrait saisir cette occasion pour réaffirmer son attachement ainsi que celui de la Serbie, en tant que pays-observateur, aux principes fondamentaux des relations internationales. Nous espérons donc que le prochain sommet des Non-Alignés aura lieu à Belgrade, en 2011, à l’occasion du 50ème anniversaire de la fondation de ce mouvement politique majeur.
|