Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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  M. Renaud Soufflot de Magny

L’Europe, grands enjeux et proximité

 

Par M. Renaud Soufflot de Magny,

Chef de la Représentation en France de la Commission européenne f.f.

 

L’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre 2009, a clos un long chapitre au cours duquel le débat institutionnel, important mais parfois ésotérique pour les citoyens, a pu occulter les résultats de la construction européenne. L’ambition de ce texte est de rendre l’Union européenne à la fois plus démocratique et plus efficace.

L’Europe a désormais de nouveaux visages : au Président de la Commission José Manuel Barroso en fonction depuis 2005 et au Président du Parlement européen Jerzy Buzek élu en juillet 2009, il faut désormais ajouter le Président « stable » du Conseil européen, Herman Van Rompuy, désigné par les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement pour un mandat de deux ans et demi, et la Haute Représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Catherine Ashton. A leur côté, la Présidence tournante continuera à jouer son rôle. Cette pluralité même est le signe d’une certaine séparation des pouvoirs qui n’empêche évidemment pas la coopération et les synergies entre les différentes institutions.

Le traité renforce le rôle du Parlement européen, qui se voit confier de nouveaux pouvoirs en matière de législation, de budget et d’accords internationaux, mais aussi celui des parlements nationaux dans le contrôle du respect du principe de subsidiarité. Par ailleurs, il introduit une nouveauté, le droit d’initiative citoyenne qui donnera la possibilité aux Européens, sous certaines conditions, de demander à la Commission de présenter une proposition législative. Le vote à la majorité qualifiée est étendu à de nouveaux domaines politiques (immigration et culture, par exemple) et à compter de 2014, le principe de la double majorité sera appliquée : pour être adopté, un texte devra obtenir l’assentiment d’au moins 55% d’Etats membres réunissant au moins 65% de la population de l’Union.

En rendant les institutions européennes plus efficaces, le traité de Lisbonne va permettre à l’Union européenne de se concentrer sur ses priorités. A court terme, celles-ci sont bien évidemment marquées par la nécessité de garantir une sortie de crise efficace et de renouer avec la croissance et des taux de chômage plus faibles, tout en assurant un rééquilibrage des finances publiques.

A plus long terme, ainsi que l’a souligné le Président Barroso lors de son audition au Parlement européen en septembre 2009, la Commission européenne veut que l’Europe reste à la pointe de la lutte contre le changement climatique, développe de nouvelles sources de croissance et de cohésion sociale, investisse dans la recherche et l’innovation, modernise l’éducation et la formation et lutte contre la pauvreté. Ces objectifs s’inscrivent dans la Stratégie « Europe 2020 », qui prend le relais de la Stratégie de Lisbonne arrivée à échéance cette année.

A moyen-long terme, un autre objectif de l’Union européenne est de devenir un acteur de poids sur la scène internationale, capable d’exercer une influence en profondeur et de gérer efficacement les situations de crise. Le Haut Représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, également Vice-Président de la Commission, devra donner davantage de cohérence et de visibilité à l’action extérieure de l’Union.

Pour mener à bien cette mission, Lady Ashton sera aidée d’un Service européen pour l’Action extérieure (SEAE) qui constitue un modèle sans précédent dans l’histoire des relations internationales. En son sein, les fonctionnaires provenant de la Commission européenne et du Conseil côtoieront des diplomates issus des Etats membres, aux traditions et aux cultures politiques diverses. La mise sur pied de ce service ne sera pas chose aisée, mais elle créera progressivement une culture commune et elle devrait constituer d’ici quelques années un levier essentiel permettant à l’Europe de s’affirmer avec force dans la marche du monde.

En tant que Représentation de la Commission européenne dans un Etat membre, notre rôle est de participer aux priorités politiques fixées par le Collège, en facilitant les échanges d’information. Notre rôle s’apparente à celui d’une Ambassade en ce sens que nous informons le Collège et les services de la Commission sur les développements politiques, économiques et sociaux en France : à la mission classique d’intelligence politique s’ajoute une analyse quotidienne des médias et un suivi régulier de l’opinion publique. Ces éléments sont particulièrement utiles lors des visites des membres du Collège dans l’Hexagone : la France est le pays dans lequel ceux-ci se rendent en plus grand nombre, avec environ 150 visites de commissaires par an.

L’autre volet consiste à informer les médias et les citoyens sur les politiques et les priorités de la Commission. Ceci prend des formes diverses : organisation de grands débats dans le cadre de notre « Cercle de réflexion », conférences de presse, diffusion de communiqués, actions de communication dans le cadre d’un partenariat de gestion avec les autorités françaises, participation à des événements comme le 9 mai (Journée de l’Europe), sensibilisation des publics jeunes, site web*, etc. Nous veillons en permanence à rester au plus près du terrain, notamment à travers notre lettre d’information L’Europe en France (diffusée entre autres auprès de tous les maires de France) et grâce aux 54 centres d’information « Europe Direct » répartis sur tout le territoire.

Pour ce faire, nous travaillons, autant que possible, main dans la main avec nos collègues du Bureau d’information du Parlement européen. Ensemble, nous nous efforçons de relever ce double défi : expliquer pourquoi la construction européenne représente un atout face aux défis planétaires, tout en montrant en quoi elle a un impact, au quotidien, sur la vie des citoyens. Ceux-ci peuvent alors s’approprier un débat européen peut-être trop longtemps réservé aux élites. Si le projet européen, de par sa nature même, est inédit et complexe, il ne faut pas oublier, comme aime à le rappeler le Président Barroso, que « l'Europe, c’est nous tous ».

 

* http://ec.europa.eu/france

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