Le partenariat franco-indien face aux défis du XXIème siècle
Avec la visite en France du Premier ministre indien Manmohan Singh le 29 septembre 2008, l’Inde et la France ont franchi une nouvelle étape dans leur partenariat, dans des domaines stratégiques comme l’énergie nucléaire, l’espace et la défense mais aussi en matière d’éducation. Ambassadeur de l’Inde en France, S.E.M. Ranjan Mathai resitue pour nous la portée de ces différents accords de coopération dans la dynamique d’intensification des relations indo-européennes.
La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, le Premier ministre indien Manmohan Singh a effectué une visite officielle à Paris cet automne, soit quelques mois après la visite d’Etat du Président français Nicolas Sarkozy en Inde du 24 au 27 janvier 2008. Comment décririez-vous la nouvelle dynamique impulsée au partenariat stratégique scellé entre les deux pays en 1998 ?
S.E.M. Ranjan Mathai : Le Premier ministre de l’Inde s’est rendu en France les 29 et 30 septembre 2008, d’abord à Marseille pour le Sommet UE-Inde et puis à Paris pour le sommet bilatéral. Cette visite et les interactions avec le Président français ont assuré la continuité du dialogue privilégié que nous entretenons, afin de faire avancer le partenariat stratégique entre nos deux pays. Nous coopérons dans de nombreux domaines d’envergure et nous avons des échanges de vues réguliers sur les questions internationales et régionales. Nous allons faire progresser notre coopération bilatérale dans des domaines tels que la défense, l’espace, l’énergie y compris l’énergie nucléaire civile et la science et technologie.
L.L.D. : Le sommet UE-Inde s’est tenu le 29 septembre 2008 sous l’égide de la présidence française du Conseil européen. Quelles opportunités ce sommet a-t-il ouvert pour intensifier le partenariat entre New Delhi et Bruxelles notamment dans les domaines du commerce, de l’énergie et du dialogue politique ?
S.E.M.R.M. : Le sommet du 29 septembre 2008 a représenté un important jalon dans l’évolution des relations de l’Inde avec l’UE. L’UE constitue l’un de nos partenaires commerciaux les plus importants, avec qui nous entretenons un dialogue exhaustif sur une très large gamme de questions. Nous espérons progresser vers un accord élargi sur le commerce et l’investissement, de nouveaux programmes pour des échanges dans les domaines de l’éducation et de la culture et un programme de travail conjoint sur l’énergie. Dans le domaine de l’éducation, davantage de progrès pourraient être accomplis si certaines règles étaient assouplies et rendues cohérentes. Des étudiants indiens qui viennent en Europe découvrent, par exemple, qu’ils ne peuvent pas participer à des programmes de l’UE qui impliquent de voyager dans plus d’un pays car les règles concernant les visas ne sont pas les mêmes dans tous les pays de l’UE.
L.L.D. : La France a affiché sa volonté de doubler ses échanges avec l’Inde pour les porter à 12 milliards d’euros à l’horizon 2012. A l’image du secteur ferroviaire, dans quels secteurs d’activité votre pays serait-il désireux de voir les entreprises françaises renforcer leur présence sur le marché indien ? Au-delà, quelles synergies de coopération l’Inde compte-elle promouvoir avec la France en matière de transfert de technologie et de formation dans des domaines tels que l’éducation, la santé et la recherche scientifique ?
S.E.M.R.M. : Au cours de la visite du Président Sarkozy en Inde en janvier 2008, il a été décidé de multiplier par deux le commerce bilatéral pour atteindre 12 milliards d’euros d’ici 2012. Nos échanges augmentent actuellement de plus de 25% par an. Nous pouvons atteindre notre objectif ; peut-être faut-il être plus ambitieux.
Des entreprises françaises répondent activement aux appels d’offre pour saisir de nouvelles opportunités dans le secteur ferroviaire indien ; nous allons construire de nouvelles usines pour fabriquer des wagons, des locomotives et du matériel roulant ferroviaire dans les prochaines années. Des entreprises françaises peuvent également jouer un rôle dans la modernisation des gares et en matière de conseil en vue d’introduire des trains à grande vitesse dans notre pays.
L’Inde et la France se sont toutes les deux engagées pour augmenter les synergies de coopération dans les domaines de l’éducation, la recherche scientifique et la santé. Nous disposons à cet égard d’un Centre franco-indien pour la promotion de la Recherche avancée qui a soutenu 400 collaborations dans la recherche, la mise en place d’ateliers, d’échanges etc. Nous envisageons aujourd’hui d’autres projets. Un Consortium franco-indien des universités sera notamment instauré pour contribuer à accroître les projets de coopération dans l’enseignement supérieur. Le Conseil indien pour la Recherche médicale et son homologue français, l’Inserm, travaillent sur de nouvelles initiatives pour la coopération dans les domaines tels que la neurologie, les vaccins, etc.
Dans les années à venir, nous espérons que l’éducation, la recherche scientifique et la culture deviendront les domaines les plus importants de notre interaction et ils créeront des liens de longue durée entre les populations des deux pays.
L.L.D. : Affichant une croissance de plus de 8% en moyenne par an depuis cinq ans, l’économie indienne a développé son savoir-faire dans des secteurs à forte intensité en capital humain. Comment votre gouvernement entend-il soutenir l’affirmation de l’Inde comme un nouveau pôle mondial de recherche et développement ? Au regard du refus de votre pays d’appliquer des limites quantitatives aux émissions de gaz à effet de serre, comment le développement durable est-il pris en compte dans sa stratégie d’industrialisation ?
S.E.M.R.M. : L’histoire de la croissance indienne au cours des dernières décennies est riche en enseignements. Depuis 2005, nous avons maintenu un taux de croissance de plus de 8% et comme vous l’avez peut-être deviné, cette dynamique a créé de nouvelles demandes en ressources humaines. Le gouvernement a mis en place une Commission de la Connaissance qui a identifié les besoins du secteur manufacturier, soulignant le fait que le secteur des services était par définition, basé sur la connaissance.
Pour l’avenir, le gouvernement reconnaît clairement que l’éducation et la santé représente des domaines de haute priorité. Les ressources attribuées à l’éducation ont sensiblement augmenté au cours des cinq dernières années et elles sont utilisées pour renforcer l’enseignement de base et l’enseignement primaire, ainsi que pour développer les instituts d’enseignement supérieur et la recherche. Dans le budget 2008 du gouvernement indien, plus de 6 milliards d’euros ont été attribués à l’éducation. C’est la connaissance qui sera le moteur de la réussite au 21ème siècle, et donc, les efforts en vue de l’expansion de l’enseignement, de la recherche et développement, etc. vont encore augmenter au cours des cinq prochaines années avec des investissements provenant de sources publiques et privées.
En ce qui concerne votre deuxième question, l’Inde a accepté les engagements pris sous la Convention-cadre sur les changements climatiques (CCNUCC) et d’autres accords internationaux tels que celui de Bali. Le Premier ministre a également promis que nos émissions par habitant ne dépasseraient jamais celles du monde développé. Pour nous en Inde, l’éradication de la pauvreté par le biais d’un développement accéléré demeure une priorité nationale urgente. Nous reconnaissons cependant le besoin de durabilité. Nous avons adopté un Plan d’action national sur le changement climatique. L’Inde a mis en œuvre, de longue date, des programmes gouvernementaux pour le développement des énergies renouvelables et nous sommes l’un des plus importants producteurs d’énergie éolienne. Nous pensons qu’il faut davantage de coopération internationale afin d’assurer le financement et le transfert de technologies concernant de nouvelles sources d’énergie, leur mise en œuvre industrielle et les processus utilisant peu de carbone. A l’image de la communauté internationale qui a pris des mesures spéciales afin d’affronter la crise du SIDA/VIH, nous avons besoin d’une approche similaire pour amorcer une transition vers une nouvelle ère énergétique.
L.L.D. : Placé au cœur de la loi de finances présentée en février 2008, le développement du monde rural demeure un défi structurel pour l’Inde, d’autant que le secteur agricole emploie plus de 50% de la population active mais ne génère que 20% du PIB. Quelles sont les principales orientations préconisées pour faire face à la « crise des campagnes », illustrée par le surendettement des petits agriculteurs, et plus globalement aux disparités de développement ?
S.E.M.R.M. : La production alimentaire de l’Inde a augmenté sensiblement au cours de cette décennie. Pourtant, il est vrai que la croissance agricole est en retard sur le secteur industriel et les services en Inde. Ce décalage a créé des difficultés que le gouvernement est en train d’affronter. Les banques rurales régionales et certaines banques du secteur public augmentent le crédit agricole et mettent en œuvre des programmes d’assurances sur les récoltes. Nous développons également de nouveaux projets d’irrigation et la diversification des cultures, tout comme nous encourageons l’horticulture et la production laitière. Actuellement, nous sommes en train d’effacer les dettes des petits agriculteurs pour un montant de plus de 12 milliards d’euros. A long terme, nous devons créer de nouveaux emplois dans des secteurs non-agricoles des régions rurales. En 2007, un Programme national de garantie de l’emploi a été lancé pour les régions rurales. Actuellement, il est étendu à l’ensemble des 596 districts ruraux du pays. Sous l’égide du Programme « Bharat Nirman » (Développer l’Inde), nous construisons de nouvelles routes, des lignes électriques et de nouveaux liens de télécommunication, ainsi que des réseaux d’eau potable et d’autres services.
L.L.D. : Lors des négociations qui se sont achevées en juillet 2008 à l’OMC sur la libéralisation des échanges mondiaux, l’Inde s’est à nouveau posée en chef de file des pays dits du Sud. Comment appréhendez-vous les critiques faites aux pays en développement d’entraver l’accès à leur marché et, à l’inverse, la position des grands pays producteurs de biens agricoles ?
S.E.M.R.M. : J’étais Ambassadeur de l’Inde à Doha en 2001 lorsque le cycle multilatéral des négociations commerciales de Doha a été lancé. C’était à l’origine « un cycle de développement ». Par définition, le Cycle de l’OMC de Doha doit tenir compte des préoccupations des pays en voie de développement, afin de remplir le mandat central que lui ont confié les ministres du Commerce à Doha en 2001. Soixante pour cent de la population de l’Inde vit dans des régions rurales et assurer leur subsistance constitue notre principal objectif. C’est dans ce contexte que l’Inde a adopté la position qui est la sienne aux négociations agricoles de Genève. Nous sommes fiers qu’environ 100 autres pays en voie de développement aient soutenu notre position.
L’Inde n’a pas fermé son marché aux exportations de produits agricoles provenant des pays développés. Le désaccord qui a marqué les négociations de l’OMC concernait le niveau à partir duquel des importations supplémentaires entraîneraient le déclenchement de mesures de protection. En Inde, cela peut faire la différence entre la vie et la mort. Il est donc faux et injuste de comparer la condition des agriculteurs indiens avec la position de « l’agrobusiness » subventionné des pays développés.
De plus, l’Inde maintient son engagement concernant la conclusion du Cycle de Doha sur les négociations commerciales multilatérales. Mais, pour y parvenir, il faut qu’il conserve son mandat initial, celui d’être un véritable « cycle de développement ».
L.L.D. : Important 70% de ses besoins en hydrocarbures, votre pays cherche à diversifier ses ressources en énergie pour alimenter la montée en puissance de son économie. Comment évaluez-vous de ce point de vue la portée de l’accord indo-américain sur le nucléaire civil ? La finalisation de cet accord ayant fait l’objet d’un débat houleux en Inde pourrait-elle, selon vous, marquer un tournant dans les relations entre les deux pays ?
S.E.M.R.M. : Comme toutes économies majeures, l’Inde a besoin d’une très large gamme de ressources énergétiques. L’énergie nucléaire est reconnue de plus en plus comme une source d’énergie compatible avec les exigences de limitation des émissions de carbone et du développement durable. L’Inde a développé ses propres capacités en vue de maîtriser l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité. Nous avons également des projets pour utiliser à l’avenir nos considérables ressources en thorium. Cet accord avec les Etats-Unis a constitué une étape importante pour faire avancer nos capacités afin de développer cette source d’énergie. L’économie indienne, qui connaît une croissance de plus de 8% par an, aura besoin de 30 000 à 40 000 mégawatts d’électricité d’origine nucléaire d’ici 2030. Nous aurons besoin d’une plus grande collaboration avec nos partenaires étrangers. La décision récente du Groupe de fournisseurs nucléaires (NSG) d’autoriser le commerce dans le domaine nucléaire avec l’Inde, rendra possible le début d’une coopération avec un certain nombre de pays, y compris la France.
L.L.D. : Dans le sillage de la reprise du dialogue entre New Delhi et Islamabad en 2004, le 5ème cycle de négociations indo-pakistanais s’est déroulé en juillet 2008. Comment qualifieriez-vous l’état d’avancement des discussions sur la question du Cachemire ? En dépit de l’attentat commis contre l’Ambassade de l’Inde à Kaboul le 7 juillet 2008, quel soutien peut-il être apporté aux partisans de la paix dans les deux pays ?
S.E.M.R.M. : Comme vous l’avez mentionné, un nouveau cycle du Dialogue composite entre l’Inde et le Pakistan a commencé en juillet. Ce dialogue devrait couvrir les aspects politique, économique, culturel et d’autres domaines encore. Il a donc de l’importance pour le développement de liens stables et constructifs. Le processus d’amélioration des relations entre nos deux pays repose sur trois piliers : premièrement, l’absence de la violence ; l’engagement du Pakistan en janvier 2004 de ne pas permettre aux territoires sous son contrôle d’être utilisés pour des actions terroristes contre l’Inde est, de ce point de vue, primordial. Deuxièmement, les négociations sur toutes les questions non-résolues, y compris le Jammu et Cachemire ; et troisièmement, la construction d’un lien de coopération.
L’attentat abominable contre l’Ambassade indienne à Kaboul et la récurrence des infiltrations transfrontalières au Cachemire sont des faits qui nous préoccupent évidemment beaucoup. Le Premier ministre Manmohan Singh a eu des discussions franches avec le Premier ministre pakistanais à Colombo le 2 août 2008. Les deux premiers ministres ont alors exprimé leur détermination à surmonter ces événements et à procéder de nouveau à une amélioration de nos relations.
L.L.D. : A l’image de l’attentat perpétré en plein cœur d’Ahmedabad le 27 juillet 2008, votre pays est confronté de longue date au fléau du terrorisme. Quelles sont les particularités du phénomène terroriste qui sévit dans votre pays ? Comment une coopération pourrait-elle être articulée à l’échelle régionale en la matière ?
S.E.M.R.M. : Les attentats au Gujarat en août 2008 et à Delhi plus récemment, nous démontrent que l’Inde est l’une des plus grandes victimes du terrorisme, y compris du terrorisme inspiré depuis l’extérieur de notre pays. A notre avis, il n’y a aucune justification pour le terrorisme et tous les actes terroristes devraient être jugés au travers d’une norme commune de rejet. Nous pensons également qu’il est nécessaire d’élaborer une approche mondiale contre le terrorisme et une coopération internationale afin d’y trouver une réponse. Lors du sommet de la SAARC, qui s’est tenu récemment à Colombo, le Premier ministre Manmohan Singh a demandé instamment que l’Asie du Sud travaille conjointement et avec détermination afin de combattre ce fléau.
L.L.D. : Le 15ème sommet de l’Association de coopération d’Asie du Sud (SAARC) s’est tenu du 27 juillet au 8 août 2008 au Sri Lanka. Quelles priorités doivent-elles être, selon vous, mises en tête de l’agenda de la coopération régionale ? Comment définiriez-vous les atouts et les enjeux géopolitiques de l’élargissement de la SAARC à l’Afghanistan ? Au-delà, quelle contribution l’Inde peut-elle apporter à l’apaisement des tensions dans ce pays ?
S.E.M.R.M. : J’ai déjà fait référence à l’appel de notre Premier ministre pour que la SAARC s’unisse contre la menace du terrorisme. Il faut appréhender cet appel dans le contexte du désir indien de voir se développer une plus grande intégration et coopération économiques en vue de permettre à la SAARC d’émerger comme un bloc économique. Une Asie du Sud prospère devra être une Asie du Sud pacifique. Notre Premier ministre a dit que cette vision représentait un appel à faire évoluer les mentalités ; d’où la pertinence du thème choisi pour le Sommet de 2008 : « La croissance à travers le partenariat ». La croissance doit avoir un effet multiplicateur par le biais de mécanismes tels que le Fonds de développement de la SAARC et le projet des « Villages modèles » de la SAARC. Nous souhaitons également que soit amorcé une progression systématique vers une Union douanière et une Union économique de l’Asie du Sud. La connectivité physique est aussi une priorité commune à travers le développement d’infrastructures ferroviaires, routières et dans d’autres domaines de transport. La proposition de créer une Université d’Asie du Sud et les projets d’une Banque alimentaire sont également importants pour tous les membres de la SAARC. Il existe bien sûr, d’autres priorités aussi importantes comme le Festival culturel et le Plan d’action sur le changement climatique de la SAARC.
L.L.D. : Votre pays a fait de son entrée au sein du Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre permanent l’une des priorités de sa diplomatie. Le projet d’élargissement de cette instance multilatérale a-t-il, selon vous, enregistré des progrès ? Plus globalement, comment définiriez-vous le rôle de l’Inde dans la nouvelle architecture internationale en cours de reconfiguration ?
S.E.M.R.M. : Nous croyons que l’élargissement du Conseil de Sécurité des Nations unies est nécessaire afin qu’il reflète les réalités politiques actuelles. Le Conseil de Sécurité est resté identique au cours des cinq dernières décennies tandis que le nombre de membres au sein de l’Assemblée générale a sensiblement augmenté. Cette évolution a affaibli la légitimité et l’efficacité du Conseil de Sécurité. Il semble qu’il y ait un manque de volonté politique afin de faire progresser son élargissement malgré le mandat qui a été confié à l’Assemblée générale.
L’Inde pense que le monde en développement en général a besoin d’êre davantage représenté au sein de la nouvelle architecture internationale. L’importance de la population et de la superficie de l’Inde, sa contribution à la sécurité et à la paix internationale, l’impact croissant de son économie et ses efforts pour promouvoir le dialogue et la coopération dans le monde rendent sa candidature apte à être membre du Conseil de Sécurité.
L.L.D. : L’Inde a célébré en 2007 le 60ème anniversaire de son indépendance. Quel regard portez-vous sur les transformations que connaît la société indienne ? Quels atouts votre pays peut-il tirer de l’engouement que suscite sa culture à travers le monde et notamment en France où il a été l’invité d’honneur du Salon du livre en 2007 ?
S.E.M.R.M. : Le 60ème anniversaire de l’indépendance de l’Inde a été une occasion de grande joie et de réflexion. De joie et de fierté d’une part, à la vue du bilan d’un pays qui représentait naguère la métaphore de la pauvreté, de la faim et de la maladie, et qui est devenu l’une des dix économies les plus importantes du monde avec une influence considérable dans le concert des nations. Et d’autre part, de la réflexion à l’égard de ce qui reste à accomplir pour faire sortir de la pauvreté les 25% restant de la population et pour améliorer le niveau de vie de tous les Indiens.
La culture indienne a beaucoup d’admirateurs dans le monde et il était juste de commémorer le 60ème anniversaire de l’indépendance surtout au travers de la culture, notamment avec la fameuse exposition renommée des sculptures de l’ère Gupta du 5ème et 6ème siècle au Grand Palais ; le choix de l’Inde comme invité d’honneur du Salon du Livre ; le festival Incroyable Inde au Jardin d’acclimatation à Paris, et dans de nombreuses autres villes ; le spectacle du Rajasthan à Chantilly lors du Prix de Diane et tant d’autres célébrations spéciales. La France est en effet un pays spécial où la culture joue un rôle important dans la diplomatie et la politique. Dans un sens plus large, l’admiration pour la culture indienne y est profondément enracinée et cela a favorisé nos relations. J’espère que nous pourrons faire davantage en ouvrant un Centre culturel à Paris. Cette grande ville abrite les centres culturels de la plupart des grandes cultures du monde et l’absence d’un centre indien est d’autant plus remarquée. Nous espérons que les autorités au sein du gouvernement français et de la Ville de Paris faciliteront l’établissement d’un tel organisme, de la même manière que notre gouvernement a rendu possible pour la France d’établir sa base culturelle au cœur de Delhi.
Ce dossier et l’ensemble des contributions qui l’accompagnent ont été réalisés avant que ne survienne les terribles attentats terroristes perpétrés dans la ville de Mumbai (Bombay) en novembre 2008.
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