Bucarest-Paris un partenariat stratégique au cœur de l’UE
Un an après son adhésion à l’UE le 1er janvier 2007, la Roumanie a fait de la France l’un de ses principaux partenaires européens. Ancien Conseiller du Président Traian Basescu, S.E.M. Teodor Baconschi, Ambassadeur de Roumanie en France, revient pour nous sur le nouvel élan impulsé aux relations franco-roumaines et sur les synergies qu’entendent développer les deux pays face aux défis de la construction européenne.
La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambas-sadeur, la rencontre entre le Président Traian Basescu et le Président Nicolas Sarkozy à Bucarest le 4 février 2008 a été marquée par la conclusion d’un « partenariat stratégique » entre les deux pays. Quelles évolutions majeures introduit-il par rapport au « partenariat pour l’Europe » inauguré par le premier séminaire intergouvernemental franco-roumain tenu en octobre 2004 ? Au-delà, comment décririez-vous l’apport de la francophonie à la qualité des relations bilatérales ?
S.E.M. Teodor Baconschi : « Le Partenariat stratégique », premier du genre conclu entre la France et un pays d'Europe centrale, témoigne d’une optique différente de celle du « partenariat pour l’Europe ». Il représente une ouverture de la France vers la Roumanie en tant que membre de l’Union européenne, un véritable partenariat dans tous les domaines et plus particulièrement dans les domaines politique, énergétique et de la défense. Le volet politique mis à part, le partenariat aspire à relancer les relations bilatérales et à dynamiser nos échanges économiques.
Pour ce qui est de l’apport de la francophonie à la qualité des relations bilatérales, je souhaite, avant de vous donner une réponse, préciser que le cas de la Roumanie représente l’exemple le plus éloquent d’une association de nos valeurs communes. Car, à l’inverse de la plupart des pays membres de la Francophonie, la Roumanie n’a jamais été ni colonisée, ni soumise ou annexée par la France. Les intellectuels roumains avaient choisi librement le français en tant que véhicule linguistique de la liberté, de la modernité, de l’appartenance à l’Europe des nations libres. Ce socle, renforcé par les presque 200 ans de partage de culture et de civilisation, a su résister aux conditions très précaires qui lui ont été imposées pendant les années du totalitarisme.
Les relations entre nos deux pays sont sans aucun doute excellentes, et d’ailleurs leur « partenariat stratégique » en constitue naturellement la preuve. La francophonie constitue un cadre international qui permet à la coopération franco-roumaine de faire valoir ses accomplissements dans plusieurs domaines : politique, culture, éducation, coopération linguistique, etc. La Roumanie et la France partagent les mêmes valeurs, possèdent une vision commune et soutiennent au sein de la francophonie les mêmes principes et programmes. Un exemple pour vous en convaincre : face au choix stratégique d’une orientation pour l’avenir de la francophonie, entre élargissement et approfondissement, nos deux pays ont pu constater qu’ils professaient la même perspective, à savoir l’harmonisation des deux mouvements, avec leur poursuite simultanée.
Les relations bilatérales s’intensifient à l’intérieur de l’Organisation internationale de la Francophonie, structure très dynamique qui permet d’élargir les échanges bilatéraux vers d’autres espaces géographiques, comme par exemple les pays du Sud. Nos intérêts et préoccupations réciproques en matière de francophonie ne font qu’augmenter la qualité des relations bilatérales et les enrichir. Ainsi, chaque prise de position commune, chaque initiative au sein du mouvement francophone donnent un nouvel essor aux relations entre la Roumanie et la France.
L.L.D. : Lancée lors de la visite à Paris le 23 avril 2008 du Premier Ministre Calin Popescu-Tariceanu, la feuille de route du partenariat stratégique franco-roumain recouvre de nombreux domaines de coopération. Quels sont, de votre point de vue, les plus prometteurs ? Comment s’articuleront les deux accords de coopération énergétique conclus à cette occasion, notamment en termes d’échanges scientifiques, techniques mais aussi humains ?
S.E.M.T.B. : La feuille de route mise au point par les deux gouvernements et agréée lors de la visite à Paris du Premier ministre roumain comporte nombre de mesures concrètes et « prometteuses » : je peux vous citer l’échange d’informations et des transferts d’expérience dans les domaines du dialogue politique, de la justice et des affaires intérieures, pour lesquels la coopération bilatérale est très étroite. Nous ne saurions non plus oublier la coopération économique dans des secteurs comme l’énergie, y compris le nucléaire, l’agriculture, les transports, le tourisme, l'environnement, la recherche.
Nous avons notamment signé un accord-cadre sur la recherche en matière d'énergie nucléaire, le traitement des déchets radioactifs ainsi que le démantèlement des installations (entre le Commissariat pour l’Energie atomique et l'Institut roumain pour la Recherche nucléaire), suivi par un deuxième accord entre l'Agence roumaine pour la conservation de l'énergie et l'ADEME (Agence française de l’Environnent et de la Maîtrise de l’Energie) pour permettre la mise en place conjointe de projets en vue d'améliorer l'efficacité énergétique.
L.L.D. : Le renforcement des relations franco-roumaines ouvre également de nouvelles perspectives au développement des échanges économiques et commerciaux entre les deux pays. A l’image de l’intérêt de votre pays pour le prolongement d’une ligne de TGV jusqu’à Bucarest, dans quels domaines d’autres projets communs pourraient-ils être envisagés ? Quels secteurs vous semblent-ils les plus propices à de nouveaux investissements français sur le marché roumain ?
S.E.M.T.B. : Lors de la visite à Bucarest, début février 2008, du Président français, la Roumanie et la France ont signé un « partenariat stratégique », par lequel les deux pays ont exprimé la volonté de redynamiser le développement économique bilatéral dans différents domaines :
– l’énergie tout d’abord, dans la perspective d’atteindre l’objectif de l’UE de renforcement de la sécurité d’approvisionnement énergétique ;
– l’agriculture pour que la Roumanie puisse bénéficier de l’expérience française en matière d’absorption des fonds européens et de mise en place de la politique agricole commune (PAC) ;
– les transports, le développement des réseaux ferroviaires et routiers trans-européens étant dans l’intérêt commun des deux pays,
– le bâtiment et l’urbanisme.
D’ailleurs, l’expertise française dans tous ces domaines peut s’avérer extrêmement utile tant au niveau institutionnel, pour la création et le fonctionnement du cadre nécessaire à l’absorption des fonds structurels européens, qu’au niveau des entreprises, pour élaborer des projets éligibles et les mettre en place par la suite.
En outre, en dehors des échanges de marchandises, qui, nous l’espérons, augmenteront avec une meilleure valorisation des deux économies, c’est le tourisme qui offre également aux entreprises françaises et aux Français un énorme potentiel de collaboration. Nous aimerions revoir des groupes de touristes français dans nos stations, comme nous en avions l’habitude autrefois. Je suis d’ailleurs persuadé qu’ils ne seront pas déçus, compte tenu de l’offre variée et des services améliorés que nous pouvons actuellement mettre à leur disposition.
Enfin, j’ajouterais que les entreprises roumaines et françaises pourraient davantage faire fructifier les opportunités de participer en commun à la réalisation de projets de dimension régionale et, plus particulièrement, dans le bassin méditerranéen et au Moyen-Orient.
L.L.D. : Un an après l’adhésion de la Roumanie à l’UE, l’économie roumaine continue d’afficher une croissance soutenue de son PIB atteignant près de 7,5% au premier semestre 2008. Quel bilan pouvez-vous dresser des effets économiques de l’appartenance à l’UE ? Quelles orientations sont-elles préconisées pour soutenir ce dynamisme ?
S.E.M.T.B. : Ce rythme de croissance économique a été principalement soutenu par la demande interne d’investissements, qui a connu une dynamique record après 1990 d’environ 25%, positionnant ainsi sur la Roumanie en tête des pays membres de l’UE ce plan. Le déficit commercial assez élevé (21,6 milliards d’euros en 2007) qu’affiche notre pays pourrait inquiéter, mais il traduit en fait essentiellement la progression des importations d’équipements d’investissements, qui vont, à moyen et long terme, contribuer à la hausse de la rentabilité et de la compétitivité des produits roumains.
Pour 2008, la Roumanie a adopté un vrai budget de développement. Dans le secteur des transports, on peut évoquer la réhabilitation des infrastructures de transport ferroviaire, la modernisation des gares, le rattachement du réseau routier roumain au réseau européen et la poursuite du programme de construction d’autoroutes. Dans le domaine de la santé, l’allocation de fonds importants est destinée à financer la construction d’hôpitaux.
L’agriculture voit également les crédits qui lui sont alloués augmenter (2,7% du PIB), en vue de financer, conjointement avec les fonds européens, le grand chantier de la réforme agricole, comprenant le développement rural, la modernisation de l’enseignement agricole et la réalisation d’infrastructures.
La Roumanie va absorber en 2008 entre 2,5 et 3 milliards d’euros de fonds structurels européens. Dans le domaine de l’environnement, la Roumanie souhaite réaliser un certain nombre d’investissements prioritaires qui lui permettront d’atteindre simultanément les objectifs de la stratégie nationale pour l’environnement et les obligations communautaires. Parmi les projets prioritaires on peut citer : la qualité de l’eau (modernisation des systèmes de traitement de l’eau, construction et reconstruction des systèmes d’accès et de distribution d’eau potable), le traitement des déchets (collecte, tri et recyclage des déchets), la qualité de l’air (sources d’énergies alternatives).
Parallèlement, la Roumanie œuvre pour la mise à niveau de ses propres entreprises par le biais du Programme opérationnel pour l'amélioration des conditions générales de compétitivité économique, afin de soutenir les exportations roumaines et l’intégration européenne. Les buts que nous nous fixons sont : l’amélioration de l’accès au marché des entreprises, plus particulièrement des PME (soutenir les investissements productifs, les efforts d’internationalisation des entreprises), la promotion de la recherche et de l’innovation (accélérer le développement de la société de la connaissance), l’amélioration de l’efficacité énergétique et la valorisation des ressources d’énergie.
L.L.D. : Votre pays a posé officiellement sa candidature d’adhésion à l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) le 28 avril 2004. Des négociations ayant débuté sur l’élargissement de l’organisation à l’Estonie, la Slovénie, le Chili, Israël et la Russie, comment expliquez-vous que la Roumanie ne fasse pas partie de ce groupe ? Comment définiriez-vous l’apport que constituerait son appartenance à l’OCDE ?
S.E.M.T.B. : Pour évaluer les candidatures d’adhésion, l’OCDE a pris en considération l’histoire des relations avec l’organisation, l’état du développement économique, le partage des valeurs communes avec les pays membres de l’organisation, les bénéfices réciproques prévisibles et la pertinence pour l’économie mondiale. Au regard de ces critères, mais aussi de la capacité de l’organisation à accueillir de nouveaux membres, le Conseil des Ministres de l’OCDE, tenu en mai 2007, a décidé de lancer un processus d’élargissement à cinq pays. En ce qui concerne les autres pays candidats, comme la Roumanie, la perspective d’adhésion reste envisageable et l’évaluation de leur candidature se fera au cas par cas.
En adhérant à l’OCDE, la Roumanie pourrait bénéficier de son expertise en matière de politiques économiques et sociales. Cette adhésion représenterait, en même temps, un processus complémentaire à celui de l’accession à l’UE.
L’OCDE représente une association des pays les plus développés et constitue un cadre qui permet la comparaison des expériences en matière de politiques économiques et sociales et qui facilite l’accès aux meilleures pratiques dans ces domaines.
Les domaines que la Roumanie considère comme importants pour l’avenir et pour lesquels elle compte élaborer les stratégies et les politiques futures avec l’appui de l’OCDE portent sur les infrastructures, l’éducation et la recherche, l’immigration, la santé, la gouvernance publique, l’agriculture, les investissements étrangers, mais également l’énergie et l’environnement.
J’ajouterais que l’un des plus importants objectifs de la politique étrangère de la Roumanie est d’adhérer à l’OCDE. Ce but figure également dans l’actuel programme du Gouvernement. La candidature de la Roumanie a en effet été officiellement soumise le 28 avril 2004. Je considère d’ailleurs que la Roumanie est bien positionnée par rapport aux critères d’adhésion de l’OCDE.
En janvier 2008, l’ancien Ministre roumain des Affaires étrangères, Adrian Cioroianu, a rencontré Mme Thelma Askey, Secrétaire général adjoint de l’OCDE, et a réaffirmé cet objectif d’adhésion à l’OCDE, en présentant l’engagement ferme du gouvernement de la Roumanie pour atteindre cet objectif.
Nous avons établi une excellente collaboration au sein des structures de travail et des initiatives de l’Organisation en tant que membre ou observateur dans des comités importants (Acier, Constructions Navales, Investissement, PME, Développement, Concurrence, Tourisme, etc.), suite aux progrès accomplis par notre pays sur la voie des réformes et du développement économique en sa qualité d’Etat membre de l’UE, mais aussi en raison d’un important rôle régional et de la politique nationale de coopération pour le développement, qui sont des aspects primordiaux pour l’organisation.
L.L.D. : L’entrée de votre pays dans l’UE a été assortie d’une « mise sous surveillance » d’une durée de trois ans par Bruxelles en ce qui concerne la réforme de la justice et la lutte anti-corruption. Comment évaluez-vous les progrès accomplis dans ces deux domaines ?
S.E.M.T.B. : Le gouvernement roumain a fait de la réforme de la justice et la lutte contre la corruption l’une de ses priorités, afin d’obtenir des progrès qui conduiront à l’éradication de ce phénomène le plus tôt possible, au cours de la Présidence française de l’Union européenne et du mandat de l’actuelle Commission.
La Roumanie a commencé l’élaboration des nouveaux Codes de procédure, civile et pénale, qui font en ce moment l’objet d’une consultation publique. Le code de procédure pénale fera progresser la réforme en éliminant la possibilité pour les parties de retourner les dossiers aux procureurs et en instaurant une chambre préliminaire qui étudie la validité de la requête, autorisant ou non la poursuite pénale. La mise en place de l’Agence nationale d’Intégrité apportera un nouveau moyen au service de la lutte contre la corruption et pour sa prévention. En tant qu’autorité administrative indépendante, l’Agence aura les coudées franches pour vérifier les déclarations de patrimoine et d’intérêts des fonctionnaires et dignitaires. En outre, nous sommes en train de définir une stratégie de ressources humaines dans le système judiciaire dont la mise en œuvre, en même temps que celle des nouveaux codes de procédure, permettra d’accroître l’efficacité des magistrats.
L.L.D. : Alors que les Roumains font partie des citoyens les plus euro-optimistes au sein de l’UE, seul un électeur sur trois s’est rendu aux urnes lors des premières élections européennes organisées en Roumanie en novembre 2007. A quels facteurs attribuez-vous cette désaffection ? Quelle leçon pouvez-vous tirer de ce scrutin en vue des élections législatives qui se tiendront en novembre 2008 ?
S.E.M.T.B. : Pour la plupart des Roumains, euro-optimisme et taux de participation élevé au scrutin européen ne vont pas forcément de pair. Quelques particularismes de la vie politique roumaine sont pertinents pour dénouer cette apparente contradiction. Tout d’abord, l’euro-optimisme a des racines historiques, compte tenu des liens politiques, culturels et économiques intenses entre la Roumanie et l’Europe occidentale au cours des deux derniers siècles, et surtout des relations extrêmement efficaces avec la France, dans l’entre-deux-guerres. Un demi-siècle de communisme n’a rien ébranlé de cette conscience européenne, au contraire, toutes les couches de la nation ont ressenti l’injustice et le grotesque d’une affiliation forcée à l’Union soviétique, alors que les intérêts et les sympathies publiques penchaient à l’Ouest. Aussi les événements de décembre 1989 ont-ils provoqué instantanément une réorientation populaire vers l’Occident.
L’Union européenne représente, pour le peuple roumain, non seulement le retour dans une famille à laquelle il appartenait depuis longtemps, mais aussi une garantie de son développement économique, de son redressement social et de sa réinsertion diplomatique dans un monde dont les repères lui sont familiers.
Toutefois, les arguments que je viens de mentionner ne constituent pas forcément un mécanisme pouvant orienter le comportement électoral sur des thèmes européens. Et ceci parce que la vie politique intérieure l’emporte de loin, la participation aux élections législatives et présidentielles en Roumanie étant supérieure à celle enregistrée aux législatives européennes. La présence des élus roumains à Bruxelles et Strasbourg n’est pas perçue, pour le moment, comme capitale, car les débats européens ont une influence moins directe et moins rapide sur la vie quotidienne des Roumains.
En même temps, il faut rappeler que le niveau de vie en Roumanie n’a pas changé d’une manière radicale, comme on l’espérait en 2007, ce qui diminue l’engouement populaire envers les institutions européennes, sans altérer, cependant, la confiance dans le succès de la construction européenne dans son intégralité.
Quant aux législatives roumaines de novembre 2008, je ne crois pas que la participation aux législatives européennes puisse apporter de leçon, car il s’agit d’enjeux différents. La compétition électorale roumaine fait la part belle au spectacle, à l’image et à la passion, tandis que le même procéssus au niveau européen est beaucoup plus abstrait, plus profond et, par conséquent, moins spectaculaire. Le taux de présence ne sera, donc, pas le même, ce qui ne modifie en rien, pourtant, l’attitude pro-européenne des Roumains.
L.L.D. : Le partenariat scellé entre la Roumanie et la France est intervenu à la veille de la présidence française de l’UE. Quelle est votre vision des priorités de la France pour la poursuite de la construction européenne, notamment à l’aune du rejet du traité de Lisbonne par les Irlandais en juin dernier ? Comment accueillez-vous son initiative diplomatique sur l’Union pour la Méditerranée ? Comment se déroule la concertation franco-roumaine concernant le contrôle des migrations et la politique agricole commune ?
S.E.M.T.B. : Mon pays a salué les priorités annoncées par la France pour sa présidence. Nous sommes d’accord pour penser qu’il s’agira d’une présidence charnière, ponctuée de grands rendez-vous, surtout dans le nouveau contexte issu du rejet par le peuple irlandais du Traité de Lisbonne. La tâche de la France sera, sans doute, très difficile, puisqu’il convient d’adapter à ces circonstances la perspective de la présidence et de repenser la relation entre l’UE et les préoccupations des citoyens.
L’accroc irlandais nous a clairement montré qu’il existe un fossé entre les discussions menées à Bruxelles et les problèmes des citoyens. Que l’information soit insuffisante et la compréhension des règles communautaires soit partielle, impliquent la nécessité de trouver une autre manière de communiquer avec les peuples. Je pense donc que le fil conducteur de la présidence française – réconcilier les citoyens et l’Europe – est on ne peut plus opportun et constitue un impératif au sein de l’UE. En même temps, la France souhaite la poursuite du processus de ratification du Traité de Lisbonne. C’est ce que nous pensons aussi, l’Europe doit continuer la consolidation de la construction européenne.
C’est dans ce même sens que nous soutenons aussi la mise en pratique du concept d’Europe de la défense. Nous apprécions comme très utile le processus menant à la mise à jour de la Stratégie européenne de sécurité, estimant qu’il serait important de refléter dans ce cadre la nécessité de relever les défis et les risques pour l’UE qui surgissent dans le voisinage à l’Est de l’Union, notamment la région de la Mer Noire, à la fois frontière de la Roumanie et de l’UE.
Concernant l’Union pour la Méditerranée-Processus de Barcelone, nous jugeons nécessaire la consolidation des acquis de la coopération euro-méditerranéenne commencée en 1995, auxquels doit être instillée une nouvelle dynamique vouée à surmonter les failles existantes.
Nous avons abordé avec le gouvernement français le dossier de l'immigration dans le respect des principes de la liberté de circulation des citoyens européens et des droits de l'Homme. Nous appuyons ainsi l’initiative française pour la création d'un « pacte européen pour l’immigration ».
Dans ce contexte, je tiens à souligner l’importance et la priorité accordées par le gouvernement roumain au renforcement du système intégré de sécurisation des frontières extérieures (environ 2 300 km) dans le sens de la maîtrise des flux migratoires originaires de l’ex-espace soviétique et de l’espace afro-asiatique.
Comme la France, la Roumanie est préoccupée par l’agriculture, il y aura donc une concertation étroite sur le sujet. Le Président Sarkozy a évoqué des pistes de réforme pour moderniser la PAC de l’après-2013 et a exprimé sa volonté d’utiliser la présidence française de l’UE pour ouvrir le dialogue sur les objectifs de la future PAC. La Roumanie salue cette initiative. Nous nous rallions à la position concernant les mécanismes d’intervention sur les marchés afin de protéger et stimuler les agriculteurs européens. La Roumanie ne pourrait que partager la position de la France dans la mesure où celle-ci reste la protectrice « historique » des acquis de la PAC.
L.L.D. : Figurant au nombre des dossiers prioritaires pour la France, le développement durable et la lutte contre le changement climatique font déjà l’objet d’une forte coopération avec votre pays. Quelles initiatives ont-elles été prises par les deux pays dans ce domaine ? Comment la Roumanie entend-elle parvenir à un développement des énergies renouvelables à hauteur de 24% de sa consommation totale d’énergie d’ici 2020 ?
S.E.M.T.B. : Dans le domaine du développement durable et de la lutte contre le changement climatique, l’une des priorités de la présidence française, la Roumanie souhaite parvenir à un point de vue commun, un accord d’ici la fin de l’année pour le paquet climat – énergie. En ce qui concerne la coopération entre nos deux pays et les initiatives prises, je vous citerais la coopération en matière de normes environnementales, notamment dans le cadre des jumelages en cours : énergie renouvelable, renforcement de la coopération entre l’ADEME et ses homologues roumains, coopération dans le domaine de la préservation de la biodiversité et celui de l’enseignement supérieur de « génie environnemental ». Une mention aussi pour l’appui méthodologique aux coopérations décentralisées franco-roumaines, en premier lieu les services de l’eau et des déchets, avec une notable valorisation de l’expertise française dans ces domaines.
Je ne saurais omettre la collaboration dans le domaine nucléaire qui vise le renforcement de la sécurité des installations et le développement des technologies y compris pour le traitement et le stockage des nouvelles technologies.
Concernant l’objectif d’atteindre 24% d’énergies renouvelables dans la consommation totale d’ici 2020, nous sommes optimistes, compte tenu du potentiel encore inutilisé des sources d’énergies renouvelables. Des études récentes montrent que la Roumanie serait capable de produire annuellement environ 36 terawhattheure (TWh) à partir de ses ressources hydrauliques, par rapport aux 16 à 18 TWh actuels. De même pour les sources éoliennes, l’objectif est de 23 TWh par rapport à moins de 1 TWh aujourd’hui. Evidemment, ces valeurs sont purement théoriques, les possibilités réelles étant en quelque sorte bridées, surtout à cause des restrictions environnementales.
Une autre source, pas encore exploitée à son potentiel, est la biomasse. Pour encourager son utilisation, nous avons mis en place un système d’incitation à la consommation d’énergie électrique produite à base de biomasse qui repose sur des quotas obligatoires et sur le marché des certificats verts, ainsi qu’une série de stimulants pour les projets dans la phase d’investissement, y compris les fonds structurels non remboursables.
L.L.D.: Votre pays souhaiterait renforcer ses capacités de production d’énergie nucléaire. Comment percevez-vous les risques de cette technologie sur l’environnement et le débat qu’elle suscite en Europe ? Au-delà, quelle approche votre gouvernement préconise-t-il face à ce que certains observateurs qualifient déjà comme un « troisième choc pétrolier » ?
S.E.M.T.B. : Le second réacteur nucléaire a commencé à être exploité au second semestre 2007. Par conséquent nous avons à présent deux réacteurs Candu 6 en fonction, qui assurent environ 17% de la consommation nationale d’énergie électrique. Notre intention est de finaliser deux autres unités similaires vers 2014-2015 et d’augmenter ainsi le poids de l’énergie électrique issue des sources nucléaires à plus de 30% de la production totale d’énergie. Evidemment, il y a un impact des technologies nucléaires sur l’environnement, mais cet impact n’affecte pas les changements climatiques et les émissions des gaz à effet de serre sont pratiquement inexistantes. De ce point de vue, nous considérons que l’énergie nucléaire est beaucoup plus propre que l’utilisation de combustibles fossiles. D’autre part, les sources d’énergies renouvelables ont un potentiel d’utilisation limité, ce qui fait que les sources nucléaires ne représentent pas seulement une solution alternative pour répondre à l’avenir aux besoins de la consommation électrique, mais une composante de la seule solution possible. Les limites potentielles des sources renouvelables et les limites technologiques actuelles de leur utilisation font qu’en 2020 la Roumanie ne pourrait pas assurer plus de 25% de ses besoins d’énergie en utilisant ces sources. En ce qui concerne l’énergie électrique, la stratégie énergétique nationale pour la période 2007-2020 envisage un objectif réaliste de 38% de la consommation brute d’électricité à l’horizon 2020. Eu égard à l’épuisement des ressources renouvelables, nous considérons l’énergie nucléaire comme une composante inévitable du mixte énergétique futur et nous sommes persuadés que de plus en plus d’Etats parviendront à la même conclusion.
L.L.D. : Pays de transit du projet Nabucco, la Roumanie est directement concernée par la diversification des sources d’approvisionnement énergétique de l’UE. Comment percevez-vous la controverse sur la participation de Gaz de France à ce projet ? Comment l’UE pourrait-elle, selon vous, s’impliquer plus fortement dans l’espace de la Mer Noire en vue d’accroître sa sécurité énergétique et de renforcer la coopération face aux conflits latents qui le caractérisent ?
S.E.M.T.B. : A la différence des autres projets, Nabucco fournit deux solutions en même temps : la diversification des sources d’approvisionnement de gaz naturel et la diversification des voies par lesquelles l’approvisionnement est réalisé. La sûreté de l’alimentation en énergie offerte par ce projet est de cette façon supérieure à d’autres projets complémentaires, par exemple South Stream ou Blue Stream II.
La société nationale Transgaz SA, en sa qualité de membre du groupe Nabucco et détentrice de 20% des actions de la compagnie en charge du projet « Nabucco Gas Pipeline International GmbH », a soutenu la cooptation de Gaz de France en tant qu’actionnaire supplémentaire dans la compagnie qui développe le projet Nabucco. En ce sens, l’Assemblée générale des actionnaires SN Transgaz S.A a approuvé, en février 2007, la cession de parts sociales détenues par Transgaz au sein de la compagnie
« Nabucco Gas Pipeline International GmbH », à la compagnie Gaz de France. Nous précisons que, conformément au statut de la compagnie « Nabucco Gas Pipeline International GmbH », la décision de coopter un partenaire supplémentaire au sein du groupe Nabucco doit être prise à l’unanimité. L’exercice du droit de véto de la part de la Turquie a bloqué l’entrée de Gaz de France dans le projet Nabucco.
En l’absence d’unanimité au sein du groupe concernant l’offre de Gaz de France, les partenaires ont décidé ultérieurement la cooptation de la compagnie allemande RWE en tant que sixième associé dans le cadre du Projet Nabucco, démarche qui a été finalisée en février 2008.
Concernant l’implication de l’UE dans l’espace de la Mer Noire, dans une perspective d’accroissement de la sécurité énergétique, nous pensons qu’il serait possible de réitérer l’expérience positive obtenue dans le processus de la création d’un marché énergétique du Sud-Est européen. Les pays de cette région se sont engagés, par un Traité, à créer une communauté énergétique basée sur les principes en vigueur au sein de l’UE, et d’appliquer des mécanismes conformes aux directives concernées. Bien sûr, dans le bassin de la Mer Noire, le processus serait beaucoup plus délicat, mais à l’aide de quelques simplifications, il ne serait pas irréalisable.
Dans le contexte où la sécurité énergétique devient un enjeu global, la nécessité de l’intensification de la coopération de l’UE avec les pays fournisseurs d’énergie et ceux de transit du voisinage de l’Est est un impératif. Je pense que, dans cette optique, tracer des routes de transport sûres constitue une vraie priorité, dont la réalisation passe essentiellement par la coopération régionale – qui est une voie royale d’amélioration de la sécurité énergétique.
En même temps, le potentiel de la Mer Noire a été, selon moi, insuffisamment exploité jusqu’à aujourd’hui, alors qu’elle représente un lien pertinent entre l’UE et les pays fournisseurs d’énergie. Ce que nous souhaitons, c’est attirer l’attention sur le fait que la Mer Noire est la route la plus courte vers l’Europe.
L.L.D : La sécurité énergétique de l’UE demeure indissociable des relations russo-européennes qui devraient être relancées par le Sommet qui s’est tenu en Sibérie le 26 juin dernier. Considérant la mise en place du bouclier anti-missile américain en Europe, mais aussi la question de la Géorgie ou celle des droits de l’homme, comment les tensions freinant le dialogue politique entre Bruxelles et Moscou pourraient-elles, selon vous, être surmontées ?
S.E.M.T.B. : En effet, la sécurité énergétique constitue l’une des priorités de la présidence française du Conseil de l’UE et demeure une question stratégique pour les relations entre l’UE et la Russie, ainsi que pour le dialogue politique entre les deux parties. Ce dialogue vient d’enregistrer une évolution notable avec la décision prise le 26 mai par les 27 ministres des Affaires étrangères sur l'ouverture de négociations pour la conclusion d'un partenariat stratégique entre l'UE et la Russie.
Les négociations pour le nouvel Accord de coopération et partenariat se sont ouvertes lors du 21ème Sommet russo-européen de Khanty-Mansiïsk (Sibérie occidentale), les 26 et 27 juin, et porteront sur plusieurs volets, dont principalement celui de l’énergie. Nous espérons l’aboutissement d’un nouveau cadre juridique ambitieux entre l’UE et la Russie, mutuellement avantageux et basé sur des relations plus confiantes. De surcroît, la présidence française de l’UE y attache de l’importance et souhaite faire avancer ce processus.
L.L.D. : Bucarest a accueilli du 2 au 4 avril 2008 le Sommet de l’OTAN qui s’est achevé par un élargissement à deux nouveaux Etats membres, mais aussi par le blocage du processus d’ouverture à l’Ukraine et à la Géorgie. Quel regard portez-vous sur la dimension géopolitique de ces choix ? Au-delà comment votre pays conçoit-il la redéfinition du rôle et des missions de l’Alliance atlantique ?
S.E.M.T.B. : Nous sommes satisfaits des résultats du sommet. Ils ont répondu aux attentes et aux intérêts de la Roumanie, tout en relevant que l’Alliance Nord-Atlantique demeure une organisation qui a un rôle précis et de premier plan.
Rappelons-nous que parmi les résultats acquis durant ce sommet, figurent l’invitation adressée à l’Albanie et la Croatie pour engager des pourparlers en vue de leur adhésion à l’Alliance, décision qui marque le début d’un nouveau chapitre pour les Balkans occidentaux ; l’invitation à la Bosnie-Herzégovine et au Monténégro à entamer un dialogue intensifié avec l’OTAN ; l’adoption d’un plan stratégique politico-militaire pour l’Afghanistan ; la reconnaissance de l’importance stratégique de la région de la Mer Noire ; la réaffirmation du soutien des alliés pour l’intégrité territoriale, l’indépendance et la souveraineté des Etats affectés par les « conflits gelés ».
En ce qui concerne la Géorgie et l’Ukraine, le résultat ne peut pas être défini en termes de « blocage » : le Conseil Nord-Atlantique a fait valoir que la Géorgie et l’Ukraine rejoindront l’OTAN au moment où les conditions requises pour l’adhésion seront remplies. Le communiqué du Sommet de Bucarest le dit sans détours : « aujourd’hui, nous avons décidé que ces pays deviendraient membres de l’OTAN. »
Par ailleurs, la demande des deux pays de se faire remettre le plan d’action pour l’adhésion (MAP), qui représente la prochaine étape sur la voie de l’adhésion, sera à nouveau évaluée par les ministres des Affaires étrangères des Etats membres, lors de leur réunion de décembre 2008.
Cette décision représente un progrès important pour la relation de l’Ukraine et de la Géorgie avec l’OTAN. Quoique les Alliés n’aient pas invité l’Ukraine et la Géorgie à adhérer au Plan d’Action pour l’adhésion (PAA), le message officiel du Sommet a été très fort et encourageant, puisqu’il a été clairement précisé que les deux pays deviendront membres de l’OTAN.
La Roumanie est intéressée à la stabilité et à la sécurité de son voisinage à l’Est. C’est la raison pour laquelle nous appuyons l’intégration euro-atlantique des deux pays et leurs démarches pour être inclus dans le Plan d’Action pour l’adhésion. Le PAA ne garantit pas l’intégration, mais il représente un stimulant en vue de dynamiser les réformes intérieures et la transformation démocratique des deux Etats.
La décision de Bucarest a pris en compte la volonté des deux Etats d’avancer dans leurs relations avec l’OTAN et celle-ci reflète le consensus allié à propos d’une question sur laquelle des Etats tiers ne peuvent pas se prononcer. Nous tenons à mentionner aussi que l’éventuelle inclusion des deux pays dans le PAA n’est pas dirigée contre d’autres Etats.
Les sollicitations de l’Ukraine et de la Géorgie seront à nouveau analysées au mois de décembre 2008, à l’occasion de la réunion formelle des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’OTAN. L’évaluation reposera sur les aspects pratiques et dans une moindre mesure sur les déclarations politiques.
Les décisions adoptées au Sommet de Bucarest ont conforté l’importance de l’OTAN pour la sécurité euro-atlantique, sa capacité et sa volonté politique de répondre aux défis du XXIème siècle. Les Alliés se sont engagés à continuer le processus de transformation, engagement qui est particulièrement manifeste au niveau des opérations en déroulement, des décisions politiques concernant les relations avec les Etats partenaires, aussi bien qu’en matière de développement des capacités militaires.
A ce niveau des discussions, il est très important de mentionner que la relation de l’OTAN avec l’UE continuera à représenter un élément essentiel du processus de transformation de l’Alliance. La Roumanie persistera dans son plaidoyer sur la nécessité d’assurer la complémentarité des deux organisations et le développement de leurs relations dans le plus grand nombre de domaines d’intérêt commun. Il est capital que ces domaines dépassent les limites du cadre actuel de la coopération qui a trait surtout aux opérations et au développement des capacités.
L’OTAN et l’UE agissent à présent en tant que partenaires naturels en Afghanistan et au Kosovo. Le succès des démarches de la communauté internationale sur ces dossiers complexes dépendra autant des efforts individuels des organisations impliquées que des relations de coopération entre l’OTAN et l’UE.
L.L.D. : Parallèlement à l’idée de réintégration de la France au sein du commandement intégré de l’OTAN, le Président Nicolas Sarkozy a fait du renforcement de l’efficacité de l’« Europe de la défense » la priorité de la présidence française de l’UE. Comment analysez-vous cette double ambition du chef de l’Etat français ? Quels moyens votre pays privilégie-t-il pour consolider la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) ? Comment l’UE peut-elle retrouver une unité sur l’indépendance du Kosovo que la Roumanie ne reconnaît pas ?
S.E.M.T.B. : Le retour de la France au sein du commandement intégré de l’OTAN, au même titre que les priorités de la présidence française de l’UE, sont des décisions d’une portée toute particulière, soulignée à maintes reprises par le Président de la Roumanie et par les membres du gouvernement roumain. Nous considérons que l’OTAN a besoin de la France et, dans la même mesure, la France a besoin d’être reconnue, à juste titre, en tant que membre intégré du commandement. Une « Europe de la défense » ne peut également progresser que par des initiatives qui, forcément, doivent recueillir la contribution de la France.
Je dois souligner que, pour la Roumanie, la PESD est une question doublement importante : d’abord, la construction européenne, à laquelle nous sommes très attachés, ne peut pas être complète sans un développement de la dimension sécurité et défense ; ensuite, il y a une dimension pratique, parce que la PESD offre aux Etats membres la possibilité de résoudre des questions liées à la gestion concrète des crises qui peuvent apparaître.
Pour avancer sur les deux dimensions, il est nécessaire, à mon avis, d’élaborer graduellement des réponses tant aux questions de conception générale (en développant les documents stratégiques), qu’à celles qui sont relatives aux ressources et capacités (en développant des capacités adéquates aux objectifs fixés par la stratégie) et aux questions opérationnelles (en lançant des missions et opérations là où l’UE et les intérêts des Etats membres les rendent nécessaires).
Le mot-clé dans cette phrase est « graduellement », car il accentue le besoin d’être pragmatiques, de privilégier des solutions inclusives permettant à tous les Etats membres d’y participer. Pour notre part, nous sommes intéressés par l’ensemble de ces trois dimensions et nous essayons d’y contribuer en accord avec nos ressources et notre potentiel.
Sur la question du Kosovo une distinction s’impose entre la question du statut proprement dite et celle de l’action de l’UE dans les Balkans en général, et au Kosovo, en particulier. Une fois établie cette différenciation, il sera plus clair que l’unité des Etats membres est plus solide qu’on ne le croit. Sur la question du statut, il y a une interprétation différente parmi les Etats de l’Union quant au fondement juridique nécessaire pour reconnaître un nouvel Etat. De toute façon, la reconnaissance d’une entité reste une prérogative nationale.
Sur le plan opérationnel, tous les Etats membres de l’Union européenne sont d’accord sur le rôle de l’UE. De plus, ils sont tous d’accord sur l’objectif d’intégrer toute la région des Balkans dans l’Union. Il existe donc une base concrète et assez large pour l’action commune de l’UE dans les Balkans occidentaux. A notre avis, c’est sur ces dimensions géopolitiques que notre action présente doit porter.
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