Partenaire stratégique de l’Union européenne en Asie centrale
Devenu à la faveur de sa transition politique et économique, un acteur de poids en Asie centrale, le Kazakhstan s’est affirmé comme l’un des partenaires clé de l’Union européenne dans la région. M. Marat Tazhin, Ministre des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, évoque ici les atouts et les enjeux d’un tel partenariat, d’autant qu’Astana est devenue le promoteur d’un cadre de sécurité et de coopération régionale avec l’initiative de la CIMCA.
Après l’éclatement de l’URSS et l’accession à l’indépendance en 1991, le Kazakhstan s’est engagé sur le chemin d’un développement mutuellement bénéfique et équitable de ses relations avec l’ensemble des pays du monde.
Dès les premiers jours de notre indépendance, nous avons adopté une politique étrangère équilibrée qui a prouvé toute sa valeur et son efficacité pour préserver nos intérêts nationaux, tout en bâtissant des relations pragmatiques, constructives et mutuellement avantageuses avec nos voisins proches et tous les Etats désireux de nouer des relations avec notre pays.
La communauté internationale perçoit aujourd’hui le Kazakhstan comme un leader régional, un partenaire respectable et responsable, un voisin fiable. Le dynamisme de nos relations avec les pays de l’Union européenne, la Russie, la Chine, l’ensemble des Etats d’Asie et plus particulièrement nos voisins d’Asie centrale, témoigne clairement de cette nouvelle donne.
Notre coopération avec les pays de l’Union européenne s’intensifie ainsi d’année en année, sur le principe de nos intérêts respectifs et partagés. Les Etats européens considèrent le Kazakhstan comme un facteur de stabilité dans la région, mais aussi comme l’une de leur sources alternatives d’approvisionnement énergétique. Pour notre pays, l’Union européenne représente un partenaire stratégique de premier ordre.
Nous avons désormais la ferme intention de consolider notre coopération dans les domaines de la sécurité, à l’échelle régionale et internationale, de l’énergie, des échanges économiques et commerciaux. Mais en tête des priorités pour intensifier les relations kazakhstano-européennes figure avant tout l’approfondissement de notre dialogue politique qu’animent des contacts réguliers de haut niveau, ainsi que le travail assidu des organismes spécialement mis en place pour articuler notre coopération.
Pour nos partenaires européens, nous avons également créé un environnement favorable à leurs investissements dans le marché kazakhstanais et à la réalisation de grands projets internationaux, tout en permettant l’apport dans notre pays de technologies et de connaissances de pointe. Ces dernières années, les pays d’Europe ont ainsi acquis des positions de plus en plus solides en tant que partenaires commerciaux et investisseurs dans notre pays. Le volume d’investissement de la Communauté européenne dans l’économie kazakhstanaise depuis 1993 a en effet excédé 35 milliards de dollars, soit plus de la moitié (53%) du volume total des investissements étrangers (67,7 milliards de dollars).
Le Kazakhstan de son côté s’est hissé parmi les premiers partenaires économiques de l’Union européenne au sein de la Communauté des Etats indépendants (CEI), derrière la Russie. La reconnaissance du statut d’économie de marché de notre pays par l’Union européenne, a en outre considérablement élargi nos possibilités commerciales. Ces trois dernières années, le volume des échanges commerciaux entre l’Union européenne et le Kazakhstan a ainsi dépassé le volume global de ses échanges avec l’Asie centrale-Caucase. En 2006, il a atteint 22,8 milliards de dollars.
Les relations kazakhstano-européennes s’appuient plus particulièrement sur leurs intérêts mutuels dans le secteur gazier, ainsi que dans le développement des voies de transport en Asie centrale, domaine considéré comme stratégique dans cette région qui relie l’Europe et l’Asie (et dont témoigne, par exemple, le projet de Couloir de transport Europe-Caucase-Asie).
Le Mémorandum de compréhension mutuelle sur la coopération dans le domaine de l’énergie et l’Accord sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire constituent les piliers du dialogue énergétique entre le Kazakhstan et l’Union européenne. Ils ont été signés à l’occasion de la visite à Bruxelles du Président Noursoultan Nazarbayev le 4 décembre 2006. Cette visite a d’ailleurs concrètement positionné le Kazakhstan comme un partenaire stratégique de l’Union européenne dans la région de l’Asie centrale et de la Mer Capsienne, portant de ce fait leurs relations à la hauteur de leur dimension respective.
Mais le transport et l’énergie ne sont pas les seuls domaines à receler un potentiel prometteur pour la coopération kazakhstano-européenne. Plusieurs questions relatives aux domaines politique et économique portent également sur les problèmes du développement régional qui est devenu un sujet de discussion suscitant d’ailleurs l’intérêt des autres pays centre-asiatiques.
Au cours des deux rencontres ministérielles qui ont eu lieu en 2007 dans le cadre de la « troïka européenne-pays d’Asie centrale », une nouvelle stratégie régionale européenne pour la période 2007-2013 a été par ailleurs présentée. Celle-ci définit les principaux thèmes du dialogue qui est en cours d’approfondissement : le soutien du développement économique et social, du libre commerce et des investissements ; l’éducation et la formation professionnelle ; la prééminence des lois et des droits de l’homme ; l’énergie et la protection de l’environnement. La possibilité d’élargir cette liste n’est toutefois pas exclue. Les premières rencontres dans ce cadre ayant eu lieu à Astana, ce dialogue a été baptisé « processus d’Astana ».
Je tiens à souligner que la nouvelle stratégie régionale de l’Union européenne a pour objectif de soutenir le développement économique et social du Kazakhstan et des pays de la région, de renforcer la coopération régionale et l’intégration de la région dans l’économie mondiale.
Il faut également noter que durant l’élaboration de cette stratégie européenne, les proposition de notre pays et des autres pays d’Asie centrale ont été prises en compte. De notre point de vue, cette approche constitue la preuve claire de la volonté de nos partenaires européens de favoriser un dialogue sur un pied d’égalité, en faveur de l’essor et de l’approfondissement de notre coopération.
Au sein de l’Union européenne, la France représente plus particulièrement un des partenaires clés du Kazakhstan. Notre partenariat repose sur le socle que forment une coopération économique dense, un dialogue politique actif et des positions convergentes sur les principales questions de politique internationale et régionale.
L’intensification de notre coopération économique et commerciale constitue toutefois le terreau le plus fertile pour l’épanouissement du dialogue politique entre nos deux pays. En 2006, le volume des échanges kazakhstano-français a atteint 3,8 milliards de dollars. La France est devenue le cinquième partenaire commercial du Kazakhstan dans le monde après la Russie, l’Italie, la Suisse et la Chine. Plus de 40 compagnies françaises sont aujourd’hui présentes sur le marché kazakhstanais, dans des secteurs clé de l’économie nationale : l’énergie et plus précisément les secteurs du pétrole et du gaz, le secteur minier, les transports et les services.
En tant que pays eurasiatique, dont le dynamisme de développement politique et économique a fait jusqu’à présent ses preuves, le Kazakhstan souhaite désormais renforcer et approfondir le vecteur européen de sa politique étrangère. Notre pays continuera également à apporter sa contribution aux relations internationales, pour affirmer les principes de la démocratie, d’un ordre mondial juste et multipolaire, du pluralisme politique, de la diversité culturelle et des valeurs humaines.