Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Honduras
 
  S.E.M. / H.E. Mario Carias

Honduras : une terre à découvrir au cœur de l’Amérique centrale

Apparu dans les médias internationaux après le passage de l’ouragan Mitch en 1998, le Honduras reste un pays encore peu connu, qui jouit cependant d’un immense capital culturel, humLa Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, élu en novembre 2001, le Président Ricardo Maduro entame en 2005 la dernière année de son mandat. Quel bilan pouvez-vous dresser de son programme d’action ? Fort des améliorations du système démocratique hondurien depuis vingt-deux ans, quels changements le gouvernement du Président Ricardo Maduro a-t-il introduit en matière de pratiques gouvernementales, notamment en ce qui concerne la lutte contre la corruption ?


La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, élu en novembre 2001, le Président Ricardo Maduro entame en 2005 la dernière année de son mandat. Quel bilan pouvez-vous dresser de son programme d’action ? Fort des améliorations du système démocratique hondurien depuis vingt-deux ans, quels changements le gouvernement du Président Ricardo Maduro a-t-il introduit en matière de pratiques gouvernementales, notamment en ce qui concerne la lutte contre la corruption ?

S.E.M. Mario Carias : Le Président Maduro a articulé, avec succès, son programme de gouvernement autour de trois grands domaines. Tout d’abord, en matière de consolidation des institutions représentatives de l’Etat et de l’état de droit au Honduras. Dans la perspective des prochaines élections législatives (organisées au suffrage proportionnel), le gouvernement a mis l’accent sur la nécessité d’une plus grande proximité des candidats avec les électeurs et sur une réduction de la durée de la campagne électorale. Dans le domaine judiciaire, la nouvelle Cour suprême de Justice a été formée avec des membres nommés par une Commission de la société civile. Le système de contrôle administratif a été reformé avec la mise en place d’un nouveau Tribunal de comptes. Je tiens également à souligner que la liberté de la presse et d’association est préservée dans notre pays et amplement reconnue. En outre, le gouvernement s’est attaqué avec détermination aux problèmes budgétaires dont souffre notre système éducatif. Après d’âpres négociations, il est parvenu à trouver un consensus avec le corps enseignant, afin que l’on puisse, ensemble, remédier aux carences éducatives qui affectent des segments entiers de la population, en les privant des opportunités de la croissance économique et, d’une façon générale, pour améliorer la qualité du niveau d’éducation.
Sur le plan économique, la consolidation du cadre général de l’économie hondurienne nous permet d’envisager une croissance soutenue dans les années à venir. Nous sommes parvenus à surmonter les difficultés héritées du dévastateur ouragan Mitch en 1998. Cette situation s’est traduite par la signature début 2004, d’une lettre d’intention avec le Fonds monétaire international et par la conclusion, avec succès, des négociations avec le Club de Paris en avril de la même année.
En ce qui concerne la sécurité des biens et des personnes, les autorités honduriennes conduisent, avec fermeté et constance, une campagne de « tolérance zéro » à l’égard de la délinquance, qui bénéficie d’un très fort soutien de la population. Avec la prise de conscience par les pouvoirs publics de la montée en puissance de nouvelles formes de crime organisé au Honduras et de leurs conséquences graves sur la population des centres urbains, nous avons entrepris la modernisation des services de police et fait appel à la coopération internationale pour affronter le phénomène de violence généré par les gangs juvéniles, appelés «maras », ainsi que par les bandes criminelles qui pratiquent la séquestration de personnes et le trafic de drogues.
Face à ce phénomène, nous avons essayé d’améliorer la coordination entre les différentes instances judiciaires, et notamment entre le Ministère public et la Police. Nous avons également développé d’une part, un grand projet de création de postes de police dans les quartiers où ils n’étaient pas présents et, d’autre part, des programmes de réinsertion des délinquants juvéniles ainsi que de prévention pour favoriser le renforcement du noyau familial.
Enfin, en matière de lutte contre la corruption, le gouvernement a adopté plusieurs mesures pour accroître le contrôle administratif et judiciaire. Nous avons cherché à renforcer la transparence dans les processus d’appels d’offre de biens et de services, en confiant leur organisation au Pro-gramme des Nations unies pour le Développement (PNUD). Ces mesures ont déjà porté leur fruit puisque dans deux secteurs significatifs, la police et les douanes, des fonctionnaires ont été récemment suspendus, sur de fortes présomptions, sans pour autant préjuger de leur dénouement judiciaire.

L.L.D. : Couronnant les efforts réalisés en matière de réformes structurelles, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé la mise en place d’une nouvelle Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) en février 2004. Avec 65% de la population vivant sous le seuil de pauvreté selon le PNUD, comment les autorités honduriennes entendent-elles trouver un équilibre entre l’impératif des reformes et les fortes attentes sociales dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’emploi ?

S.E.M.M.C. :
Le 14 avril 2004, les créanciers du Club de Paris et le Gouvernement du Honduras sont parvenus à un accord sur la restructuration de la dette publique externe hondurienne à l’égard des pays membres de cette organisation. Au début de l’année 2005, nous espérons d’ailleurs atteindre le point d’achèvement de ce processus, sous les auspices de l’initiative renforcée du FMI sur les pays pauvres endettés (HIPC). Ces avancées, avec de nouveaux accords sur la dette, devraient ouvrir à notre pays un meilleur accès à des nouveaux financements, principalement destinés à des projets d’infrastructures et des programmes sociaux, ainsi que pour favoriser une meilleure mobilité de l’épargne interne et une plus grande attraction des investissements étrangers dans des projets productifs.
Pour l’heure, nous procédons à la mise en œuvre des projets élaborés sous l’égide de la Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (ERP), essentiellement dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la création d’emplois. Réunissant un large consensus au sein de la société hondurienne, l’ERP sera appliqué avec l’appui de la communauté internationale, quelque soit la couleur politique du prochain gouvernement pour le mandat de 2006-2010.
Au Honduras, 60% des foyers de pauvreté sont situés en zone rurale, principalement dans la région centre-ouest du pays où les familles produisent de faibles quantités de biens d’alimentation et doivent se contenter de services d’éducation, de santé et de communication précaires. La classe moyenne hondurienne dont le niveau de vie est comparable à celui d’autres pays de la région, est localisée à Tegucigalpa et dans les villes de la côte nord, sur la mer des Caraïbes.
L’ERP a fixé les objectifs suivants pour la décennie 2005-2015 :
– réduire l’indice de pauvreté et d’extrême pauvreté de 24 points.
– obtenir l’accès de 95% des jeunes aux deux premiers cycles d’éducation élémentaire et de 70% au troisième cycle, de manière à ce que 50% des nouvelles forces de travail bénéficient d’une éducation secondaire.
– réduire de moitié le taux de mortalité infantile et de mortalité maternelle.
– ouvrir à 95% de la population l’accès des services d’eau et d’assainissement.
– élever à 20% l’indice de développement humain des hommes et des femmes.
Enfin, cette stratégie s’accompagne de politiques et de programmes visant à accélérer la croissance économique du Honduras à un rythme soutenu, mais aussi à favoriser la réduction des foyers de pauvreté dans les zones rurale et urbaine, l’accroissement de l’investissement en capital humain et le renforcement de la protection sociale de catégories de population bien spécifiques.
Alors que le gouvernement hondurien consacre actuellement d’importantes ressources budgétaires aux dépenses sociales, on estime qu’environ 2 milliards de dollars sont nécessaires pour la mise en œuvre des programmes prévus par l’ERP. Leur financement sera d’ailleurs assuré par des ressources propres et celles qui seront dégagés grâce à l’initiatives de réduction et d’annulation de la dette externe du pays, dans le cadre du programme HIPC du FMI.

L.L.D. : Affichant un des taux de croissance démographique parmi les plus élevés du monde durant les années 90 (2,8%/an), quelles orientations sont-elles prévues pour faire face à ce défi ? Encore primordial pour son économie, comment le secteur agricole hondurien peut-il être transformé pour répondre au dénuement de ses paysans sans terre et dépasser le modèle latifundiste ?

S.E.M.M.C. :
Avec 60% de la population âgée de moins de 30 ans, le Honduras est un pays essentiellement composé de jeunes. Il est donc primordial et urgent pour nous, de consacrer d’intenses efforts pour généraliser la scolarisation de tous les enfants honduriens et d’assurer une meilleure formation à nos universitaires et techniciens. Nous devons également soutenir, en parallèle, le développement de l’emploi. Or, c’est précisément sur ce sujet que nous rencontrons le plus de difficultés. En dépit des efforts déployés conjointement par le gouvernement et les acteurs du secteur privé, l’offre d’emploi demeure insuffisante. Face au chômage, des milliers de jeunes choisissent d’émigrer vers le Mexique et les Etats-Unis ou, pour un certain nombre d’entre eux, de sombrer dans la criminalité.
Ce phénomène de dépopulation affecte plus particulièrement le secteur agricole, dont les candidats au départ viennent grossir les rangs des populations marginalisées des grandes villes, et ce malgré la création de nombreux emplois pour les femmes dans les « maquilas ». En plus de ce problème, la zone rurale hondurienne a beaucoup souffert des ravages de l’ouragan Mitch qui ont rendu inutilisables plusieurs hectares de terre cultivable pour plus d’une décennie, mais aussi des faibles prix du café et du sucre ainsi que des restrictions européennes sur les exportations de banane.
Pour faire face à ces problèmes, le gouvernement du Honduras continue à octroyer des titres de propriété foncière ainsi que des crédits aux familles paysannes, en particulier aux femmes qui les dirigent, pour tenter de remédier à de longues années de désespoir. Cette approche consiste à consolider l’harmonie sociale en zone rurale où, à titre d’exemple, la production du café est désormais détenue par plus de 50 000 producteurs. Le plus grand défi reste cependant la création d’une relation structurée entre ces unités de production de taille familiale et les entreprises de commerce et d’agro-exportation, afin d’élargir au plus grand nombre les opportunités de la croissance économique et de valoriser notre potentiel économique. Il existe en effet d’importantes marges de manœuvre pour accroître sensiblement les productions de maïs, haricots, riz, viande bovine ainsi que les productions porcine et avicole et pour satisfaire les capacités d’approvisionnement des centres urbains du pays et des pays voisins comme le Salvador et le Guatemala. Ces objectifs ne pourront toutefois être atteints sans la création d’une plus grande stabilité des circuits commerciaux et de conditions plus favorables au crédit à la production qui n’ont pas encore pu être renégociés en raison des pertes causées par l’ouragan Mitch.
J’ajouterai que nous enregistrons actuellement une augmentation des volumes d’exportation de crevettes d’élevage et de mer, de plusieurs variétés de végétaux et de fruits naturels et en conserve, de tabac et de produits en bois, ainsi que de certaines ressources minérales comme le plomb, l’argent et le zinc dans des quantités encore petites, mais qui illustrent cependant la diversité de l’offre hondurienne ; ce qui un signe positif pour notre économie, qu’il faudrait renforcer.

L.L.D. : Affaiblie par l’ouragan Mitch en 1998, l’économie hondurienne donne des signes de reprise depuis 2003. Partisan d’une économie de marché ouverte aux investissement étrangers, quel autres secteurs productifs, en dehors du secteur agricole, peuvent-ils être développés ? Comment percevez-vous les limites du système de la « maquila », consistant à faire de la sous-traitance destinée à la réexportation ? Quel progrès ont-il été accomplis pour améliorer le cadre des affaires hondurien ?

S.E.M.M.C. :
L’économie hondurienne traverse en effet une phase de re-dynamisation. Pour la troisième année consécutive, nous tablons sur un taux de croissance de 4%. En dehors du secteur de la sous-traitance et du secteur agricole, deux des plus importants sur le plan de l’entrée des devises avec les fonds envoyés par plus d’un demi million de Honduriens travaillant aux Etats-Unis, le secteur touristique devrait s’affirmer dans la prochaine décennie comme un autre moteur de notre économie, avec le développement de nouvelles infrastructures touristiques dans les zones des ruines de Copán, du littoral, de la barrière de corail caraïbéenne et des villages coloniaux qui bordent les routes de parcs naturels protégés.
La « maquila » a constitué un moteur pour la création d’emploi durant ces vingt dernières années. Au regard de l’importance de son rôle économique, le gouvernement hondurien s’est engagé à œuvrer pour l’accroissement des avantages à l’accès aux marchés nord-américain et européen, soumis au système des préférences. Le Honduras a adopté ce modèle d’industrialisation lors du lancement de l’Initiative sur le Bassin du Caraïbe par le gouvernement des Etats-Unis. En le développant, en conformité avec les règles de l’OMC, nous sommes parvenus à nous placer au rang de premier producteur mondial dans certaines catégories de vêtements. Il est clair que pour être compétitif face à la forte concurrence internationale, nous devons concentrer tous nos efforts pour améliorer la qualité de nos produits textiles, mais aussi accroître la diversité de notre production pour incorporer les filières de l’électronique et du bois.
Par ailleurs, l’amélioration de la sécurité juridique et les efforts constants réalisés en vue de simplifier les procédures administratives font du marché hondurien, un cadre des affaires de qualité. Comme je l’ai déjà mentionné, l’adjudication de contrats et de services par appel d’offres est désormais administrée par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). La Banque centraméricaine d’Intégration économique (BCIE), dont le siège est à Tegucigalpa, et la Banque interaméricaine de Développement (BID) constituent de bons instruments pour connaître et développer les opportunités d’investissement envisageables à court terme dans notre pays, surtout en matière d’infrastructures portuaires, d’autoroutes et de télécommunications ainsi que de production hydroélectrique et de traitement des eaux.
Dans ce contexte de redressement économique, je tiens également à souligner et à marquer la reconnaissance due aux gouvernements amis du Honduras et aux institutions internationales du Groupe de Stockholm qui ont notamment permis la réhabilitation des ponts et des routes endommagés par l’ouragan Mitch et qui nous ont soutenus face à un certain nombre de problèmes fiscaux dans les années 2000-2002.

L.L.D. : Historiquement engagé en faveur de l’intégration régionale et pivot de l’isthme centraméricain, le Honduras forme depuis avril 2004 une union douanière avec le Guatemala et le Salvador. Comment votre pays compte-il favoriser l’harmonisation des économies régionales et quels projets majeurs sont-ils envisagés dans ce but ? Au regard des réformes prévues des institutions du Système d’intégration centraméricain (SICA), notamment du Parlacen, comment percevez-vous le rôle du Honduras dans le processus d’intégration régionale ?

S.E.M.M.C. :
Le Honduras a proclamé son indépendance en 1821, se séparant ainsi de la couronne d’Espagne pour intégrer la République fédérale d’Amérique centrale avec le Guatemala, le Salvador, le Nicaragua et le Costa Rica. Deux hommes d’Etat originaires du Honduras ont d’ailleurs joué un rôle marquant dans ce processus. José Cecilio del Valle qui rédigea l’Acte d’Indépendance et qui a brièvement assumé la fonction de Secrétaire des Relations étrangères de l’Empire mexicain lorsque la région centre-américaine y fut annexée en 1822, avant d’être élu Président de l’Amérique centrale en 1834 (bien qu’il soit mort avant d’avoir pu exercer ses fonctions). Les écrits précurseurs sur le panaméricanisme qu’il a laissé, font de Valle, avec Bolívar, un des plus grands penseurs de l’unité hispano-américaine.
Francisco Morazán a, quant à lui, combattu les armes à la main, l’excès de pouvoir des autorités fédérales qui avaient envahi le Honduras en 1827. Il a été Président de l’Amérique centrale de 1828 à 1838, date de sa défaite face au guatémaltèque Rafael Carrera et qui provoqua la désintégration de la fédération. Il a promu l’établissement d’un Etat libéral fondé sur des institutions républicaines fortes et sur l’ouverture commerciale. Cette implication historique explique probablement l’aspiration profonde et traditionnelle à l’intégration de la région, qu’a développé le Honduras tout en cultivant une identité nationale et culturelle qui lui est propre.
Dans une période plus récente, notre pays s’est associé depuis 1958 avec ses partenaires régionaux, dans un premier temps avec le Guatemala et le Salvador, puis avec le Nicaragua et le Costa Rica, pour mettre en place des institutions et promouvoir des politiques qui permettent de faire du Marché commun centraméricain, un instrument efficace du dévelop-pement économique et social des peuples qui le composent. Quarante-cinq ans après, le bilan de cette évolution est positif, même s’il a fallu adapter à plusieurs reprises les instruments de ce processus d’intégration, pour surmonter les difficultés et le retard considérable provoqués par les guerres civiles qui ont secoué la région dans les années quatre-vingt.
La consolidation des valeurs démocratiques dans la région a réactivé le projet d’intégration régionale en 1990. Avec la conclusion du Protocole de Tegucigalpa en 1991, créant le Système d’intégration centraméricain (SICA) qui englobe sur le plan institutionnel les aspects économique, politique et social, nous sommes entrés dans une nouvelle étape du processus d’intégration des quatre pays centre-américains au sein de l’union douanière en 2005, à l’exception du Costa Rica.
D’une manière générale, d’importants progrès ont été accomplis dans ces sept grands domaines :
– En matière d’« Administration douanière commune », nous avons élaboré une nomenclature unique et un manuel unifié de procédures douanières. Des délégations douanières du Honduras et du Salvador sont présentes à la frontière du Guatemala avec le Mexique ; des délégations des trois pays à la frontière du Nicaragua avec le Costa Rica et des délégations salvadoriennes dans les ports du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua.
– Dans le secteur de l’« Harmonisation des droits de douane », 93% des 6 194 postes exportateurs, sans inclure les véhicules, ont été harmonisés. Parmi les postes en attente, les biens agricoles doivent encore faire l’objet d’une renégociation à l’OMC.
– Au chapitre de la « Libre circulation des biens et services », le système de libre-échange prévaut pour tous les biens originaires des pays centraméricains, à l’exception du sucre, du café non-torréfié, des dérivés du pétrole et des boissons alcoolisées. Il reste encore à conclure la négociation définitive sur les biens non originaires de la région.
– En ce qui concerne l’« Harmonisation de l’attribution, la perception et la distribution des ressources », la mise en place d’un nouveau mécanisme approuvé en juillet 2004 est actuellement étudié par le Ministre de l’Economie.
– Pour ce qui est des « Registres », les parties reconnaissent mutuellement les registres sanitaires nationaux en matière d’aliments, boissons, médicaments et autres produits annexes, la reconnaissance des registres de biens agricoles n’étant pas encore acceptée. Des progrès ont également été accomplis sur les plans de l’harmonisation des registres des importateurs et distributeurs d’hydrocarbures, de l’homologation de mesures sanitaires et phytosanitaires, ainsi que de l’harmonisation de mesures de normalisation.
– Dans le secteur de la « Propriété intellectuelle », un accord centraméricain est en cours de négociation, prévoyant un régime commun pour les marques et les signes distinctifs, ainsi que d’autres instruments commerciaux comme les brevets et les dessins industriels, les variétés végétales, les droits d’auteur et la répression de la concurrence déloyale.
– Enfin, au registre de la « Politique commerciale », après avoir conclu avec succès la signature d’un traité de libre-échange avec les Etats-Unis, nous travaillons actuellement sur l’homogénéisation des engagements pris à l’OMC, à l’adaptation de la réglementation du commerce centraméricain au cadre de l’union douanière et à l’élaboration de mécanismes communs aux quatre pays de l’union pour les négociations commerciales concernant des pays tiers ou des groupes de pays, comme l’Union européenne en particulier.

L.L.D. : En marge des progrès enregistrés par l’intégration régionale, le Honduras a réaffirmé sa volonté de coopération avec ses partenaires centraméricains dans le domaine de la lutte contre la criminalité, le trafic de drogues, le trafic d’armes et le trafic de personnes. Comment s’articule cette coopération et quels en sont les résultats ? Comment analysez-vous l’explosion récente du phénomène des « maras » ou bandes juvéniles criminelles ?

S.E.M.M.C. :
En effet, le Honduras a connu une forte progression de la criminalité depuis le milieu des années 90, résultant en partie de la fin des guerres civiles qui ont laissé des quantités d’armes en circulation et de l’allègement du contrôle des frontières avec le retour de la paix en Amérique centrale. Ce phénomène s’est caractérisé par l’apparition d’organisations criminelles d’une certaine envergure, pratiquant le trafic de drogues, le banditisme, les enlèvements et le trafic d’êtres humains vers les Etats-Unis. Il a aussi favorisé la constitution de gangs juvéniles se consacrant surtout à l’attaque des véhicules de transport et au racket des petits commerces et des écoliers dans les quartiers pauvres des grandes villes.
Si chaque pays a mis en œuvre ses propres mesures pour faire face à la criminalité, il est indiscutable que cette menace contre la paix sociale, dont la dimension est à bien des égards transfrontalière, doit réunir une intense coopération entre les institutions judiciaires et policières de nos pays voisins, ainsi que l’appui technique et financier de la communauté internationale.
De fait, les fréquentes consultations entre les différents organismes nationaux en charge du combat contre la criminalité organisée en Amérique centrale ont permis de développer une étroite coopération régionale qui se traduit, par exemple, par la confiscation extraterritoriale de véhicules volés, la détention et l’extradition réciproques de délinquants, ou encore par une action commune en matière de lutte contre le blanchiment d’actifs émanants du trafic de drogues.
Dès son arrivée au pouvoir, le Président Maduro a fait du combat contre la criminalité un objectif phare de son programme politique, sans pour autant négliger les programmes sociaux et les campagnes d’information destinées à mobiliser la population jeune sur le marché du travail. Son action s’est efforcée de renforcer les inspections de police avec un éventuel soutien d’unités militaires et à parfaire la formation technique de la police d’investigation. Durant la dernière décade, nous sommes parvenus à saisir de très grandes quantités de drogue, surtout sur la côte Atlantique.
Les principaux gangs, ou « maras » au Honduras sont la « Mara 18 » et la « Mara Salvatrucha ». Cette dernière, originaire de Los Angeles (Californie), dispose de ramifications au Guatemala, au Salvador et au Honduras. Leurs membres, coupables de plusieurs délits aux Etats-Unis, sont refoulés dans leur pays d’origine où ils reprennent leurs activités en mettant en place de nouveaux gangs. L’ampleur de ce phénomène semble néanmoins diminuer, notamment sous l’effet de l’appui massif des citoyens à la lutte contre ces nouvelles formes de délinquance.
L’action policière et judiciaire s’accompagne en outre de programmes de formation des jeunes et de réhabilitation des « mareros » (membres des maras), à qui l’on commence par effacer les tatouages les identifiant à leur organisation, pour les réinsérer tout de suite dans le marché du travail. Pour pallier à l’insuffisance des capacités pénitentiaires et à leur manque d’adaptation pour accueillir cette délinquance juvénile, les autorités honduriennes, en coopération avec des ONG, tentent actuellement de mettre en place des « fermes de réinsertion ».
J’ajouterais que les espoirs du Honduras reposent pour beaucoup sur la jeune génération. Notre pari pour le futur réside donc dans l’élargissement de l’éducation à toute la population et dans une augmentation des possibilités de création de revenus au sein de la population la moins favorisée.

L.L.D. : Fin 2003, le Honduras, et quatre autres pays centraméricains ont conclu un accord de libre-échange avec les États-Unis (CAFTA). Quelles sont vos attentes à l’égard de celui-ci ? Dans la perspective de la formation de la zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), comment évaluez-vous, à long terme, les conséquences de la mise en concurrence de l’économie hondurienne avec celles des autres puissances économiques du continent ? Quelle est votre position à l’égard des effets négatifs induits par les avantages douaniers accordés par les États-Unis à certains pays latino-américains ?

S.E.M.M.C. :
Le traité de libre-échange entre l’Amérique centrale et les Etats-Unis a déjà été signé, mais il reste dans l’attente d’une ratification législative par les cinq pays concernés. Nous espérons pour notre part que celle-ci aura lieu prochainement, dans la perspective d’une entrée en vigueur de ce traité courant 2005. Le renforcement de l’accès de nos produits au marché le plus dynamique du monde, celui de notre offre au regard de notre proximité géographique de ce marché et, corollairement, de nos capacités d’accueil d’investissements destinés à l’exportation vers ce marché ou à l’amélioration des services, principalement de communication interocéanique, représentent en effet des enjeux cruciaux pour le Honduras.
A long terme, la seule véritable préoccupation que suscite ce traité concerne le commerce de produits agricoles, dont l’expérience mexicaine n’a pas été si positive. Ce document prévoit toutefois un certain délai avant son entière application ainsi que des clauses de sauvegarde et nous sommes convaincus que l’économie hondurienne pourra se moderniser et devenir compétitive le moment venu.
Ce traité, avec le traité que nous avons déjà conclu avec le Mexique, laisse entrevoir la constitution d’un espace économique où la modernisation des secteurs productifs et la croissance des échanges se traduiront par une augmentation réelle du niveau de vie de nos citoyens.
Un certain nombre d’opérations commerciales triangulaires actuellement en cours, nous laissent penser que les futures négociations entre les Etats-Unis et les pays d’Amérique du Sud ne pourront pas nous affecter. Du reste, la question de la compétitivité des différentes économies continuera à se poser. En outre, le Honduras entretient des relations de qualité avec les pays des Caraïbes, ainsi qu’avec le Panama, la Colombie et le Venezuela dans la zone du Grand Caraïbe, et ces relations économiques pourront naturellement s’améliorer au profit de bénéfices réciproques.
En fin de compte, je ne crois pas personnellement que la Zone de libre-échange des Amériques (ALCA) puisse se mettre en place dans les dix prochaines années. Je pense, comme plusieurs analystes, que nous rentrons dans une période de pause et de consolidation des réussites que l’on a enregistré en matière de libéralisation commerciale et, par conséquent, dans une période nécessaire aux différents blocs de pays pour affirmer et approfondire leurs projets d’intégration avant de franchir de nouveaux pas.
Dans la perspective de la ratification du CAFTA et du perfectionnement de l’Union douanière d’Amérique centrale, le Honduras devra en effet mener à bien un programme d’engagements déjà très dense dans l’immédiat.

L.L.D. : Au-delà de la réaffirmation de sa traditionnelle alliance avec les États-Unis, l’envoi de contingents militaires honduriens pour la reconstruction en Irak a également traduit la volonté de votre pays de s’impliquer dans les affaires internationales. Quels objectifs ont-ils motivé la participation du Honduras à ce conflit ? Plus largement, comment votre pays entend-il prendre une part plus active au règlement des tensions qui secouent le continent américain ? Comment définiriez-vous le risque terroriste à l’échelle de l’Amérique centrale et de votre pays ?

S.E.M.M.C. :
Dès 1990, le gouvernement du Honduras a pris la décision de participer avec des petits contingents militaires spécialement préparés, aux opérations de maintien de la paix et, plus particulièrement, de pacification. Ne disposant pas de moyens pour des actions d’envergure, notre volonté, sous mandat international, est de contribuer à la stabilisation de situations post-conflit. Nous étions ainsi présents en Haïti avec l’OEA ; des unités d’officiers honduriens ont participé à la mission des Nations unies dans l’ancien Sahara espagnol (MINURSO) ; et pendant un an et demi nous avons voulu contribuer à la reconstruction de l’Irak, jusqu’à ce que la détérioration des conditions de sécurité motive notre départ.
Le Honduras a toujours appuyé les méthodes de résolution pacifique des conflits. Nous avons fait appel une fois à un Tribunal arbitral et trois fois à la Court internationale de Justice de la Haye, pour définir des frontières avec des pays voisins. Nous croyons fortement au principe interaméricain que l’utilisation de la force ne peut concéder des droits territoriaux. Dans l’action que nous conduisons dans le continent américain et dans le monde, nous favorisons le dialogue et les solutions politiques aux conflits existants.
Avec les risques de la prolifération nucléaire, j’estime que l’autre grand problème actuel est le conflit du Proche-Orient. Nous avons des ambassades à Tel Aviv comme au Caire. Nous soutenons la réconciliation entre Arabes et Israéliens, la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël et l’observation de principes de respect mutuel et des frontières sûres et reconnues entre Etats voisins.
Face au terrorisme international, les gouvernements d’Amérique centrale ont multiplié les instances de coopération judiciaire et de contrôles migratoires dans la région, de la même manière que nous agissons ensemble, et avec l’appui nécessaire de la communauté internationale, dans la lutte contre le crime organisé et le trafic de drogues.
En Amérique latine, les principales tensions surgissent de mouvements sociaux qui, à mon sens, sont parfois exacerbés par des dirigeants qui cherchent, en fait, à parvenir au pouvoir par des chemins différents de ceux de la voie électorale. Naturellement, ces phénomènes sont du ressort de la compétence interne de chaque Etat, mais malheureusement leur multiplication est en train de ronger les fondements de la démocratie et de la gouvernance dans la région. Toutefois, le désenchantement et l’impatience des citoyens sont étroitement liés à des frustrations réelles provoquées par des modèles d’ajustement économique impliquant des coûts sociaux élevés et des retards dans l’amélioration du niveau de vie qui, dans beaucoup de cas, s’est détérioré durant la dernière décennie.
Il doit cependant exister de multiples réponses à apporter à ces problèmes, mais j’estime que le plus important est de réaffirmer constamment la viabilité des institutions démocratiques et représentatives, parce que seule la liberté pourra continuer à assurer le développement de l’Amérique latine au XXIème siècle.

L.L.D. : Alors que 50% des exportations honduriennes sont absorbés par le marché américain, la diversification des débouchés de votre pays est une autre condition de son développement à venir. Quelles autres zones géographiques sont-elles privilégiées pour élargir les partenaires commerciaux du Honduras ?

S.E.M.M.C. :
En 2004, la croissance de nos exportations a augmenté de 17.4% par rapport à 2003. Néanmoins, elle n’a pas généré d’importants revenus en raison des faibles prix de la banane et du café, de la stabilité du prix du sucre, des crevettes et des légumes, et de la hausse modeste du prix des minéraux. Si le commerce extérieur hondurien s’oriente, en effet, à 50% vers les Etats-Unis, les échanges avec les pays européens et le Japon commencent à dégager des volumes significatifs.
Fort de cette tendance, nous avons tout intérêt à maintenir et à diversifier nos échanges économiques et commerciaux. Les échanges avec le Japon, la Corée et Taiwan demeurent en effet déficitaires même si ces trois pays ont mis en œuvre d’importants programmes de coopération avec le Honduras. Ils constituent toutefois nos principaux partenaires commerciaux en Asie, peu de contacts ayant été développés avec la République de Chine et d’autres grandes opportunités n’ayant pas encore été identifiée avec d’autres pays asiatiques.

L.L.D. : Longtemps conflictuelles en raison de la politique préférentielle de l’Union européenne (UE) à l’égard de certains pays en développement, les relations honduréno-européennes devraient s’intensifier avec la levée des quotas ACP en 2006. Au-delà de leur aspect commercial, quelle place occupe l’UE dans la politique étrangère de votre pays ?

S.E.M.M.C. :
L’Union européenne et la majorité des pays européens qui la compose sont liées au Honduras par des relations d’amitié et de coopération depuis de nombreuses années. Près de 30% de notre commerce est orienté vers l’Europe. Des pays comme l’Espagne, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie et plus récemment la Suède ont développé dans notre pays une présence active en tant qu’investisseurs ou en tant que coopérants, même si les volumes de ces échanges ne sont pas aussi élevés qu’on le souhaiterait.
Pour toutes ces raisons, nos relations diplomatiques avec l’Europe sont primordiales. Elles s’appuient sur des liens culturels, historiques et économiques très forts et, bien que le nombre d’universitaires honduriens effectuant leurs études en Europe ait malheureusement diminué, il existe des possibilités pour améliorer les programmes d’échanges universitaires. Pour notre part, nous continuerons à promouvoir la venue d’Honduriens en Europe.
L’Europe a également eu une forte présence politique en Amérique centrale découlant du « Dialogue de San José » initié en 1984 et qui a réuni les Ministres et Secrétaires d’États aux Affaires étrangères des deux parties, dans une action qui a beaucoup aidé le Groupe de Contadora à éviter l’extension de la guerre dans la région et, après les Accords centraméricains de 1987, à atteindre puis à consolider la paix au Nicaragua, au Salvador et au Guatemala.
Sur le plan des échanges économiques, l’Amérique centrale est en train d’initier des négociations avec l’Union européenne dans la perspective de conclure un accord d’association « comme objectif stratégique commun », qui inclura une zone de libre-échange et qui renforcera le processus d’intégration économique centraméricain. Le Honduras, comme les autres pays de la région , fait des efforts pour exporter vers l’Europe, en dehors des produits que l’on connaît déjà, des produits dits non traditionnels, à savoir certaines catégories de fruits et de produits manufacturés, dans le cadre du Système généralisé de préférences et dans celui des avantages accordés pour faciliter la consolidation de la paix et le développement de la région.
Naturellement, des problèmes subsistent encore comme celui de la réforme des conditions d’accès de la banane au marché européen, extrêmement restrictives au regard de notre potentiel, et qui est d’une importance capitale pour le Honduras. Le système actuellement en vigueur, d’ailleurs considéré en contradiction avec les normes de l’OMC, doit s’adapter et nous espérons que l’Union européenne ne fera pas prévaloir un protocole de tarifs élevés. Nous pensons en effet, qu’un marché existe pour différentes qualités de fruits, surtout dans un espace européen élargi.

L.L.D. : Malgré la modeste intensité des relations franco-honduriennes, la France bénéficie au Honduras d’un capital de sympathie notamment au regard de sa présence culturelle. Comment la connaissance mutuelle entre les deux pays a-t-elle évolué depuis la visite du Président Jacques Chirac à Tegucigalpa en novembre 1998 ? A travers quelles actions pouvez-vous contribuer à la promotion de l’image de votre pays, encore méconnu mais disposant d’atouts culturels et touristiques majeurs ? Alors que les entreprises françaises manifestent un intérêt de plus en plus accru à l’égard des marchés latino-américains, quelles opportunités votre pays peut-il leur offrir et dans quels secteurs ?

S.E.M.M.C. :
Le Honduras et la France partagent une longue tradition d’amitié. Bien que l’on aimerait les voir se renforcer, ces liens historiques et culturels ont perduré jusqu’à présent. L’expression de l’amitié entre nos deux pays est d’ailleurs particulièrement vivace à travers l’usage du français, enseigné au lycée franco-hondurien. Les activités des deux Alliances françaises présentent à Tegucigalpa et San Pedro Sula, sont également très appréciées pour leur appui aux manifestations de l’art et de la culture hondurienne.
Il est toutefois nécessaire d’accroître les échanges d’étudiants et de spécialistes honduriens avec les universités et les centres techniques français, compte tenu de leur diminution sensible ces vingt dernières années, ainsi que de renforcer les programmes de l’Union européenne au sein desquels la France joue un rôle majeur.
La visite qu’a effectuée le Président Chirac au Honduras deux semaines après le passage dévastateur de l’ouragan Mitch a constitué une manifestation touchante de la solidarité française avec notre peuple que nous n’oublierons jamais. La France manifeste également son implication à nos côtés dans plusieurs forums internationaux, en faveur de la réduction et de l’annulation de la dette extérieure des pays émergents les plus pauvres et, plus particulièrement, au sein du Club de Paris où son rôle nous a été très favorable sur ce sujet.
Maintenant que le Honduras a en partie surmonté les graves impacts du désastre provoqué par Mitch, nous nous efforçons de stimuler l’intérêt des entreprises françaises pour les atouts qu’offrent l’économie hondurienne et plus généralement centraméricaine. D’une part, il existe en effet des opportunités pour participer à la réalisation d’infrastructures comme les ports et les autoroutes, mais aussi à la construction de nouveaux barrages pour la production hydroélectrique et pour la mise en place de systèmes d'irrigation dont nous avons fortement besoin. Sur ce point, les nécessités de notre pays rejoignent d’ailleurs l’emphase manifestée par le gouvernement français lors du Sommet de la Terre de Johannesburg, pour faire de l’utilisation des ressources en eau une priorité de la communauté internationale. D’autre part, l’économie hondurienne est désormais plus étroitement liée aux marchés des Etats-Unis et du Mexique, ouvrant ainsi des possibilités de partenariat avec des entreprises françaises en vue de l’exportation de produits manufacturés et agro-industriels vers ces marchés et ceux des cinq pays centraméricains.
En outre, un certain nombre d’entreprises françaises sont déjà présentes au Honduras, comme Lafarge, avec une usine de ciment, Elf Gaz pour la distribution de gaz domestique et Alcatel pour les systèmes de télécommunications. D’autres ont développé des activités commerciales comme les constructeurs automobiles Peugeot et Renault, les laboratoires pharmaceutiques Aventis et Sanofi, ou les entreprises comme Degrémont qui occupe un rôle de longue date en matière d’équipements de conduits d’eau. Il ne faut pas non plus oublier les petites et moyennes entreprises (PME), dont des représentants honduriens se sont réunis à Paris en septembre 2002, dans le cadre du programme Europalia et avec le concours de l’ONUDI et du Centre national du Commerce extérieur (CNCE).
Je crois que la France devrait prendre une décision en faveur d’une association avec la Banque centraméricaine d’Intégration économique (BCIE), dont le siège est à Tegucigalpa et accorder une plus grande attention aux recommandations formulées par plusieurs études de la Banque interaméricaine de Développement (BID), portant sur des projets dans la région. L’Amérique centrale constitue en effet une zone stratégique, faisant figure de pont entre les océans Pacifique et Atlantique qui, en dehors du Canal de Panama, offre des connections autoroutières interocéaniques entre les ports du Pacifique et ceux de la mer des Caraïbes, dont les ports honduriens de Puerto Cortés et de Puerto Castilla parmi les plus performants. Ces atouts représentent des opportunités d’investissement très claires et qui s’inscrivent dans le processus de mondialisation des échanges commerciaux.
Enfin, j’ajouterais que c’est dans le secteur du tourisme que le Honduras peut, à court terme, offrir le plus d’opportunités d’investissement comme de loisirs pour les entreprises et les citoyens français. Nous possédons une des plus grandes et belles barrières de corail au monde où la pratique de la plongée s’allie au cadre somptueux que procure pour le repos les plages aussi bien des iles de Roatán, Utila et Guanaja, que celles d’Omoa, Tela, La Ceiba et Trujillo sur le continent. Ces localités de la Côte Nord du Honduras sont faciles d’accès de par leur proximité de l’aéroport international de San Pedro Sula et des routes menant au Guatemala et au Salvador. Notre pays abrite également des parcs naturels protégés près des villes coloniales et le site archéologique des ruines de Copán qui font l’orgueil des Honduriens avec d’autres sites où sont conservés les vestiges de la grandiose civilisation Maya.
ain et touristique au carrefour de l’Amérique centrale. Ancien Ministre des Affaires étrangères, S.E.M. Mario Carias, Ambassadeur du Honduras en France nous livre ici ses réflexions sur les grands enjeux que son pays doit encore relever pour dynamiser son développement.

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