Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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L’accès aux marchés financiers et de capitaux : levier de la lutte anti-corruption

 Par M. Philippe-Henri Latimier, Ph.D., Président de Montserrat Economic Development Advisory Services (MEDAS), Professeur associé de Banque-Finance au New-York Institute of Finance*  

Pourquoi la globalisation mérite-t-elle de ce point de vue un satisfecit en dépit des procès d’intention qu’on lui fait souvent ? Nul ne peut nier que la mondialisation a joué un rôle cardinal dans l’émergence de certains pays en voie de développement, au point de leur permettre désormais de jouer dans la cour des grands, celle des pays industrialisés. Il n’est pas déraisonnable de prétendre que si les pays émergents ont connu depuis plus de 15 ans une expansion économique fulgurante, ils le doivent à l’investissement direct étranger autant qu’à leur accès progressif aux marchés financiers et de capitaux internationaux. Sauf à se montrer résolument captieux, qui oserait encore prétendre aujourd’hui que serait toujours à démontrer la vérité selon laquelle l’ouverture au modèle économique occidental constitue un élément à la fois moteur et discriminant dans l’analyse du « risque pays » au regard notamment des facteurs de stabilité ? Force est de constater à cet égard, l’existence d’une troïka interactive au sein de laquelle s’entrechoquent, sans jamais se fondre, l’« économique », le « politique » et le « culturel ». Le vieux postulat de l'économie libérale avancée selon lequel le marché engendre, fut-ce avec un retard à l'allumage, la démocratie, se vérifie toujours. Et si le marché accouche de la démocratie, il accouche aussi, grace aux marchés financiers et de capitaux internationaux, du progrès social. Et quand le marché donne son meilleur, il en résulte un optimum collectif. Fort de ce constat, l’on peut dire que la dynamique d’un pays s’apprécie autour de l’intrication de quatre spectres clés : les paramètres sociaux, les caractéristiques propres au système économique, la prédisposition sociétale et les idéologies en vigueur. Conjugués entre eux, ces quatre spectres déterminent et façonnent le modèle socio-économique de toute nation. Sauf à vouloir réinventer la roue, l’existence d’un marché de capitaux efficient, c’est-à-dire placé sous la surveillance d’autorités de marchés financiers, reste le meilleur modèle en vigueur et certainement l’antalgique le plus efficace pour calmer la souffrance sociale des peuples dont les pays sont en matière d’infrastructures économiques, les plus démunis. En l’absence des mouvements de capitaux fluides et récurrents, les pays en transition peineraient, aujourd’hui, à financer leurs investissements de croissance. Et dans le même temps piétineraient s’agissant de la mise en place des outils de développement nécessaires à l’amélioration de leur situation économique pour ce qui concerne, notamment, la réforme de leur système bancaire, la privatisation éventuelle de structures étatiques, la régulation financière sous l’angle bien compris de la libéralisation des marchés boursiers, les pratiques d’attribution des marchés publics, le contrôle du blanchiment d’argent sans oublier la transparence de la vie publique autant que le financement des partis politiques et l’amélioration des systèmes judiciaires… Et somme toute, la lutte contre la corruption et concussions en tous genres, véritables butoirs putrescents à toute forme de développement économique durable et au progrès social au sein des pays en transition qui, naturellement, sont les plus affectés par ces maux, faute de visibilité et de lisibilité au niveau des procédures. Une corruption et des concussions, dont on sait qu’elles peuvent – au risque d’insister – infiltrer tous les maillons des prestations et de contrôles d’une nation tout entière, sans distinctions sectorielles et tant pour ce qui touche le secteur privé que le secteur public. Ce quel que soit le niveau de sophistication de ces prestations et contrôles, c’est-à-dire quand bien même, la corruption emprunterait ou non le labyrinthe de systèmes plus ou moins complexes et opaques qu’on lui connaît le plus souvent. Et qui constitue un champ forcément fertile pour « institutionnaliser » les dérives génératrices de dysfonctionnements en matière de gouvernance et de transparence, qui peuvent aller jusqu’à miner les efforts des bailleurs de fonds autant qu’à priver le plus grand nombre des concitoyens, des conditions d’accès d’une vie meilleure. Autrement dit, il nous apparaît que sans ces indispensables mouvements de capitaux internationaux, du nécessaire accroissement de leur degré de liquidité et de leur régulation afin de réunir à terme les conditions indispensables d’un marché boursier nécessaire aux éventuelles privatisations, de la « décompartimention » de ces marchés en court, moyen et long termes, ces pays en transition – à l’instar d’une automobile qui roulerait le réservoir presque à sec -, dépendraient, en interne, – et presque exclusivement – des financements publics (c’est-à-dire en quantité insuffisante) et en externe, surtout, des soutiens octroyés par les organisations internationales. Et de leur cortège d’abandons de créances. Autrement dit, comme autant de données qui s’imposeraient d’emblée comme des freins puissants susceptibles de brider leur croissance économique. De ce point de vue, la globalisation a permis aux pays les plus riches d’y investir massivement, accélérant du même coup et souvent de manière plus que proportionnelle, le taux de croissance économique de ces nouveaux pays d’accueil qui ont pu ainsi rejoindre le cercle fermé des « happy few » pays industrialisés.   Pays émergents, marchés financiers et de capitaux internationaux, et effet lénifiant en matière de corruption : un lien de causalité « lourd » S’agissant du lien de causalité que pose le dictum de cet article – et auquel nous croyons résolument – entre l’accès aux marchés de capitaux, d’une part, et la réduction de la corruption, d’autre part, le baromètre mondial de la corruption 2005 qui repose sur un sondage Gallup International réalisé pour le compte de Transparency International, apporte un éclairage symptomatique s’agissant des pays ou la corruption est profondément enracinée. Le baromètre indique aussi que ce sont les ménages les plus pauvres qui souffrent le plus de la corruption dans leur vie personnelle et familiale. En outre, il apparaît que les habitants des pays à faibles revenus doivent généralement consacrer une part bien plus importante de ceux-ci aux pots-de-vin que les habitants des pays à revenus plus élevés. Toujours, selon l’enquête diligentée par Transparency International pour laquelle près de 55 000 personnes de 69 pays différents ont été interrogées entre mai et octobre 2005, dans la cadre de l’enquête « Voice of the People 2005 » de Gallup International, pour évaluer leur vision de la corruption, il apparaît que   les pays ou la pratique des pots-de-vin est la plus répandue sont situés en Amérique latine (Guatemala, Mexique et Paraguay), en Afrique (Cameroun, Ethiopie, Ghana, Nigeria et Togo), en Europe centrale et orientale (Lituanie, Moldavie et Roumanie) et en Asie (Cambodge). Il n’échappera à personne que, pour chacun des pays précités, les notions de marchés de capitaux, de marchés financiers et boursiers – dans l’acception occidentale de ces   termes – sont sinon inexistantes, à tout le moins embryonnaires, car sans liquidité réelle ni volumes d’échanges significatifs et sans compartiments court, moyen et long terme clairement établis pour ce qui est de la structure des taux d’intérêt au sein de leur économie respective. A l’inverse, les pays où les marchés de capitaux sont les plus développés sont aussi les plus riches, ce qui ne saurait signifier pour autant que la corruption n’y sévisse pas, mais simplement qu’elle emprunte souvent des contours différents.   Comment le lien de cause à effet entre absence de marché financiers et de capitaux internationaux, recours à dette extérieure et corruption institutionnelle s’explique-t-il ? Sur le plan sémantique, le qualificatif « émergent » recouvre plusieurs acceptions. Il peut, tout d’abord, désigner un marché ayant amorcé un processus de croissance et de modernisation, le rendant attractif pour les investisseurs. Il peut également évoquer l’existence d’un marché qui a entamé un processus de changement et dont la taille et la sophistication croissent, par opposition aux marchés de dimension plus réduite qui, pour leur part, ne sont pas encore rentrés dans une phase de décollage au plan économique et financier. Notons, à cet égard que la SFI (Société Financière Internationale) retient comme définition celle d’un marché d’actions et d’emprunts d’un pays ayant un PIB par tête d’habitant inférieur ou égale à 8 995 dollars (valeur 1994). Quelle que soit la définition retenue, l’émergence d’un pays doit toujours être considérée comme un phénomène dynamique. Déjà, certaines économies ont émergé, tandis que certaines sont en train d’émerger aujourd’hui et que d’autres le feront demain. Les marchés émergents constituent une constellation hétérogène et leur diversité géographique illustre leurs différences économiques, politiques, sociales et culturelles. Leur développement souvent spectaculaire remonte au début des années 90. On notera à cet égard, qu’en Asie du Sud-Est, par exemple, la capitalisation boursière a été multipliée par 13 en 6 ans aux Philippines, par 6 en Malaisie, par 5 en Thaïlande et par 14 en Indonésie. Le développement de ces marchés émergents a naturellement constitué un des événements financiers saillants de la dernière décennie en voyant la capitalisation boursière de ces pays passer de 146 milliards de dollars en 1994 à plus de 2 000 milliards en 2005, soit multipliée par onze contre trois s’agissant des pays développés au cours de la même période. Dans la même veine, le pourcentage de détention de portefeuilles appartenant à des fonds d’investissement institutionnels est passé de 3% en 1999 à 10% environ en 2005. Pour autant, les performances enregistrées sur ces marchés sont extrêmement variables selon les zones et les périodes d’analyse. Lors de la dernière décennie du XXème siècle, la libéralisation financière aura gagnée un grand nombre de pays en transition dont les taux de croissance oscillent aujourd’hui encore entre 4 et 9% par an là où, rappelons le ici, l’Europe aujourd’hui traîne les pieds avec un petit 2% annuel… C’est ainsi que des flux de capitaux en direction de ces marchés émergents n’ont cessé d’être levés sur les places financières occidentales pour s’y voir investir. De ce phénomène résulte aujourd’hui l’intégration de plusieurs de ces pays dans le système financier mondial tels la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique, la Corée du Sud, la Malaisie, les pays de l’Europe de l’Est et, à la marge, quelques pays africains. De là, toutefois, à prétendre sous prétexte de l’ouverture progressive de ces pays (faisant figure de véritables enfants chéris des pays développés qui, faut-il le rappeler, y investissent des sommes abyssales tous les ans) à l’économie de marché, qu’ils échapperaient désormais à la corruption, cela ne serait évidemment pas sérieux et ne résisterait pas longtemps à l’analyse. En revanche, il est clair qu’à partir de ce constat, un cercle vertueux se met en place par rapport au sempiternel système de la dette apportée par les agences de développement et autres « donors » internationaux qui se reconnaîtront ici. En effet, tout pays en transition qui accède peu ou prou à la manne des capitaux internationaux via les marchés et non la dette, voit rapidement son taux de pauvreté fondre comme neige au soleil et, dans le même temps, la corruption de « premier ordre », celle que l’on sait la plus criante et la plus visible aussi : celle de la rue. Puis, au rythme de l’accélération du développement économique du pays, l’administration étatique pour se montrer à la hauteur des attentes sécuritaires de la communauté internationale se presse de mettre en place – au moins sur le papier – les différentes structures de gestion, de supervision, de contrôle et de gouvernance, dont sont traditionnellement friands les bailleurs de fonds internationaux, autant de dispositifs d’accompagnement ayant pour finalité de rassurer encore davantage les investisseurs que l’on sait par nature allergiques au risque. Conjuguée à l’expression d’une volonté politique d’ouverture forte émanant du pays d’accueil sur fond de stabilité politique et de participation du secteur privé et de la société civile, il en découle rapidement une réduction quasi mécanique de la corruption de « deuxième ordre » et notamment financière. Pour autant, avec ou sans marchés de capitaux régulés ou non, loin de nous l’idée de prétendre que le risque « zéro » en matière de corruption n’existe pas. Cela dit, les conditions du modèle économique liées à l’entreprise occidentale privée tendent, dès lors à être reproduites quasiment à l’identique. L’investissement étranger dans le pays en transition ainsi dicté par les perspectives de croissance future joue alors son rôle central et attendu de créateur d’emplois, de générateur de valeur ajoutée et de distributeur de revenus. L’on comprend mieux dans ces conditions combien il est essentiel d’encourager les entreprises locales opérant déjà dans les pays en voie de développement, à basculer dans le camp de la transparence et de la modernité en adoptant les schémas occidentaux s’agissant de leur organisation interne. Pour autant, il apparaît que de nombreux pouvoirs publics n’ont toujours pas encore réellement intégré l’intérêt du financement désintermédié comme vecteur de changement du comportement des entrepreneurs locaux. La promotion par les gouvernements des pays en transition des vertus de l’accès aux marchés des capitaux constitue bien plus qu’une source de financement supplémentaire à la disposition des entreprises locales et du Trésor : elle constitue, en effet, un véritable corpus méthodologique pour insuffler les changements nécessaires dans les mentalités et les comportements des agents économiques. Dès lors, l’entreprise locale se transforme par son ajustement progressif à la réalité des marchés des capitaux en un actif patrimonial créateur de richesse actionnariale et de valeur. Grâce à l’accès progressif aux marchés financiers et des capitaux internationaux, ainsi qu’à la compréhension de leur mode opératoire qui peut mener à terme au portage et à la privatisation, l’entreprise oriente la gestion de son activité vers la recherche de plus de performance économique, de plus de rentabilité financière pour ses actionnaires et donc vers un surcroît de collecte d’impôt pour l’Etat, élément indispensable – on le sait bien – pour financer les infrastructures publiques souvent insuffisantes et pour offrir aussi plus de garantie de pérennité s’agissant des emplois ainsi crées. Plus de recours aux marchés des capitaux, plus de transparence dans l’activité des marchés boursiers, c’est à terme moins de corruption, c’est-à-dire moins d’abus du pouvoir politique au profit de l’intérêt particulier. Au risque de nous répéter, à partir d’un certain stade, le développement économique via l’existence et le bon fonctionnement d’un marché des capitaux, réduit le degré de corruption d’un pays et on veut y croire aussi, de manière mécanique, le niveau de sa dette extérieure. Cette dernière constitue la brèche dans laquelle la corruption va s’engouffrer à tout va. Et la corruption, on le sait induit un quantum d’effet négatif sur la croissance et sur le bien-être du plus grand nombre : – En falsifiant la vraie valeur de marché de l’investissement et donc son taux de retour sur capitaux investis. – En aboutissant à une baisse des dépenses en faveur de l’éducation et de la santé. – En accroissant artificiellement le niveau des dépenses publiques d’équipement souvent propices aux manipulations de dirigeants indélicats. – En entraînant, de facto, une baisse des recettes fiscales en raison de l’effet pervers qu’elle entraîne sur les résultats imposables et les droits de douanes. Même s’il est établi que la corruption est inhérente à toute société y compris les plus avancées, celle-ci semble prospérer plus favorablement lorsque les institutions étatiques sont faibles, lorsqu’il existe localement des échappatoires dans les politiques gouvernementales ou des marges de manœuvre budgétaires trop fortes, ou lorsqu’à leur tour les institutions elles-mêmes, telles le parlement, l’administration, le pouvoir judiciaire, la presse…) sont gangrenées par la corruption voire dans certains cas marginalisées à dessein par les gouvernants en place.   Il y a corruption manifeste ou latente dès lors qu’il y a : – Détournements de fonds, – Versement de pots-de-vin, – Surfacturation dans le cadre de soumissions à adjudication, – Négociation de marchés publics de gré à gré, – Extorsion de fonds, – Restrictions sous quelque forme que ce soit du jeu de la concurrence, – Subventions gouvernementales démesurées, – Contrôles des prix, – Cohabitation de systèmes de taux de changes multiples, – Politique de bas salaires dans la fonction publique, – Exploitation détournée des recettes liées à toutes ressources naturelles, – Atomisation excessive du contexte social et linguistique…   Conséquences de la corruption : – Un manque de transparence sur la valeur réelle des actifs économiques doublée d’une opacité quant à leur rentabilité éventuelle ; – Un ralentissement incontestable de la croissance économique lié à des comportements déviants voire mafieux des opérateurs en place ; – Une stérilisation de l’efficacité s’agissant de l’aide économique internationale ; – Un manque à gagner dans les recettes fiscales de l’état et une fragilisation des fondamentaux macroéconomiques en raison d’un très fort taux d’évasion fiscale et de fuite des capitaux ; Des dépenses publiques abyssales et sans rapport avec les besoins et potentialités économiques du pays ; – Des dysfonctionnements graves et préjudiciables en matière de gestion budgétaire du pays, – Un niveau d’infrastructures publiques embryonnaire souvent indigne de l’histoire, des possibilités du pays et des besoins des citoyens ; – Une structure totalement distordue s’agissant de la répartition des dépenses gouvernementales et du train de vie de l’Etat.   Quelques lignes d’action pour conclure Les marchés financiers permettent la confrontation de l’offre et de la demande de capitaux. In fine, la demande de capitaux émane des entreprises pour le financement de leurs investissements, de l’Etat et des collectivités locales pour les mêmes raisons et pour la couverture des déficits publics. L’offre de capitaux émane principalement des ménages qui assurent leur consommation future par l’épargne qu’ils constituent et qu’ils apportent au système financier, soit directement soit indirectement par le biais des compagnies d’assurances, des caisses de retraite, etc. Les marchés de capitaux peuvent donc être considérés comme un système de collecte, de transformation et d’allocation des ressources financières. Depuis le début des années 1990, un grand nombre de pays en transition commencent à accéder aux marchés financiers d’actions et, plus généralement, aux marchés de capitaux. Ce processus de transformation ne montre aucun signe de ralentissement. Grâce à cette mutation fondamentale, la présence progressive d’un marché financier dans ces pays permet de faciliter une allocation efficace des ressources, à la fois dans le temps et dans l’espace, et leur mise en œuvre dans un environnement incertain. Au niveau le plus agrégé, le marché financier assure six fonctions essentielles en permettant : – le transfert des ressources économiques, – la mutualisation des ressources, – l’allocation et la gestion des risques, – la liquidité des investissements, – le transfert d’information par les prix, – la mutation des ressources de production. S’agissant des pays en transition, il est une théorie généralement bien acceptée par les universitaires comme par un grand nombre de praticiens et experts en développement économique, celle de l’existence d’un marché financier efficient et contrôlé. Dans sa version la plus simple, l’existence d’un marché financier efficient et contrôlé implique la création d’un véritable forum ou puissent converger au quotidien et de manière aussi transparente et contrôlée que possible, fournisseurs et demandeurs de capitaux afin de constituer l’indispensable cadre institutionnel et opérationnel pour sortir du sous-développement économique. Cette théorie, qui on le sait, a été validée empiriquement sur les principaux marchés financiers du monde, constitue, en l’espèce, la meilleure anti-dote au fléau dévastateur que constitue la corruption institutionnelle, ainsi qu’à la misère des peuples. Pour résumer, ici, notre intime conviction, approprions-nous le célèbre dicton bien connu des ONG :   «   give a man a fish and he can eat for a day… teach a man to fish and he can eat for a lifetime ». A cet égard, nous avons envie de dire ici que la première partie de ce constat, c’est la « dette », solution de facilité qui mène nulle part sauf aux excès dénoncés ci-dessus, alors que la seconde partie, c’est « les marchés de capitaux », qui lorsqu’ils sont harmonieusement régulés et contrôlés, mènent au développement et à la croissance économique, phénomène qui traduit dans les pays occidentaux les plus avancés, la vague de fusions ou rapprochements s’agissant des places boursières.

De manière plus immédiate, et compte tenu de l’urgence de la situation qui, n’en doutons pas, réclame des moyens exceptionnels pour lutter contre la corruption et sortir de l’état de misère économique dans lequel sont encore plongés tant de pays en voie de développement ou en transition et qui sont en général englués dans les compromissions du service d’une dette extérieure qui les paralysent en même temps qu’elle favorise la corruption d’Etat, nous sommes de ceux qui pensent que la création d’un fonds d’investissement multi-gouvernemental dédié à l’investissement productif et multi-sectoriel, financé à partir d’une rente issue des ressources naturelles, à savoir pétrolière ou gazière, s’impose avec force comme solution à tous et à chacun.
 Gageons que ce projet prendra forme le plus rapidement possible !
 
*M. Philippe-Henri Latimier est également Président d’Euro Raid Export Academia (EREA), Professeur visitant à la KAIST Graduate School of Finance de Seoul (Korea Advanced Institute of Science & Technology) et Membre de la Société de Géographie de Paris.  
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