Sur le front des nouveaux enjeux géopolitiques de l’Europe
Seize ans après avoir retrouvé leur indépendance, les Lituaniens sont devenus des citoyens à part entière de l’Union européenne. Deux ans après son adhésion le 1er mai 2004, la Lituanie met le cap sur l’adoption de l’euro. S.E.M. Giedrius Cekuolis, Ambassadeur de Lituanie en France, revient pour nous sur les profondes réformes consenties pour parachever ce revirement de l’histoire, mais aussi sur la vision balte des nouveaux enjeux que posent le voisinage oriental européen.
La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, l’adhésion de la Lituanie a l’Union européenne puis à l’Alliance atlantique, au printemps 2004, a clos une période de transition politique et économique spectaculaire par sa rapidité. Deux ans après cette double intégration, quels sont les bénéfices de cette nouvelle appartenance à la communauté euro-atlantique et, plus précisément, à l’Union européenne ?
S.E.M. Giedrius Cekuolis : L’adhésion à l’UE et à l’OTAN a transformé l’engagement de la Lituanie sur la scène régionale et internationale. Notre pays a rejoint ces deux organisations avec l’aspiration d’en devenir un membre actif, créatif en matière d’idées politiques et de solutions pratiques pour la coopération régionale, mais aussi un membre capable de promouvoir les principes universels de la démocratie, des droits de l’Homme et de l’Etat de droit.
Je souhaiterais mentionner quelques-uns des avantages concrets de notre adhésion à l’UE. Le plus important est, sans aucun doute, la possibilité de décider, sur un pied d’égalité avec les autres pays membres, des questions européennes les plus diverses. Je crois d’ailleurs que les propositions lituaniennes sont entendues et appréciées, en particulier celles qui concernent les relations de l’UE avec les pays orientaux voisins : la Russie, l’Ukraine, la Moldavie et les pays du Caucase.
En outre, le soutien financier et les subventions de l’UE contribuent à la croissance de notre économie ainsi qu’au financement des réformes de notre pays. Environ un milliard d’euros de fonds structurels et 750 millions d’euros d’aides à l’agriculture ont été attribués à la Lituanie pour la période 2004-2006. Pour la période 2007-2013, ces aides atteindront respectivement 5,8 et 4,6 milliards d’euros.
En outre, les opportunités du marché intérieur de l’UE se sont ouvertes aux entreprises lituaniennes. Les exportations de la Lituanie en direction des pays de l’UE représentent actuellement près des deux tiers de ses exportations totales, et leur volume est en constante augmentation ; ce qui confirme que la Lituanie se sent en confiance sur le marché européen.
L.L.D. : La Lituanie a été le premier pays à avoir ratifié le traité constitutionnel européen. Comment analysez-vous, rétrospectivement, l’échec de ce projet ? Quelle est votre vision de la construction d’un projet politique européen ?
S.E.M.G.C. : De notre point de vue, les résultats des réferendums français et néerlandais ne devraient pas nous empêcher de poursuivre la politique d’intégration européenne. La Constitution européenne devrait renforcer ce processus. L’adoption d’une déclaration politique commune pourrait constituer, à cet égard, un nouveau départ pour changer le contexte plutôt que le contenu du débat constitutionnel.
L’UE a aujourd’hui besoin d’une direction ferme, d’institutions fortes et de nouvelles initiatives. Notre vision de l’Europe nécessite quatre conditions préalables. En premier lieu, les Européens devraient s’ouvrir à de nouvelles solutions. Deuxièmement, la solidarité et l’équité devraient rester l’âme de l’UE. En troisième lieu, nous devrions nous sentir plus responsables à l’égard des peuples de nos propres pays, ainsi que des peuples des pays voisins, sur lesquels nous avons une influence. Notre vision de la construction européenne affectera, en effet, de manière égale tous les voisins de l’UE – la Turquie, les Balkans, le Sud-Caucase, l’Ukraine et, bien sûr, la Russie. Enfin, l’Europe devrait adhérer plus fermement aux politiques sur les valeurs démocratiques et affirmer son ambition à poursuivre des buts communs. La politique étrangère européenne devrait ainsi contribuer à promouvoir la démocratie, les droits de l’Homme et l’Etat de droit.
Nous devons également nous efforcer de comprendre la vision et les doutes de nos citoyens à l’égard de l’avenir de l’Europe. L’UE doit se rendre plus intelligible et acceptable à leurs yeux. La décision de la Commission de lancer « le plan D » pour la démocratie, le dialogue et le débat en Europe constitue, à ce titre, un pas dans la bonne direction. Les gouvernements nationaux devraient suivre ce chemin. Un débat approfondi nécessite un agenda commun et un plan d’action compréhensible et acceptable, ce qui signifie également qu’il doit tenir compte des différents modèles sociaux, économiques et fiscaux qui sont en vigueur au sein des Etats membres. Ces modèles reflètent les particularités nationales et animent une concurrence équitable à l’échelle européenne. Si la réduction du fossé entre les Etats membres les plus riches et les plus pauvres est posée en véritable priorité de l’UE, alors le moyen d’y parvenir devrait être l’adoption des Directives des services.
L.L.D. : Qualifiée de « tigre de la Baltique », la Lituanie connaît depuis la fin des années 1990 une croissance soutenue, flirtant même avec des risques de surchauffe économique. Quelles nouvelles contraintes implique l’aspiration de votre pays à adopter la monnaie unique européenne et à entrer dans l’espace de Schengen ? Comment s’y prépare-t-il ? Quels sont les atouts des entreprises lituaniennes sur un marché européen très concurrentiel ?
S.E.M.G.C. : La mise en œuvre de réformes politiques et économiques indispensables, entreprises avec pédagogie, mais qui s’est parfois avérée « douloureuse », nous a permis de créer une toute nouvelle et solide administration publique, ainsi qu’une économie ouverte et dynamique. Depuis quelques années, le rythme de croissance de l’économie lituanienne est l’un des plus soutenus d’Europe. L’introduction de l’euro et l’entrée dans l’espace Schengen ont été placées au cœur de notre agenda européen pour 2006. Le 16 mai dernier, la Commission européenne a publié une évaluation selon laquelle la Lituanie n’est pas prête à adopter l’euro début 2007 ; ce en dépit de la bonne santé qu’affichent les finances publiques de notre pays. Notre déficit public et notre niveau d’endettement se situent, en effet, parmi les plus faibles des pays membres et bien en-dessous des limites prévues par le Traité de Maastricht. Toutefois, pour la Commission européenne, la Lituanie ne répond pas à l’un des cinq critères nécessaires à l’adoption de la monnaie unique. Notre inflation dépasse légèrement, d’un dixième de point, la valeur de référence. L’introduction de l’euro demeure toutefois notre objectif. Elle constituera une avancée majeure et bénéfique sur les plans politique et économique, pour que la Lituanie s’affirme comme un acteur à part entière au sein du marché commun.
L.L.D. : Avec un taux chômage d’environ 10% et un niveau de pauvreté encore relativement élevé, quelles sont les priorités pour votre pays en matière de politique sociale ?
S.E.M.G.C. : Bien que l’économie lituanienne enregistre des rythmes de développement soutenus, il nous reste d’importants efforts à accomplir en matière de politique sociale et d’emploi. Au nombre des questions qui restent en suspens dans ces domaines, nous accordons une grande attention à l’amélioration des investissements en capital humain et en faveur de l’accès à l’emploi, au perfectionnement du cadre juridique réglementant les relations de travail et, plus largement, à la modernisation du marché du travail. Je tiens néanmoins à souligner que notre développement économique a permis, en créant de nouveaux postes, une baisse constante du taux de chômage qui, à 8,3%, se situait en 2005 au niveau le plus bas de ces cinq dernières années.
L.L.D. : Au lendemain des élections controversées en Bélarus, votre pays a de nouveau affirmé son soutien au progrès de la démocratie dans ce pays. Comment la Lituanie peut-elle soutenir ce mouvement ? Quelles différences existe-t-il, selon vous, avec la situation qu’a connu l’Ukraine en décembre 2004 ?
S.E.M.G.C. : La Lituanie a exprimé sa préoccupation concernant le déroulement des élections présidentielles en Bélarus dans un environnement de crainte, sans aucune garantie ni de liberté d’expression ni de conditions égales de participation pour tous les candidats. De telles élections ne peuvent être considérées comme démocratiques et libres. Les membres de la mission de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) ont prouvé qu’elles n’étaient pas conformes. La Lituanie a déclaré son soutien aux citoyens biélorusses défenseurs de la démocratie. Elle a demandé au pouvoir biélorusse de libérer tous les prisonniers et de garantir à l’avenir la non-violation des libertés humaines et le droit de tout citoyen à exprimer ses convictions.
Nous sommes de l’avis qu’il faut poursuivre le travail avec la société civile et rechercher les possibilités d’un soutien financier de l’UE plus efficace et moins bureaucratique ; ce qui devrait se faire malgré les difficultés à poursuivre des activités en Bélarus. L’Université européenne des Sciences humaines de Lituanie constitue, parmi d’autres, une manifestation concrète de soutien à un avenir démocratique en Bélarus. Fort de son succès, elle représente aussi un signe fort du soutien de l’UE à toutes les sociétés civiles de son voisinage proche.
Il faudrait, en outre, que les victimes du régime biélorusse puissent compter sur un soutien juridique, financier et dans d’autres domaines. De la même manière, il est important d’accorder plus d’attention aux discussions actuelles concernant la création d’un Etat commun Russie-Bélarus et d’en analyser les conséquences possibles.
Pour répondre à votre deuxième question, il est difficile de comparer les élections qui se sont déroulées en Bélarus à la situation qu’a connue l’Ukraine en 2004, car il n’y a pas eu en Bélarus de soutien populaire au mouvement démocratique. Il n’y a pas non plus de presse libre ou indépendante. En outre, les candidats de l’opposition n’ont pas pu rassembler sereinement les signatures nécessaires à la présentation de leur candidature, et n’ont pas pu mener leur campagne électorale librement. En Ukraine, il n’y a pas eu de recours à la répression dans de telles proportions, ni de fraude électorale massive. La différence essentielle est, en fait, que la société ukrainienne avait déjà pris conscience de sa force, alors que la société biélorusse est, soit bernée par la machine de propagande étatique, soit terrifiée. Il est cependant remarquable que l’opposition, proportionnellement si insignifiante, ait pu unir ses forces et montrer qu’il existe en Bélarus, des personnes qui osent s’exprimer et penser différemment que le pouvoir en place.
L.L.D. : La création d’une « région libre et démocratique de la Mer Baltique à la Mer Noire » constitue l’un des principaux axes de la politique étrangère lituanienne. Quelles sont les objectifs politiques et les moyens d’action de la « Communauté de choix démocratique » que votre pays a créé aux côtés de la Pologne, de l’Ukraine et de la Georgie ? Comment définiriez-vous l’apport de la Lituanie à ces deux pays qui connaissent un processus de démocratisation ?
S.E.M.G.C. : Je considère que l’initiative de la « Communauté de choix démocratique » était fortement nécessaire. Ce forum favorise une coopération intense et consolide les processus démocratiques dans les pays des régions des mers Caspienne, Noire et Baltique. Il est, à vrai dire, d’une importance capitale pour une région en quête de démocratie, de bien-être économique et de stabilité politique. Des efforts communs des démocraties les plus jeunes et les plus expérimentées dépendra l’unité des valeurs, le libre commerce et le marché commun de l’Europe. Il est indispensable que l’Europe analyse ses principes de coexistence. C’est pourquoi, les 4 et 5 mai 2006, les présidents lituanien et polonais ont conjointement organisé à Vilnius une rencontre au plus haut niveau (dite Conférence de Vilnius) sur ce thème : « Une vision commune pour un voisinage commun ». Les présidents de neufs Etats européens (Bulgarie, Estonie, Géorgie, Lettonie, Pologne, Lituanie, Moldavie, Roumanie et Ukraine), le Vice-Président des Etats-Unis Richard Cheney, le Représentant de la Politique étrangère et de Sécurité commune de l’UE Javier Solana, et des représentants d’autres Etats et d’organisations internationales y ont participé. Dans leur déclaration commune, les participants ont souligné les avancées démocratiques irrévocables réalisées en Europe centrale et orientale, ainsi que l’importance de la coopération régionale et du développement d’une politique de voisinage. Ils ont aussi manifesté leur soutien aux organisations non-gouvernementales qui encouragent les valeurs démocratiques en Europe et l’idée de la création d’un Fonds démocratique européen.
Les relations de la Lituanie avec les pays de l’ex-Union soviétique ont gagné en qualité, et s’intensifient de plus en plus. La Lituanie, comme les deux autres pays baltes, s’intéresse à ces pays, fort de l’expérience qu’elle a acquise en mettant en œuvre des réformes politiques et économiques en vue d’intégrer les structures européennes et transatlantiques. Nous sentons qu’il est plus facile et plus évident de transmettre cette expérience aux pays d’Europe orientale qui ont des objectifs semblables à ceux que nous avions. C’est sur cette expérience que repose notre statut d’expert de l’Europe orientale au sein de l’UE. Notre intérêt est de développer une politique européenne plus active dans la région.
Je souhaiterais également souligner que la Lituanie et l’Ukraine cherchent à développer et à renforcer leurs relations bilatérales. En décembre 2005, les ministres des Affaires étrangères lituanien et ukrainien ont adopté une déclaration commune en matière de coopération régionale ainsi que sur l’intégration européenne et euro-atlantique. Ce document préconise des plans et des mesures destinés à promouvoir la coopération, à partager leur expérience respective et à faciliter une intégration progressive de l’Ukraine au sein de l’UE.
Notre pays entretient, par tradition, des liens forts avec la région du Sud-Caucase, où nous sommes connus. On se souvient de nous avec sympathie et nous utilisons avec succès ce capital tant à l’échelle de nos relations bilatérales qu’à l’échelle des relations de la région avec l’UE. Figurant parmi les principaux pays initiateurs de l’intégration du Sud-Caucase à la politique de voisinage de l’UE, la Lituanie participe aux discussions sur les priorités de la politique européenne dans cette région et sur les instruments de sa mise en œuvre. La mission européenne sur l’Etat de droit organisée en Géorgie, dont la Lituanie est, entre autres, à l’origine, est devenue l’un des exemples de la réussite des instruments européens dans le Sud-Caucase. Le Représentant lituanien a d’ailleurs été nommé assistant du chef de mission (qui était d’ailleurs une représentante française).
Dans la déclaration commune des présidents lituanien et géorgien concernant la coopération régionale et le soutien à l’intégration européenne et euro-atlantique, les engagements pris de part et d’autre ont été confirmés par la réalisation de projets concrets et la consultation d’experts. Mettant en œuvre un soutien technique à long terme au projet d’intégration européenne de la Géorgie, instauré en février dernier, nos différents experts se rendent régulièrement à Tbilissi, où ils consultent les représentants géorgiens sur les questions de la préparation et la coordination du plan d’action de la politique de voisinage de l’UE, en vue de l’intégration européenne. Nous apportons ainsi aux Géorgiens notre expertise dans les domaines de la délimitation des frontières et du transit militaire.
De nombreux autres projets de coopération ont été mis en place dans les autres pays du Sud-Caucase, en Arménie et en Azerbaïdjan. Malgré les conflits internes et les révoltes du Sud-Caucase, nous tentons d’appréhender cette région en tant qu’ensemble, nous y encourageons la coopération – seule manière pour que le potentiel de cette région puisse être exploité dans sa totalité. En outre, les processus démocratiques stabilisent cette région et contribuent à la sécurité et la stabilité de la Russie.
L.L.D. : Alors que l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne est en suspens et que celle de la Turquie suscite de nombreux débats, notamment en France, une candidature de l’Ukraine serait-elle envisageable, selon vous, et à quelles conditions ?
S.E.M.G.C. : La Lituanie demeure un partisan actif de l’intégration de l’Ukraine au sein de l’UE. Nous croyons que ses portes doivent lui être ouvertes. Fort du succès des réformes politiques et économiques définies par l’UE et que nous avons accomplies, notre pays est favorable à la mise en œuvre de telles réformes en Ukraine, et se tient prêt à offrir son entière assistance pour mener à bien ce processus.
Un soutien européen plus fort aux réformes du Président Viktor Ioutchenko est indispensable. La Lituanie a toujours voulu, et continue de souhaiter, que des discussions s’ouvrent pour conclure un accord entre l’Ukraine et l’UE. L’accord de coopération et de partenariat réglementant leurs relations arrive, en effet, à son terme en 2008. Notre pays espère en outre que l’UE apportera son soutien à la candidature ukrainienne d’adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Nous travaillons également à la mise en place par l’UE d’un accord souple, portant sur une simplification du régime des visas pour les Ukrainiens. Cette question est importante aux yeux de l’Ukraine, tant du point de vue du calendrier que de celui du contenu de cet accord. La Lituanie souhaite également que l’Ukraine conserve son régime sans visas pour les citoyens de l’UE.
Il faut bien comprendre que l’Ukraine représente un Etat d’importance stratégique, dont l’intégration à l’UE, en tant qu’objectif politique à long terme, devrait être de l’intérêt non seulement de l’Ukraine, mais aussi du propre intérêt de l’UE.
L.L.D. : Si les relations russo-lituaniennes sont dynamiques sur le plan des échanges économiques, elles demeurent complexes à l’image du refus de votre pays de se joindre aux commémorations de la victoire sur l’Allemagne nazie, organisée à Moscou en mai 2005. Comment évaluez-vous le poids de l’histoire sur les relations entre les deux pays ? Comment celui-ci peut-il être dépassé ? Quelle expertise votre pays peut-il apporter à l’Union européenne pour la construction d’un partenariat durable avec la Russie?
S.E.M.G.C. : La Seconde guerre mondiale a laissé en Lituanie des plaies particulièrement profondes. Les occupations, les déportations et les emprisonnements, l’horrible tragédie de l’Holocauste, les camps de concentration, l’émigration forcée – voilà le douloureux héritage laissé par les régimes totalitaires au peuple lituanien. Plus de 350 000 personnes, soit un dixième de la population lituanienne, ont été emprisonnées, envoyées dans les camps des goulags de Sibérie, ou assassinées en Lituanie. Ces crimes ont eu lieu dans notre pays une fois la guerre officiellement terminée, et le nom de la Lituanie a été rayé des cartes européennes pendant cinquante ans. Voilà pourquoi le Président Valdas Adamkus, a décidé de rester en Lituanie le 9 mai 2005, aux côtés du peuple lituanien, et de ne pas se rendre à Moscou.
Nous sommes aujourd’hui les témoins de changements positifs – une commission commune d’historiens commence ainsi à discuter des épisodes douloureux de notre histoire. Plus vite la Russie analysera le passé soviétique et le laissera derrière elle, mieux ce sera, surtout du point de vue de la démocratie et de la compréhension mutuelle.
La Lituanie et la Russie peuvent se réjouir aujourd’hui des relations amicales de voisinage qu’elles partagent et qui se développent avec succès. Nous avons signé un accord frontalier et de réadmission en matière d’immigration. Le problème du transit des voyageurs de Kaliningrad via la Lituanie a ainsi été résolu. Les échanges commerciaux et les investissements bilatéraux sont en outre en constante augmentation.
Les circonstances géographiques et historiques ont conditionné la connaissance mutuelle de nos deux pays et une expérience de coopération unique, qui est utile à la Lituanie dans le développement du dialogue entre l’UE et la Russie. Je pense qu’un véritable partenariat stratégique entre l’UE et la Russie doit être fondé non seulement sur des intérêts communs, mais aussi sur des valeurs communes, l’engagement à défendre les droits de l’Homme, la démocratie et l’Etat de droit. Dans le cas contraire, nous ne pourrons ni utiliser le potentiel de nos relations dans sa totalité, ni continuer à les améliorer. Nous pouvons élargir notre coopération, sans la limiter au commerce et aux ressources énergétiques. Un dialogue ouvert et constructif entre deux partenaires unis par des liens culturels, politiques, économiques, voici, en résumé, notre vision des relations entre l’UE et la Russie.
L.L.D. : La Lituanie occupe une position stratégique pour le transit de l’énergie russe en Europe du Nord. Alors que le Président Valdas Adamkus, en visite a Berlin, a exprimé l’opposition de votre pays à la construction du gazoduc germano-russe sous la Baltique, quelles raisons, selon vous, ont-elles motivé le rejet du projet présenté par votre pays, la Lettonie et la Pologne ? Quelles sont les conséquences germano-russe du projet sur le plan économique ?
S.E.M.G.C. : La Lituanie, comme la majorité des pays de l’UE, est très dépendante des ressources énergétiques russes. Les questions de sécurité énergétique en Europe sont particulièrement importantes. La politique énergétique européenne accorde un intérêt majeur à la garantie d’un approvisionnement stable du gaz russe vers l’Occident. Cette préoccupation s’est particulièrement fait sentir après le conflit gazier russo-ukrainien, qui a démontré que le transit du gaz vers l’Europe centrale et occidentale à travers un seul pays n’est pas fiable. Nous sommes ainsi favorables à l’installation du plus grand nombre possible de gazoducs entre la Russie et l’UE, ce qui renforcerait la stabilité de l’approvisionnement européen en gaz. L’Allemagne, qui est le plus important consommateur de gaz en Europe, est également favorable à cette vision. Le projet de gazoduc germano-russe au fond de la mer Baltique reflète ainsi parfaitement la volonté de ce pays de s’assurer un approvisionnement stable de gaz. La Lituanie comprend cette volonté allemande. Cependant, elle s’oppose à ce projet qui contourne les pays baltes et la Pologne, et qui, en fait, reflète plus des intérêts nationaux qu’une politique énergétique européenne commune.
L.L.D. : La Lituanie et ses consœurs baltes lettonnes et estoniennes ont approuvé l’élaboration d’une stratégie énergétique commune en mars dernier. Quelles mesures préconisez-vous en faveur d’une plus forte implication de l’Union européenne dans ce domaine ? Quels sont les autres aspects de la coopération trilatérale balte ? Au-delà, comment le concept de « dimension septentrionale » de l’Union européenne initié par la Finlande et soutenu par votre pays, peut-il être développé ?
S.E.M.G.C. : Après la restauration de leurs indépendances, les pays Baltes ont toujours posé la question de leur intégration énergétique à l’Europe occidentale. Il faut cependant reconnaître qu’après quinze ans d’indépendance, le système énergétique de ces pays est resté intégré à l’espace énergétique russe.
La déclaration des premiers ministres estonien, letton et lituanien concernant une politique commune d’approvisionnement en énergie nucléaire par le biais de la construction d’une nouvelle centrale nucléaire constitue le premier pas sérieux « de la coopération trilatérale balte ». Les Etats baltes collaborent déjà avec l’installation de liaisons électriques entre l’Estonie et la Finlande. Le projet de construction d’une liaison électrique entre la Lituanie et la Suède achèvera le réseau électrique balte et le reliera aux réseaux électriques des pays scandinaves.
En outre, la liaison électrique avec l’Europe occidentale via la Pologne, nous paraît très importante. Une fois installée, elle permettra l’intégration des réseaux électriques baltes au système énergétique européen, renforçant ainsi la sécurité énergétique lituanienne, lettone et estonienne. L’UE devrait soutenir ces projets, car ils répondent aux objectifs de sécurité énergétique européenne fixés par le Livre Vert de la Commission européenne. Il faudrait également mettre en place, à l’échelon européen, des moyens pour développer des liaisons énergétiques interétatiques, créer un réseau énergétique européen, définir une politique commune à l’égard de pays tiers, notamment de la Russie, et créer un mécanisme de gestion de crises.
L.L.D. : Vilnius a accueilli, en septembre 2005, une Conférence internationale sur le problème des drogues dans la région baltique. Quelles en ont été les conclusions ? Comment la coopération régionale peut-elle être renforcée dans ce domaine ?
S.E.M.G.C. : Les 27 et 28 septembre 2005 s’est, en effet, tenu à Vilnius un forum international sur le thème « Le problème des drogues dans la région balte : nouveaux défis ». Celui-ci a rassemblé pendant deux jours, plus de 200 spécialistes de la lutte anti-drogue, venus de Lituanie, Pologne, Lettonie, Estonie, Bélarus, Ukraine et des pays scandinaves, ainsi que de diverses organisations internationales – l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, l’Organisation mondiale de la Santé, le Conseil nordique des ministres etc…
L’objectif de la manifestation était d’encourager la coopération entre Etats de la région baltique sur les problèmes liés aux drogues et le renforcement du contrôle des frontières de l’UE, en facilitant l’accès et la qualité des services sociaux et de santé aux consommateurs de drogues, et en accentuant la prévention et le contrôle des maladies transmissibles, comme le VIH/SIDA.
Les participants à ce forum ont encouragé la Lituanie à développer plus encore la coopération régionale, dans le domaine de la lutte contre le crime organisé, et en particulier, contre la traite d’êtres humains, le trafic de drogues et le crime économique.
L’initiative lituanienne en faveur du développement de la coopération avec les Nations unies et les autres organisations internationales est considérée comme le signe de la responsabilité de notre pays en matière de sécurité dans la région baltique, et comme la volonté des nouveaux pays membres de l’UE d’influencer activement la coopération régionale et d’accroître leur visibilité au sein des Nations unies. Des projets de développement de coopération régionale vont d’ailleurs être mis en œuvre à l’avenir.
L.L.D. : Membre de l’Alliance atlantique depuis 2004, votre pays est activement engagé au sein de la force internationale de stabilisation en Afghanistan. Quels sont les domaines d’excellence de la contribution militaire de la Lituanie à l’OTAN ? En votre qualité de coordinateur en chef de l’adhésion de la Lituanie à l’OTAN, quels changements cette nouvelle appartenance implique-t-elle dans la définition de la politique de sécurité de votre pays ? Est-elle, selon vous, suffisante pour surmonter les nouveaux défis que sont le terrorisme ou la criminalité transnationale ? Quelle est votre vision de la construction d’une Europe de la défense ?
S.E.M.G.C. : L’adhésion à l’OTAN et à l’UE a permis à la Lituanie de devenir non seulement un « receveur » de sécurité et de stabilité, mais aussi un « donateur », en participant concrètement aux opérations conduites par l’UE, les pays alliés et l’OTAN.
Nos militaires participent avec succès aux missions internationales en Irak, en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo et en Géorgie. La Lituanie dirige depuis 2005 l’équipe régionale de reconstruction (PRT) de la Province de Gor en Afghanistan, composée d’alliés de diverses nationalités, notamment américains, danois, islandais et croates.
Symbole concret de l’intégration à l’OTAN, la mission de surveillance de l’espace aérien balte débutée le 29 mars 2004 – dès l’entrée de la Lituanie au sein de l’OTAN -, montre que la Lituanie, tout comme la Lettonie et l’Estonie, sont des composantes à part entière du système de défense de l’espace aérien intégré de l’OTAN.
Considérant les transformations de la situation internationale ainsi que les garanties de sécurité offertes par l’OTAN, le nombre de militaires de carrière sera augmenté progressivement tandis que le nombre des conscrits au titre du service militaire obligatoire ira décroissant.
Ces dernières années, la Lituanie a effectué d’immenses progrès dans le domaine de la défense nationale et collective. Les alliés ont évalué favorablement les plans de restructuration du système des forces armées de Lituanie. Les unités militaires lituaniennes participent constamment aux opérations internationales. Intégrée au processus de planification des forces armées de l’OTAN, la Lituanie s’apprête à accroître les effectifs armés nécessaires et ne formera pas d’autres unités dont les autres pays membres de l’OTAN disposent déjà en nombre. En 2005, l’armée lituanienne était composée de 17 664 hommes, dont 7 400 militaires de carrière, 2 300 appelés et 5 380 militaires de réserve active.
La politique de sécurité de la Lituanie se traduit également par la participation de la Lituanie à la politique européenne de sécurité et de défense. La Lituanie considère l’UE comme une garantie majeure à sa sécurité et à la stabilité de l’ensemble du continent européen.
Notre mission européenne sur la consolidation de l’Etat de droit en Géorgie illustre bien les opportunités que nous avons de participer activement à l’élaboration de la politique européenne de sécurité et de défense, et d’en utiliser les instruments disponibles. La Lituanie soutient l’UE dans sa volonté de prendre pleinement part à la gestion des crises, non seulement dans les régions voisines, mais aussi dans des régions plus lointaines. Nous confirmons ce point de vue par notre participation, en tant qu’observateur, à des missions de l’UE en Indonésie, à Gaza, ou encore par notre participation à la formation de fonctionnaires de justice en Irak. Nous insistons cependant sur la nécessité d’accroître la sécurité et la stabilité dans le voisinage de l’UE. Nous souhaitons que l’UE non seulement poursuive les missions engagées dans les Balkans et en Afrique, mais qu’elle ait davantage recours aux instruments de gestion de crises pour la résolution des conflits dans son voisinage oriental, qui a une grande influence sur notre sécurité. C’est pourquoi nous accordons la plus grande attention à des missions telle la mission sur l’Etat de droit en Géorgie, ou encore la mission de l’UE d’assistance à la frontière entre la Moldavie et l’Ukraine. Nous pensons que l’Europe peut jouer un grand rôle dans l’internationalisation des forces de maintien de la paix dans des zones de conflits comme la Transnistrie, l’Ossétie du Sud ou l’Abkhazie. Ces derniers temps, l’une des plus importantes questions concernant le développement de forces militaires de l’UE a été la création et la mise en place de forces de combat. La Lituanie participe, avec 200 hommes, à la création du groupe de combat polono-germano-slovaco-lituano-letton qui devra être prêt à agir en 2010. La création d’une agence de défense européenne est considérée comme un pas important vers la formation des forces militaires européennes pour la réalisation d’opérations de gestion de crises, auxquelles la Lituanie a l’intention de participer pleinement.
L.L.D. : La Lituanie s’est engagée en Irak aux côtés des Etats-Unis. Comment percevez-vous les difficultés de la stabilisation de ce pays ? Au-delà de leur alliance militaire, dans quels autres domaines les relations américano-lituaniennes se sont-elles développées ?
S.E.M.G.C. : Nous comprenons les difficultés de la stabilisation de l’Irak, car ce pays représente une frontière de séparation ethnique et religieuse du Moyen-Orient. En outre, la suspicion de la société et la méfiance héritées du régime autoritaire de Saddam Hussein, sont encore bien enracinées. Toutefois, on ne peut pas ignorer que de nombreux Irakiens travaillent résolument à l’avenir de leur pays. Les récents revirements de la formation d’un gouvernement irakien – la décision de nommer le Chiite Djavad al Maliki au poste de Premier ministre, soutenu aussi par les représentants des communautés kurdes et sunnites -, laissent espérer une issue à l’instabilité de la situation et, avant tout, une gestion rapide de la crise politique, mais aussi l’enrayement des foyers de propagation de la guerre civile dans le pays.
La forte relation transatlantique demeure un trait incontournable de la coopération en matière de défense et de sécurité en Europe ces dernières années. Le succès de la démocratisation de l’Europe centrale et des pays baltes est un exemple spectaculaire du résultat de l’action commune des Etats-Unis et de l’UE. Leurs efforts communs portent également leurs fruits dans les Balkans, qui gisaient en ruine, après la guerre, il y a près d’une décennie.
Il est très important de poursuivre le dialogue bilatéral, de se consulter régulièrement et d’échanger nos informations sur les questions les plus importantes en matière de sécurité globale. La multiplication de gouvernements transparents, réellement représentatifs de l’Etat de droit et du respect des droits de l’Homme devrait être l’une des priorités les plus importantes du dialogue stratégique entre les Etats-Unis et l’UE. Ces valeurs ne peuvent être appliquées avec succès, que s’ils agissent de concert.
L’OTAN reste par ailleurs l’atout primordial du renforcement et du développement du lien transatlantique. Du point de vue lituanien, la réforme de l’OTAN et la volonté des pays de renforcer le dialogue stratégique sur toutes les questions vitales de l’Alliance devrait jouer un rôle important.
La Lituanie se prononce également en faveur du développement des relations entre l’UE et l’OTAN, du renforcement de la coopération dans les opérations et missions internationales et dans les domaines des forces civiles, de la reconstruction et des réformes. Pour 19 pays à la fois membres de l’UE et de l’OTAN, l’élargissement n’est pas seulement un souhait exprimé, mais aussi et surtout une nécessité, pour œuvrer ensemble à accroître l’efficacité de l’OTAN et à faire évoluer la politique de défense et de sécurité commune européenne.
Une autre forme de notre coopération avec les Etats-Unis est le format « 8+1 » : l’« Enhanced Partnership in Northern Europe » (e-PINE). Il s’agit d’une initiative américaine en Europe du Nord visant à établir une zone de stabilité et de sécurité dans la région, et à se servir de l’expérience des pays nordiques et baltes pour le développement des régions voisines. Nous pensons que ce programme est un instrument important de la politique régionale, qui crée un environnement favorable à la réalisation des projets de coopération communs entre les pays baltes et nordiques, d’une part, et les Etats-Unis, d’autre part. Cette initiative englobe tant des « think-tanks » que des organisations non gouvernementales.
La coopération bilatérale entre la Lituanie et les Etats-Unis est vaste, englobant les dimensions politique, économique, culturelle, à de nombreux niveaux. N’oublions pas que plus d’un million de personnes d’origine lituanienne vivent aux Etats-Unis.
L.L.D. : Nourries par la tradition francophile de votre pays, les relations franco-lituaniennes sont marquées par de fréquents entretiens au plus haut niveau de l’Etat. A la lumière de la dernière visite en France du Président Valdas Adamkus en octobre 2005, quels ont été les principaux axes définis pour renforcer la coopération bilatérale ?
S.E.M.G.C. : Cette visite a été de la plus haute importance pour le développement des relations bilatérales entre la France et la Lituanie. Les présidents de nos deux pays ont convenu du maintien d’un dialogue personnel permanent pour assurer la coordination des questions importantes de l’agenda européen. Ils se sont également déclarés favorables à une implication plus profonde de la société européenne dans les discussions sur l’avenir de l’Europe. Sur le plan bilatéral, ils ont souligné l’état satisfaisant des relations entre les deux pays.
Les présidents lituanien et français ont en outre évoqué les relations avec les pays du voisinage oriental de l’UE, la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine. Le président français a salué la contribution du Président Valdas Adamkus au processus de la Révolution orange en Ukraine et s’est intéressé auprès de lui à la crise politique qui sévit ces derniers temps dans ce pays.
Concernant les perspectives de développement des relations avec la Biélorussie, le Président Jacques Chirac a affirmé que « la Lituanie doit occuper une position de leader dans ces relations, car la Biélorussie est votre voisine et vous êtes les mieux placés pour évaluer la situation dans le pays. Nous soutiendrons vos initiatives ».
L.L.D. : Accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires, le Président Valdas Adamkus a également fait du renforcement des échanges économiques bilatéraux un point central de sa visite en France. A quels facteurs attribuez-vous la forte augmentation des exportations françaises vers la Lituanie ? La France reste toutefois un investisseur modeste sur le marché lituanien. Comment sa position peut-elle être renforcée ?
S.E.M.G.C. : Lors de la visite du Président Valdas Adamkus à Paris un intérêt particulier a été porté au développement des relations économiques entre la France et la Lituanie. Bien que nous puissions nous réjouir de la qualité des échanges bilatéraux en matière politique et culturelle, de nombreuses possibilités de coopération économique ne sont pas encore exploitées. Il faut reconnaître que la France occupe timidement la 16ème place des investisseurs étrangers en Lituanie. C’est pourquoi, lors de la visite de notre chef d’Etat à Paris, l’accent a été mis sur la coopération économique. La rencontre du Président avec les entrepreneurs français au MEDEF a ainsi été une occasion idéale pour rappeler que la Lituanie contemporaine, membre du marché commun européen, est un partenaire fiable pour les investisseurs.
Sur le plan des échanges commerciaux bilatéraux, il faut d’ailleurs souligner que les chiffres du commerce bilatéral sont en constante amélioration. L’un des principaux facteurs de l’augmentation des importations lituaniennes tient aux nouveaux besoins d’investissements que requiert une économie en forte croissance. Il n’est donc pas étonnant de constater que la France exporte de plus en plus vers la Lituanie. Je me réjouis également que la Lituanie ait une balance commerciale positive avec la France depuis plusieurs années, et que les rythmes de croissance nous invitent à être optimistes. Par rapport à 2004, les exportations lituaniennes vers la France ont fait un bond de 70% en 2005. En janvier 2006, la France se positionnait même au premier rang de nos partenaires à l’exportation.
Le Président lituanien a accueilli très favorablement l’aide proposée par le gouvernement français et les compagnies d’énergie nucléaire dans les réflexions sur les possibilités de construction d’une nouvelle centrale nucléaire en Lituanie. Il a d’ailleurs exprimé son souhait que la Lituanie devienne un pays consommateur d’énergie nucléaire.
La coopération entre la France et la Lituanie, même sans atteindre de sommets, n’est pas un processus fini, c’est pourquoi la continuité du dialogue, d’efforts soutenus et d’actions entre nos deux pays est indispensable, à la poursuite des mêmes objectifs : la création d’une Europe unie et libre, la garantie de la sécurité et de la stabilité dans le monde et dans la région, ainsi que le développement de relations de bon voisinage avec les pays voisins et tiers. |