Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Soudan
 
  S.E.M. / H.E. Abdelbasit Badawi Elsanosi

Le Soudan sur la voie de la réconciliation et de l’ouverture

Pays meurtri par une guerre civile de vingt ans, le Soudan recèle de prometteuses ressources. S.E.M. Abdelbasit Badawi Elsanosi nous fait part de sa vision sur le conflit soudanais, les enjeux régionaux et l’intégration de son pays à la communauté internationale.


La lettre diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, le gouvernement de Khartoum et les dirigeants du SPLA/M ont conclu un accord-cadre à Machakos (Kenya) qui devrait mettre fin à la guerre civile qui oppose depuis près de vingt ans le Sud et le Nord du Soudan. Pourriez-vous préciser la marge de manœuvre dont dispose le gouvernement pour régler les questions encore en suspends du partage des ressources et du pouvoir ?

Son Excellence Monsieur Abdelbasit Badawi Elsanosi :
Contrairement à une idée reçue, largement reprise et diffusée par la presse internationale, il n’y a pas au Soudan à proprement parler de conflit entre « le Nord et le Sud », mais un affrontement entre le pouvoir central de Khartoum et une minorité agissante qui ne représente en aucun cas la volonté réelle ou les intérêts spécifiques dans leur totalité des populations du Sud Soudan.  
Il est d’ailleurs important de préciser à ce propos, qu’actuellement près de 75% des sudistes vivent dans la région de Khartoum. Cela signifie clairement que le seul responsable et gestionnaire de cette importante population sudiste, est le gouvernement central et personne d’autre !
Toujours dans le même ordre d’idée, j’insiste sur le fait que la perception du conflit comme confrontation Nord-Sud est véritablement erronée. Je dois rappeler à cette occasion que nombre de personnalités sudistes exercent les plus hautes responsabilités au sein de l’appareil gouvernemental. Pensez au vice-Président Moises Machar, ou au Dr. Riak Gaï, Président du Conseil des états du Sud, à Angelo Béda, vice-Président du Conseil National qui est notre Parlement… La liste en est longue mais ces quelques exemples doivent, je pense, être suffisamment convaincants.
Aujourd’hui, alors que les négociations entrent dans leur troisième phase et viennent de reprendre au Kenya, le 23 janvier, que reste-t-il finalement à régler ?  Les discussions porteront essentiellement sur la répartition des pouvoirs et des ressources. Bien entendu le principe de l’État fédéral a déjà été admis par tous et il constitue à lui seul, la base de ces discussions. On peut même dire qu’il en constitue le strict cadre général.
Nos représentants disposent évidemment d’une marge de manœuvre suffisante pour faire aboutir les négociations dans l’intérêt général, et ils s’appuient sur l’expérience d’autres États qui ont eu à résoudre dans un passé récent des problèmes similaires. Il est toujours bon de profiter de l’expérience des autres, de ce fait nous n’avançons pas dans l’inconnu. Les solutions qui seront retenues ayant déjà été éprouvées et testées, nous avons une idée assez précise pour juger de ce qui est réaliste, viable et de ce qui ne l’est pas !

L.L.D. : En dehors de la stabilisation de la situation intérieure quelles mesures le gouvernement du Président Al-Bashir compte-il adopter pour le redressement de la situation économique du Soudan, notamment pour attirer les investisseurs étrangers ?

S.E.M.A.E. :
Le Soudan possède un Code d’investissements dont les dispositions ont été rédigées pour faciliter et favoriser au maximum l’investissement étranger notamment, en offrant toutes les garanties concevables en la matière.
D’autre part, récemment, il y a deux mois environ, un remaniement ministériel, a permis la création d’un portefeuille spécifique pour l’Investissement qui était auparavant associé à l’Industrie. Avec ce nouveau département ministériel, le gouvernement manifeste sans équivoque, sa volonté d’encourager l’arrivée de capitaux extérieurs et de leur offrir les meilleures conditions d’accueil dans l’intérêt réciproque des bailleurs de fonds et du Soudan.
Le nouveau ministère aura pour première tâche la simplification des procédures et surtout, d’organiser le regroupement ou la fusion des services pour assurer une coordination optimum entre les différents secteurs de l’économie. Ces réformes sont particulièrement importantes en ce moment car il s’agit de profiter à plein d’une conjoncture très porteuse : le processus de paix prend maintenant un tour décisif et il contribue à développer un climat de confiance pour les investisseurs potentiels.
À cela s’ajoute une situation économique très encourageante avec la stabilité du taux de change du dinar soudanais, une croissance annuelle unique en Afrique qui s’élève à 7, 5 % et un taux d’inflation en décroissance constante depuis plus d’une décennie. Songez qu’en 1991, nous supportions une inflation à trois chiffres. En 2001, l’inflation était tombée à 4,9 %. Elle s’est aujourd’hui stabilisée autour des 6 %. Je crois que ce sont des résultats qui méritent d’être notés et qui stimulent indéniablement les projets de développement économique.

L.D.D. : Le pétrole constitue un facteur important de développement pour votre pays. L’exploitation de trois gisements situés dans les zones de conflits soulève cependant des critiques quant à l’utilisation des ressources qu’ils génèrent. Comment percevez-vous ces critiques ? Quel est l’enjeu du pétrole dans la guerre civile soudanaise ?  

S.E.M.A.E. :
Certains prétendent que le pétrole constitue aujourd’hui l’un des enjeux du conflit au Sud Soudan, mais ce n’est qu’un paramètre parmi d’autres beaucoup plus déterminants et l’on aurait bien tort de se focaliser dessus.
D’abord parce que le pétrole n’est évidemment pas à l’origine de la guerre laquelle est d’abord et uniquement un conflit politique commencé sous la colonisation britannique en 1955. Ce n’est que beaucoup plus tard, dans les années 80 que sont venus se greffer sur ce conflit d’autres aspects, notamment d’ordre religieux puis, et seulement in fine, énergétique.
Le pétrole ne doit pas vous faire oublier que le Soudan constitue un enjeu géoéconomique et géoénergétique de premier plan en raison de ses colossales ressources hydrauliques. Demain, vous le savez comme moi, l’eau sera l’objet de convoitises et de rivalités qui dépasseront largement celle dont le pétrole fait l’objet actuellement. Il faut également savoir que nous avons trouvé d’importants gisements d’hydrocarbures au Nord ce qui signifie que cette question ne peut à elle seule constituer le pivot explicatif de la guerre civile qui a divisé le pays pendant tant d’années. De ce point de vue, il faut comprendre que le conflit est extrêmement complexe et ne peut être abusivement réduit au seul enjeu pétrolier.
D’ailleurs, contrairement à ce que les détracteurs du Soudan ont l’habitude de dire et d’écrire, le pétrole est un véritable facteur de développement et surtout au Sud. L’exploitation pétrolière s’accompagne en effet, de la construction d’infrastructures telles que des réseaux routiers, l’électrification des habitats, la construction d’écoles, de dispensaires, d’hôpitaux… Cela, vous pouvez le vérifier dans toute la Boucle du Nil, en particulier dans la région de Bentiu. La bonne gestion, non seulement de l’exploitation pétrolière, est un facteur de richesse générale, elle constitue également, à court terme, un outil de développement. C’est ce que ne veulent, bien entendu, pas prendre en compte ceux qui font tout pour alimenter des polémiques sans objet.

L.L.D. : Le Kenya a joué ces derniers mois un rôle primordial dans le déroulement du processus de paix. Comment appréciez-vous le changement de pouvoir à Nairobi ?

S.E.M.A.E. :
La nouvelle équipe gouvernementale au Kenya a aussitôt, et sans la moindre ambiguïté, confirmé ses engagements en faveur de la paix et de la stabilité régionale et son appui inconditionnel à un règlement négocié du conflit au Sud Soudan. De ce côté, nous n’avons donc ni doute ni inquiétude à l’heure même de la reprise des négociations sur le territoire kenyan. Les négociations ont repris, comme vous le savez, le 23 janvier à Karen au Kenya, et les travaux se sont ouverts dans un réel climat de sérénité.

L.L.D. : Quelles perspectives d’intégration régionale la COMESA offre-t-elle au Soudan ? Quel rôle la zone de libre-échange mise en place par cette organisation joue-t-il dans le développement de l’économie soudanaise ainsi que dans celui  des relations entre les pays de la région ?  

S.E.M.A.E. :
Il y a actuellement une tendance générale aux regroupements économiques régionaux. Le Soudan ne se tient évidemment pas à l’écart de cette tendance qui ne peut qu’être propice à son développement de façon générale. Les accords de partenariat et de coopération que nous multiplions vont en ce sens, ce qui fait, entre autre, du Soudan un membre particulièrement actif de la COMESA. Nous nous préoccupons par ailleurs, de consolider et de resserrer toujours d’avantage nos relations d’échanges et de commerce avec nos voisins au premier rang desquels, l’Arabie Saoudite, l’Egypte, l’Ethiopie et le Tchad.  

L.L.D. : Le conflit qui oppose l’Ethiopie à l’Erythrée repose pour l’essentiel sur des questions transfrontalières face auxquelles l’ONU et l’ancienne OUA sont restées jusqu’à présent impuissantes. Quel regard portez-vous sur ce conflit et quelles solutions proposez-vous à ces problèmes qui caractérisent la géopolitique contemporaine de l’Afrique ?

S.E.M.A.E. :
Il ne peut y avoir de solution à ce problème, même avec l’aide de l’arbitrage international, sans une volonté ferme et dépourvue de toute ambiguïté pour chacune des parties en cause.
En ce qui concerne le Soudan, nous ne désirons qu’une seule chose : la paix et la stabilité régionale ! Nous ne le répéterons jamais assez. Mais il est certain que ce qui affecte ses voisins affecte aussi le Soudan. Même si les conséquences de ces troubles ne se manifestent pas directement.
Précisément, le conflit frontalier que vous mentionnez, a pour nous la conséquence immédiate de générer un afflux de réfugiés sur notre territoire. Ce dont nous nous passerions bien, vous pouvez l’imaginer. Le Soudan est aujourd’hui le deuxième pays du continent pour le nombre de réfugiés. Cela se passe de commentaire…
J’ajouterai cependant que plusieurs États ont eu à subir encore très récemment des interventions ou des ingérences de la part de l’Erythrée. Pays qui demeure, qu’on le veuille ou non, un élément indéniablement perturbateur dans la Corne de l’Afrique.
Le Soudan espère et souhaite ainsi, que les dirigeants érythréens retrouveront prochainement la voie de la raison ; raison qui incite à coopérer et à œuvrer au profit de la stabilité régionale. Pour notre part nous attendons avec confiance ce retour à la raison politique et à la sagesse de la part des dirigeants érythréens afin qu’ils conduisent l’Erythrée à la normalisation de ses relations avec ses voisins, et en premier lieu avec le Soudan et l’Ethiopie…

L.L.D. : L’appel par la Ligue arabe à la constitution d’un fonds de développement de 450 millions de dollars s’est accompagné le 30 décembre 2002 d’un accord de coopération avec l’Arabie Saoudite. Ces initiatives augurent-elles d’une clarification des relations entre le Soudan et le monde arabe autrefois plus complexes ? Ouvrent-elles sur des perspectives de coopération régionale de plus grande ampleur ?

S.E.M.A.E. :
Le regain d’intérêt de la Ligue Arabe en direction du Soudan se manifeste en effet de façon extrêmement concrète, et notamment par la désignation d’un émissaire spécial chargé de tout mettre en œuvre pour encourager le processus de paix.  
D’autre part nous nous félicitons grandement de ce que la Ligue Arabe se soit enfin décidée à apporter sa contribution au processus de paix, ceci en vue de donner toutes ses chances au maintien de l’unité politique et économique du Soudan dans le cadre d’une structure fédérale de l’État.
Dans cette perspective, l’apport de la Ligue Arabe et de ses Etats membres à l’édification de la paix pourra se montrer déterminant en participant au développement accéléré du Sud et à sa reconstruction économique.
Nous nous félicitons à ce propos, que les liens fraternels qui unissent depuis toujours le Soudan et la Ligue Arabe trouvent ici, l’occasion de se concrétiser en confirmant leur intérêt mutuel.

L.L.D. : Le rôle de médiateur que jouent les Etats-Unis depuis la nomination de la mission Danforth au Soudan en janvier 2002 se double des pressions qu’ils exercent sur le gouvernement du Président Al-Bachir notamment par la promulgation de la loi sur la « Paix au Soudan » le 21 octobre 2002. Comment analysez-vous la politique américaine à l’égard de votre pays et comment les autorités soudanaises comptent-elles normaliser ses relations avec Washington ?

S.E.M.A.E. :
L’Amérique souffle, selon une habitude maintenant bien établie, le chaud et le froid. D’un côté elle pousse fermement le SPLA à la table des négociations, de l’autre, elle adopte des dispositions susceptibles d’entraver ce même processus de paix comme le fameux « Sudan peace Act ».
Cette loi adoptée par le Congrès américain constitue, à n’en pas douter, un authentique encouragement au SPLA pour biaiser les négociations parce qu’au terme des dispositions contenues dans ce texte, la faute d’un éventuel échec des pourparlers incombera exclusivement au gouvernement soudanais et à lui seul !
Comment, au vu d’un tel dispositif, ne pas se poser de questions quant à la sincérité des intentions américaines ? J’ajouterai que tous les observateurs impartiaux sont depuis longtemps arrivés à la conclusion que le gouvernement soudanais n’a nul besoin de pressions pour négocier sur des bases acceptées préalablement par toutes les parties intéressées à gagner la paix. Or l’administration américaine se comporte exactement comme si elle jouait une sorte de double jeu lui permettant, le cas échéant, de revenir à la case départ. Ceci a conduit un certain nombre d’observateurs à penser que le jeu américain était animé par tout autre chose qu’un désir sincère de paix.  
En ce qui concerne la paix, le Soudan en a fait le choix souverain et sans la moindre équivoque. Aujourd’hui ce sont les forces de la réconciliation qui sont à l’œuvre et non celles de la division. Ce n’est pas le fruit du hasard si les cérémonies du quarante septième anniversaire de l’Indépendance se sont déroulées le 1er janvier à Malakal, aux portes du grand Sud.
Pour ne pas conclure sur ce point, j’ajouterai que les relations avec les Etats-Unis s’améliorent cependant, en dépit du fossé d’incompréhension qui nous sépare encore, pour peu de temps, espèrons-le. Car non seulement le Soudan est tout disposé au dialogue, mais il a constamment et avec persévérance appelé à la normalisation de ses relations avec les Etats-Unis. À ce propos, je suis personnellement en mesure d’annoncer que des démarches sont en cours et que nous avons bon espoir de les voir aboutir.

L.L.D. : L’image de certains pays de la Corne de l’Afrique a gravement souffert de l’existence d’organisations terroristes sur leur territoire et de leur ramification avec des groupes islamistes extrémistes. Quel impact la guerre contre le terrorisme lancée au lendemain du 11 septembre peut-elle avoir sur l’évolution du Soudan ? Quelle contribution votre pays peut-il apporter dans ce domaine ?

S.E.M.A.E. :
Notez que les sanctions imposées au Soudan par le Conseil de Sécurité avaient été levées quelques semaines après la tragédie du 11 Septembre et qu’il n’a jamais été question d’un retour en arrière. Qu’à cette époque le Soudan avait déjà accepté de coopérer en matière de sécurité et de lutte anti-terroriste. Bien avant l’automne 2001, nous avions accueilli des équipes américaines afin de rendre opérationnel un certain nombre de disposions en matière de sécurité internationale et de lutte anti-terroriste.
Il faut ici rappeler également, que la levée des sanctions à l’encontre du Soudan par le Conseil de Sécurité s’est accomplie sans que l’administration américaine ait jugé bon d’y faire obstacle. Le représentant américain, par son abstention lors du vote du Conseil de Sécurité, avait tenu à souligner que, si le Soudan restait de son point de vue en position d’observation, il avait été en tous cas blanchi de toute suspicion relative aux questions de sécurité internationale.
En matière de terrorisme, le Soudan a adopté une position : le Soudan condamne fermement toute forme de terrorisme, mais il en appelle à la Communauté internationale afin  qu’une définition scientifique et juridique soit donnée aux actes terroristes, définition suffisamment explicite, pour les distinguer des actes légitimes de résistance à l’oppression et à l’occupation arbitraire de territoires.
Le terrorisme n’est en effet, pas seulement le fait d’individus ou de réseaux plus ou moins clandestins, il peut aussi relever d’une politique d’État et, dans ce cas, sa condamnation et son bannissement des mœurs internationales doivent aussi être définis de façon rigoureuse et incontestable…

L.L.D. : L’Union européenne a fait prévaloir depuis 1990 le respect des Droits de l’Homme et de l’Etat de droit au rétablissement de la coopération de développement avec le Soudan. Pourriez-vous dresser le bilan des progrès réalisés dans ce domaine ?

S.E.M.A.E. :
Nous devons à la France d’avoir été le truchement du dialogue qui s’est instauré entre le Soudan et l’Union européenne. Grâce à la France qui s’est faite l’avocat du Soudan auprès de ses partenaires européens et depuis l’aboutissement des deux premières étape des négociations de paix de Machakos, le Soudan peut maintenant bénéficier d’aides partiellement débloquées par l’Union européenne dans le cadre des accords de Cotonou.
Toute cette évolution des rapports soudano-européens est extrêmement positive et constitue en soi un soutien précieux à la conduite du processus de paix. Est-il nécessaire de dire que le renforcement des liens entre l’Europe et le Soudan constitue à l’heure actuelle, l’un des axes clefs de notre politique étrangère.

L.L.D. : La France a affirmé au cours de divers échanges diplomatiques en 2002 sa volonté de participer au processus de paix. Comment considérez-vous le rôle que peut jouer la France dans le règlement du conflit ? La visite en France de S.E.Dr. Atabani du 18 au 20 décembre 2002 amorce-t-elle une nouvelle étape des relations bilatérales ? La participation du Soudan comme pays observateur au sommet France-Afrique en février 2003 marque-t-elle une volonté d’approfondir ses liens avec l’espace francophone ?

S.E.M.A.E :
Le rôle de la France est, et a été totalement bénéfique, notamment en nous fournissant l’expertise en matière de garanties internationales portant sur les accords de paix et nous en remercions sincèrement les autorités françaises.
D’ailleurs la visite du Dr. Ghazi Slaheldine Atabani, Conseiller du Président Al-Bachir pour les Affaires de la paix, au cours  du mois de décembre dernier, a constitué un indéniable succès. Ce séjour a, bien entendu, matérialisé la volonté commune de poursuivre un dialogue déjà profondément engagé. Cette mission a également préparé la participation du Président Al-Bachir à la XXIIe Conférence Afrique-France qui s’est déroulée à Paris du 20 au 21 février dernier.  En réalité, cette participation a eu des répercussions bénéfiques et a permis au Président Al-Bachir d’informer les nombreux Chefs d’Etat et de délégations participant à la Conférence, sur les dernières évolutions relatives au processus de paix notamment, la signature du Protocole de Machakos au Kenya en juillet 2002 qui a permis la régularisation des problèmes litigieux opposant le gouvernement soudanais et le SPLA. Dans un second temps, les deux parties ont conclu un accord de cessation des hostilités permettant de ce fait, l’acheminement de l’aide humanitaire dans l’ensemble des régions touchées par la guerre. Cette participation reflète avec acuité l’option « stratégique » prise par le Soudan en direction de l’aire francophone, choix qui se justifie par l’histoire récente de l’Afrique  et par la position géographique du Soudan sur un axe sahélien occupé par les États francophones de l’Ouest africain.
Cette option finalement caractérise les choix politiques et culturels du Soudan qui s’oriente aujourd’hui résolument vers le pluralisme, l’échange et la diversification. Ceci dans le but de contrebalancer une tendance à toujours plus d’unilatéralisme et de domination économique, politique et culturelle du seul pôle anglo-saxon.  
Par ailleurs, la visite du Président Al-Bachir a Paris a été marquée par une nouvelle dynamique animant les relations franco-soudanaises, notamment suite à la rencontre entre le Président Chirac et le Président Al-Bachir au palais de l’Elysée le 19 février 2003, à la veille de la Conférence Afrique-France. Je voudrais mettre en avant le caractère extrêmement positif de cette rencontre et ses retombées sur le Processus de paix particulièrement et au niveau des relations bilatérales en général.  En effet, durant cette rencontre le Président Chirac a réaffirmé l’intérêt que réserve la France à mon pays et sa volonté confirmée de contribuer activement à l’édification de la paix au Soudan ainsi que la promotion des relations bilatérales à tous les niveaux, politique, économique, culturelle et social.
A propos de la paix, le Président Chirac a tenu informé le Président Al-Bachir de la désignation d’un émissaire français, M. Henri Benoît de Coignac, diplomate chevronné et ayant une expérience notoire. Initiative très appréciée du Président Al-Bachir qui en attend des résultats significatifs dans la marche vers la Paix au Soudan.
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