Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
  Éditorial
Entretien exclusif
Coopération
Diplomatie & Défense
Innovation
Culture
 
La lettre diplometque
La lettre diplomatique Haut
     Madagascar
 
  S.E.M. / H.E. Jean-Pierre Razafy-Andriamihaing

Madagascar : Dynamisme et ouverture pour la reprise malgache

Un an après la reconnaissance du nouveau gouvernement à Antananarivo, S.E.M. Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo  aborde dans cet entretien les thèmes phares du grand projet malgache pour un “développement rapide et durable“ et les aspirations de la “Grande-Ile“ à devenir un acteur majeur de l’Océan indien.


La Lettre Diplomatique : Monsieur l'Ambassadeur, la longue crise politique qu'a connue Madagascar semble s'être achevée avec l'élection du Président Marc Ravalomanana en décembre 2001 et le départ de l'ancien Président Ratsiraka en juillet 2002 mettant fin à la division du pays. Peut-on estimer que le processus de réconciliation nationale soit peu ou prou achevé ? Une loi d'amnistie générale réclamée par l'opposition peut-elle, selon vous, favoriser la stabilisation d'un pays où la crise politique a ravivé certains contentieux ethniques et culturels ? La déconcentration engagée par les autorités malgaches sur les bases de la Constitution de 1998 est-elle destinée à apaiser ses derniers ?

S.E.M. Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo : Il faut bien comprendre qu'il n'y a jamais eu ni guerre civile ni division du peuple malgache durant les cinq à six mois de crise que Madagascar a connue à partir de décembre 2001. Il y a eu un contentieux électoral, créé par l'ancien Président Ratsiraka, battu dès le 1er tour de scrutin sans avoir jamais voulu le reconnaître. Sa sévère défaite a été acquise malgré qu'il ait au préalable instrumentalisé tous les organes de l'Etat, en particulier la Haute Cour Constitutionnelle, seule habilitée à proclamer les résultats du scrutin, et c'est pourquoi en désespoir de cause il a provoqué et organisé une grave crise. L'élection du Président Marc Ravalomanana à la majorité absolue, réalité rapidement constatée par les chancelleries étrangères, avait poussé une immense foule de près de 2 millions de Malgaches à le légitimer solennellement le 22 février 2002 au Stade de Mahamasina à Antananarivo. Par la suite, la Haute Cour Constitutionnelle, enfin rétablie dans sa composition régulière et légale, a confirmé, le 29 avril 2002, l'élection de Marc Ravalomanana à la magistrature suprême dès le 1er tour de scrutin par 51,46% des voix contre 35,09% à Didier Ratsiraka.
Le peuple malgache, qui ne s'est jamais désuni mais qui par contre a été pris en otage par le régime déchu pendant plus de cinq mois, a ainsi été intégralement réintégré dans son vote et justice lui a été rendue. Dès lors, malgré les multiples provocations de l'ancien Président Ratsiraka, aucun "contentieux ethnique et culturel" n'était heureusement à déplorer, ce d'autant moins que, faut-il le souligner, c'est par un abus ou une facilité de langage qu'on parle des "18 ethnies" à Madagascar alors même que ce pays, certes riche d'une diversité culturelle, peut se vanter d'avoir une population qui se caractérise par ses origines communes malayo-polynésiennes et sa langue commune qu'est le malgache. Dans ces conditions, le "processus de réconciliation" tant prôné par une opposition minoritaire, se résume en réalité à une formule incantatoire vide de sens. Au surplus, si "réconciliation" et "loi d'amnistie" signifient réintégrer dans la vie politique les responsables politiques auteurs de crimes de droit commun par lesquels ils ont tenté de se maintenir au pouvoir et du fait desquels certains d'entre eux ont été condamnés par les tribunaux en attendant que les autres le soient, cette occurrence est également impossible sauf à bafouer l'autorité judiciaire et à renier toutes ces valeurs éminemment démocratiques du "Fahamarinana" (transparence et vérité) et du "Fahamasinana" (exigence, adoubement et consécration démocratiques) sur lesquelles se fonde la pratique institutionnelle du régime actuel.
De fait, la stabilité institutionnelle, politique et sociale a été rapidement acquise. Tour à tour, le 26 juin 2002 et le 3 juillet 2002, les Etats-Unis et la France marquaient sans équivoque leur reconnaissance du nouveau régime mais aussi leur plein soutien, saluant au passage ce qui apparaît comme l'"exception démocratique malgache", d'autres grands partenaires de Madagascar, tels le Japon, la Norvège, l'Allemagne, la Suisse ou la Grande-Bretagne, pour ne citer qu'eux, ayant précédé les Etats-Unis et la France dans ces démarches. Et, parachevant un cycle complet d’adoubement et de consécration démocratiques, les élections législatives anticipées du 15 décembre 2002 donnèrent au Gouvernement et au Président une majorité confortable à l'Assemblée nationale. Dans ce contexte, la décentralisation engagée sur les bases de la Constitution de 1998, bâtie sur une large autonomie provinciale, est de nature à renforcer la stabilité institutionnelle ainsi que la démocratie locale, ces exigences étant par ailleurs accompagnées par une politique de déconcentration qui pousse en particulier les différents départements ministériels à installer localement des démembrements de certaines administrations centrales, et on a vu récemment le Président de la République tenir en Province un Conseil des ministres afin de bien marquer la considération qu'il accorde aux provinces et à leurs besoins spécifiques.

L.L.D. : Fer de lance du projet du Président Marc Ravalomanana, le “développement rapide et durable” de la “Grande Ile“ repose sur un programme de rénovation nationale. Quels en sont les principaux objectifs ? Quelles mesures le gouvernement malgache entend-il adopter pour le développement des infrastructures et accroître la transparence et l'efficacité de l'administration ? Comment envisage-t-il de ramener l'inflation de 15 à 5% comme il l'a annoncé et lutter contre le chômage ? Autre thème phare du programme gouvernemental, la promotion de l'éducation bénéficie-t-elle de mesures particulières ?

S.E.M.J-P.R-A. : "Développement rapide et durable", voilà une formule hardie qui procède d'une approche nouvelle, pragmatique et concrète de la notion de développement, ainsi que le Président de la République a pu l'expliciter lors de sa visite officielle en France fin avril 2003. La durabilité signifie qu'un projet d'investissement doit intégrer les données environnementales, sociales et culturelles locales sans lesquelles il ne serait pas pérenne. A de telles conditions, celui-ci  bénéficiera nécessairement de l'adhésion de la population locale et de tous les partenaires intéressés, lesquels se sentant pleinement associés, auront à cœur de s'impliquer dans sa réalisation. D’où la notion de rapidité. Sous cette formule, il y a un programme de rénovation nationale qui repose sur une stratégie globale. En effet, il faut d'abord créer un environnement propice au redressement, car il ne faut pas oublier que Madagascar a été ces dernières années le 6ème pays le plus pauvre de la planète après avoir été dans les années 1960 l'un des pays émergents du monde francophone. Début avril 2003 a été adopté le "Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté", le DSRP, véritable programmation de l'éradication de la pauvreté et de la fondation du redressement national, approuvée par la Banque Mondiale et les bailleurs de fonds. Le désenclavement des régions constitue l'axe prioritaire autour duquel cette stratégie doit se déployer. Il impose, selon un schéma directeur des grandes transversales Est-Ouest et Nord-Sud, la réhabilitation des réseaux routiers et des infrastructures portuaires et aéroportuaires sur toute l'étendue du territoire malgache. Tels sont les principes directeurs qui définissent le cap à tenir pour cinq ans, lequel comporte des objectifs précis dans les cinq secteurs porteurs que sont le tourisme, l'agriculture, l'artisanat, la pêche et le textile : la garantie des investissements ; l'incitation aux investissements directs étrangers par l'amélioration de l'environnement juridique ; l'amélioration du régime des zones franches et la mise en place de zones d'activités ; la sécurisation foncière ; la facilitation de la création d'entreprises par l'institution d'un guichet unique ; l'exonération douanière et des droits à l'importation pour des catégories importantes de biens et équipements.
Avec un plan de relance de leurs activités amorcé dès fin 2002 sous l'égide du Gouvernement, les entreprises malgaches devraient retrouver début 2004 le niveau record atteint en 2001 et au premier trimestre 2004 un niveau nettement supérieur. Le taux de croissance estimé pour 2003 atteint d’ailleurs 9,6%. De son côté, mettant en œuvre une politique de restriction budgétaire et de maîtrise des coûts, l'Etat malgache donne des gages sérieux d'assainissement financier qui devrait conduire notamment à réduire à moins de 1% le taux d'inflation d'ici deux ans, ce qui constituerait une performance remarquable. Quant au taux de chômage, le tableau de bord de l'économie malgache enregistrant ainsi des données nouvelles favorables, il devrait diminuer conséquemment à la même période. Mais, dans un pays dont l'économie informelle concerne encore un trop grand nombre de familles, en dehors de la croissance, l'une des clés maîtresses de la résorption du chômage est l'éducation, en particulier l'éducation de base, primaire et secondaire, ainsi que la formation professionnelle. Sous l'impulsion du Président de la République, le gouvernement malgache a mis en œuvre un programme "Education pour tous" au niveau primaire afin qu'à l'horizon 2015 tous les jeunes malgaches en âge scolaire puissent effectivement recevoir une éducation de base.

L.L.D. : Le programme de reconstruction économique des autorités malgaches accorde une place majeure au développement du secteur privé. Pouvez-vous nous préciser comment celles-ci comptent favoriser le rôle des acteurs privés dans l'économie du pays et plus particulièrement celui des investisseurs étrangers ? Fin juillet 2003, Madagascar a abandonné le Franc malgache, pour l'Ariary, monnaie en vigueur avant la période coloniale. Quels sont les objectifs de ce changement monétaire ?

S.E.M.J-P.R-A. : En dehors des précisions déjà apportées quant à la place majeure que les autorités malgaches accordent au développement du secteur privé, j’insiste sur le fait que les Malgaches, et surtout la jeune génération, apprécient la cohésion nationale nouvelle, le souffle nouveau de liberté qui provoque chez eux des vocations entrepreneuriales nouvelles dans tous les secteurs. Avec les valeurs nouvelles de bonne gouvernance appliquées à l'entreprise, mais aussi la démarche citoyenne, ce sont autant de bonnes dispositions, certes à optimiser, qui renforcent l’appui renouvelé des bailleurs de fonds étrangers et de nos principaux partenaires aux efforts actuels de redressement opérés par les autorités malgaches. Aucune autorisation préalable n'est requise pour réaliser un investissement direct opéré par un étranger. Les autres opérations de portefeuille ou de capital ne sont pas totalement libéralisées, mais devraient l'être à terme. Quant au programme de privatisations qui est en cours, il s'accompagne de conditionnalités visant à empêcher les opérations prédatrices et, au contraire, à préserver le capital technique, le transfert de technologie et à valoriser les ressources humaines. En outre, pour 2003-2004, l'Etat vise un taux d'investissement de 20% avec une participation à hauteur de 12 à 14% du secteur privé. Enfin, avec le recadrage de ses missions, le Fonds de Développement Industriel (FDI) devrait accentuer son rôle stratégique dans les restructurations industrielles. Faut-il aussi rappeler que Madagascar bénéficie de l'Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE) qui, entre autres, peut dégager à très court terme des ressources importantes générées en particulier par l'annulation de 50% du stock de la dette. Un taux de croissance en 2004 de l’ordre de 6%  après la relance de 2003, serait de bon augure pour la suite, les spécialistes estimant que l’objectif fixé par le Chef de l’Etat d’un taux de 8 à 10% par an sur une période de dix ans et la réduction de la pauvreté de moitié, est réaliste. Ce qui ferait de Madagascar à l’horizon 2014 un pays émergent important.
Tout ceci n'a de sens que si les opérateurs privés, nationaux comme étrangers, jouent un rôle prépondérant et responsable comme moteur de la croissance. C'est aussi le sens à donner au principe des "3 P", Partenariat Public/Privé dont l’application est prévue par le DSPR, suggérant que le secteurs public et privé doivent pouvoir œuvrer dans un esprit de vrai partenariat, c'est à dire de "joint venture"(entreprise commune) où les rôles sont négociés et définis en commun et les bénéfices et risques acceptés en connaissance de cause. La création et l'activité d'entrepreneuriales elles-mêmes sont fortement soutenues par un environnement institutionnel très incitatif.
En ce qui concerne l'arrivée de l'Ariary, elle s'est opérée dans un contexte là aussi favorable et pour des objectifs déterminés. Avec la relance généralisée de l'économie et un essor nouveau du secteur tertiaire (services et secteur bancaire) perceptibles dès mars 2003 et confirmés au cours du dernier semestre 2003, la monnaie malgache, le Franc Malgache (FMG), a connu et continue de connaître une relative stabilité tant vis-à-vis de l'Euro que vis-à-vis du Dollar. L'adoption annoncée en juin 2003 d'une "nouvelle" monnaie, le Ariary malgache, est donc venue renforcer par l'effet psychologique et par la mobilisation recherchés, une reprise économique appelée à durer et à s'inscrire dans une spirale vertueuse. La venue de l'Ariary, qui est aussi un retour aux sources historiques, participe autant d'une stratégie économico-financière que d'une volonté politique, à l'instar du Nouveau Franc français qui au temps de l'apogée gaullienne avait marqué la renaissance de la France et son indépendance économique et financière. Le Franc malgache FMG va donc disparaître progressivement d'ici à fin novembre 2004, supplanté par le Ariary, monnaie de la période royale malgache qui, rappelons-le, a cependant toujours subsisté en tant qu'unité monétaire. Le taux de change est fixé : 1 Euro vaut 1400 Ariary. Le grand basculement interviendra le 1er janvier 2005 : la comptabilité, les contrats, les transactions nationales ne se feront alors plus qu’en Ariary.

L.L.D. : Tandis que l'industrie du tourisme s'est relevée au cours de l'été 2003 grâce à l'augmentation des flux touristiques, le potentiel de la "Grande Ile" reste très en deçà de ses possibilités en la matière. Quelles mesures peuvent-elles permettre la mise en valeur de ce secteur d'activité et plus particulièrement le tourisme écologique ? Quelle est la position du gouvernement malgache à l'égard de la protection de l'environnement et quelles revendications spécifiques a-t-il à faire valoir dans les domaines de la pêche et de la défense des milieux marins ? Comment le programme de lutte contre le tourisme sexuel récemment annoncé par le gouvernement s’articule-t-il ?

S.E.M.J-P.R-A. : Madagascar est une île de contrastes par excellence. Et quand vous gardez à l'esprit qu'elle est à la dimension d'un continent ne la qualifie-t-on pas également d'"Ile-continent" ? -, vous comprenez immédiatement combien elle recèle de richesses qu'il faut à la fois protéger, promouvoir et exploiter. A cette fin, des actions sont poursuivies, en particulier pour : identifier des terrains domaniaux à fort potentiel touristique en vue de la constitution d'un "stock" régional de réserves foncières destinées à être aménagées en "zones" touristiques ; réaménager les multiples pistes pour avion ; renforcer les capacités de la Compagnie nationale "Air Madagascar" dans ses services domestique, régional et international et ouvrir le trafic aérien ; renforcer et diversifier les capacités d’accueil.
L’ambition de Madagascar n'est donc pas de rééditer chez elle, mais sans toutefois l'ignorer, une certaine forme de tourisme international sans visage comportant un "bétonnage" à outrance . Elle est principalement mais très avantageusement, de développer des "niches" sans équivalents au monde, comme un écotourisme autour de l'immense et précieuse richesse d'une faune et d'une flore endémiques.
Sachez que Madagascar poursuit et encourage tous les efforts entrepris depuis près de cinq ans dans le cadre d'un programme de protection de l'environnement soutenu par la Banque Mondiale. Il s'agit essentiellement de reforestation, d'actions de préservation d'écosystèmes, ainsi que de développer autour de ces nécessités et en milieu rural des projets intégrés dans l'esprit du développement durable. Le tourisme en fait partie. Tout comme certains secteurs comme précisément la pêche où il s'agit de structurer une activité éminemment économique et sociale. Tout en maintenant et en renforçant ses activités exportatrices, notamment pour le thon, les crevettes ou les langoustes, Madagascar souhaite éviter une situation identique à celle que connaissent actuellement certaines mers vidées de bans entiers de poissons à cause d’une surexploitation industrielle.
Fort de la réussite de ces projets intégrés, les initiateurs du programme, de concert avec l'Agence malgache de protection de l'environnement, ont décidé de le poursuivre pour un autre cycle de trois ans. Des zones protégées ont ainsi été créées, protégeant les activités traditionnelles de la population locale de certains investissements non conformes à un cahier des charges, lequel constitue un garde-fou efficace. Enfin, dans un souci d'implication des régions et des opérateurs nationaux, le gouvernement déploie actuellement un réseau d'offices régionaux de tourisme et, au niveau national, un office national de tourisme va être mis en place le 16 octobre 2003 devant réunir tous les professionnels concernés. Dans ces conditions, les déviances que constitue par exemple le "tourisme sexuel", ne pourraient donc pas se produire. Là où ce mal sévit, le gouvernement applique une politique rigoureuse en termes de prévention et de répression. Parallèlement, une campagne d'information est en cours, visant à sensibiliser la population, spécialement la jeunesse et les femmes, aux risques induits par les maladies sexuellement transmissibles. Madagascar est préservée de l'épidémie du Sida, ce malgré l'existence de cas très isolés dans des zones clairement identifiées, et c'est précisément pourquoi, le gouvernement assure une vigilance accrue. Le Président de la République lui-même est très soucieux de ce problème et, en Afrique comme récemment à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies en sa 58ème session, il ne cesse de rechercher au plan mondial les moyens de contrôler et d'éradiquer le fléau du Sida, car à l'évidence une solidarité plus active est plus qu'indispensable. D'une façon générale, afin de lutter plus efficacement contre le tourisme sexuel et le Sida mais également contre d'autres déviances telles la drogue, la pédophilie ou l'exploitation des enfants, un réseau de "cellules provinciales de lutte contre les fléaux touristiques" se mettent en place progressivement sur toute l'étendue du territoire et au niveau national existe déjà une “Cellule nationale“.

L.L.D. : Bien que Madagascar pèse fortement (notamment d'un point de vue démographique) dans la zone des pays de la Commission de l'Océan Indien (COI), ses échanges avec ces derniers ne représentent que 3% de ses échanges globaux. Votre pays envisage-t-il de multiplier les accords de libéralisation des échanges comme celui qui est en vigueur avec Maurice depuis 2000 ? Quelles perspectives la visite du Président Marc Ravalomanana fin 2002 à Maurice offre-t-elle pour le développement des relations, notamment économiques, entre les deux pays ? Dans quelle mesure l'Indian Ocean Rim (IOR) représente-t-elle un moyen pour la “Grande Ile“ de pénétrer un marché de l'Océan Indien et de l’Asie du Sud-Est fort de 1,6 milliards d’habitants ?

S.E.M.J-P.R-A. : A ces questions, j'apporterais une réponse globale. La libéralisation de l'économie malgache trouve tout naturellement sa traduction dans les relations extérieures de Madagascar, notamment avec ses voisins immédiats parmi lesquels Maurice. Les deux îles ont des potentiels spécifiques et des atouts complémentaires. L'alliage des deux crée pour Madagascar des opportunités réelles en termes de co-développement en particulier avec sa voisine et qu'elle exploite progressivement, notamment à travers des accords bilatéraux tels que ceux passés avec Maurice, mais également à travers les conventions multilatérales telles que la COMESA, la Zone de Libre Echange transfrontalière (Cross Border Initiative, CBI), la COI ou l'IOR-ARC auxquelles Madagascar a décidé d’adhérer tout comme Maurice.
Vous avez raison de souligner qu'au-delà de la zone de l'Océan indien occidental, Madagascar vise en effet, grâce à la réduction généralisée et réciproque des taxes à l'importation et des droits de douane qu'impliquent les régimes institués par ces conventions internationales, des marchés porteurs pour ses produits en Afrique, en Europe, en Amérique et en Asie. Car, ces conventions régionales sont elles-mêmes liées à des conventions inter-régionales, telles que la Convention de Cotonou qui lie l'Union européenne aux pays ACP ou l'Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) qui lie beaucoup de pays africains aux Etats-Unis. Or, dans le premier cas les produits en provenance de Madagascar comme de ceux des autres pays conventionnés sont admis en franchise de droit selon des critères relatifs aux règles d'origine, tandis que dans le second cas est prévu l'entrée en franchise de douanes et sans contingentement sur le marché américain de différents marchandises provenant des pays qualifiés.

L.L.D. : Pays membre de la COMESA, la participation de Madagascar à cette organisation reste encore peu importante. Votre pays projette-t-il d'accroître son engagement au développement de cette zone ? La question de l'adhésion de votre pays à la puissante SADC reste par ailleurs en suspens depuis quelques années. Cette option ne constitue-t-elle pas une alternative à la reconstruction rapide de Madagascar ? Comment analysez-vous les relations de Madagascar avec l'Afrique du Sud qui, si elle pourrait constituer un important partenaire commercial, risque aussi de placer Madagascar sous sa domination régionale ?

S.E.M.J-P.R-A. : La reconstruction de Madagascar doit se faire à Madagascar et non pas ailleurs ! Il n'est en outre pas concevable que, quelle que soit la puissance d'une organisation internationale ou régionale, en l'occurrence la SADC, la reconstruction d'un pays puisse se faire en quelque sorte par défaut grâce à celle-ci. A moins que j'aie mal compris votre question. En tous cas, s'agissant de la SADC, des considérations idéologiques et personnelles de l'ancien Président Ratsiraka avaient semble-t-il retardé jusqu'ici l'adhésion de Madagascar. Actuellement, la volonté politique d'adhérer est réelle et une ouverture diplomatique réciproque devrait intervenir bientôt, le gouvernement malgache ayant déjà eu l'occasion de manifester son intérêt particulier pour une plus grande ouverture vers l'Afrique. C'est dans cette logique qu'il faut voir et apprécier notre participation à la COMESA, sachant par ailleurs qu'historiquement et culturellement Madagascar étant un pont entre l'Afrique et l'Asie, tout naturellement notre vision stratégique intègre aussi une forte ouverture vers l'Asie où s'exerce déjà 60% du commerce mondial. Dans ce contexte, les entreprises importatrices à capitaux français ont d'autant rien à craindre que l'élargissement des marchés constitue le meilleur gage économique et commercial de leur expansion.
S'agissant de l'Afrique du Sud, c'est l'ancien Président De Clerk lui-même qui à la fin de son mandat présidentiel avait pronostiqué pour Madagascar un "rôle leader" dans l'Océan indien. Avec le Président malgache actuel, cette vision semble en train de se vérifier. La considération et la sollicitude que l'actuel Président sud-africain accorde à Madagascar n'ont d'égal que celles que nourrit le Président malgache en retour pour son homologue. Comment dans ces conditions imaginer que l'Afrique du Sud lance une sorte d'OPA, même amicale, sur Madagascar ? Les Sud-africains commercent avec Madagascar et y investissent dans une proportion qui ne modifie en rien la position des principaux partenaires de Madagascar comme la France, l'Allemagne ou le Japon et l'expertise sud-africaine dans certains domaines est très appréciée. Qui d'ailleurs s'offusquerait de relations régionales renforcées entre l'Afrique du Sud et Madagascar, deux pays voisins et riverains d'un même océan qui, ici également jouent dans un esprit de vrai partenariat la partition du co-développement, une autre étant en cours avec la Réunion après la visite officielle que le Président Ravalomanana y a effectué les 24 et 25 juillet 2003 ?

L.L.D. : Compte tenu des dernières avancées qu'a connu l'Afrique australe notamment au Rwanda et en RDC, et la persistance des troubles que ce soit au Soudan ou au Zimbabwe, quelles sont les principales orientations diplomatiques de Madagascar vis-à-vis de cette région et, plus généralement, à l'égard des problèmes récurrents du continent africain ?

S.E.M.J-P.R-A. : C'est le Ministre des Affaires étrangères, le Général Marcel Ranjeva, qui aime à souligner avec raison et perspicacité que "Madagascar adopte la diplomatie de sa géographie". Autrement dit, tout comme d'ailleurs Napoléon le préconisait, la position géostratégique est à la base des options diplomatiques. Pour Madagascar, il s'agit tout d'abord de ne point s'immiscer dans des affaires qui ne relèvent pas de son appartenance régionale. Mais, ceci ne veut nullement dire qu'elle se désintéresse des questions extra-régionales. Or, Madagascar est depuis ses origines membre fondateur de l'Organisation de l'Union africaine, devenue depuis l'année dernière l'Unité africaine (UA). Elle a donc des responsabilités au sein de la grande famille africaine qu'elle assume avec constance. Et c'est animée des principes inspirés des valeurs internationalement reconnues que Madagascar agit. D'autre part, elle entretient avec certains pays des relations fondées sur des considérations à la fois stratégiques, historiques et de sensibilités communes. C'est ainsi, parmi d'autres exemples, qu'avec le Maroc des liens particuliers se sont noués, de même qu'avec le Sénégal et le Burkina-Fasso, tandis que des rapprochements se sont opérés avec le Gabon, le Cameroun ou la Libye sur des bases différentes. Bref, c'est par une approche à la fois pragmatique et fondée sur l'observance de certaines valeurs que Madagascar se positionne. La position de Madagascar est d'ailleurs de mieux en mieux perçue, en particulier étant forte de sa récente expérience démocratique réussie. C'est ainsi, notamment, que Madagascar a bénéficié du soutien actif de pays africains à l'ONU pour occuper l'une des vice-présidences d'une commission importante de l'Assemblée générale des Nations unies afin précisément que certaines problématiques récurrentes africaines soient portées et solutionnées au sein des plus hautes instances internationales.

L.L.D. : Après quelques mois d'incertitudes, Madagascar a réintégré la communauté des nations africaines lors du second sommet des Chefs d'Etat de l'Union africaine qui s'est tenu à Maputo (Mozambique) en juillet 2003. Comment le Président Ravalomanana entend-t-il faire de Madagascar un des pays moteur du NEPAD ? D'une manière plus globale, comment l'Afrique pourrait-elle, à votre avis, sortir de son isolement commercial ?

S.E.M.J-P.R-A. : Tout d'abord, faut-il préciser que jamais Madagascar n'a été mise au ban des nations africaines. Je dirais donc non pas que Madagascar "a réintégré la communauté des nations africaines" mais plutôt que les nations africaines ont enfin reconnu une réalité politique et institutionnelle malgache, avec un certain retard du fait de quelques dirigeants, retard qui cependant n'a altéré en rien le capital de sympathie dont Madagascar a toujours bénéficié au sein de la grande famille africaine. Finalement la mise à l'écart très momentané de Madagascar est un épiphénomène vite oublié.
Le NEPAD est une initiative africaine de mobilisation des ressources et des capacités clairement identifiée par Madagascar comme une chance pour le développement durable du continent africain. Il est un fait que les objectifs du NEPAD correspondent aux ambitions qui sont celles de Madagascar. Les initiatives que le Président de la République a déjà prises, notamment à travers son implication très forte dans le domaine de la lutte contre le Sida, dans la promotion de la bonne gouvernance et dans la recherche des sources d'investissement, sont très appréciées en particulier par les fondateurs de cette initiative africaine. En dehors des instances proprement africaines, Madagascar entend saisir toutes les occasions, à travers les instances internationales et, notamment son implication dans le mouvement de la Francophonie, pour accentuer ses initiatives et, en tous les cas, pour marquer sa solidarité active avec les pays africains qui s'impliquent dans cette initiative globale du NEPAD.
L'une des principales problématiques africaines est de peser suffisamment au plan international pour faire valoir ses points de vue, notamment au sein de l'OMC. L'Afrique souffre encore trop des circuits commerciaux internationaux fondés sur des pratiques anciennes héritées de l'époque coloniale. Il n'est ni normal ni acceptable que ses produits, ses matières premières, continuent de dépendre avec autant d'aliénation de la seule loi de la demande des pays consommateurs du Nord. Ici également, Madagascar est consciente de la nécessité d'une solidarité très active avec ses frères africains, mais également avec certains pays émergents d'Asie et d'Amérique du Sud. Ce d'autant plus que le phénomène de la libéralisation des règles du commerce international aboutit à des situations très difficiles, comme par exemple, à un certain éclatement au sein même des pays en développement : de grands pays émergents à forte vocation commerciale trouvent des alliances circonstancielles qui peuvent être durables au détriment des pays plus pauvres. Or, ceux-ci vont devoir se passer bientôt de régimes de faveur tel que celui institué des accords de Cotonou dont la durée est comptée. Dans ce contexte, l'initiative américaine de l’AGOA constitue une opportunité à saisir absolument et pour laquelle Madagascar est éligible.

L.L.D. : Le Président Marc Ravalomanana a effectué en Europe, au début de l'année 2003, son premier déplacement important depuis son élection. A caractère essentiellement économique, quels ont été les résultats de cette tournée européenne ? Quelles sont les principales lignes de la coopération entre votre pays et l'Union européenne ?

S.E.M.J-P.R-A. : En début d'année 2003, le Président Ravalomanana a en effet visité successivement la Suisse et l'Allemagne où il a eu des contacts avec le monde économique au plus haut niveau. Par la suite, des opérateurs de ces pays ont visité Madagascar, porteurs de projets. Puis, en février 2003 le Président malgache a effectué en France son premier voyage officiel dans le cadre du 9ème Sommet France-Afrique, son premier sommet du genre où il a notamment pu avoir des  entretiens en aparté avec le Président Chirac. L'affirmation internationale de Madagascar s'est ainsi considérablement renforcée et la sollicitude avec laquelle les hauts dirigeants et acteurs économiques européens et africains conçoivent désormais leurs relations avec Madagascar est encourageante. Puis, du 26 au 30 avril 2003, le Président Ravalomanana a effectué en France une visite officielle très remarquée au cours de laquelle il a pu placer sur de nouvelles et réelles perspectives les relations franco-malgaches ainsi régénérées et qui, désormais, suscitent de nouvelles vocations de part et d'autre. Chose remarquable, à Paris Marc Ravalomanana a été le premier Président malgache à avoir jamais célébré par un dépôt de gerbe au pied du monument dédié au Soldat Malgache le souvenir de ces Malgaches venus en France défendre la Liberté pendant les deux guerres mondiales, le premier également à avoir eu le privilège d'être solennellement reçu à l'Institut et à la Fondation Charles de Gaulle. Ces marques d'attention particulière sont significatives des privilèges que la France entendait et entend réserver à un Président et à un pays exemplaires à bien des égards.
L'Europe est un partenaire très important pour Madagascar tout spécialement dans le domaine économique à travers le Fonds Européen de Développement (FED) qui a mobilisé pour la fin du trimestre 2002, une somme totale de 70 millions d’euros. Mais, l'implication de l'Europe s'étend également au Programme d'appui à l'ajustement structurel, tout spécialement pour améliorer la bonne gouvernance budgétaire de l'Etat. Après la phase de conception des textes législatifs et réglementaires, l'édition de manuels de procédures et la définition d'un budget pour les organes de contrôle, nous sommes actuellement dans une autre phase qui correspond à la mise en œuvre de ces textes ainsi qu'à l’élaboration pratique du budget 2004 des organes de contrôle.

L.L.D. : La visite du Ministre des Affaires étrangères français Dominique de Villepin à Antananarivo en juillet 2002 puis celle, officielle, du Président Marc Ravalomanana en France en avril 2003 ont permis aux deux pays de renouer des relations qui avaient été quelque peu détériorées par la crise politique malgache. Fort de la place qu'elle occupe comme premier partenaire commercial, premier investisseur et bailleur de fonds de la "Grande Ile", quel soutien la France peut-elle apporter au processus de reconstruction de votre pays ? Quels sont les principaux objectifs de la coopération franco-malgache, notamment en termes économiques, commerciaux et culturels ?  

S.E.M.J-P.R-A. : Un climat nouveau, de confiance mutuelle, de volonté d'œuvrer dans un véritable esprit de partenariat et non plus d'assistanat, de respect des différences mais aussi de solidarité active s'est instauré entre la France et Madagascar. De plus, ces deux pays partagent des pans entiers d'histoire commune et, donc, le sentiment d'estime et d'amour réciproque demeure vivant. Le soutien de la France dans le processus de reconstruction de Madagascar est essentiel. Il n'est pas sélectif. Au contraire, il se déploie sur tous les terrains, tant diplomatique qu'économique, technique, scientifique et matériel. Au-delà de la langue, le français, dont nous partageons la pratique, nous parlons désormais avec la France un langage commun : celui qui nous conduit à rechercher dans nos rapports la compétence, l'efficacité, la rationalité, la productivité. Vous savez au surplus que nous avons une approche nouvelle, pragmatique et concrète de la notion de développement. Le "développement durable" auquel Madagascar, par son Président, ajoute la notion de rapidité telle que je l’ai explicité précédemment.
Vous avez compris que parler d'objectifs dans cette coopération franco-malgache multidimensionnelle et fraternelle apparaît du coup réducteur et il serait vain de procéder à une sorte d'inventaire tant elle est riche. Par contre, elle est appelée à se diversifier davantage encore et j'y travaille. A ce titre, un effort particulier est en cours pour la promotion de l'image de la spécificité malgache et des potentiels du pays. Notre Ambassade s'emploie à cela dans la capitale française mais également dans le cadre de la coopération décentralisée dans lequel nous sommes amenés à rechercher avec les collectivités locales françaises des courants d'échanges. Les résultats sont encourageants et nous remplissent d'espoir pour la pérennité des rapports que nous souhaitons établir avec la France.

L.L.D. : Le Président Marc Ravalomanana a réaffirmé son attachement à la Francophonie, lien historique et intime entre votre pays et la France. Quelles sont les ambitions de Madagascar pour le renforcement de l'espace francophone ? Comment comptez-vous accroître les liens d’amitié entre les deux Etats et les deux peuples ?
 
S.E.M.J-P.R-A. : Oui, pour le Président malgache la Francophonie est une autre grande famille où Madagascar doit marquer sa présence active et solidaire. Lors du Sommet de Beyrouth en Novembre 2002 dont la thématique principale était "Dialogue des cultures, cultures de dialogue", il a fait sensation et preuve d'innovation en proposant la création d'un label francophone appliqué aux produits culturels et artisanaux. En ma qualité de Représentant Personnel du Président de la République auprès de l'Organisation Internationale de la Francophonie, j'ai demandé à ce que soit inscrite à l'ordre du jour de la prochaine session du Conseil Permanent de la Francophonie, qui se tiendra en novembre 2003, cette question comme constituant une proposition de Madagascar tout à la fois à la promotion sur les marchés internationaux des produits culturels et artisanaux issus des pays francophones et à la concrétisation de la défense de la diversité culturelle, thème cher à nos pays face à la domination exercée indûment par les grands groupes industriels essentiellement anglo-saxons qui prétendent imposer une culture monolithique. Vous savez par ailleurs que le mouvement de la Francophonie s'implique dans d'autres défis pour lesquels la solidarité active de Madagascar est reconnue. Je pense à la promotion des valeurs de bonne gouvernance et de la démocratie, en particulier à travers cet instrument inédit qu'est la Déclaration de Bamako, ou à l’harmonisation des textes juridiques. La Francophonie ce n'est pas uniquement la France, mais bien entendu sans la France que serait la Francophonie ? Or, cette Francophonie semble étrangère en terre française. C'est pourquoi, peut-être que, paradoxalement, l'idée même de Francophonie mériterait-elle d'être mieux perçue en France, spécialement parmi la jeunesse. Très franchement, l'amitié entre les deux Etats et entre les deux peuples est là, vivante et profonde. Les présidents Chirac et Ravalomanana se tutoient et tous les jours, je reçois des manifestations d'amitié sincère de la part de hauts dirigeants et d'acteurs français de tous les secteurs d'activité. Des visites à Madagascar de ministres français sont inscrites à mon agenda pour les prochains mois. A notre Ambassade il ne se passe pas un seul jour sans qu'un lot de lettres nous parvienne demandant comment visiter Madagascar, comment y investir. Nous multiplions par ailleurs les manifestations culturelles, économiques et de pure convivialité, soit dans les locaux de notre Ambassade soit ailleurs et nous allons à la rencontre des gens. Les nostalgiques d'un certain passé colonial savent qu'ils sont marginalisés mais ce n'est pas pour autant qu'ils se l'avouent, de sorte qu'épisodiquement mais heureusement vainement les plus radicaux s'aventurent à imaginer, voire à fomenter des projets scélérats. La vigilance est donc toujours de rigueur. Les dirigeants français le savent et nous leur en savons gré, sachant que nous pouvons compter sur eux.
Pour terminer, le meilleur hommage rendu à l'amitié avec la France est certainement la restitution sous la forme de poèmes de sa propre langue au passage de la culture malgache telle que l'ont si brillamment pratiquée nos deux poètes phares que sont Jean-Jacques Rabearivelo et Jacques Rabemananjara.
"Peu d'arbres fleurissent sans feuillage, peu de fleurs éclosent sans parfum et peu de fruits mûrissent sans pulpe,  tu es le feuillage, tu es le parfum, tu es la pulpe du vieil arbre qu'est ma race, ô lambeque j'ai délaissé mais qui m'envelopperas à la fin, dans le silence de la terre d’où jaillira l’élan des herbes."
"Ile ! Ile aux syllabes de flamme ! Jamais ton nom ne fut plus cher à mon âme ! Ile, ne fut plus doux à mon cœur ! Ile aux syllabes de flamme, Madagascar ! Quelle résonance ! Les mots fondent dans ma bouche : le miel des claires saisons dans le mystère de tes sylves, Madagascar !"

Retour en haut de page
 
 

 
La lettre diplomatique Bas
  Présentation - Derniers Numéros - Archives - Nos Liens - Contacts - Mentions Légales