Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Japon
 
  S.E.M. / H.E. Hiroshi Hirabayashi

Japon : A la recherche d’un nouveau souffle

Miné par une décennie de stagnation économique et confronté à la crise nord-coréenne, le Japon se trouve, à la veille des élections législatives de novembre 2003, à la croisée des chemins. A l’appui des grands chantiers de réforme mis en œuvre par le Premier ministre Junichiro Koizumi,  S.E.M. Hiroshi Hirabayashi, Ambassadeur du Japon en France, nous expose les options choisies pour accomplir un retour à la croissance et donner au Japon une stature à la mesure de sa forte présence sur la scène internationale.


La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, détenant le mandat de Premier ministre du Japon depuis le 26 avril 2001, M. Junichiro Koizumi incarne une nouvelle génération d’hommes politiques et un nouveau genre de gouvernance au Japon. Quel bilan général peut-on dresser de son programme d’action politique déjà accompli ? Face à la mondialisation, comment analysez-vous les transformations de la société japonaise durant la dernière décennie ?

S.E.M. Hiroshi Hirabayashi : Le Japon est à une époque charnière de son histoire. L’économie japonaise a connu une décennie de stagnation, principalement en réaction à la “bulle économique” de la fin des années 1980 au début des années 1990, et aussi pour des raisons d’ordre structurel complexes. En effet, le modèle de croissance japonais qui avait si bien marché jusqu’aux années 80, s’est trouvé inadapté aux besoins nouveaux.
M. Koizumi mène actuellement une politique ambitieuse de réformes structurelles “sans sanctuaire” pour le renouveau et le mieux-être de la société japonaise confrontée au vieillissement de la population. Evidemment, une réforme économique et sociale de cette envergure demande du temps, de la patience, et de la persévérance, mais elle nécessite aussi un changement d’état d’esprit de la population.
La société japonaise a toujours été en constante évolution et a déjà commencé à s’adapter aux nouvelles exigences de la réforme en cours, d’une part, et de la mondialisation, d’autre part. Pendant les périodes de troubles de l’ère Meiji durant la seconde moitié du XIXème siècle, et pendant la période de confusion qui a suivi la défaite de la Seconde Guerre mondiale, nos prédécesseurs ont courageusement fait face aux difficultés pour redynamiser le pays. Ces trente dernières années, le Japon a su surmonter une série de crises (chocs pétroliers et appréciation rapide du yen) qui ont mis à mal son économie et la vie quotidienne des Japonais. Ces épreuves ont finalement permis de renforcer notre puissance économique et de regagner la confiance. Pour la première fois depuis la guerre, le Japon a dû faire face à la déflation. Mais les leçons du passé, et les échecs subis doivent nous aider à bâtir les succès futurs. Dans ce sens, la réforme structurelle de M. Koizumi nous donne courage et espoir pour relever les nouveaux défis.  
Cette réforme commence d’ores et déjà à porter ses fruits. Avec les premiers signes d’une reprise (le Japon a connu une croissance de 1% au deuxième trimestre 2003), je constate un meilleur moral chez mes compatriotes. Je constate également que les entreprises japonaises, restructurées et devenues plus flexibles, s’ouvrent davantage aujourd’hui aux capitaux étrangers, et que les jeunes entrepreneurs japonais font preuve de plus de créativité et de dynamisme, notamment dans le secteur des nouvelles technologies. M. Koizumi a souligné l’importance qu’il y avait à encourager ce nouveau dynamisme pour que le Japon devienne un “pays axé sur la création des technologies et des sciences”.

L.D.D. : Deuxième économie et première place financière du monde, le Japon fait face à la déflation pour la 5ème année consécutive. Comment les autorités japonaises envisagent-elles aujourd’hui de réformer son système bancaire ? Quelle place la promotion des investissements étrangers occupe-t-elle dans le processus de réformes ? Quelles perspectives les projets de zones spéciales de déréglementation récemment présentés par le gouvernement offrent-ils pour la poursuite de ce dernier ? Plus globalement, quelles orientations le Japon adopte-t-il pour transformer un système économique et social frappé par près d’une décennie de stagnation ?

S.E.M.H.H. : Les orientations privilégiées prises dans le cadre de la réforme structurelle pour lutter efficacement contre la déflation sont les suivantes : la réforme du système financier, la déréglementation, la revitalisation de l’industrie et de l’emploi, la réforme de la fiscalité et la réforme budgétaire. C’est un grand défi, mais M. Koizumi aime répéter qu’il n’y aura “pas de croissance sans réforme”.
La réforme du système bancaire est plus que nécessaire pour assainir notre système financier. Le gouvernement concentre ses efforts pour résoudre le problème des mauvaises créances qui représentent aujourd’hui presque 20% du PIB du Japon. Le “Programme de renaissance financière” a été annoncé en octobre 2002 pour réduire de moitié le taux des créances douteuses des principales banques japonaises d’ici la fin 2004. Pour les organismes bancaires, petits et moyens, qui ont plus de difficulté à éliminer leurs mauvaises créances, un plan d’action a été lancé en mars 2003 pour les aider à développer des relations de confiance sur le long terme avec leurs clients. Aujourd’hui, quelques résultats positifs se manifestent dans certaines institutions bancaires, et les prix de leurs actions sont en hausse.
 En ce qui concerne la déréglementation, la “Loi de zone spéciale de réforme structurelle”, votée en décembre 2002, permet aux collectivités locales japonaises de bénéficier de règles particulières qui dérogent au droit commun japonais. Le but est de dynamiser les régions touchées par la crise, en éliminant les procédures administratives supposées freiner la création d’entreprises. Cette loi traduit fidèlement le principe de la réforme de M. Koizumi, d’aller “du public vers le privé, de l’Etat vers les régions”. 117 projets de zones spéciales de déréglementation présentés par les collectivités locales ont été adoptés en mai 2003. Certains de ces projets de zones spéciales pourront être éventuellement adoptés au niveau national pour accélérer le processus de la réforme structurelle.
Il ne faut cependant pas oublier que le Japon dispose d’atouts importants pour assurer sa “renaissance” économique : une technologie avancée, une épargne privée considérable, et une société stable. La crise économique a aussi ses effets bénéfiques : le Japon s’ouvre davantage au monde extérieur et fait appel aux investissements étrangers sur son sol. Depuis 1994, le Comité pour l’Investissement au Japon réfléchit aux moyens de promouvoir les investissements directs étrangers sur son territoire ; M. Koizumi a décidé d’accélérer ce mouvement et a annoncé, en janvier 2003, des mesures pour doubler, dans les cinq ans à venir, le bilan cumulatif des investissements au Japon. Les investissements étrangers ne sont plus perçus comme des menaces, bien au contraire. Pour le Japon d’aujourd’hui, les investissements étrangers sont un moteur pour réformer en profondeur le tissu économique japonais.

L.L.D. : Situé à l’autre extrémité de l’axe du mal défini par Washington, le régime nord-coréen représente depuis la reprise de son programme nucléaire, la menace la plus sérieuse pour le Japon en termes de sécurité. A la lumière des efforts consentis par Tokyo pour normaliser ses relations avec Pyongyang, quelle politique le Japon privilégie-t-il pour mettre fin au “chantage nucléaire” de celle-ci ? Ce nouveau contexte est-il susceptible de pousser votre pays à rejoindre le bouclier anti-missile soutenu par les Etats-Unis ? Peut-il influencer l’interprétation de l’article 9 de la Constitution japonaise qui limite ses capacités militaires à un rôle défensif ? Cette situation géopolitique préfigure-t-elle, à terme, un débat sur le recours à la dissuasion nucléaire auquel la population japonaise reste farouchement opposée ?

S.E.M.H.H. : La question nord-coréenne concerne la paix et la stabilité de l’ensemble de l’Asie du Nord-Est, ainsi que la sécurité de la communauté internationale dans son ensemble. Non seulement l’ambition militaire d’ordre nucléaire de la Corée du Nord et le développement des missiles de moyenne et de longue portée, mais aussi le problème de l’enlèvement de citoyens japonais par la Corée du Nord constituent un sujet de préoccupation pour le Japon. Lorsque le Premier ministre Koizumi s’est rendu à Pyongyang, en septembre 2002, M. Kim Jong Il a officiellement reconnu l’existence du problème de l’enlèvement des Japonais, et il a présenté ses excuses. Pourtant, il s’est déjugé depuis, par ses actes et ses paroles, trahissant ainsi la confiance de la communauté internationale. Le Japon estime nécessaire de résoudre globalement ces problèmes avec fermeté par des moyens pacifiques et diplomatiques, qu’ils soient liés au développement du nucléaire, à la question des missiles ou encore à celle des enlèvements. À cet égard, le Japon accorde une grande attention au processus concernant les consultations multipartites à six qui a démarré à Pékin fin août 2003. Le Japon entend poursuivre ses efforts pour résoudre tous ces problèmes en étroite collaboration avec l’ensemble des pays concernés, y compris avec la France.
La Corée du Nord a effectué en 1998 un tir de missile qui a survolé l’archipel japonais. C’est une des raisons pour lesquelles le Japon est préoccupé par la menace grandissante de la prolifération des missiles. Nous avons l’intention de tout faire pour réagir face à ces risques. Le Japon mène actuellement un programme de recherche conjoint avec les Etats-Unis sur un système de défense antimissile et accentue sa réflexion sur le développement, l’obtention et l’installation d’un tel système.
En ce qui concerne l’article 9 de la Constitution japonaise, celui-ci exprime la détermination de notre pays, qui a vécu les horreurs de la guerre, à ne plus jamais recourir à la force comme moyen de résoudre les conflits. Ceci est très important pour nous, mais il est naturel que l’interprétation de la Constitution fasse l’objet de vastes discussions. Nous estimons légitime d’avoir un débat au niveau national sur la meilleure façon de garantir la sécurité de notre pays dans le contexte nouveau que connaît la situation internationale et sur le rôle que doit jouer le Japon pour la paix et la sécurité du monde.
Nombreux sont ceux qui croient, en dehors du Japon, que la conception japonaise de la dissuasion nucléaire est en train d’évoluer, à cause du programme de développement du nucléaire de la Corée du Nord. Mais le Japon, seul pays au monde à avoir vécu les ravages de la bombe atomique, connaît mieux que quiconque l’horreur qu’elle représente. A propos de la dissuasion nucléaire, le Traité de Sécurité Nippo-Américain fonctionne aujourd’hui de façon satisfaisante. Enfin, nous sommes convaincus que le renforcement du Traité de Non-Prolifération Nucléaire contribue à l’amélioration de la sécurité des Japonais ; et c’est dans cette optique que nous travaillons sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Pour toutes ces raisons, je crois qu’il est inconcevable pour le Japon de se doter de l’arme nucléaire et de modifier sa politique sur ce sujet. Les avocats du nucléaire militaire ne représentent qu’une petite poignée de la population.

L.L.D. : Le conflit irakien et la question nord-coréenne ont permis de renouveler la convergence des vues américano-japonaises. Comment qualifieriez-vous les relations entre les deux pays ? A la lueur du nouvel environnement international, quelle analyse faites-vous de la dépendance militaire de votre pays à l’égard des Etats-Unis ? La visite du Premier ministre Junichiro Koizumi en Russie du 9 au 12 janvier 2003 ayant une nouvelle fois participé de la volonté de la Russie et du Japon d’accroître leur coopération bilatérale, quelle solution peut-on envisager au contentieux des territoires du Nord (îles Kouriles) ?

S.E.M.H.H. : Le Japon et les Etats-Unis sont les meilleurs alliés et ils ont développé des relations très étroites dans tous les domaines tels que l’économie, la politique et la sécurité. Ces relations contribuent non seulement à la paix et à la stabilité de l’Asie, mais aussi à celles de l’ensemble de la communauté internationale. Le Premier ministre Koizumi a l’intention de coopérer le mieux possible avec les Etats-Unis pour lutter fermement contre les dangers qui mettent en péril la paix et la stabilité du monde. En mai 2003, M. Koizumi a été reçu par le Président Bush dans son ranch de Crawford au Texas, et les deux hommes ont confirmé ensemble que l’alliance nippo-américaine possédait une dimension planétaire et avait toute sa place “au sein du monde”.
S’il existe en Europe divers cadres d’alliances pour la sécurité collective et pour le dialogue, comme l’OTAN ou l’OSCE, ce n’est pas encore le cas en Asie. C’est pour cette raison qu’il est important d’assurer une présence américaine en Asie ; et à cet égard, le régime de sécurité nippo-américaine est essentiel. Il n’en reste pas moins que le Japon accueille favorablement la naissance de diverses initiatives en Asie pour le dialogue et la coopération en matière de sécurité, et fait de grands efforts pour les encourager.
Pour parler des relations nippo-russes, le problème des territoires du Nord, mauvais héritage de la Seconde Guerre mondiale, n’est toujours pas résolu. Il n’existe pas à ce jour de traité de paix entre le Japon et la Russie, ce qui constitue un obstacle majeur au développement des relations bilatérales “sans nuages”. Le Japon souhaite construire une relation amicale et de bon voisinage avec la Russie, en résolvant cette question. Il ne faut pas oublier que les relations nippo-russes se sont remarquablement développées ces dernières années. En janvier 2003, le Premier ministre Koizumi s’est rendu en Russie, et il a convenu avec le Président Poutine de développer les échanges bilatéraux dans tous les domaines, dans le but de résoudre le problème des territoires du Nord et conclure un traité de paix. Cet objectif est clairement énoncé dans le plan d’action nippo-russe publié à cette occasion.

L.L.D. : Lors du sommet Japon-ASEAN le 5 novembre 2002 à Pnom Penh, le Premier Ministre Junichiro Koizumi a réaffirmé le soutien du Japon à l’Initiative pour le développement de l’Asie de l’Est et à l’Initiative pour l’intégration de l’ASEAN. Quels obstacles s’opposent encore à la participation du Japon à ce processus régional ? L’accord de libre-échange conclu en janvier 2002 avec Singapour traduit-il la volonté de votre pays de libéraliser ses relations commerciales avec les autres pays de la région ? Pensez-vous que la conclusion d’un accord douanier avec la Corée du Sud puisse améliorer les relations nippo-coréennes ?

S.E.M.H.H. : Le premier sommet Japon-ASEAN a eu lieu en 1977, dix ans après la création de l’ASEAN. Le premier sommet ASEAN + 3 (Japon, République de Corée et Chine) a été tenu à Kuala Lumpur en 1997, à l’occasion du 30ème anniversaire de l’ASEAN. Ce qui indique l’importance que le Japon accorde à cette organisation et son vif désir de renforcer la cohésion de l’ASEAN pour stimuler le développement de l’ensemble de la région. Lors du sommet Japon-ASEAN, en novembre 2002, le Premier ministre Koizumi a réaffirmé son soutien à “l’Initiative pour l’intégration de l’ASEAN”, montrant ainsi la détermination du Japon à approfondir ses liens avec l’ASEAN. Le Japon travaille actuellement sur un projet de partenariat économique global avec l’ASEAN. Le but est de renforcer la coopération économique de l’ensemble de la région, en réfléchissant, d’une part, à une structure de solidarité globale entre le Japon et l’ASEAN, et en poursuivant, d’autre part à un niveau bilatéral, les concertations sur la collaboration économique avec chacun des pays membres de l’ASEAN. Comme vous le mentionnez, le Japon a conclu un accord de zone de libre-échange avec Singapour en janvier 2002. L’ASEAN représente une zone prioritaire pour le Japon, après le Mexique avec lequel nous avons l’intention de conclure, cet automne, un accord de libre-échange. Nous avons déjà organisé des réunions de travail avec la Thaïlande et les Philippines à ce sujet, et d’autres réunions sont prévues avec la Malaisie.
Les mouvements conduisant à une plus grande solidarité économique entre l’ASEAN, d’une part, et les Etats-Unis, la Chine, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, d’autre part, ne peuvent que stimuler le développement régional de l’Asie de l’Est, ce qui est notre objectif. L’intensification des relations ne concerne pas seulement le domaine économique. L’accord intervenu, en novembre 2002, à l’occasion du sommet ASEAN-Japon, sur la base d’une proposition de M. Koizumi, a fait de l’année 2003 “l’année des échanges entre le Japon et l’ASEAN”. Cet évènement, qui a pour but de promouvoir les échanges dans tous les domaines, y compris la culture et la sphère intellectuelle, illustre le dynamisme du partenariat entre le Japon et l’ASEAN.  
Par ailleurs, le Japon vise à conclure un accord de libre-échange avec la République de Corée, qui joue un rôle indispensable dans le développement de l’Asie de l’Est. A cet effet, le Japon et la Corée du Sud ont constitué conjointement un groupe de recherche, composé de personnalités des milieux industriel, académique et administratif. En février 2003, le Premier ministre Koizumi a effectué une visite en République de Corée, où il a réaffirmé avec le Président Roh Moo-Hyun leur volonté d’entretenir l’atmosphère amicale qui règne entre les deux pays depuis l’organisation conjointe de la Coupe du monde de football, et de continuer à développer des relations bilatérales tournées vers l’avenir. Le Japon estime qu’il est de la plus haute importance de maintenir une étroite coopération avec la Corée du Sud pour trouver une solution pacifique au problème de développement de l’arme nucléaire par la Corée du Nord, qui est une préoccupation majeure pour la communauté internationale.

L.L.D. : Frappée par le terrorisme international depuis les attentats de Bali en 2002, l’Asie du Sud-Est n’échappe pas à cet ennemi invisible. Quel rôle le Japon est-il en mesure de jouer pour le maintien de la sécurité collective dans cette région ? Plus de 90% de ses exportations étant réalisées par voie maritime, quelles mesures votre pays envisage-t-il pour développer la coopération régionale concernant la lutte contre la piraterie en pleine expansion dans la région ? A long terme, quelles orientations votre pays privilégie-t-il pour sécuriser la route maritime du pétrole qui passe par le détroit de Malacca ?

S.E.M.H.H. : Les attentats terroristes qui se sont succédés ces derniers temps montrent clairement que l’Asie du Sud-Est n’échappe pas aux menaces. Le terrorisme ne connaît pas de frontière. La sécurité des pays de cette région est importante pour le Japon pour les raisons suivantes : ils sont géographiquement proches, constituent des partenaires économiques considérables, et enfin, se situent autour de la route maritime du commerce. Ainsi, le Japon n’a épargné aucun effort pour coopérer de différentes manières dans cette région. En matière de lutte contre le terrorisme, le Japon a décidé d’offrir son assistance aux pays concernés pour améliorer leur propre capacité à combattre ce fléau. Par ailleurs, s’il n’existe pas dans cette région de structure collective semblable à l’OTAN, des structures de collaboration régionale, tel le ARF (Asean Regional Forum), sont en train de se développer. Le Japon, qui participe à la formation et au renforcement des cadres de coopération régionale tant au niveau bilatéral que multilatéral, s’efforce d’améliorer la sécurité dans la région.
La multiplication des actes de piraterie dans la région est fort préoccupante. Le Japon lutte activement contre celle-ci, en coopération avec l’ASEAN et l’Inde. Le Japon prend dans ce domaine des initiatives, notamment en faisant progresser la coopération avec les institutions internationales, en organisant des conférences régionales ou encore en proposant une convention pour y faire face. Dans le domaine bilatéral, le Japon envoie des bâtiments de l’Agence de sécurité maritime pour effectuer des entraînements conjoints, avec les parties intéressées.

L.L.D. : Placé en tête des premiers pays donateurs au monde, le Japon a réuni à l’automne 2003 la 3ème Conférence internationale sur le Développement de l’Afrique (TICAD III). Pouvez-vous nous indiquer les principaux objectifs de l’aide publique japonaise aux pays en voie de développement ? Comment la coopération Sud-Sud que le Premier ministre Junichiro Koizumi s’est proposé de promouvoir dans le cadre de “l’Initiative du Japon pour la Coopération avec l’Afrique ” lancée en mai 2003, s’articule-t-elle ?

S.E.M.H.H. : Malgré la baisse importante du budget de l’Aide Publique au Développement (APD) depuis 1998, le Japon demeure le deuxième pays donateur après les Etats-Unis. L’aide japonaise, se référant aux tendances internationales de la coopération, tente de relever le défi des objectifs du millénaire afin de mieux contribuer au développement des pays bénéficiaires. C’est pourquoi le Japon s’est engagé activement durant ces dernières années dans la consolidation de la paix et de la “sécurité humaine“. Aujourd’hui, le Japon, fort de son expérience en Asie de l’Est, souligne l’importance de la croissance économique pour réduire durablement la pauvreté. Nous apportons donc une contribution active à la croissance économique à travers l’établissement d’un environnement économique et judiciaire favorable. Nous contribuons également à la promotion du commerce, des investissements et du secteur privé, ou encore au développement des transferts de technologie. Les situations des pays en développement étant très variées, nous estimons indispensable de prendre des approches adaptées à chaque situation.
Le Premier ministre Koizumi a lancé, en mai 2003, “L’Initiative du Japon pour la Coopération avec l’Afrique”. Celle-ci, dont l’objectif est de soutenir le NEPAD, à travers le processus de la TICAD, s’organise autour des trois axes suivants :
– Développement avec pour priorité l’individu (éducation, eau potable, santé…)
– Réduction de la pauvreté grâce à la croissance économique (infrastructure, secteur privé …)
– Consolidation de la paix (déminage…)
Le Japon accorde une importance particulière à la “sécurité humaine”, et a octroyé 200 millions de dollars en 2003 pour le “Fonds fiduciaire pour la sécurité humaine” des Nations-unies, outre les 15 milliards de dollars accordés dans le cadre de “l’Aide pour les petits projets locaux de sécurité humaine”. Par ailleurs, lors de la TICAD III qui s’est déroulée à Tokyo du 29 septembre au 1er octobre 2003, le Japon s’est engagé à hauteur d’un milliard de dollars en faveur du continent africain.
Pour parvenir à la croissance économique et à la diminution de la pauvreté en Afrique, nous pensons qu’il y a des leçons à retirer de l’expérience asiatique. Nous cherchons donc à promouvoir la coopération Sud-Sud, particulièrement entre l’Asie et l’Afrique. Cette coopération, principalement technique, permet aux pays ayant des situations relativement proches de partager leurs expériences à travers une coopération technique plus efficace et de renforcer la solidarité mutuelle. Par exemple, entre 1998 et 2001, environ 1500 Africains ont suivi une formation dans des pays asiatiques, et nous prévoyons de renforcer à l’avenir ce type de coopération. Sur le plan commercial, nous avons créé, en 1999, le Centre pour la promotion des investissements et des transferts de technologie Asie–Afrique (connu sous le nom de “Centre Hippalos”) en Malaisie. Enfin, le Japon poursuit ses efforts pour développer et promouvoir une nouvelle variété de riz à haut rendement, appelée “Nerica” (New Rice For Africa), résultat d’une association de riz africain et asiatique, afin de remédier aux problèmes alimentaires en Afrique.

L.L.D. : Candidat à un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, comment le Japon a-t-il perçu les divisions survenues à propos de l’intervention militaire contre le régime baasiste en Irak ? Le Conseil de sécurité est-il aujourd’hui encore représentatif de la répartition des rapports de force sur la planète ? Présent sur les théâtres afghan et irakien avec des missions non-combattantes, votre pays entend-il prendre une part plus importante dans des tâches de maintien de la paix dans le monde ? Signataire en juin 2002 du protocole de Kyoto, comment votre pays envisage-t-il la mise en œuvre d’une coopération internationale sur les questions environnementales ?

S.E.M.H.H. : Le Conseil de sécurité des Nations unis est un organisme extrêmement important pour la paix et la sécurité dans le monde. Le Japon souhaite qu’il fonctionne efficacement et qu’il joue pleinement son rôle. À propos de la question irakienne, le Japon a affirmé, dès le début, qu’il ne s’agissait pas de la question de “ l’Irak contre les Etats-Unis », mais du problème de “ la prolifération des armes de destruction massive de l’Irak contre la communauté internationale ». Il est fort regrettable que le Conseil de sécurité ne soit pas parvenu à trouver un terrain d’entente en ce qui concerne l’intervention militaire en Irak. Le Japon espère cependant que le Conseil de sécurité jouera un rôle important pour la reconstruction de l’Irak, en surmontant les différences de position entre les différents pays.  
Alors que le nombre de pays membres des Nations unies a triplé depuis sa création, et que le nombre de membres non permanents du Conseil de sécurité est passé de 6 à 10 en 1965, la composition des membres permanents n’a pas été modifiée depuis. Or, le paysage international a connu ces dernières années de grands changements sur les plans politique et économique. Bref, le Conseil de Sécurité a largement perdu la légitimité et la représentativité au sein de la communauté internationale. Pour parler plus spécifiquement du Japon, nous avons le sentiment que notre pays ne se voit pas attribuer le rôle qu’il devrait jouer, eu égard à la contribution significative qu’il apporte ; le Japon prend en charge environ 19,5 % du budget de l’organisation. Nous considérons donc qu’il faut procéder à une réforme pour faire en sorte que la composition du Conseil de sécurité corresponde à l’état actuel de la communauté internationale et pour que ses compétences soient renforcées.
Si notre pays n’est pas membre permanent du Conseil de sécurité, il veut néanmoins contribuer le plus possible au maintien de la paix et de la stabilité du monde. À cette fin, il a adopté la “loi de coopération pour la paix internationale”, en 1992, pour permettre aux Forces d’Auto-défense japonaises de participer aux efforts de paix de la communauté internationale. C’est ainsi que certaines unités de nos Forces d’Auto-Défense ont participé à des opérations de maintien de la paix, comme au Cambodge, au Mozambique ou au Timor oriental. Deux lois ont été successivement votées depuis : tout d’abord, la “loi de mesures spéciales pour la lutte contre le terrorisme” votée en octobre 2001 et reconduite tout récemment, qui nous a permis de déployer nos Forces dans l’Océan Indien pour les opérations d’ordre logistique. En suite, la “loi de mesures spéciales pour soutenir la reconstruction de l’Irak”, qui a été votée en juillet 2003, pour permettre éventuellement un déploiement du personnel civil et militaire en Iraq. Elles illustrent les efforts du Japon pour réagir efficacement aux nouveaux défis rencontrés par la communauté internationale, même en dehors du cadre des opérations de maintien de la paix.
En ce qui concerne la protection de l’environnement, elle est une des priorités pour le Japon qui a présidé avec succès la Conférence de Kyoto COP3 et qui a ratifié en juin 2002, c’est-à-dire à peu près au même moment que l’Union européenne, le Protocole de Kyoto. Notre pays considère la question de l’environnement comme un sujet essentiel de sa politique étrangère, et a pour objectif de mettre en place un système de coopération internationale à cet effet. Concrètement, nous concentrons nos efforts autour de trois axes. Le premier axe est l’élaboration de règles internationales. Concernant le Protocole de Kyoto, nous nous efforçons de persuader la Russie (chaque fois que nous rencontrons des hauts responsables de ce pays) qui, si elle venait à le ratifier, pourrait le rendre effectif. Nous continuons également à appeler les Etats-Unis, qui ont annoncé leur non-participation au Protocole de Kyoto, à intensifier leurs efforts et à revoir leur décision concernant le Protocole de Kyoto sur les changements climatiques. Le second axe concerne l’assistance aux pays en développement. Nous avons annoncé lors du Sommet de Johannesburg, en 2002, “l’Initiative de protection de l’environnement pour le développement durable"(ECOSID) qui montre clairement nos engagements en matière d’aide au développement dans le domaine de l’environnement. Le troisième axe est la coopération avec les institutions internationales, au sein desquelles nous sommes un des principaux contributeurs. Le Japon exprime ainsi sa conviction que la planète appartient à chacun d’entre nous et que les responsabilités doivent être partagées entre tous (“global sharing“), et appelle à la solidarité de l’ensemble de la communauté internationale.

L.L.D. : Constituant son second marché à l’export et sa première source d’investissements étrangers, l’Union européenne demeure un partenaire commercial majeur du Japon. Pouvez-vous nous indiquer les grandes lignes du Plan d’action pour la coopération entre l’Union européenne et votre pays ? Comment ces deux grands partenaires peuvent-ils approfondir leur coopération commerciale ? Dans quels domaines concrets un approfondissement du dialogue politique souhaité lors du Sommet UE-Japon qui s’est tenu à Athènes les 1er et 2 mai 2003 peut-il être mis en œuvre ?

S.E.M.H.H. : Avec le “ Plan d’action pour la coopération Japon-UE” adopté en décembre 2001, nous avons lancé la “Décennie de coopération Japon-Europe”, dans le but de donner un nouvel élan à nos relations. Quatre domaines prioritaires ont été identifiés dans le cadre de ce Plan d’action : la promotion de la paix et de la sécurité, le renforcement des partenariats économiques et commerciaux, la coopération sur des questions d’ordre mondial et d’ordre social, et enfin la promotion des échanges bilatéraux humains et culturels. Certes, il y a quinze ans, les relations Japon-UE étaient largement perçues comme économiques et commerciales, mais avec le Plan d’action, nous envisageons de promouvoir le dialogue et les échanges dans tous les domaines. Jusqu’à présent, les échanges culturels ont été privilégiés par le Japon, mais dans un cadre bilatéral. Désormais, nous espérons les élargir au niveau européen, et contribuer à développer chez les jeunes Japonais et Européens une approche globale, afin qu’ils puissent partager leurs visions de l’avenir, au-delà des différences culturelles.
Depuis 1994, le Japon et l’Union européenne organisent chaque année, alternativement à Bruxelles et à Tokyo, le “Dialogue pour la réforme réglementaire Japon-UE”, dont le but est d’une part de rendre transparente l’économie des deux marchés, et d’autre part d’améliorer l’environnement des relations commerciales. L’environnement pour les investissements réciproques est en nette amélioration, avec notamment l’entrée en vigueur en 2002 de “l’Accord de reconnaissance mutuelle”. Dans ce contexte, “l’Initiative Japon-UE pour l’investissement”, annoncée lors du sommet Japon-UE d’Athènes en mai 2003, répond à l’appel du Premier ministre Koizumi qui souhaite doubler le chiffre des investissements étrangers au Japon. Ce sommet a également été l’occasion d’un échange de points de vue sur la question nord-coréenne, le conflit irakien, le processus de paix au Moyen-Orient, la reconstruction de l’Afghanistan et la consolidation de la paix au Sri-Lanka. Le Japon a tout particulièrement apprécié le consensus obtenu sur le danger que représente le développement des armes nucléaires par la Corée du Nord, ainsi que la prise de conscience du problème de l’enlèvement des Japonais par la Corée du Nord.
Les mesures de coopération à privilégier jusqu’au prochain sommet Japon-UE sont la résolution des conflits régionaux, le rétablissement du cycle de Doha de l’OMC qui vient d’être interrompu à Cancun, la protection de la propriété intellectuelle, l’amélioration de l’accès aux médicaments génériques dans les pays en développement, l’approvisionnement en eau et le développement durable en liaison avec le troisième Forum Mondial de l’Eau à Kyoto et le Sommet de Johannesburg, et enfin, la préparation commune de l’Année d’échanges des citoyens Japon – UE prévue en 2005.

L.L.D. : Depuis la fin des essais nucléaires français dans le Pacifique, les relations franco-japonaises se sont largement accrues. Quel bilan faites-vous de la campagne "France-Japon, l’esprit partenaire" 2001-2003 ? Lors de sa visite en France le 29 avril 2003, le Premier Ministre japonais a exprimé au Président Jacques Chirac son souhait d’accroître la coopération franco-japonaise dans le domaine de l’eau. En quoi celle-ci pourrait-elle consister ?

S.E.M.H.H. : La campagne “France-Japon, l’esprit partenaire”, lancée en 2001, succède à une précédente campagne intitulée “Le Japon, c’est possible” et lancée par le gouvernement français en 1992. Le titre de la nouvelle campagne “France-Japon, l’esprit partenaire“ traduit fidèlement son objectif : promouvoir les investissements croisés entre la France et le Japon. Ces campagnes ont eu un grand succès et, en moins de dix ans, les relations commerciales franco-japonaises, qui avaient été marquées par des craintes ou incompréhensions réciproques, ont donné naissance à un partenariat majeur. Depuis 1999, la France est un des premiers investisseurs au Japon. En 2002, grâce, notamment, aux efforts de l’Agence française pour les Investissements Internationaux (AFII), les investissements des entreprises japonaises en France ont atteint le record de 435,6 milliards de yens, ce qui représentait 9,9 % de la totalité des investissements effectués par les entreprises japonaises à l’étranger. Le Japon souhaite renforcer davantage son partenariat avec la France dans le cadre de la campagne “France-Japon, l’esprit partenaire”, qui a été prolongée de deux ans. Je profite de l’occasion pour annoncer que le 3 décembre 2003, un symposium sera organisé conjointement par le Centre Japonais du Commerce Extérieur (JETRO) et les Ministères français concernés pour mieux accueillir les investisseurs français au Japon et pour les guider dans leurs démarches.
L’eau, question importante pour la communauté internationale, est un des domaines où la coopération franco-japonaise s’exerce de manière efficace. Le problème de l’eau a figuré dans l’agenda des trois principales conférences internationales de cette année, c’est-à-dire le 3ème Forum mondial de l’Eau, le sommet du G8 à Evian et la TICAD III. Le Japon et la France, qui fournissent à eux deux environ 40 % de l’APD consacrée à l’accès à l’eau potable et aux systèmes sanitaires, espèrent associer leurs connaissances et leurs technologies pour créer des synergies dans ce domaine. Ils ont ainsi procédé, lors du 3ème Forum mondial de l’Eau, à un échange de vues sur une coopération franco-japonaise dans le domaine de l’eau, publiant par la suite une déclaration sur le sujet. Ce document, qui mentionne trois projets concrets dans le bassin du fleuve Sénégal, à Djibouti, et au Laos, confirme la volonté des deux pays de devenir des leaders au niveau mondial dans ce domaine.

L.L.D. : La récente nomination de deux anciens premiers ministres à la tête du Forum de dialogue franco-japonais peut-elle consolider le rôle de cette instance qui vise au renforcement des liens bilatéraux ? A l’aune de l’important succès que connaît la Maison de la Culture du Japon depuis son ouverture à Paris il y a cinq ans, comment pensez-vous que le Japon puisse valoriser son potentiel touristique à l’égard du public français et plus largement européen ?
 
S.E.M.H.H. : L’idée du Forum de dialogue France-Japon a été lancée en 1995 par M. Chirac et M. Murayama, lors de la visite de ce dernier, alors Premier ministre, en France. C’est un organisme consultatif auprès des Chefs d'Etat et de Gouvernement, qui aide la France et le Japon, respectivement grande puissance d’Europe et d’Asie, à réfléchir non seulement sur les relations bilatérales, mais également sur les problèmes à l'échelle mondiale. Depuis sa création, le Forum, composé de sept personnalités éminentes issues du monde politique, économique et culturel, a été présidé par M. Yasuhiro Nakasone et M. Raymond Barre, tous deux anciens Premiers ministres. La nomination récente des deux anciens Premiers ministres, M. Alain Juppé et M. Ryutaro Hashimoto, fins connaisseurs de nos pays respectifs et acteurs de l’histoire récente des relations franco-japonaises, s’inscrit donc pleinement dans la logique de ce Forum. Je salue vivement le nouveau départ de ce Forum amical, en espérant qu’il contribue davantage au renforcement de nos relations bilatérales.
Les échanges entre la France et le Japon sont anciens, et se sont développés dans presque tous les secteurs d’activités. Les relations bilatérales sont aujourd’hui excellentes. Cependant, s’il y a un point qui mérite d’être amélioré, c’est le nombre des touristes français au Japon, qui sont actuellement environ 80 000 par an. La diversité du paysage et la richesse du terroir japonais sont encore mal connues du public français, tandis que les Japonais sont nombreux (1 million par an) à visiter les régions de France. En effet, alors qu’aujourd’hui plus de 16 millions de Japonais se rendent à l’étranger chaque année, nous accueillons seulement 5 millions de visiteurs étrangers. C’est dommage étant donné l’énorme potentiel touristique de notre pays. Pour remédier à ce déséquilibre, le Premier ministre Koizumi a mis en place une politique, en janvier 2003, pour promouvoir le tourisme au Japon. Une campagne de promotion “Yôkoso Japan ! (Bienvenue au Japon)“ est d’ores et déjà lancée au niveau international afin de proposer aux touristes étrangers les informations et les offres touristiques dont ils ont besoin. Nous avons en effet beaucoup à apprendre de la France, première destination touristique du monde. Nous allons améliorer les infrastructures pour l’accueil des touristes étrangers et développer les moyens de l’industrie touristique. L’objectif est de doubler le nombre de visiteurs étrangers au Japon d’ici 2010.
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