Au cœur des nouveaux enjeux de l’Europe élargie
Située au centre de l’échiquier politique de l’Europe élargie, la République alpestre avait fait de l’identité européenne le thème phare de sa présidence de l’UE en 2006. S.E.M. Hubert Heiss, Ambassadeur d’Autriche en France, analyse pour nous le rôle fondamental de ce débat pour l’avenir de l’UE, à l’heure où le compromis sur le « traité simplifié » semble aboutir, où l’Europe sociale reste à construire, mais aussi où l’impasse sur le Kosovo et l’Iran nécessite l’expression d’une seule et même voix européenne.
La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, le gouvernement de coalition du Chancelier fédéral Alfred Gusenbauer est entré en fonction en janvier 2007. Quelles sont ses priorités politiques ? Comment entend-il donner un nouvel élan à la social-démocratie autrichienne ? Dans quelle perspective plus large s’inscrivent les réformes engagées pour accroître la démocratie dont une des mesures les plus marquantes est l’abaissement du droit de vote à 16 ans ?
S.E.M. Hubert Heiss : Depuis janvier 2007, l’Autriche a un gouvernement de coalition qui regroupe les deux plus grands partis autrichiens, le SPÖ (parti social-démocrate) et l’ÖVP (parti populaire). Ce gouvernement, mené par le Chancelier Alfred Gusenbauer, a continué le vaste programme de réformes structurelles qui avait été lancé par les gouvernements précédents dès les années 1990. Les sujets qui tiennent à cœur au Chancelier et à son gouvernement sont les problèmes des jeunes, leur formation et leur accès au marché du travail. Il est intéressant de voir qu’une des premières réformes ait concerné l’abaissement du droit de vote à 16 ans. C’est montrer quelle importance on attache à la participation des jeunes à la vie politique, et il faut bien dire que ce sont ces jeunes qui sont tout particulièrement concernés par les réformes (par exemple des retraites) ou les questions liées à l’environnement et à la préservation de notre qualité de vie.
L.L.D. : Figurant parmi les pays les plus riches du monde, la République alpestre a su tirer parti de son système de partenariat social (Sozialpartnerschaft). Alors que le gouvernement et les syndicats ont trouvé un compromis pour assouplir le marché du travail, quelles sont les autres orientations préconisées pour maintenir le dynamisme de l’économie autrichienne ?
S.E.M.H.H. : L’économie autrichienne se trouve effectivement dans une situation que de nombreux pays nous envient. L’assouplissement du marché du travail que vous mentionnez est un facteur essentiel : ce que nous appelons « flexicurité » est un modèle alliant plus de flexibilité, en particulier en ce qui concerne mobilité et temps de travail, avec un maximum de sécurité pour les salariés, grâce à un système de sécurité sociale très évolué. Tous les partenaires sociaux sont d’accord là-dessus. En outre, l’Autriche n’a pas hésité à se pencher sur une réforme du système des retraites et à entreprendre une modernisation radicale du secteur public. Aujourd’hui notre pays se concentre sur une politique de croissance – 2,5% sont prévus pour 2008 – et de plein emploi à l’horizon 2010. Pour cela il faut investir de façon accrue dans la formation et dans la recherche. L’Autriche ne veut pas simplement se reposer sur ses lauriers : il faudra aussi s’attaquer à une réforme fiscale pour atteindre un taux d’imposition inférieur à 40%, tout en gardant en perspective la discipline budgétaire et des budgets futurs équilibrés, notamment pour satisfaire aux exigences de l’Union ; Union européenne à laquelle nous devons d’ailleurs beaucoup de notre essor économique (depuis notre adhésion en 1995).
L.L.D. : Au regard de ses performances économiques, quelle vision l’Autriche compte-t-elle faire valoir au sein du groupe informel de pays formé à Paris, en février 2007, pour relancer l’Europe sociale ? Quels changements majeurs l’Union européenne doit-elle engager, selon vous, pour s’adapter à la concurrence des puissances économiques émergentes ?
S.E.M.H.H. : L’Autriche est très impliquée dans le concept d’une Europe sociale. Les grandes lignes en ont été élaborées dans le cadre de la stratégie de Lisbonne, et nous en sommes de fervents défenseurs : il faut promouvoir un droit du travail qui facilite l’embauche ; ne pas négliger la formation et l’éducation, même après l’entrée dans la vie professionnelle ; faciliter la réorientation professionnelle sur un marché en évolution permanente et de plus en plus rapide ; le tout, bien sûr, accompagné d’un système de sécurité sociale équitable et moderne.
L.L.D. : Le Conseil européen des 21 et 22 juin 2007 a permis d’aboutir à un compromis sur les grandes lignes du futur traité « simplifié » de l’UE, conçu par une conférence intergouvernementale et entériné par le Conseil européen de Lisbonne le 19 octobre 2007. Comment percevez-vous ce projet de traité ? Quelle analyse faites-vous des « accrocs » qui ont marqué ce processus ?
S.E.M.H.H. : L’Autriche est très satisfaite qu’un compromis ait pu être réalisé lors du Conseil de juin dernier. Maintenant, nous comptons sur des résultats concrets dans le cadre de la Conférence intergouvernementale en cours. L’objectif est d’avoir un traité avant la fin de l’année puis les ratifications nécessaires avant les élections européennes de 2009. Les « accrocs » que vous mentionnez font tout naturellement partie d’un processus de négociation à 27, et l’essentiel est qu’en fin de compte on arrive à un compromis, ce qui a été heureusement le cas au Conseil du mois de juin.
L.L.D. : Rompant la tradition, le Chancelier Alfred Gusenbauer a effectué sa première visite à l’étranger à Berlin, le 7 février 2007, avant de se rendre à Berne. Au-delà du symbole, comment interprétez-vous le
« signal politique » envoyé par la diplomatie autrichienne à l’Allemagne ?
S.E.M.H.H. : La tradition a tout simplement évolué, dans ce sens qu’aujourd’hui la première visite s’effectue vers le pays qui détient la présidence de l’Union européenne, et au début de l’année 2007, c’était l’Allemagne. Tout le monde sait que nous entretenons des relations excellentes aussi bien avec nos voisins allemands qu’avec nos voisins suisses.
L.L.D. : L’Autriche avait placé la question de l’identité européenne au cœur de sa présidence de l’UE durant le premier semestre 2006. Comment pourriez-vous définir en quelques mots cette identité, au regard des difficultés mais aussi des réussites du processus de construction qui célèbre cette année son 50ème anniversaire ?
S.E.M.H.H. : L’Union européenne a énormément évolué depuis ses débuts au temps de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA). Cela veut aussi dire qu’il faut régulièrement redéfinir ce qu’est l’« identité européenne», voire le « rêve européen ». L’Europe d’aujourd’hui se porte mieux que jamais, c’est un havre de paix, de démocratie et de prospérité. Et néanmoins nous entendons de plus en plus souvent parler d’« euroscepticisme ». Il est donc opportun de rappeler qu’il existe véritablement un « modèle de vie européen », comme l’a défini notre Ministre des Affaires européennes et internationales, Mme Ursula Plassnik, à l’occasion de la présidence autrichienne de l’Union en 2006 : l’Europe est là pour défendre ses grandes valeurs, comme la tolérance, la non-discrimination ou la solidarité ; l’Europe doit être au service de tous ses citoyennes et citoyens ; l’Europe doit jouer un rôle sur la scène mondiale ; l’Europe doit être un facteur d’unité tout en préservant la pluralité (notamment culturelle et linguistique). Et pour citer Mme Plassnik : « dans l’orchestre européen, il ne peut pas y avoir que des solistes » ; l’important dans un concert, c’est l’harmonie !
L.L.D. : Parachevé le 1er janvier 2007 avec l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, l’élargissement de l’UE aux pays d’Europe centrale et orientale a replacé Vienne au centre de l’échiquier politique européen. Quel premier bilan pouvez-vous faire de leur intégration et leur participation à la dynamique européenne ? Autour de quels projets fédérateurs pourrait être impulsé le « partenariat régional » entre les pays d’Europe centrale que l’Autriche appelle de ses vœux ?
S.E.M.H.H. : Tout d’abord je voudrais souligner que l’Autriche a toujours été un avocat de l’élargissement de l’Union en direction de l’Europe centrale et orientale. Cet élargissement était nécessaire du point de vue géopolitique et en tant qu’élément essentiel du grand projet européen. En outre, il faut le dire, l’Autriche profite grandement de cet élargissement, notamment au niveau économique. D’autre part, il existe un partenariat régional entre l’Autriche, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et la Pologne qui a été lancé en 2001, donc avant l’adhésion de nos voisins à l’UE, sur initiative autrichienne, et qui génère des résultats bien concrets, par exemple dans les domaines culturel, consulaire ou économique. Ce partenariat, qui se fonde sur des liens aussi bien géographiques qu’historiques, fonctionne à tous les niveaux (rencontres de chefs d’Etat, ministérielles, parlementaires, de fonctionnaires) et permet, outre un échange de points de vue et de nombreux programmes de coopération, de former un groupe d’intérêts communs au sein de l’UE.
L.L.D. : L’Autriche fait figure d’investisseur de poids en Europe centrale et du Sud-Est. A l’instar de l’initiative de coopération scientifique « Wissenschaftsinitiative im Balkan », quelles complémentarités économiques votre pays souhaite-t-il impulser à l’échelle régionale ?
S.E.M.H.H. : En raison des liens politiques, culturels et économiques qui existent entre l’Autriche et ces régions, les contacts n’ont jamais cessé d’être étroits et privilégiés. C’est un fait que les entreprises autrichiennes ont été parmi les premières à comprendre le potentiel enfoui en Europe centrale et du Sud-Est, et à saisir l’opportunité d’y investir en capitaux et en savoir-faire. Les deux parties en ont profité, et nous continuerons certainement sur cette voie.
L.L.D. : Fort de l’engagement autrichien en faveur de la stabilisation des pays des Balkans, le Chancelier fédéral Alfred Gusenbauer a affirmé sa volonté de leur donner des « perspectives européennes ». Comment pourraient-elles être concrétisées ? Quelles hypothèques la question du statut du Kosovo, encore dans l’impasse au Conseil de sécurité des Nations unies, fait-elle peser sur l’avenir de la région ?
S.E.M.H.H. : L’Autriche est sans aucun doute un partenaire et ami fiable de la région des Balkans. C’est avec énergie que nous plaidons depuis longtemps pour une intégration européenne de la région et nous constatons avec satisfaction les progrès réalisés dans cette direction. Bien sûr, certains pays, comme la Croatie, sont plus avancés dans leur marche vers l’UE que d’autres, mais en fin de compte l’objectif est une intégration de la région des Balkans toute entière. Seule une véritable perspective européenne peut assurer à cette région qui a été si gravement marquée par des conflits meurtriers un espoir de stabilité durable. L’enlisement concernant le Kosovo est certes préoccupant, et le temps presse. Nous espérons tous que jusqu’à la date butoir du 10 décembre les représentants serbes et kosovars sauront enfin trouver un accord. En tous cas, il est primordial que sur ce sujet l’UE sache parler d’une seule voix. Il en va de sa crédibilité.
L.L.D. : L’Autriche, mais aussi la France, ont en revanche réitéré leurs réticences à l’égard d’une adhésion de la Turquie au sein de l’UE, dont les négociations ont repris le 26 juin 2007. A l’aune des élections législatives de juillet dernier, quelle est votre perception de la perspective d’adhésion de la Turquie ?
S.E.M.H.H. : L’Autriche a toujours plaidé pour un resserrement des liens avec la Turquie. La Turquie est un pays de première importance géopolitique, et il est primordial aussi bien pour l’Union européenne que pour la Turquie de coopérer étroitement. Nous suivons tous avec attention et intérêt ce qui se passe dans ce pays si proche de nous. En ce qui concerne la perspective d’une adhésion à l’UE et le déroulement des négociations, il existe des décisions et des mandats clairs et nets au niveau européen. L’Autriche, comme la France, respecte ces mandats et les engagements qui ont été pris. Évidemment, comme pour tout processus de négociations très complexe, nul ne peut prédire à l’avance quel sera le résultat final.
L.L.D. : Dès sa première présidence de l’UE en 1998, l’Autriche avait particulièrement œuvré en faveur d’une coopération plus étroite entre les deux rives de la Méditerranée. Comment appréhendez-vous le projet d’Union méditerranéenne proposé par le Président français Nicolas Sarkozy ? Quel rôle l’Autriche peut-elle jouer pour intensifier le partenariat euro-méditerranéen ?
S.E.M.H.H. : Tous les membres de l’UE ont des liens plus ou moins étroits avec les pays du bassin méditerranéen, et l’Autriche ne fait pas exception. Il n’est donc pas étonnant que l’Autriche ait toujours plaidé en faveur des programmes promouvant la coopération entre riverains de la Méditerranée. À l’heure actuelle, un approfondissement pourrait notamment avoir lieu dans le cadre Euromed déjà existant ou dans celui de la politique de voisinage de l’Union. En ce qui concerne la proposition de M. Nicolas Sarkozy, l’Autriche examinera naturellement avec le plus grand intérêt les objectifs et moyens que ce nouveau projet pourrait mettre en œuvre.
L.L.D. : Conçu pour diversifier l’approvisionnement énergétique de l’UE, le projet de gazoduc Nabucco, acheminant le gaz de la Caspienne jusqu’en Autriche, doit compter sur la forte concurrence du projet russe Blue Stream. Vienne et Budapest jouant un rôle géostratégique majeur sur ce plan, quel est, de votre point de vue, le projet le plus viable ? Quelles orientations doivent guider la nouvelle stratégie énergétique de l’UE présentée par le Commissaire européen Benita Ferrero-Waldner ?
S.E.M.H.H. : L’Autriche est en effet particulièrement impliquée dans le projet Nabucco qui doit acheminer à l’horizon 2012 le gaz de la Caspienne jusqu’en Autriche, tandis que la Hongrie montre un intérêt croissant pour le projet Blue Stream II, soutenu par le russe Gazprom et reliant la Russie à la Hongrie. Je ne voudrais pas préjuger des négociations qui sont en cours, mais une chose est certaine : l’approvisionnement en énergie dans le futur est l’une des préoccupations prioritaires de l’UE, le Conseil européen de mars 2007 l’a bien souligné. C’est un énorme enjeu en ce qui concerne la sécurité de la population, la compétitivité et le développement durable. Là aussi l’UE devra parler d’une seule voix pour pouvoir faire face aux défis du futur, et je suis convaincu que cela se fera.
L.L.D. : Pays non-membre de l’OTAN, votre pays est traditionnellement considéré comme un pays médiateur entre la Russie et l’Occident. Un mois après le gel du traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE), le Président Vladimir Poutine a effectué une visite officielle à Vienne le 22 mai 2007. Comment évaluez-vous les tensions actuelles entre la Russie et l’Europe ? Que vous inspire le différend sur le projet américain de bouclier anti-missiles en Europe orientale ? Comment le dialogue entre l’Europe et la Russie peut-il être amélioré ?
S.E.M.H.H. : Oui, l’Autriche a toujours été et continuera d’être partisane du dialogue et de la médiation. En ce qui concerne un sujet aussi délicat que les armements, la prolifération et la défense en général, il faut même intensifier le dialogue à tous les niveaux possibles (bilatéral et au sein des diverses institutions internationales existantes, comme par exemple l’OSCE). Quant à la question du bouclier anti-missiles, tous les pays concernés directement ou indirectement devraient être consultés. La Russie a bien sûr son mot à dire, et c’est un sujet qui a également sa place dans les forums de l’Union européenne. Il reste que l’Autriche se prononce clairement en faveur de la non-prolifération et d’un contrôle strict des exportations d’armements, et les instruments multilatéraux qui ont été créés à cette fin doivent être renforcés et non affaiblis.
L.L.D. : La signature de trois mémorandums d’entente en avril 2007 entre le groupe OMV et Téhéran en vue d’accroître notamment l’exploitation du gisement de Pars a suscité les réticences des Etats-Unis. Quelles conséquences pourrait avoir l’adoption de nouvelles sanctions de l’ONU contre l’Iran sur les relations économiques austro-iraniennes ? En tant que pays accueillant le siège de l’Agence internationale sur l’Energie atomique (AIEA), comment la diplomatie autrichienne conçoit-elle le problème de la prolifération nucléaire ?
S.E.M.H.H. : Comme je l’ai dit, l’Autriche ne ménage pas ses efforts pour lutter contre la prolifération. Je vous rappelle d’ailleurs que l’Autriche se trouve dans une situation particulière puisqu’elle-même ne produit pas d’énergie nucléaire. Vienne étant le siège de l’AIEA, nous suivons les débats actuels autour de l’Iran de très près, et il faut rendre hommage aux efforts de cette organisation et de son directeur général pour éviter le pire. Il n’y a pas d’alternative possible : l’affaire doit être résolue par des moyens diplomatiques. Il faut poursuivre sur la voie engagée par les Nations unies, en particulier sur la base des résolutions 1337 et 1747. C’est la pression d’une communauté internationale unie qui a sans doute les plus grandes chances de succès.
L.L.D. : Illustrées par une coopération active, notamment dans le domaine du dialogue politique avec le Centre franco-autrichien ou dans le domaine spatial avec le CNES, les relations entre Vienne et Paris sont également denses sur le plan économique. Autour de quels axes les deux nouveaux gouvernements envisagent-ils de poursuivre l’intensification de la coopération bilatérale ? Dans quels secteurs les échanges économiques peuvent-ils encore progresser ?
S.E.M.H.H. : Tout d’abord on peut constater que l’intensification de la coopération franco-autrichienne se traduit par l’élaboration de positions et de stratégies communes au sein de l’Union européenne. Dans une Union à 27 et de plus en plus diversifiée, les nombreux intérêts et sensibilités que nos deux pays ont en commun vont encore gagner en importance. Juste un exemple : la France et l’Autriche ont toutes deux à traiter du problème des poids lourds de marchandises qui transitent par nos voies alpines. Il est donc tout à fait logique d’unir nos efforts et de nous engager ensemble pour trouver des solutions au niveau européen. Le Secrétaire d’Etat chargé des transports, M. Dominique Bussereau, a d’ailleurs été le premier membre du nouveau gouvernement français à se rendre à Vienne en juillet dernier. Au niveau strictement bilatéral, les échanges commerciaux ont connu un développement plus que satisfaisant, et de grandes compagnies françaises comme EDF se tournent de plus en plus vers l’Autriche quand il s’agit d’investir. Néanmoins le potentiel concernant les échanges économiques est loin d’être épuisé. Ainsi je suis persuadé que nous devrions attirer plus de touristes français vers l’Autriche. Notre pays n’est pas encore suffisamment connu en tant que destination touristique.
L.L.D. : L’Autriche est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 2004, avec le statut d’observateur. Comment décririez-vous les atouts de votre appartenance à l’espace francophone ? Au-delà, comment évaluez-vous les apports de l’année Mozart en 2006, mais aussi de l’Eurofoot à venir en 2008, pour le rayonnement culturel de votre pays ?
S.E.M.H.H. : Je trouve très enrichissant que l’Autriche soit membre (observateur) de la Francophonie depuis maintenant trois ans. Par sa demande d’adhésion à la famille francophone, notre pays a voulu témoigner de l’intérêt que nous attachons depuis toujours à la langue française et à la civilisation francophone. En effet, des milliers d’élèves et d’étudiants poursuivent aujourd’hui une formation linguistique française dans nos lycées et universités. Il s’agit en même temps d’une reconnaissance des valeurs et des objectifs fondamentaux de l’OIF, à savoir la paix, la démocratie et les droits de l'homme. Être membre de la Francophonie, c’est aussi une profession de foi en faveur de la diversité culturelle et du dialogue des cultures. Cette diversité passe tout naturellement par le plurilinguisme. La Francophonie sera dans les années à venir un allié précieux de l’Autriche et vice-versa. Quant à l’année Mozart et à l’Eurofoot 2008 (co-organisé avec nos amis suisses), bien que dans des registres tout à fait différents, ces deux événements sont la preuve que les célébrations, que ce soit dans le domaine culturel ou sportif, réussissent comme par magie à mobiliser les foules européennes et à leur faire partager des moments de passion et d’émotion. L’Autriche se réjouit, comme tous les autres pays européens, lorsqu’elle se retrouve au cœur d’une Europe pleine d’entrain et de joie de vivre.
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