À Dacca, un exemple réussi de colocalication des ambassades française et allemande

Paru dans La Lettre Diplomatique n°124 4ème trimestre 2019

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© Ambassade de France au Bangladesh Depuis mai 2017, les ambassades de France et d’Allemagne au Bangladesh partagent un édifice commun à Dacca.

 

Par S.E.Mme Marie-Annick BOURDIN et S.E.M. Peter FAHRENHOLTZ
Ambassadrice de France au Bangladesh et Ambassadeur d’Allemagne au Bangladesh

La déclaration commune émise à l’occasion du 40ème anniversaire du traité de l’Élysée, en 2003, évoquait la possibilité d’ambassades communes. Trois ans plus tard, un accord-cadre était signé, posant les règles générales pour de futures colocalisations. Très rapidement, quelques pays où des ambassades communes pouvaient être envisagées furent sélectionnés, parmi eux le Bangladesh, où tant l’Allemagne que la France cherchaient à relocaliser leurs ambassades respectives.
Avec l’accord du gouvernement bangladais, le bail de 99 ans détenu par la France fut amendé pour y inclure l’Allemagne en 2009. Des consultations régulières permirent de dépasser les différences entre processus de décision ou certaines normes de construction et de sécurité, permettant d’aboutir à un accord final sur le projet en 2013. La construction de l’immeuble fut terminée en 2017 et les deux ambassades s’y installèrent rapidement.
Même si elles partagent les mêmes locaux, nos ambassades demeurent néanmoins deux entités distinctes, chacune avec son ambassadeur et sa structure administrative. Actuellement, la sécurité et la logistique sont pour l’essentiel gérées conjointement. Cependant, notre but est de mettre en commun le plus possible, conformément à nos règlementations respectives bien sûr. Comme l’architecte Stéphane Paumier l’a symbolisé en s’inspirant de la structure hélicoïdale de l’ADN (voir photo), nous avons choisi de répartir nos services (consulaires, chancellerie…) de sorte que les équipes allemandes et françaises travaillent ensemble au même étage.

© Ambassade de France au Bangladesh Conçu par l’architecte Stéphane Paumier autour d’une structure symbolisant l’ADN, le site des ambassades de France et d’Allemagne au Bangladesh en partagent les locaux.

Il y a de nombreux exemples de coopération réussie entre nos ambassades à Dacca. Le plus visible est sans doute la pause-déjeuner, au cours de laquelle les collègues bangladais, français et allemands se retrouvent ensemble à la cantine. Les conversations autour de la table passent du bengali à l’allemand, au français ou à l’anglais. Cela contribue largement au rapprochement entre les équipes des deux ambassades, tout comme la journée d’excursion annuelle conjointe.
La coordination est aussi devenue un réflexe pour notre travail quotidien. Les collègues français et allemands se réunissent régulièrement pour traiter de thèmes d’intérêt commun, qu’ils soient politiques, culturels, administratifs ou relatifs à la sécurité. Cela renforce notre coopération bilatérale, tant au sein de l’Ambassade qu’avec nos partenaires, et, sur certains dossiers, une position commune franco-allemande nous donne plus de poids. Nous sommes fiers que deux défenseurs bangladais des Droits humains aient gagné le Prix franco-allemand des Droits de l’Homme et de l’État de droit au cours des deux premières années de son existence. Ce prix réaffirme notre engagement en faveur des Droits humains et renforce notre coopération dans ce domaine. C’est ensemble que nous avons choisi les candidats et remis chaque prix, dans notre bâtiment commun.
Le processus a été lancé. Au vu des réalisations sur les 18 derniers mois, nous sommes convaincus que nous pouvons progresser. Il est d’autres domaines où notre coopération peut apporter une valeur ajoutée et permettre un meilleur usage en commun de nos ressources. Nous cherchons à nous rapprocher davantage et améliorer encore notre tandem, tout en travaillant main dans la main avec nos collègues de l’Union européenne et nos partenaires bangladais.