Entretien avec S.E.Mme Aliza BIN-NOUN BINNEWIES
Ambassadrice de l’État d’Israël en France
Israël et la France célèbrent en 2019 le 70ème anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. En dépit de certaines divergences, leurs liens de coopération restent solides et dynamiques notamment en matière d’échanges économiques et technologiques. Ambassadeur de l’État d’Israël en France, S.E.Mme Aliza Bin-Noun Binnewies nous livre ses réflexions sur les accomplissements du partenariat franco-israélien et sur les sept décennies d’indépendance d’une des économies les plus avancées du monde.
La Lettre Diplomatique : Madame l’Ambassadrice, créé en 1948, l’État d’Israël s’est hissé dans le groupe des 25 premières économies les plus développées du monde. Comment expliqueriez-vous les facteurs de cette réussite ? Alors qu’il a célébré en 2018 le 70ème anniversaire de son instauration, quels autres accomplissements emblématiques pourraient, selon vous, caractériser son parcours ?
S.E.Mme Aliza BIN-NOUN BINNEWIES : Israël vient de célébrer le 71ème anniversaire de sa création et pourtant nous sommes déjà un pays avancé, une économie développée, parmi les 25 premières au monde, membre de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE).
Les facteurs de ce succès reposent sur un axiome somme toute assez simple : depuis le premier jour de notre création en tant qu’État juif indépendant au Proche-Orient, unique démocratie de la région, nous avons compris que le fossé quantitatif ne pourra jamais être comblé. Notre survie dépendait, et dépend toujours, de notre capacité à surmonter le fossé qualitatif. Je crois que c’est ainsi que nous sommes devenus la « Start-Up Nation ». Le résultat de plusieurs décennies d’investissement dans la recherche et le développement, l’exploitation des ressources humaines et intellectuelles, l’encouragement à la création et l’incitation à l’entreprenariat.
Toutes les forces vives du pays sont consacrées à développer et créer, en sachant que nos ressources naturelles, mis à part la matière grise, sont quasi inexistantes. La recherche scientifique est une partie intégrante de l’entreprise sioniste qui visait à établir le centre spirituel et intellectuel du peuple juif dans un État indépendant. C’est ainsi que nous avons pu mériter 12 Prix Nobels dont huit dans des domaines scientifiques et économiques, et contribuer au progrès de l’humanité avec des découvertes essentielles telles que l’irrigation au goutte-à-goutte, la caméra endoscopique intégrée dans une pilule, la tomate cerise, la clé USB ou les panneaux de captation solaire qui ont révolutionné le monde des énergies nouvelles. Demain ce sont les véhicules autonomes qui vont bouleverser le monde de la mobilité grâce à des performances israéliennes.
L.L.D. : Dès 1949 la France a étroitement soutenu la construction d’Israël. 70 ans après l’établissement des relations diplomatiques israélo-françaises, quel regard portez-vous sur l’histoire commune que partagent les deux pays ? La dernière visite officielle du Président Reuven Rivlin intervient près de dix ans après celle de son prédécesseur, M. Shimon Perez, en 2008. Au-delà du symbole, dans quels domaines souhaiteriez-vous voir s’approfondir le dialogue politique et stratégique franco-israélien ?
S.E.Mme A.B-N.B. : Nous parlons d’une relation qui dépasse le cadre classique des relations bilatérales entre deux États.
La France est un partenaire important d’Israël dans divers enjeux relatifs à la sécurité nationale des deux pays en matière de défense, de renseignements, de lutte contre le terrorisme.
Soixante-dix ans après l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays, force est de constater la richesse des liens entre la France et Israël dans les domaines technologiques, scientifiques, économiques, culturels, judiciaires, en matière d’innovation, de coopération universitaire, de cybersécurité et de beaucoup d’autres aspects. En témoigne la tenue de la Saison France-Israël qui a coïncidée avec le 70ème anniversaire de l’indépendance d’Israël, dont l’inauguration à Paris en juin 2018, a été marquée par la présence du Président de la République et du Premier Ministre israélien. On ne peut que se féliciter d’une coopération aussi exemplaire.
Cette relation implique : une amitié, de l’émotion et de la passion, des accords mais aussi des désaccords. Au fil des années, depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1949, les deux pays ont connu des hauts et des bas… des bas et des hauts. Mais il existe, bien évidemment, une volonté commune de renforcer les relations tout en ayant un dialogue ouvert et parfois critique sur divers sujets.
Ces deux pays amis partagent des valeurs communes et les fondements essentiels des États démocratiques. Le Premier Ministre Netanyahou l’a d’ailleurs affirmé en 2018 à l’issue de sa rencontre avec le Président de la République française : « La France et Israël sont des alliés et des partenaires naturels partageant les valeurs de la démocratie, de la paix et du pluralisme ».
Cette amitié se traduit également par des visites de haut niveau, avec récemment la venue du Premier Ministre israélien à l’occasion de la cérémonie internationale du centenaire de l’Armistice de la Première Guerre mondiale et celle du Président de l’État d’Israël, à Paris en janvier 2019.
Ces rencontres permettent d’échanger sur les sujets à l’ordre du jour de nos relations bilatérales, mais également d’évoquer les enjeux internationaux notamment la menace nucléaire iranienne, la situation en Syrie et au Liban, la menace terroriste.
L.L.D. : Lors de la visite officielle qu’il a effectuée à Paris le 23 janvier 2019, le Président Reuven Rivlin a plaidé en faveur du dialogue interreligieux. Quels enseignements tirez-vous de ces échanges ? Comment analysez-vous la montée de l’antisémitisme en France et en Europe, ainsi que son impact sur les relations bilatérales ? Au-delà, quelles initiatives pourraient, selon vous, contribuer à dépolitiser ce dialogue ?
S.E.Mme A.B-N.B. : La montée de l’antisémitisme en France est un constat qui nous préoccupe énormément. Alors que les derniers survivants de la Shoah s’éteignent petit à petit, l’antisémitisme resurgit des confins de l’Histoire et s’immisce dans notre quotidien. 2018 a connu une augmentation de 74% des actes antisémites : un chiffre aussi choquant qu’inquiétant. Comment croire que, plus de 75 ans après la Shoah, des Juifs soient de nouveau assassinés dans des pays développés et civilisés, ayant connu l’horreur nazie ? Comment est-il possible que des slogans antisémites soient encore scandés en plein cœur de Paris, capitale des Lumières ? Le fléau de l’antisémitisme est bien là, et nous devons le combattre, par tous les moyens.
Pour ce faire, jamais nous ne soulignerons assez l’importance de l’éducation, et de la transmission. Connaître l’Histoire de la Shoah permettra non seulement aux prochaines générations de connaître leur identité, mais aussi de ne pas reproduire les erreurs du passé.
Nous avons conscience des efforts entrepris par le gouvernement français pour lutter contre cet ennemi démoniaque qu’est l’antisémitisme. Ce sont là des efforts sincères, il y a un réel engagement en ce sens, et nous saluons cette volonté de combattre l’antisémitisme sous toutes ses formes, y compris celle de l’antisionisme. Car l’antisionisme est bien une forme d’antisémitisme, comme l’a reconnu lui-même le Président Emmanuel Macron, lorsqu’il évoquait l’antisionisme comme une « forme réinventée de l’antisémitisme », lors de la commémoration de la Rafle du Vel’ d’Hiv’ en juillet 2017.
Dans ce combat du respect et de la tolérance contre le rejet et la haine, l’unité sera notre force.
L.L.D. : En 2018, Israël et la France ont organisé des Saisons culturelles croisées. Comment en décririez-vous les retombées ?
S.E.Mme A.B-N.B. : L’année 2018 a vu l’État d’Israël célébrer ses 70 ans et se dérouler les « Saisons croisées France-Israël 2018 », évènement, à l’initiative des autorités françaises et israéliennes, et durant lequel des centaines de colloques, expositions, spectacles, ateliers ou conférences ont eu lieu dans les deux pays.
En ouverture de la Saison israélienne en France, le Grand Palais a accueilli une exposition multi-sensorielle Israël@ Lights qui proposa un parcours unique destiné à mettre en lumière tous les domaines de l’innovation israélienne.
Nous avons eu le privilège d’accueillir le Président Emmanuel Macron et le Premier Ministre Benjamin Netanyahu pour lancer la soirée exceptionnelle au Grand Palais, où nous avons inauguré cet événement unique mettant en avant les soixante-dix ans d’Israël, son innovation et sa contribution au progrès.
L’exposition a également accueilli un colloque passionnant, qui a vu se succéder des personnalités éminentes, françaises et israéliennes, lors d’une série de conférences portant sur les smart cities, la cybersécurité, la médecine et le développement durable : autant de domaines où Israël excelle, et apporte son expertise et son savoir-faire en faveur du progrès mondial.
Pour célébrer cette saison croisée France-Israël 2018, la programmation était tournée vers la création artistique contemporaine en impliquant aussi la jeunesse à travers les coopérations entre écoles d’arts et de design, écoles d’acteurs ou programmes autour de la danse et du théâtre. La Saison France-Israël a invité des centaines de jeunes à se rencontrer, se connaître, et construire des projets communs.
Depuis l’art contemporain à la musique en passant par la danse, le théâtre et le cinéma, nous avons présenté des artistes de renommée internationale et d’autres plus émergents. En France, deux tournées majeures : celles de la Compagnie de danse Batsheva et de l’Orchestre de Jérusalem East & West, deux ensembles qui s’illustrent par la force de leur langage et la virtuosité de leurs interprètes.
Il nous fallait enfin célébrer l’excellence de nos relations scientifiques en provoquant une rencontre exceptionnelle de nos Prix Nobel et Médailles Field, et en mettant à l’honneur le premier programme spatial civil israélien, réalisé en coopération avec la France.
Et pour clôturer cette Saison culturelle en France, la chanteuse Noa a porté sa voix, lors d’un concert extraordinaire à la Seine Musicale.
La Saison France-Israël 2018 s’est achevée en novembre 2018 après presque 6 mois de programmation simultanée dans les deux pays. Au cours de cette saison, ce sont plus de 900 000 spectateurs qui se sont réunis dans 60 villes françaises et israéliennes pour assister à l’un des multiples projets de notre belle programmation.
Au total, grâce à cette saison ce sont plus de 700 événements qui ont vu le jour dans tous les domaines : innovation, danse, sciences, musique, gastronomie, théâtre, éducation, arts visuels, économie, etc.
Je vous invite à vous rendre sur ce lien https://www.youtube.com/watch?v=uHbCi75N3bM pour visionner une vidéo à travers laquelle nous souhaitons partager une sélection des meilleurs moments de cette programmation et continuer à faire vivre en images la Saison France-Israël 2018.
L.L.D. : Marquant une rupture dans la politique américaine au Proche-Orient, le Président Donald Trump a reconnu, le 6 décembre 2017, Jérusalem comme capitale d’Israël. Comment appréhendez- vous le rejet français de cette décision et le modeste ralliement qu’elle a reçu à travers le monde ? Dans quelle mesure participe-t-elle, selon vous, d’une nouvelle dynamique dans l’alliance entre Israël et les États-Unis ?
S.E.Mme A.B-N.B. : Les relations entre les États-Unis et Israël se caractérisent par une coopération stratégique et politique étroite dans divers domaines. Nos deux démocraties partagent les mêmes valeurs. Et, de fait, les États-Unis constituent le premier allié d’Israël. La déclaration du Président Trump sur le transfert de l’Ambassade des États-Unis à Jérusalem est en réalité l’application d’une décision américaine prise des années auparavant et qu’il a mise en œuvre. À travers cette démarche, juste et courageuse, le Président américain a démontré sa détermination à affirmer Jérusalem comme capitale d’Israël. Cette décision reflète l’attachement du Président à une vérité et à une justice historique, ainsi qu’à l’accomplissement de ses promesses et à la promotion de la paix. Pour sa part, le Premier Ministre israélien a déclaré : « Il n’y a pas de paix qui n’inclut pas Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël ».
Certains pays ont déjà assuré qu’ils feraient un pas similaire et nous espérons que d’autres suivront le même chemin.
Concernant la politique de la France sur ce sujet, elle nous est bien connue et nous ne la partageons pas.
L.L.D. : Plus de vingt-cinq ans après les accords d’Oslo, le processus de paix israélo-palestinien reste dans l’impasse. Comment une issue privilégiant la création de deux États vous semble-t-elle encore réalisable ? Quelle alternative votre gouvernement considère-t-il comme la plus réaliste en vue d’instaurer une stabilité durable et économiquement viable ?
S.E.Mme A.B-N.B. : Au cours des 25 dernières années, et même au cours de la période précédente, le peuple israélien a aspiré à la paix avec ses voisins palestiniens. En tant que diplomates israéliens, nous cherchons à créer les conditions internationales propices à l’instauration de la paix. Cependant, les conditions sur le terrain depuis la signature des accords d’Oslo ont beaucoup changé et la réalité qui a dicté les accords n’est plus celle d’aujourd’hui.
L’organisation terroriste du Hamas contrôle de facto le territoire de Gaza. À partir de là, il lance des roquettes et des missiles sur les communautés civiles israéliennes et tente de creuser des tunnels offensifs en territoire israélien afin de lancer des attaques contre des civils et d’enlever des soldats. Le gouvernement de Ramallah n’a aucun contrôle effectif sur ce qui se passe à Gaza et toutes les tentatives de réconciliation entre l’Autorité palestinienne et le Hamas ont échoué. Le peuple palestinien est divisé entre deux entités hostiles l’une à l’autre. Dans les villes israéliennes, les attaques au couteau et au véhicule-bélier commises par des terroristes palestiniens se poursuivent. À Ramallah, l’Autorité palestinienne continue sa politique qui porte atteinte aux accords conclus dans le passé avec Israël et encourage, contrairement aux accords d’Oslo, les tentatives d’adhésion à des organisations internationales en tant qu’État officiel.
Une logique saine supposerait que l’Autorité palestinienne encourage les mesures qui permettront à la paix de progresser ; mais dans les faits, elle agit à l’opposé.
Dans ces conditions, il est très difficile de déclencher un processus renouvelé entre les parties, mais la main d’Israël est toujours tendue aux Palestiniens. Nous travaillons constamment pour que l’économie palestinienne continue de croître et pour maintenir la coordination en matière de sécurité avec les forces palestiniennes qui garantissent la stabilité du gouvernement de l’Autorité palestinienne. À travers des projets et des programmes locaux visant à rapprocher les Israéliens et les Palestiniens, nous cherchons ainsi à maintenir les bases nécessaires à la construction de la paix entre les deux parties.
L.L.D. : Quarante-cinq ans après la conclusion du traité de paix israélo-égyptien, l’environnement géopolitique de votre pays a profondément évolué. Comment décririez-vous à cet égard l’impact des bouleversements provoqués par les printemps arabes en 2011-2012, la guerre civile syrienne et la lutte contre Daech, ainsi que la montée en puissance de l’Iran dans la région ? Comment qualifieriez-vous aujourd’hui les relations d’Israël avec les États arabes et, plus spécifiquement, ceux de la péninsule arabique ?
S.E.Mme A.B-N.B. : L’Iran appelle à la destruction d’Israël à la moindre occasion. Depuis quelques années, sa volonté de déstabiliser la région et de créer des agents d’influence a étendu la menace iranienne à d’autres pays : en Irak, au Yémen, en Syrie et au Liban. L’Iran a même envoyé un drone armé vers Israël.
Par ailleurs, l’affaiblissement des États, lié aux nombreux bouleversements que la région du Moyen-Orient a connu ces dernières années, a conduit à la montée d’acteurs non-étatiques qui influencent dangereusement la région, tels que le Hezbollah. Cette organisation, reconnue comme terroriste par de nombreux pays et organisations internationales, rappelle régulièrement son souhait de voir Israël rayé de la carte. Le Hezbollah a diversifié ses armes et possède aujourd’hui plus de 100 000 missiles pointés vers Israël.
Les organisations terroristes palestiniennes, y compris le Hamas, qui est reconnu comme organisation terroriste par l’Union européenne (UE), les États-Unis et d’autres, ainsi que le Jihad palestinien, font également partie de ces acteurs non-étatiques et reçoivent aussi un soutien financier de l’Iran. Elles tentent régulièrement d’imposer des séries d’escalade de violence contre Israël.
Ces défis ne sont pas simplement cantonnés à Israël. De nombreux pays de la région sont menacés par ces mêmes éléments : le terrorisme, la prolifération de capacités non conventionnelles et la menace iranienne, compte tenu des aspirations de l’Iran dans le domaine nucléaire et son développement de missiles balistiques. Dans le même temps, et c’est tout aussi important, les relations de paix stratégiques entre Israël et ses voisins – l’Égypte et la Jordanie – ainsi que notre coopération avec ces États pour faire face aux défis du moment se sont renforcées et ont atteint de nouveaux sommets.
Malgré les efforts de l’Iran et des acteurs non-étatiques pour nuire aux intérêts israéliens et mener des attaques terroristes meurtrières, Israël, qui demeure un îlot de stabilité au Moyen-Orient, a réussi à faire face à ces tentatives et même à aider d’autres pays à affronter la menace du terrorisme. Israël collabore avec ses partenaires du monde entier pour maintenir la stabilité de la région.
L.L.D. : Connu comme la « Start Up Nation », Israël est le pays qui consacre la plus grande part de son PIB à la recherche et développement. Comment définiriez-vous les atouts du savoir-faire technologique israélien ? Alors que plusieurs entreprises israéliennes ont pris part au salon Vivatech qui s’est déroulé à Paris du 16 au 18 mai 2019, comment le partenariat scientifique et technologique israélo-français pourrait-il être accéléré et autour de quels projets ?
S.E.Mme A.B-N.B. : Les atouts du « savoir- faire » israélien reposent, on l’a dit, sur la force de création et d’initiative qui ont marqué notre pays. C’est aussi le résultat de la connexion effectuée très tôt en Israël entre le monde de la recherche et celui de l’industrie, entre celui du développement et des sciences avec celui de l’entreprise et de l’initiative. C’est ainsi qu’est née je crois la « Start-Up Nation ». La vivacité des jeunes pousses israéliennes est connue ici aussi en France. Vivatech est, en effet, l’occasion pour plus d’une cinquantaine de sociétés israéliennes de venir échanger à Paris avec des partenaires français dans des domaines aussi variés que le digital, le e-commerce, le retail-tech, le cyber, le développement de l’automotive ou de la technologie médicale.
L.L.D. : Les découvertes de gisements gaziers ont ouvert de nouvelles perspectives au développement de l’économie israélienne. Comment les projets dans ce secteur d’activité évoluent-ils ? Plus largement, quelle est votre perception des opportunités d’accroissement des liens économiques de votre pays avec la France ?
S.E.Mme A.B-N.B. : La tendance des liens économiques israélo-français est à la hausse, avec un volume d’échanges de près de 3,5 milliards de dollars pour 2018. La France est ainsi un partenaire commercial important pour Israël.
La découverte et la prochaine mise en exploitation des gisements gaziers en Méditerranée offrent, en effet, de nouvelles perspectives pour l’économie israélienne mais aussi pour nos partenaires. De grandes sociétés françaises possèdent une expertise connue et reconnue dans ce domaine. Cette expertise française alliée aux nouvelles technologies développées en Israël pourrait révolutionner le secteur et permettre une exploitation optimale de ces nouvelles ressources.
Incontestablement, les découvertes gazières redistribuent les cartes pour nous, mais aussi nos voisins égyptiens, chypriotes ou même grecs et mettent à jour une nouvelle donne qui doit se transformer en un renouveau d’opportunités économiques et commerciales. J’espère que notre partenaire français y trouvera aussi sa place.
L.L.D : Israël a inauguré une nouvelle Ambassade au Rwanda le 22 février 2019. Quelles sont vos attentes à l’égard du renforcement de la présence diplomatique de votre pays en Afrique ?
S.E.Mme A.B-N.B. : Depuis les premières années de notre indépendance, l’Afrique a été une sphère privilégiée de nos initiatives diplomatiques. Il était tout naturel que l’Afrique le soit alors et il reste tout naturel qu’elle le soit aujourd’hui. Le jeune État hébreu a apporté une contribution remarquable au développement des nations africaines. Ces pays-là se souviennent aujourd’hui du respect et de la bienveillance qu’Israël avait affiché à leur endroit. Ils sont très conscients aussi des grands bénéfices qu’Israël peut leur offrir dans des domaines tels que la santé publique, l’agriculture, l’éducation et la lutte contre le terrorisme. Le Rwanda, en particulier, est un des pays les plus avancés du continent en matière d’innovation et d’entrepreneuriat qui peuvent représenter des champs de coopération importants pour les deux pays. Pour Israël aussi, l’amitié et la coopération des pays africains reste un but de grande valeur diplomatique aux niveaux multilatéral, stratégique et économique.